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Quand les djnoun attaquent ! (1re partie)
Escroquerie
Publié dans Le Midi Libre le 22 - 05 - 2012

El-Hadi, 58 ans, était assis sur un tabouret devant la porte de sa vieille villa et regardait les gens passer. Il était un peu plus de 15h en ce mois de mars 2012. D'habitude, c'était en été qu'il s'installait ainsi guettant le départ ou l'arrivée des pêcheurs avec qui il échangeait quelques banalités au sujet de l'état de la mer et du comportement des poissons.
El-Hadi, 58 ans, était assis sur un tabouret devant la porte de sa vieille villa et regardait les gens passer. Il était un peu plus de 15h en ce mois de mars 2012. D'habitude, c'était en été qu'il s'installait ainsi guettant le départ ou l'arrivée des pêcheurs avec qui il échangeait quelques banalités au sujet de l'état de la mer et du comportement des poissons.
Il faisait moins froid que la veille mais cela ne l'avait pas empêché de bien se couvrir avec un bonnet en laine et un cache-col. Alors qu'il commençait à trouver sans intérêt tout ce qu'il voyait, voilà qu'il aperçut au loin des gens qui semblaient être étrangers à Bousmaïl. Quand les trois hommes (qui devaient avoir la quarantaine) arrivèrent à son niveau, ils lui lancèrent un très respectueux «Salam alaikoum». El-Hadi leur rendit leur salut, puis soudain, un des hommes qui se trouvait être très brun, tomba à genoux et se tordit de douleur. Ses deux amis l'entourèrent aussitôt en s'écriant :
- Qu'y a-t-il Salah ? Qu'y a-t-il ?
El-Hadi se leva et s'approcha de l'homme pour lui apporter éventuellement l'aide que ses amis ne pourraient pas lui prodiguer.
- Ah ! Mes frères c'est l'un d'entre eux qui vient de m'attaquer ! se mit à gémir le brun.
- Quoi ? Ce n'est pas vrai ? Et où est-il ? lui répondit un de ses compagnons.
- Où est-il ? Tu veux dire où sont-ils ?
- Où sont-ils ? répéta le troisième homme.
- Oui, reprit le brun. Ils sont dans cette maison. Et ils sont animés de très mauvaises intentions. Et ce qui n'est pas fait pour arranger les choses, ce sont des mécréants. Pis ; ils sont allergiques au Coran !
El-Hadi se retourna, regarda sa villa puis regarda les deux hommes et leur dit :
- Mais de quoi parle-t-il ? Je n'ai rien compris à ses propos.
Un des deux autres lui répondit alors :
- Moi, j'ai compris ce qu'il a dit mais je ne peux rien dire à sa place. Son âme est plus pure que la mienne… Elle est même plus pure que celle de la plupart des hommes. c'est pourquoi il voit des choses que nul autre homme ne peut voir.
El-Hadi, qui a toujours été un petit peu superstitieux, sentit une sourde inquiétude prendre possession de son corps.
- Oh ! là ! là ! c'est que vous me faites peur tous les trois…
Le brun finit par se lever. Il regarda un bon moment El-Hadi, puis lui demanda :
- Cette maison est à toi, mon frère ?
- Oui… A moi et à mes enfants…
- Et tu te sens bien ? Tu n'es pas malade ? Personne chez toi n'est malade ?
- Euh… Non…
- Hum… Est-ce que tu pries ?
- Oui bien sûr. Tout le monde prie à la maison…
- Vraiment ? Tu en es sûr ? Il n'y a pas un qui n'accomplit pas ses devoirs envers le Créateur ?
- Euh… j'ai un de mes fils qui est un peu réfractaire à toutes les lois… Il n'écoute personne et n'en fait qu'à sa tête. Il boit même de temps en temps un peu d'alcool. Il n'est jamais rentré ivre…
Le brun se mit à secouer sa tête de haut en bas.
- C'est donc lui le chemin…
- Le chemin ? Quel chemin ? s'écria El- Hadi. Et puis parlez clairement sinon passez votre chemin.
