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«La MTEV représente la deuxième cause de mortalité au cours du cancer»
Entretien avec le Pr Ismaïl Elalamy, chef de service Hématologie biologique de l'hôpital Tenon à Paris
Publié dans Le Midi Libre le 31 - 10 - 2012

Midi Libre : Quel est le lien entre un cancer et une thrombose ?
Pr Ismaïl Elalamy : La notion du lien entre la thrombose et le cancer est ancienne. Dès la moitié du XVIIIe siècle, le sémiologue français Armand Trousseau a été le premier à relater à ses élèves que la survenue de thromboses veineuses, récidivantes ou bilatérales, signaient la nature néoplasique chez un patient se plaignant d‘épigastralgies. Dans ce cas, la lésion gastrique traduisait la présence d‘un cancer. Ironie du sort, Armand Trousseau devait décéder deux ans après cette communication d‘un cancer de l‘estomac ayant lui-même présenté des phlébites à répétition. Il a donc confirmé et validé ainsi sa constatation de médecin : c‘était un homme d‘expérience !
La thrombose contribue au développement du cancer. Le risque vasculaire associé au cancer est tout aussi sournois et une embolie pulmonaire peut survenir brutalement avec des conséquences dramatiques : on parle de la «mort silencieuse». Un traitement antithrombotique peut, par conséquent, permettre d‘éviter au patient la maladie thrombo-embolique veineuse (MTEV) qui constitue un facteur majeur de mauvais pronostic chez les patients atteints de cancer et, plus grave encore, représente la deuxième cause de mortalité au cours du cancer. Je ne dis pas que donner un traitementanti-thrombotique permet de traiter le cancer mais cela pourrait, d‘une part, limiter la prolifération de la tumeur et, d‘autre part, favoriser l‘impact du traitement anti-cancer.
Pourquoi dites-vous que la prise en charge de la thrombose et du cancer doit passer par une prise de conscience ?
En effet, le fait de subir une chirurgie (comme la chirurgie orthopédique qui est particulièrement thrombogène), ou l‘immobilisation par un plâtre «sans appui» constituent des circonstances précipitantes et des contextes pourvoyeurs de thrombose. C‘est la raison pour laquelle la prise en charge des patients doit passer avant toute chose par la prise de conscience de ces dimensions. Le praticien pourra alors opposer à cette menace potentielle une stratégie adaptée.
Quelle est la prévalence de la thrombose chez un cancereux ?
La thrombose est intimement associée au développement tumoral : le cancer profite de la thrombose pour grossir, croître et se disséminer. C‘est pourquoi on estime que 20% des patients atteints de cancer (tous cancers confondus) développent une thrombose. Ce risque thrombotique varie selon le type de tumeur et son stade évolutif. Chez le patient atteint de cancer, le risque de récidive thrombotique est aussi trois à quatre fois supérieur par rapport à un patient qui ne l‘est pas. En cas de chirurgie, le sujet atteint de cancer a trois à quatre foisplus de risque de faire une thrombose post-opératoire qu‘en l‘absence de cancer.
Estimez-vous que les praticiens prennent suffisamment en considération le risque thrombotique chez un patient atteint de cancer ?
Malheureusement, en dépit de l‘amélioration de nos connaissances sur ce lien entre le cancer et la thrombose, la prise de conscience dans le monde médical est particulièrement limitée. Les études révèlent que moins de la moitié des patients médicaux à risque de thrombose reçoivent une prophylaxie. Ainsi, malgré les recommandations internationales et les avis concordants d‘experts, près de 70% des patients atteints de cancer et hospitalisés ne reçoivent pas de traitement préventif anti-thrombotique.
Certains cancers sont-ils plus thrombogènes que d‘autres ?
Le risque thrombotique est associé au type histologique et au degré d‘évolutivité du cancer. On sait que les tumeurs dites solides (poumon, pancréas, colon, estomac, les adénocarcinomes en général) sont les plus thrombogènes. La chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l‘hormonothérapie favorisent aussi le développement d‘une thrombose. C‘est pour cette raison qu‘il existe des recommandations internationales pour les patients atteints de cancer traités en ambulatoire par chimiothérapie. Les patients bénéficiant de cette combinaison thérapeutique doivent alors recevoir systématiquement une prévention anti-thrombotique adaptée pour limiter ce risque.
Quels sont les traitements préconisés ?
Les recommandations internationales présentent les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) comme l‘outil thérapeutique de première ligne pour la prévention et le traitement anti-thrombotique chez le patient atteint de cancer. Il faut prévenir la thrombose chez ces malades aussi longtemps que le risque persiste tout en adaptant ce «bouclier» à l‘agression qu‘il y a en face. C‘est pour cette raison que dans ce cas, les HBPM sont recommandées en renforçant cette protection, particulièrement.
