Selon le dernier numéro du bulletin Finances & Développement édité par le Fonds monétaire internationale (FMI) l'une des choses que l'on remarque aujourd'hui en Afrique, c'est le nombre de propriétaires de téléphones portables : 71 % des adultes au Nigéria, par exemple, 62 % au Botswana et plus de la moitié de la population au Ghana et au Kenya, d'après une enquête Gallup de 2011. Selon le dernier numéro du bulletin Finances & Développement édité par le Fonds monétaire internationale (FMI) l'une des choses que l'on remarque aujourd'hui en Afrique, c'est le nombre de propriétaires de téléphones portables : 71 % des adultes au Nigéria, par exemple, 62 % au Botswana et plus de la moitié de la population au Ghana et au Kenya, d'après une enquête Gallup de 2011. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, l‘usage de ces téléphones a augmenté plus vite depuis 2003 en Afrique que dans toute autre région du monde. Selon Informa Telecoms & Media, un organisme britannique, l‘Afrique est devenue fin 2011 la deuxième région la plus connectée du monde après l‘Asie, avec 616 millions d‘abonnés à la téléphonie mobile. La pénétration est évidemment la plus forte en Afrique du Sud, le pays le plus développé, mais tous les pays ont adopté cette technologie, amenant l‘innovation et la connectivité même au fin fond du continent, lançant la banque en ligne mobile et changeant la pratique des affaires. Constatant le succès de la téléphonie mobile, les banques et les entreprises de distribution cherchent à se développer en Afrique en ciblant une classe moyenne croissante de consom-mateurs. Selon la Banque africaine de développement (BafD), la vive expansion des années récentes a sensiblement étoffé cette classe moyenne, qui va continuer à augmenter, passant de 355 millions de personnes en 2010 (34 % de la population de l‘Afrique subsaharienne) à 1,1 milliard (42 %) en 2060. C‘est la clé de la prospérité future de l‘Afrique. Une conjonction favorable Après l‘indépendance, le continent a été aux prises avec des problèmes de développement apparemment interminables, guerres civiles, instabilité politique, insécurité alimentaire chronique, sécheresses, épidémies, pauvreté et corruption à grande échelle. Mais, ces dernières années, une renaissance économique s‘est amorcée. Malgré la récession mondiale, le taux de croissance de l‘Afrique a été constamment élevé, grâce à une amélioration des politiques économiques, de la gouvernance et de l‘usage des ressources naturelles, couplée à une gestion plus favorable aux entreprises et à une hausse de la demande de produits de base de pays émergents comme l‘Afrique du sud, le Brésil, la Chine et l‘Inde. « L‘Afrique se développe à un rythme sans précédent en dépit des crises mondiales successives dans l‘alimentation et la finance. Même s‘il faudra des dizaines d‘années de croissance pour faire reculer sensiblement la pauvreté, on est actuellement de plus en plus optimiste à propos du potentiel de l‘Afrique », lit-on dans un rapport de la BafD, L‘Afrique dans 50 ans. La pauvreté persistera longtemps selon la BafD, un tiers des Africains seront encore très pauvres en 2060, avec moins d‘1,25 dollar par jour pour vivre. Le monde extérieur s‘est senti appelé à assister des gens ne disposant que de 1 dollar par jour, mais privilégier l‘aide n‘a pas encouragé l‘Afrique à aspirer à une performance économique supérieure. L‘accent mis sur une prospérité progressive, plutôt que sur la pauvreté, représente un changement radical d‘appréciation du futur économique de l‘Afrique qui a de profondes conséquences politiques et pratiques. À cause de la priorité donnée dans le passé à l‘éradication de la pauvreté, les autorités africaines et les donateurs internationaux n‘ont pas sérieusement recherché les moyens de promouvoir le bien-être : développement des infrastructures, enseignement technique, entreprenariat et commerce. Qu‘entend-on par classe moyenne en Afrique? Dans les 47 pays d‘Afrique subsaharienne, il n‘est pas facile de définir la classe