Le 17 Octobre 1961, je n'étais pas tout à fait entrée dans ma douzième année. Les évènements d'Algérie je les vivais au quotidien au travers de mes parents, tous deux militants de la Fédération de France. Les arrestations au Parc de Vincennes, les perquisitions de la DST, les gifles à la volée que prenait surtout ma mère pour ses propos nationalistes virulents étaient le lot quotidien de la toute jeune lycéenne que j'étais. Au soir du 16 octobre, mes parents étaient en conciliabules à propos de l'appel du FLN de manifester certes, mais surtout il était question de moi. Ils étaient partagés entre me laisser seule à la maison ou me prendre avec eux dans la manif. Ils avaient tranché pour la deuxième solution d'autant qu'il s'agissait d'une manifestation pacifique comme celle de l'organisation syndicale de la CGT si souvent descendue dans la rue «pour la paix en Algérie». Mon père avait donc décidé qu'il irait seul rejoindre les grands boulevards, ma mère devait rallier la place St-Michel, pas très loin de la maison située dans le XIVe arrondissement. Après avoir pris le métro à la station St-Jacques en compagnie de Odette Voirin, militante du PCF, et d'un Algérien prénommé Ahmed, nous sommes descendus à St-Michel. A la sortie de la bouche du métro, un groupe de CRS attendait de pied ferme le faciès nord-africain. Il est vrai que nous avons pu traverser les mailles du filet, mais les compatriotes prenaient du gourdin à toute volée. A terre, les CRS continuaient de frapper et frapper encore. Ma mère était partagée entre le désir de rebrousser chemin, à cause de moi, et celui de tenir son engagement. C'est ce dernier qui prit le dessus. Le boulevard St-Michel était devenu le théâtre d'une sauvage tuerie. On entendait des cris et quelques réflexions de Français outrés par de tels agissements. Il nous fallait rejoindre la place St-Michel. En voyant la tournure que prirent les évènements, Odette l'amie de maman, m'empoigna et me sortit de la bousculade craignant pour moi. Le lendemain en me raccompagnant à la maison, elle m'apprend que ma mère avait été hospitalisée à l'hôpital de la Salpétrière pour avoir reçu des coups sur la tête qui lui valurent douze points de suture. Mon père par chance s'en était tiré indemne. Ces choses-là on peut les pardonner, mais on ne peut pas les oublier. Tourner la page ? Jamais ! Le 17 Octobre 1961, je n'étais pas tout à fait entrée dans ma douzième année. Les évènements d'Algérie je les vivais au quotidien au travers de mes parents, tous deux militants de la Fédération de France. Les arrestations au Parc de Vincennes, les perquisitions de la DST, les gifles à la volée que prenait surtout ma mère pour ses propos nationalistes virulents étaient le lot quotidien de la toute jeune lycéenne que j'étais. Au soir du 16 octobre, mes parents étaient en conciliabules à propos de l'appel du FLN de manifester certes, mais surtout il était question de moi. Ils étaient partagés entre me laisser seule à la maison ou me prendre avec eux dans la manif. Ils avaient tranché pour la deuxième solution d'autant qu'il s'agissait d'une manifestation pacifique comme celle de l'organisation syndicale de la CGT si souvent descendue dans la rue «pour la paix en Algérie». Mon père avait donc décidé qu'il irait seul rejoindre les grands boulevards, ma mère devait rallier la place St-Michel, pas très loin de la maison située dans le XIVe arrondissement. Après avoir pris le métro à la station St-Jacques en compagnie de Odette Voirin, militante du PCF, et d'un Algérien prénommé Ahmed, nous sommes descendus à St-Michel. A la sortie de la bouche du métro, un groupe de CRS attendait de pied ferme le faciès nord-africain. Il est vrai que nous avons pu traverser les mailles du filet, mais les compatriotes prenaient du gourdin à toute volée. A terre, les CRS continuaient de frapper et frapper encore. Ma mère était partagée entre le désir de rebrousser chemin, à cause de moi, et celui de tenir son engagement. C'est ce dernier qui prit le dessus. Le boulevard St-Michel était devenu le théâtre d'une sauvage tuerie. On entendait des cris et quelques réflexions de Français outrés par de tels agissements. Il nous fallait rejoindre la place St-Michel. En voyant la tournure que prirent les évènements, Odette l'amie de maman, m'empoigna et me sortit de la bousculade craignant pour moi. Le lendemain en me raccompagnant à la maison, elle m'apprend que ma mère avait été hospitalisée à l'hôpital de la Salpétrière pour avoir reçu des coups sur la tête qui lui valurent douze points de suture. Mon père par chance s'en était tiré indemne. Ces choses-là on peut les pardonner, mais on ne peut pas les oublier. Tourner la page ? Jamais !