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Donner la parole à ceux à qui on la refuse
Sous les pavés : Le gitan, l'expo de mustapha boutadjine
Publié dans Le Midi Libre le 11 - 12 - 2010

"Sous les pavés : Le gitan" est la nouvelle exposition organisée par la galerie Arcima à Paris. Elle rassemble une série de portraits et de scènes que Mustapha Boutadjine réalise depuis plus de deux ans et demi.
"Sous les pavés : Le gitan" est la nouvelle exposition organisée par la galerie Arcima à Paris. Elle rassemble une série de portraits et de scènes que Mustapha Boutadjine réalise depuis plus de deux ans et demi.
On ne peut qu‘être touché par la chaleur et la délicatesse qui émanent de ses portraits. Pourtant, Mustapha Boutadjine s‘attache à des sujets sensibles, aux gens qui sont mis à l‘écart, voire exclus, les laissés-pour-compte d‘une société où la normalisation règne. Il donne la parole à ceux à qui ont la refuse et cette nouvelle série montre toute la pertinence et la nécessité de sa démarche. De tradition orale, les roms inscrivent l‘histoire dans l‘actualité de la parole. En général, ils laissent au "gadjo" (nom rom), la liberté d‘enregistrer la richesse de leur culture. Rares sont ceux qui ont narré leur propre histoire tel Matéo Maximoff, écrivain tsigane prolifique, affublé, non sans humour, dans une toile de l‘artiste, d‘une poule en guise de mascotte. Matéo Maximoff a assuré la construction d‘une mémoire précieuse sur le peuple rom. Mustapha Boutadjine participe à ce travail sur la mémoire en érigeant au statut d‘icône des personnalités telles que Chico Bouchikhi, l‘un des fondateurs du groupe Gipsy Kings, le chanteur de Flamenco Diego El Cigala, l‘un des derniers princes du cirque Emélien Bouglione ou encore le cinéaste Tony Gatlif On prend la mesure de la nécessité de communiquer cette mémoire avec «Tzigana» dont la sérénité et la beauté de cette femme contraste avec la gravité de la situation. L‘artiste s‘est inspiré de photographies antropométriques prises durant la Seconde guerre mondiale. Il en reprend le procédé avec une vue de face et une autre de profil, puis en dessous le matricule de cette personne sans le nom. L‘individu est nié avec toute l‘horreur que l‘histoire nous a enseigné. Mustapha Boutadjine restaure cette dignité perdue en apprêtant cette femme de ses bijoux somptueux tel un jour de fête. Des bijoux éparpillés sur le fond de la toile rappelle la spoliation des autres victimes dont on ignore le nombre réel. Mustapha Boutadjine rend un hommage à la vie et rappelle le devoir de mémoire de la société, voire des Etats, d‘entretenir le souvenir de la souffrance d‘un peuple. Mustapha Boutadjine qualifie sa pratique de «graphisme collage» afin d‘insister sur la plasticité propre à sa pratique créatrice de profondeurs et de contrastes. Il ne s‘agit pas de prélever un motif ou une figure existante, mais de créer une figure à partir de morceaux collés par touches tel un peintre, mais grâce au collage. L‘artiste prend généralement comme point de départ une photographie en noir et blanc qu‘il interprète pour faire revivre la personne dans des couleurs éclatantes. Ainsi le portrait de Django Reinhardt se détache sur un fond rouge quasi charnel rappelant sa musique enivrante et l‘atmosphère enfumée des clubs de jazz. Ses œuvres possèdent différents niveaux de lecture du proche au lointain, engendrant un enrichissement visuel constant. Le détail de certaines œuvres révèle une image publicitaire ou un slogan qui devient un clin d‘œil chargé d‘ironie sur la société de consommation. Un regard attentif décèlera aussi dans chaque œuvre une photographie miniature de l‘artiste qui se cache dans les méandres graphiques des papiers collés. C‘est une sorte de signature, mais aussi une manière d‘inscrire une proximité avec la personne représentée. Dans sa pratique du "graphisme collage" Mustapha Boutadjine fait une grande distinction entre couper et déchirer. Si tous deux procèdent de la destruction d‘un matériau premier, l‘un nécessite le recours à un outil tandis que le second, préféré par l‘artiste, implique le doigt et la main. Mustapha Boutadjine privilégie le corps pour opérer ses déchirures, comme pour engager un corps à corps avec la société. Il choisit méticuleusement des magazines qui sont le reflet de la société de consommation, voire de la bourgeoisie.