moyenne ou d‘en calculer le nombre. La catégorie à laquelle nous nous référons se situe entre l‘importante population pauvre (les personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour) et la petite élite riche. Il ne s‘agit pas de classe moyenne au sens des pays développés ou même émergents, mais les gens qui ont un revenu disponible et achètent de plus en plus de biens et de services contribuant au bien-être global de la société. Leur revenu moyen va de 1.460 à 7.300 dollars par an. Selon la BafD, la classe moyenne africaine augmente régulièrement depuis les années 80. Elle comptait 111 millions de personnes en 1980, soit 26 % de la population. Dix ans après, elle était à 196 millions, soit 27 %, et, en 2010, plus d‘un tiers de la population en faisait partie. Selon une récente enquête de la banque Renaissance Capital dans les villes nigérianes de Lagos, Abuja et Port Harcourt, la classe moyenne africaine est jeune et dans la phase de la vie où l‘on s‘équipe. 70 % ont moins de 40 ans et à tout moment, près de la moitié sont des acheteurs potentiels de réfrigérateurs, congélateurs et autres biens durables. Cette demande de biens de consommation s‘étend à l‘achat de logements, à leur amélioration, aux transports et aux loisirs. Le McKinsey Global Institute prévoit que la consommation passe de quelque 860 milliards de dollars en 2008 à 1 400 milliards en 2020. L‘installation de grandes chaînes de distribution comme Walmart est un signe de la confiance mondiale dans l‘impulsion économique que l‘on peut attendre de la classe moyenne africaine. En 2030, les pays africains très peuplés (comme l‘Afrique du Sud, l‘Ethiopie et le Nigéria) seront les piliers de la nouvelle classe moyenne, qui pourrait dépenser 2.200 milliards de dollars par an, soit quelque 3 % de la consommation mondiale. Dans toute l‘Afrique, on ressent le changement. Beaucoup des anciens problèmes subsistent : grande pauvreté, infrastructures médiocres et famine dans certaines zones d‘un continent riche en ressources naturelles. Mais l‘avènement d‘une génération de jeunes entrepreneurs offrant de nouvelles possibilités est tout aussi remarquable. Les facteurs du changement vont d‘un climat des affaires favorable à la croissance locale aux progrès de l‘intégration régionale et à la mondialisation, qui stimulent l‘expansion. Climat des affaires et entreprenariat Outre les politiques économiques favorables à la croissance, l‘apparition d‘une classe moyenne africaine a été le produit d‘un solide secteur privé dirigé par des entrepreneurs locaux. Leur adoption rapide des nouvelles technologies va accroître le potentiel de la classe moyenne. Ainsi, les technologies de l‘information et de la communication offrent de nouveaux débouchés aux jeunes. La majorité de la population active restera néanmoins dans le secteur informel, occupant des emplois à faible productivité et peu rémunérés. Même si l‘emploi salarié officiel augmente de 10 % par an, la part du secteur informel sera encore de 60 % à 70 % en 2020. Le Rwanda, encore dans les mémoires pour les massacres de 1994, donne une idée de ce que pourrait être la future classe moyenne africaine. Motivés par la perspective de l‘intégration à l‘économie mondiale, les jeunes Rwandais recourent aux dernières technologies pour lancer de nouvelles entreprises. Clarisse Iribagiza et d‘autres futurs ingénieurs de l‘Institut de science et de technologie de Kigali ont lancé en 2010 HeHe Limited, une société de développement d‘applications pour mobiles. Elle est le fruit de la formation donnée à ces étudiants par un programme du MIT sur l‘accélération de l‘innovation dans les technologies de l‘information, conçu pour favoriser l‘entreprenariat et le développement de logiciels. HeHe est l‘une des nombreuses jeunes pousses rwandaises cherchant à profiter de l‘expansion des infrastructures de télécommunications, notamment les réseaux à larges bandes. Des entreprises similaires naissent dans d‘autres pays africains. Au Kenya, par exemple, elles appliquent