- Mais je suis clair, mon frère. Seul un idiot ne pourrait pas comprendre. Ta maison est habitée…
- Oui, je sais qu'elle est habitée… nous sommes dix à y vivre, il y a moi, mon épouse, nos six enfants, mon père et ma mère…
- Je ne parle pas de ta famille… mais de ceux dont il vaut mieux ne pas prononcer le nom.
- Tu veux parler de ceux dont on ne doit pas citer le nom ? Ces gens-là qui sont d'un autre monde ?
- Oui. Ceux-là mêmes !
- Mais comment est-ce possible ?
- Ah ! là, mon frère je serai incapable d'y répondre. Tout ce que je sais c'est qu'ils sont bien chez toi. Je me trouvais à plus de trois cents mètres de chez toi quand j'ai entendu des voix qui n'avaient rien à voir avec celles des humains. Et à mesure que je m'approchais de ta maison, ces voix devenaient plus nettes, plus effrayantes. Comme je n'ai pas pu les voir, j'ai conclu qu'ils devaient être dans un lieu clos. Et le lieu clos ici c'est ta maison.
- Oh ! Ce n'est pas vrai.
- J'ai voulu savoir à quel type de créatures nous avons affaire et j'ai récité un verset du saint Coran. C'est à ce moment là qu'une douleur insoutenable m'a plié en deux. Et je me suis dit que ces gens là sont allergiques aux paroles saintes du divin.
Les deux amis du brun regardèrent un bon moment celui-ci puis hochèrent leurs têtes plusieurs fois de gauche à droite :
- Oh ! non, non, tu dois te tromper, lui répliqua l'un d'eux… Il vient de nous dire que chez lui tout le monde prie…Si ces créatures étaient allergiques au Saint Coran, ils auraient pu voir leurs prières perturbées par des douleurs. Or, cela ne semble pas être le cas…
Le brun fusilla du regard son ami.
- Tu ne me crois pas ? Récite un verset du Coran et tu verras.
- C'est ce que je vais faire et je te prouverai que tu as tort.
L'homme prononça «Bismi Al…» et aussitôt il se tint la tête et grimaça. Le troisième homme le tint par le bras et lui demanda :
- Qu'est-ce que tu as Rédouane ? Qu'est-ce que tu as ?
L'autre demeura un bon moment immobile puis enleva ses bras et leva des yeux larmoyants vers El-Hadi et ses deux amis
- Oh ! Mon Dieu ! je n'ai jamais éprouvé une douleur aussi insupportable. Une douleur qui ne ressemble en rien aux maux de tête que j'ai éprouvés durant ma vie.
Le brun se tourna vers le troisième homme :
- Tu veux essayer aussi ?
- Ah ! Non, je ne veux pas essayer… je vous crois sur parole. Je sais de quoi sont capables ces créatures…
Pendant que les trois hommes parlaient entre eux, El-Hadi, en proie à une indescriptible inquiétude, se grattait la tête, partagé entre angoisse, début de panique et incrédulité.
L'homme brun finit par lui dire :
- Mon frère, je te conseille de faire vite... une roqia en bonne et due forme est nécessaire sinon il arrivera un grand malheur dans cette maison. S j'ai bien noté ce que tu m'as dit, tout le monde dans cette maison est dans le droit chemin à l'exception de ton fils… C'est lui le chemin…
- Le chemin ? Quel chemin ? s'inquiéta El-Hadi.
- Satan et les djinns malfaisants sont constamment à la recherche d'un chemin, d'une sorte de brèche qui les mène vers l'accomplissement de leurs noirs desseins. Aujourd'hui nous avons un travail qui nous attend chez un frère : une vieille femme à désenvouter mais demain nous repasserons et nous espérons que tu nous laisseras entrer chez toi pour te débarrasser de ces djinns qui semblent décidés à apporter le malheur sous ton toit…
- Mais ni moi ni les membres de ma famille n'avons remarqué la présence de ces…ces…intrus, répliqua avec hésitation El Hadi.