Il s‘agit de Vogue. Le Figaro Madame, Marie Claire … Avec son "graphisme collage" il réalise ainsi un véritable détournement du discours social et de médias pour insuffler un autre sens parfois subversif. Par cette série d‘œuvres sur les gitans, roms, tziganes, manouches… Mustapha Boutadjine, l‘insoumis, contribue à écrire l‘histoire qui est avant tout une volonté de comprendre et d‘enrichir le présent. Cette exposition devient alors une formidable leçon de vie, servie par une facture riche, aux couleurs chatoyantes.
On ne peut qu‘être touché par la chaleur et la délicatesse qui émanent de ses portraits. Pourtant, Mustapha Boutadjine s‘attache à des sujets sensibles, aux gens qui sont mis à l‘écart, voire exclus, les laissés-pour-compte d‘une société où la normalisation règne. Il donne la parole à ceux à qui ont la refuse et cette nouvelle série montre toute la pertinence et la nécessité de sa démarche. De tradition orale, les roms inscrivent l‘histoire dans l‘actualité de la parole. En général, ils laissent au "gadjo" (nom rom), la liberté d‘enregistrer la richesse de leur culture. Rares sont ceux qui ont narré leur propre histoire tel Matéo Maximoff, écrivain tsigane prolifique, affublé, non sans humour, dans une toile de l‘artiste, d‘une poule en guise de mascotte. Matéo Maximoff a assuré la construction d‘une mémoire précieuse sur le peuple rom. Mustapha Boutadjine participe à ce travail sur la mémoire en érigeant au statut d‘icône des personnalités telles que Chico Bouchikhi, l‘un des fondateurs du groupe Gipsy Kings, le chanteur de Flamenco Diego El Cigala, l‘un des derniers princes du cirque Emélien Bouglione ou encore le cinéaste Tony Gatlif On prend la mesure de la nécessité de communiquer cette mémoire avec «Tzigana» dont la sérénité et la beauté de cette femme contraste avec la gravité de la situation. L‘artiste s‘est inspiré de photographies antropométriques prises durant la Seconde guerre mondiale. Il en reprend le procédé avec une vue de face et une autre de profil, puis en dessous le matricule de cette personne sans le nom. L‘individu est nié avec toute l‘horreur que l‘histoire nous a enseigné. Mustapha Boutadjine restaure cette dignité perdue en apprêtant cette femme de ses bijoux somptueux tel un jour de fête. Des bijoux éparpillés sur le fond de la toile rappelle la spoliation des autres victimes dont on ignore le nombre réel. Mustapha Boutadjine rend un hommage à la vie et rappelle le devoir de mémoire de la société, voire des Etats, d‘entretenir le souvenir de la souffrance d‘un peuple. Mustapha Boutadjine qualifie sa pratique de «graphisme collage» afin d‘insister sur la plasticité propre à sa pratique créatrice de profondeurs et de contrastes. Il ne s‘agit pas de prélever un motif ou une figure existante, mais de créer une figure à partir de morceaux collés par touches tel un peintre, mais grâce au collage. L‘artiste prend généralement comme point de départ une photographie en noir et blanc qu‘il interprète pour faire revivre la personne dans des couleurs éclatantes. Ainsi le portrait de Django Reinhardt se détache sur un fond rouge quasi charnel rappelant sa musique enivrante et l‘atmosphère enfumée des clubs de jazz. Ses œuvres possèdent différents niveaux de lecture du proche au lointain, engendrant un enrichissement visuel constant. Le détail de certaines œuvres révèle une image publicitaire ou un slogan qui devient un clin d‘œil chargé d‘ironie sur la société de consommation. Un regard attentif décèlera aussi dans chaque œuvre une photographie miniature de l‘artiste qui se cache dans les méandres graphiques des papiers collés. C‘est une sorte de signature, mais aussi une manière d‘inscrire une proximité avec la personne représentée. Dans sa pratique du "graphisme collage" Mustapha Boutadjine fait une grande distinction entre couper et déchirer. Si tous deux procèdent de la destruction d‘un matériau premier, l‘un nécessite le recours à un outil tandis que le second, préféré par l‘artiste, implique le doigt et la main. Mustapha Boutadjine privilégie le corps pour opérer ses déchirures, comme pour engager un corps à corps avec la société. Il choisit méticuleusement des magazines qui sont le reflet de la société de consommation, voire de la bourgeoisie.
Il s‘agit de Vogue. Le Figaro Madame, Marie Claire … Avec son "graphisme collage" il réalise ainsi un véritable détournement du discours social et de médias pour insuffler un autre sens parfois subversif. Par cette série d‘œuvres sur les gitans, roms, tziganes, manouches… Mustapha Boutadjine, l‘insoumis, contribue à écrire l‘histoire qui est avant tout une volonté de comprendre et d‘enrichir le présent. Cette exposition devient alors une formidable leçon de vie, servie par une facture riche, aux couleurs chatoyantes.


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