les dernières technologies de l‘information à des domaines aussi divers que les loisirs, les communications, l‘éducation, l‘agriculture et les services. Les jeunes pousses illustrent l‘effet économique à long terme des investissements en infrastructures. En 2009, la société mauricienne Seacom a produit un câble sous-marin de fibre optique d‘une valeur de 600 millions de dollars, reliant l‘Afrique du Sud à l‘Europe par la côte de l‘Afrique de l‘Est. Selon son ancien P-dg, Brian Herlihy, cette initiative a mobilisé un investissement supplémentaire de 6 milliards de dollars dans la fibre terrestre fabriquée à l‘intention des réseaux nationaux et communaux ainsi que des relais de téléphonie mobile en Afrique orientale et australe. Le fait que 76 % des actions de Seacom soient détenus par des investisseurs africains montre que les capitaux et les technologies étrangers peuvent servir de levier aux investissements locaux dans de grands projets qui favorisent le développement d‘entreprises et concourent à la croissance de la classe moyenne. Pour Seacom, la prochaine étape aidera l‘Afrique à se lancer dans les services basés sur les réseaux à large bande, comme l‘infonuagique. L‘amélioration du climat des affaires favorisera dans les prochaines décennies la croissance d‘origine locale, en particulier dans les villes, où se concentre souvent la créativité. La nouvelle classe moyenne se développera au sein de noyaux industriels et agricoles offrant des possibilités d‘innovation et d‘entreprenariat. Les investissements actuels dans des infrastructures essentielles, telles que les réseaux à large bande, augmenteront la connectivité, la mobilité et le regroupement des activités. La nouvelle classe moyenne africaine prospérera dans des centres de connaissances liés à l‘économie mondiale. Les sources de cette croissance se trouvent dans des endroits comme Ikeja, le quartier informatique naissant de Lagos, et de nouveaux secteurs axés sur le savoir comme le réseau nigérian de production de films (Nollywood) produiront une nouvelle vague d‘entrepreneurs prêts à façonner la prochaine génération d‘Africains de la classe moyenne. Marchés régionaux Tout en favorisant les sources locales de croissance, l‘Afrique évolue rapidement vers une intégration régionale destinée à créer de plus grands marchés continentaux. L‘initiative la plus importante est le lancement, en juin 2011, de négociations en vue de la création d‘une grande zone de libre-échange (GZLE) allant de la Libye et de l‘Egypte jusqu‘à l‘Afrique du Sud. Elle fusionnerait trois entités : la Communauté du développement de l‘Afrique australe, la Communauté de l‘Afrique de l‘Est (CAE) et le Marché commun de l‘Afrique orientale et australe. Ses initiateurs envisagent que la GZLE englobe 26 pays, avec un PIB total supérieur à 1.000 milliards de dollars et 700 millions de consommateurs. Ce vaste marché attirera des investisseurs étrangers et nationaux. Le développement industriel et agricole local prédominera, mais de nombreux intrants seront importés; des discussions ont déjà lieu sur l‘établissement de cette zone de libre-échange tripartite. Les blocs commerciaux élargis facilitent la croissance, qui elle-même contribue à l‘expansion de la classe moyenne. On estime que les mesures de libéralisation des trois blocs régionaux actuels ont fait passer les exportations des 26 Etats membres de 7 milliards de dollars en 2000 à plus de 32 milliards en 2011. Elles prolongent l‘intégration en cours au sein de la CAE : union douanière, marché commun, monnaie commune, fédération politique. Les cinq pays membres (Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, Tanzanie) comptent 135 millions d‘habitants avec un PIB total de quelque 80 milliards de dollars, ce qui représente un important marché de consommation. La région prépare actuellement la création d‘une union monétaire qui aura pour objectifs la conduite d‘une politique monétaire et budgétaire saine ainsi que la stabilité financière. Les négociations tentent de tenir