Midi Libre : Quel est le lien entre un cancer et une thrombose ?
Pr Ismaïl Elalamy : La notion du lien entre la thrombose et le cancer est ancienne. Dès la moitié du XVIIIe siècle, le sémiologue français Armand Trousseau a été le premier à relater à ses élèves que la survenue de thromboses veineuses, récidivantes ou bilatérales, signaient la nature néoplasique chez un patient se plaignant d‘épigastralgies. Dans ce cas, la lésion gastrique traduisait la présence d‘un cancer. Ironie du sort, Armand Trousseau devait décéder deux ans après cette communication d‘un cancer de l‘estomac ayant lui-même présenté des phlébites à répétition. Il a donc confirmé et validé ainsi sa constatation de médecin : c‘était un homme d‘expérience !
La thrombose contribue au développement du cancer. Le risque vasculaire associé au cancer est tout aussi sournois et une embolie pulmonaire peut survenir brutalement avec des conséquences dramatiques : on parle de la «mort silencieuse». Un traitement antithrombotique peut, par conséquent, permettre d‘éviter au patient la maladie thrombo-embolique veineuse (MTEV) qui constitue un facteur majeur de mauvais pronostic chez les patients atteints de cancer et, plus grave encore, représente la deuxième cause de mortalité au cours du cancer. Je ne dis pas que donner un traitementanti-thrombotique permet de traiter le cancer mais cela pourrait, d‘une part, limiter la prolifération de la tumeur et, d‘autre part, favoriser l‘impact du traitement anti-cancer.
Pourquoi dites-vous que la prise en charge de la thrombose et du cancer doit passer par une prise de conscience ?
En effet, le fait de subir une chirurgie (comme la chirurgie orthopédique qui est particulièrement thrombogène), ou l‘immobilisation par un plâtre «sans appui» constituent des circonstances précipitantes et des contextes pourvoyeurs de thrombose. C‘est la raison pour laquelle la prise en charge des patients doit passer avant toute chose par la prise de conscience de ces dimensions. Le praticien pourra alors opposer à cette menace potentielle une stratégie adaptée.
Quelle est la prévalence de la thrombose chez un cancereux ?
La thrombose est intimement associée au développement tumoral : le cancer profite de la thrombose pour grossir, croître et se disséminer. C‘est pourquoi on estime que 20% des patients atteints de cancer (tous cancers confondus) développent une thrombose. Ce risque thrombotique varie selon le type de tumeur et son stade évolutif. Chez le patient atteint de cancer, le risque de récidive thrombotique est aussi trois à quatre fois supérieur par rapport à un patient qui ne l‘est pas. En cas de chirurgie, le sujet atteint de cancer a trois à quatre foisplus de risque de faire une thrombose post-opératoire qu‘en l‘absence de cancer.
Estimez-vous que les praticiens prennent suffisamment en considération le risque thrombotique chez un patient atteint de cancer ?
Malheureusement, en dépit de l‘amélioration de nos connaissances sur ce lien entre le cancer et la thrombose, la prise de conscience dans le monde médical est particulièrement limitée. Les études révèlent que moins de la moitié des patients médicaux à risque de thrombose reçoivent une prophylaxie. Ainsi, malgré les recommandations internationales et les avis concordants d‘experts, près de 70% des patients atteints de cancer et hospitalisés ne reçoivent pas de traitement préventif anti-thrombotique.
Certains cancers sont-ils plus thrombogènes que d‘autres ?
Le risque thrombotique est associé au type histologique et au degré d‘évolutivité du cancer. On sait que les tumeurs dites solides (poumon, pancréas, colon, estomac, les adénocarcinomes en général) sont les plus thrombogènes. La chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et l‘hormonothérapie favorisent aussi le développement d‘une thrombose. C‘est pour cette raison qu‘il existe des recommandations internationales pour les patients atteints de cancer traités en ambulatoire par chimiothérapie. Les patients bénéficiant de cette combinaison thérapeutique doivent alors recevoir systématiquement une prévention anti-thrombotique adaptée pour limiter ce risque.
Quels sont les traitements préconisés ?
Les recommandations internationales présentent les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) comme l‘outil thérapeutique de première ligne pour la prévention et le traitement anti-thrombotique chez le patient atteint de cancer. Il faut prévenir la thrombose chez ces malades aussi longtemps que le risque persiste tout en adaptant ce «bouclier» à l‘agression qu‘il y a en face. C‘est pour cette raison que dans ce cas, les HBPM sont recommandées en renforçant cette protection, particulièrement.


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