- C'est une stratégie…c'est pour mieux réussir leur coup. Un coup que j'imagine apocalyptique... mon frère ta maison est sur le point d'être détruite. Fais vite… Si demain, nous ne sommes pas revenus, fais appel à un autre cheikh…n'oublie pas : la roqia est la seule issue. Au revoir mon frère.
Les trois hommes s'en allèrent et El- Hadi les suivit du regard. Une voix intérieure lui suggéra qu'il avait tout intérêt à écouter les propos de l'homme brun. Mais il ignorait qu'il allait au devant d'une escroquerie spectaculaire.
(à suivre…)
Il faisait moins froid que la veille mais cela ne l'avait pas empêché de bien se couvrir avec un bonnet en laine et un cache-col. Alors qu'il commençait à trouver sans intérêt tout ce qu'il voyait, voilà qu'il aperçut au loin des gens qui semblaient être étrangers à Bousmaïl. Quand les trois hommes (qui devaient avoir la quarantaine) arrivèrent à son niveau, ils lui lancèrent un très respectueux «Salam alaikoum». El-Hadi leur rendit leur salut, puis soudain, un des hommes qui se trouvait être très brun, tomba à genoux et se tordit de douleur. Ses deux amis l'entourèrent aussitôt en s'écriant :
- Qu'y a-t-il Salah ? Qu'y a-t-il ?
El-Hadi se leva et s'approcha de l'homme pour lui apporter éventuellement l'aide que ses amis ne pourraient pas lui prodiguer.
- Ah ! Mes frères c'est l'un d'entre eux qui vient de m'attaquer ! se mit à gémir le brun.
- Quoi ? Ce n'est pas vrai ? Et où est-il ? lui répondit un de ses compagnons.
- Où est-il ? Tu veux dire où sont-ils ?
- Où sont-ils ? répéta le troisième homme.
- Oui, reprit le brun. Ils sont dans cette maison. Et ils sont animés de très mauvaises intentions. Et ce qui n'est pas fait pour arranger les choses, ce sont des mécréants. Pis ; ils sont allergiques au Coran !
El-Hadi se retourna, regarda sa villa puis regarda les deux hommes et leur dit :
- Mais de quoi parle-t-il ? Je n'ai rien compris à ses propos.
Un des deux autres lui répondit alors :
- Moi, j'ai compris ce qu'il a dit mais je ne peux rien dire à sa place. Son âme est plus pure que la mienne… Elle est même plus pure que celle de la plupart des hommes. c'est pourquoi il voit des choses que nul autre homme ne peut voir.
El-Hadi, qui a toujours été un petit peu superstitieux, sentit une sourde inquiétude prendre possession de son corps.
- Oh ! là ! là ! c'est que vous me faites peur tous les trois…
Le brun finit par se lever. Il regarda un bon moment El-Hadi, puis lui demanda :
- Cette maison est à toi, mon frère ?
- Oui… A moi et à mes enfants…
- Et tu te sens bien ? Tu n'es pas malade ? Personne chez toi n'est malade ?
- Euh… Non…
- Hum… Est-ce que tu pries ?
- Oui bien sûr. Tout le monde prie à la maison…
- Vraiment ? Tu en es sûr ? Il n'y a pas un qui n'accomplit pas ses devoirs envers le Créateur ?
- Euh… j'ai un de mes fils qui est un peu réfractaire à toutes les lois… Il n'écoute personne et n'en fait qu'à sa tête. Il boit même de temps en temps un peu d'alcool. Il n'est jamais rentré ivre…
Le brun se mit à secouer sa tête de haut en bas.
- C'est donc lui le chemin…
- Le chemin ? Quel chemin ? s'écria El- Hadi. Et puis parlez clairement sinon passez votre chemin.
- Mais je suis clair, mon frère. Seul un idiot ne pourrait pas comprendre. Ta maison est habitée…
- Oui, je sais qu'elle est habitée… nous sommes dix à y vivre, il y a moi, mon épouse, nos six enfants, mon père et ma mère…
- Je ne parle pas de ta famille… mais de ceux dont il vaut mieux ne pas prononcer le nom.
- Tu veux parler de ceux dont on ne doit pas citer le nom ? Ces gens-là qui sont d'un autre monde ?