compte des limites de la zone euro en prévoyant des mesures d‘intégration budgétaire et de stabilisation financière. Si elle est adoptée sous la forme envisagée, l‘union monétaire donnera naissance à la première économie régionale authentique d‘Afrique, qui attirera des investissements étrangers directs tout en favorisant la consommation et le développement de la classe moyenne. Selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, l‘usage de ces téléphones a augmenté plus vite depuis 2003 en Afrique que dans toute autre région du monde. Selon Informa Telecoms & Media, un organisme britannique, l‘Afrique est devenue fin 2011 la deuxième région la plus connectée du monde après l‘Asie, avec 616 millions d‘abonnés à la téléphonie mobile. La pénétration est évidemment la plus forte en Afrique du Sud, le pays le plus développé, mais tous les pays ont adopté cette technologie, amenant l‘innovation et la connectivité même au fin fond du continent, lançant la banque en ligne mobile et changeant la pratique des affaires. Constatant le succès de la téléphonie mobile, les banques et les entreprises de distribution cherchent à se développer en Afrique en ciblant une classe moyenne croissante de consom-mateurs. Selon la Banque africaine de développement (BafD), la vive expansion des années récentes a sensiblement étoffé cette classe moyenne, qui va continuer à augmenter, passant de 355 millions de personnes en 2010 (34 % de la population de l‘Afrique subsaharienne) à 1,1 milliard (42 %) en 2060. C‘est la clé de la prospérité future de l‘Afrique. Une conjonction favorable Après l‘indépendance, le continent a été aux prises avec des problèmes de développement apparemment interminables, guerres civiles, instabilité politique, insécurité alimentaire chronique, sécheresses, épidémies, pauvreté et corruption à grande échelle. Mais, ces dernières années, une renaissance économique s‘est amorcée. Malgré la récession mondiale, le taux de croissance de l‘Afrique a été constamment élevé, grâce à une amélioration des politiques économiques, de la gouvernance et de l‘usage des ressources naturelles, couplée à une gestion plus favorable aux entreprises et à une hausse de la demande de produits de base de pays émergents comme l‘Afrique du sud, le Brésil, la Chine et l‘Inde. « L‘Afrique se développe à un rythme sans précédent en dépit des crises mondiales successives dans l‘alimentation et la finance. Même s‘il faudra des dizaines d‘années de croissance pour faire reculer sensiblement la pauvreté, on est actuellement de plus en plus optimiste à propos du potentiel de l‘Afrique », lit-on dans un rapport de la BafD, L‘Afrique dans 50 ans. La pauvreté persistera longtemps selon la BafD, un tiers des Africains seront encore très pauvres en 2060, avec moins d‘1,25 dollar par jour pour vivre. Le monde extérieur s‘est senti appelé à assister des gens ne disposant que de 1 dollar par jour, mais privilégier l‘aide n‘a pas encouragé l‘Afrique à aspirer à une performance économique supérieure. L‘accent mis sur une prospérité progressive, plutôt que sur la pauvreté, représente un changement radical d‘appréciation du futur économique de l‘Afrique qui a de profondes conséquences politiques et pratiques. À cause de la priorité donnée dans le passé à l‘éradication de la pauvreté, les autorités africaines et les donateurs internationaux n‘ont pas sérieusement recherché les moyens de promouvoir le bien-être : développement des infrastructures, enseignement technique, entreprenariat et commerce. Qu‘entend-on par classe moyenne en Afrique? Dans les 47 pays d‘Afrique subsaharienne, il n‘est pas facile de définir la classe moyenne ou d‘en calculer le nombre. La catégorie à laquelle nous nous référons se situe entre l‘importante population pauvre (les personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour) et la petite élite riche. Il ne s‘agit pas de classe moyenne au sens des pays développés ou même émergents, mais les gens qui ont un revenu disponible et achètent de plus en plus de biens et de services contribuant au bien-être global de la société. Leur revenu moyen va de 1.460 à 7.300 dollars par an. Selon la BafD, la classe moyenne africaine augmente régulièrement depuis les années 80. Elle comptait 111 millions de personnes en 1980, soit 26 % de la population. Dix ans après, elle était à 196 millions, soit 27 %, et, en 2010, plus d‘un tiers de la population en faisait partie. Selon une récente enquête de la banque Renaissance Capital dans les villes nigérianes de Lagos, Abuja et Port Harcourt, la classe moyenne africaine est jeune et dans la phase de la vie où l‘on s‘équipe. 