Depuis l'irruption de la maladie du sida en 1981 aux Etats-Unis, de nombreuses théories ont été émises pour expliquer l'origine du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et l'extension de la pandémie. Depuis l'irruption de la maladie du sida en 1981 aux Etats-Unis, de nombreuses théories ont été émises pour expliquer l'origine du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) et l'extension de la pandémie. En 1999, le journaliste Edward Hooper a médiatisé celle-ci : dans un livre à succès, The River, A journey to the Source of HIV and AID, il suggère que l'introduction du sida dans la population humaine est due à un vaccin antipoliomyélitique oral, administré par le docteur Hilary Koprowski entre 1957-1960 au Congo. Selon Hooper, les premiers vaccins de ce type auraient été, en effet, produits à l'aide de cellules de chimpanzés contaminées par le virus du sida du singe. La presse a bien accueilli cette thèse et, par exemple, le livre de Hooper a fait l'objet d'une critique favorable dans La Recherche. De nombreux scientifiques ont admis que la crainte était légitime et l'enquête journalistique bien construite. Néanmoins, celle-ci mettait en jeu une telle série de spéculations qu'il leur a paru indispensable d'entreprendre une contre-expertise approfondie. En septembre dernier, la Royal Society de Londres a ainsi réuni des spécialistes du VIH et plusieurs personnes impliquées dans les campagnes de vaccinations antipoliomyélitiques des années 1950-1960. L'analyse du travail de Hooper n'a pas qu'un intérêt historique car il a eu des effets fâcheux sur la distribution du vaccin antipoliomyélitique en Afrique. A l'occasion de la réunion londonienne, Stanley Plotkin, un proche collaborateur de H. Koprowski, a rédigé un texte qui, en reprenant point par point les arguments exposés dans The River, ôte tout caractère de plausibilité à la théorie de Hooper. Séquençage. S. Plotkin commence par mettre en avant les récents résultats issus d'un séquençage génétique comparatif : le virus de l'immunodéficience simienne de chimpanzé (VIScpz) est à l'origine du virus de l'immunodéficience-1 (VIH-1), tandis que le VIS de mangabey (une autre espèce de singe) est responsable de l'apparition du VIH-2. Si le premier échantillon humain connu contaminé par le VIH-1 date de 1959, ce virus se révèle déjà très différent du VIScpz. Les mêmes travaux situent entre 1920 et 1940 le début de la propagation du sida dans l'espèce humaine, mais l'ampleur des différences génétiques entre le VIScpz et le VIH-1 suggère que le virus simien est passé chez l'homme bien avant cette date. Ces divergences génétiques entre les virus sont-elles incompatibles avec la théorie exposée dans The River ? Oui, explique S. Plotkin, car il est peu probable que le VIScpz ait pu passer chez l'homme en 1957 et se transformer en VIH-1 en quelques années : plusieurs décennies, voire un siècle, auraient été nécessaires pour donner naissance à la séquence génétique du VIH-1 présente en 1959. En 1999, le journaliste Edward Hooper a médiatisé celle-ci : dans un livre à succès, The River, A journey to the Source of HIV and AID, il suggère que l'introduction du sida dans la population humaine est due à un vaccin antipoliomyélitique oral, administré par le docteur Hilary Koprowski entre 1957-1960 au Congo. Selon Hooper, les premiers vaccins de ce type auraient été, en effet, produits à l'aide de cellules de chimpanzés contaminées par le virus du sida du singe. La presse a bien accueilli cette thèse et, par exemple, le livre de Hooper a fait l'objet d'une critique favorable dans La Recherche. De nombreux scientifiques ont admis que la crainte était légitime et l'enquête journalistique bien construite. Néanmoins, celle-ci mettait en jeu une telle série de spéculations qu'il leur a paru indispensable d'entreprendre une contre-expertise approfondie. En septembre dernier, la Royal Society de Londres a ainsi réuni des spécialistes du VIH et plusieurs personnes impliquées dans les campagnes de vaccinations antipoliomyélitiques des années 1950-1960. L'analyse du travail de Hooper n'a pas qu'un intérêt historique car il a eu des effets fâcheux sur la distribution du vaccin antipoliomyélitique en Afrique. A l'occasion de la réunion londonienne, Stanley Plotkin, un proche collaborateur de H. Koprowski, a rédigé un texte qui, en reprenant point par point les arguments exposés dans The River, ôte tout caractère de plausibilité à la théorie de Hooper. Séquençage. S. Plotkin commence par mettre en avant les récents résultats issus d'un séquençage génétique comparatif : le virus de l'immunodéficience simienne de chimpanzé (VIScpz) est à l'origine du virus de l'immunodéficience-1 (VIH-1), tandis que le VIS de mangabey (une autre espèce de singe) est responsable de l'apparition du VIH-2. Si le premier échantillon humain connu contaminé par le VIH-1 date de 1959, ce virus se révèle déjà très différent du VIScpz. Les mêmes travaux situent entre 1920 et 1940 le début de la propagation du sida dans l'espèce humaine, mais l'ampleur des différences génétiques entre le VIScpz et le VIH-1 suggère que le virus simien est passé chez l'homme bien avant cette date. Ces divergences génétiques entre les virus sont-elles incompatibles avec la théorie exposée dans The River ? Oui, explique S. Plotkin, car il est peu probable que le VIScpz ait pu passer chez l'homme en 1957 et se transformer en VIH-1 en quelques années : plusieurs décennies, voire un siècle, auraient été nécessaires pour donner naissance à la séquence génétique du VIH-1 présente en 1959.