- Oui. Ceux-là mêmes !
- Mais comment est-ce possible ?
- Ah ! là, mon frère je serai incapable d'y répondre. Tout ce que je sais c'est qu'ils sont bien chez toi. Je me trouvais à plus de trois cents mètres de chez toi quand j'ai entendu des voix qui n'avaient rien à voir avec celles des humains. Et à mesure que je m'approchais de ta maison, ces voix devenaient plus nettes, plus effrayantes. Comme je n'ai pas pu les voir, j'ai conclu qu'ils devaient être dans un lieu clos. Et le lieu clos ici c'est ta maison.
- Oh ! Ce n'est pas vrai.
- J'ai voulu savoir à quel type de créatures nous avons affaire et j'ai récité un verset du saint Coran. C'est à ce moment là qu'une douleur insoutenable m'a plié en deux. Et je me suis dit que ces gens là sont allergiques aux paroles saintes du divin.
Les deux amis du brun regardèrent un bon moment celui-ci puis hochèrent leurs têtes plusieurs fois de gauche à droite :
- Oh ! non, non, tu dois te tromper, lui répliqua l'un d'eux… Il vient de nous dire que chez lui tout le monde prie…Si ces créatures étaient allergiques au Saint Coran, ils auraient pu voir leurs prières perturbées par des douleurs. Or, cela ne semble pas être le cas…
Le brun fusilla du regard son ami.
- Tu ne me crois pas ? Récite un verset du Coran et tu verras.
- C'est ce que je vais faire et je te prouverai que tu as tort.
L'homme prononça «Bismi Al…» et aussitôt il se tint la tête et grimaça. Le troisième homme le tint par le bras et lui demanda :
- Qu'est-ce que tu as Rédouane ? Qu'est-ce que tu as ?
L'autre demeura un bon moment immobile puis enleva ses bras et leva des yeux larmoyants vers El-Hadi et ses deux amis
- Oh ! Mon Dieu ! je n'ai jamais éprouvé une douleur aussi insupportable. Une douleur qui ne ressemble en rien aux maux de tête que j'ai éprouvés durant ma vie.
Le brun se tourna vers le troisième homme :
- Tu veux essayer aussi ?
- Ah ! Non, je ne veux pas essayer… je vous crois sur parole. Je sais de quoi sont capables ces créatures…
Pendant que les trois hommes parlaient entre eux, El-Hadi, en proie à une indescriptible inquiétude, se grattait la tête, partagé entre angoisse, début de panique et incrédulité.
L'homme brun finit par lui dire :
- Mon frère, je te conseille de faire vite... une roqia en bonne et due forme est nécessaire sinon il arrivera un grand malheur dans cette maison. S j'ai bien noté ce que tu m'as dit, tout le monde dans cette maison est dans le droit chemin à l'exception de ton fils… C'est lui le chemin…
- Le chemin ? Quel chemin ? s'inquiéta El-Hadi.
- Satan et les djinns malfaisants sont constamment à la recherche d'un chemin, d'une sorte de brèche qui les mène vers l'accomplissement de leurs noirs desseins. Aujourd'hui nous avons un travail qui nous attend chez un frère : une vieille femme à désenvouter mais demain nous repasserons et nous espérons que tu nous laisseras entrer chez toi pour te débarrasser de ces djinns qui semblent décidés à apporter le malheur sous ton toit…
- Mais ni moi ni les membres de ma famille n'avons remarqué la présence de ces…ces…intrus, répliqua avec hésitation El Hadi.
- C'est une stratégie…c'est pour mieux réussir leur coup. Un coup que j'imagine apocalyptique... mon frère ta maison est sur le point d'être détruite. Fais vite… Si demain, nous ne sommes pas revenus, fais appel à un autre cheikh…n'oublie pas : la roqia est la seule issue. Au revoir mon frère.
Les trois hommes s'en allèrent et El- Hadi les suivit du regard. Une voix intérieure lui suggéra qu'il avait tout intérêt à écouter les propos de l'homme brun. Mais il ignorait qu'il allait au devant d'une escroquerie spectaculaire.
(à suivre…)


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