70 % ont moins de 40 ans et à tout moment, près de la moitié sont des acheteurs potentiels de réfrigérateurs, congélateurs et autres biens durables. Cette demande de biens de consommation s‘étend à l‘achat de logements, à leur amélioration, aux transports et aux loisirs. Le McKinsey Global Institute prévoit que la consommation passe de quelque 860 milliards de dollars en 2008 à 1 400 milliards en 2020. L‘installation de grandes chaînes de distribution comme Walmart est un signe de la confiance mondiale dans l‘impulsion économique que l‘on peut attendre de la classe moyenne africaine. En 2030, les pays africains très peuplés (comme l‘Afrique du Sud, l‘Ethiopie et le Nigéria) seront les piliers de la nouvelle classe moyenne, qui pourrait dépenser 2.200 milliards de dollars par an, soit quelque 3 % de la consommation mondiale. Dans toute l‘Afrique, on ressent le changement. Beaucoup des anciens problèmes subsistent : grande pauvreté, infrastructures médiocres et famine dans certaines zones d‘un continent riche en ressources naturelles. Mais l‘avènement d‘une génération de jeunes entrepreneurs offrant de nouvelles possibilités est tout aussi remarquable. Les facteurs du changement vont d‘un climat des affaires favorable à la croissance locale aux progrès de l‘intégration régionale et à la mondialisation, qui stimulent l‘expansion. Climat des affaires et entreprenariat Outre les politiques économiques favorables à la croissance, l‘apparition d‘une classe moyenne africaine a été le produit d‘un solide secteur privé dirigé par des entrepreneurs locaux. Leur adoption rapide des nouvelles technologies va accroître le potentiel de la classe moyenne. Ainsi, les technologies de l‘information et de la communication offrent de nouveaux débouchés aux jeunes. La majorité de la population active restera néanmoins dans le secteur informel, occupant des emplois à faible productivité et peu rémunérés. Même si l‘emploi salarié officiel augmente de 10 % par an, la part du secteur informel sera encore de 60 % à 70 % en 2020. Le Rwanda, encore dans les mémoires pour les massacres de 1994, donne une idée de ce que pourrait être la future classe moyenne africaine. Motivés par la perspective de l‘intégration à l‘économie mondiale, les jeunes Rwandais recourent aux dernières technologies pour lancer de nouvelles entreprises. Clarisse Iribagiza et d‘autres futurs ingénieurs de l‘Institut de science et de technologie de Kigali ont lancé en 2010 HeHe Limited, une société de développement d‘applications pour mobiles. Elle est le fruit de la formation donnée à ces étudiants par un programme du MIT sur l‘accélération de l‘innovation dans les technologies de l‘information, conçu pour favoriser l‘entreprenariat et le développement de logiciels. HeHe est l‘une des nombreuses jeunes pousses rwandaises cherchant à profiter de l‘expansion des infrastructures de télécommunications, notamment les réseaux à larges bandes. Des entreprises similaires naissent dans d‘autres pays africains. Au Kenya, par exemple, elles appliquent les dernières technologies de l‘information à des domaines aussi divers que les loisirs, les communications, l‘éducation, l‘agriculture et les services. Les jeunes pousses illustrent l‘effet économique à long terme des investissements en infrastructures. En 2009, la société mauricienne Seacom a produit un câble sous-marin de fibre optique d‘une valeur de 600 millions de dollars, reliant l‘Afrique du Sud à l‘Europe par la côte de l‘Afrique de l‘Est. Selon son ancien P-dg, Brian Herlihy, cette initiative a mobilisé un investissement supplémentaire de 6 milliards de dollars dans la fibre terrestre fabriquée à l‘intention des réseaux nationaux et communaux ainsi que des relais de téléphonie mobile en Afrique orientale et australe. Le fait que 76 % des actions de Seacom soient détenus par des investisseurs africains montre que les capitaux et les technologies étrangers peuvent servir de levier aux investissements locaux dans de grands projets qui favorisent le développement d‘entreprises et concourent à la croissance de la classe moyenne. Pour Seacom, la prochaine étape aidera l‘Afrique à se lancer dans les services basés sur les réseaux à large bande, comme l‘infonuagique. L‘amélioration du climat des affaires favorisera dans les prochaines décennies la croissance d‘origine locale, en particulier dans les villes, où se concentre souvent la créativité. La nouvelle classe moyenne se développera au sein de noyaux industriels et agricoles offrant des possibilités d‘innovation et d‘entreprenariat. Les investissements actuels dans des infrastructures essentielles, telles que les réseaux à large bande, augmenteront la connectivité, la mobilité et le regroupement des activités. La nouvelle classe moyenne africaine prospérera dans des centres de connaissances liés à l‘économie mondiale. Les sources de cette croissance se trouvent dans des endroits comme Ikeja, le quartier informatique naissant de Lagos, et de nouveaux secteurs axés sur le savoir comme le réseau nigérian de production de films (Nollywood) produiront une nouvelle vague d‘entrepreneurs prêts à façonner la prochaine génération d‘Africains de la classe moyenne. Marchés régionaux Tout en favorisant les sources locales de croissance, l‘Afrique évolue rapidement vers une intégration régionale destinée à créer de plus grands marchés continentaux. L‘initiative la plus importante est le lancement, en juin 2011, de négociations en vue de la création d‘une grande zone de libre-échange (GZLE) allant de la Libye et de l‘Egypte jusqu‘à l‘Afrique du Sud. Elle fusionnerait trois entités : la Communauté du développement de l‘Afrique australe, la Communauté de l‘Afrique de l‘Est (CAE) et le Marché commun de l‘Afrique orientale et australe. Ses initiateurs envisagent que la GZLE englobe 26 pays, avec un PIB total supérieur à 1.000 milliards de dollars et 700 millions de consommateurs. Ce vaste marché attirera des investisseurs étrangers et nationaux. Le développement industriel et agricole local prédominera, mais de nombreux intrants seront importés; des discussions ont déjà lieu sur l‘établissement de cette zone de libre-échange tripartite. Les blocs commerciaux élargis facilitent la croissance, qui elle-même contribue à l‘expansion de la classe moyenne. On estime que les mesures de libéralisation des trois blocs régionaux actuels ont fait passer les exportations des 26 Etats membres de 7 milliards de dollars en 2000 à plus de 32 milliards en 2011. Elles prolongent l‘intégration en cours au sein de la CAE : union douanière, marché commun, monnaie commune, fédération politique. Les cinq pays membres (Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda, Tanzanie) comptent 135 millions d‘habitants avec un PIB total de quelque 80 milliards de dollars, ce qui représente un important marché de consommation. La région prépare actuellement la création d‘une union monétaire qui aura pour objectifs la conduite d‘une politique monétaire et budgétaire saine ainsi que la stabilité financière. Les négociations tentent de tenir compte des limites de la zone euro en prévoyant des mesures d‘intégration budgétaire et de stabilisation financière. Si elle est adoptée sous la forme envisagée, l‘union monétaire donnera naissance à la première économie régionale authentique d‘Afrique, qui attirera des investissements étrangers directs tout en favorisant la consommation et le développement de la classe moyenne.