L'immolation de Mohamed Bouazizi, voilà deux ans, a déclenché le printemps arabe. L'immolation de Mohamed Bouazizi, voilà deux ans, a déclenché le printemps arabe. Dans un pays miné par une crise politique et économique, le geste désespéré d'un jeune vendeur à la sauvette âgé de 27 ans a été le prélude de la révolution de jasmin qui s'est déclenchée à Sidi-Bouzid. À 8h30, sur la symbolique avenue Habib-Bourguiba, un homme « désespéré » selon les autorités s'est immolé par le feu devant le Théâtre municipal, l'un des deux endroits phares de l'avenue avec le ministère de l'Intérieur, sur le même trottoir à quelques mètres. «Il a crié ‘Allah akbar, Dieu est le plus grandé' , puis il est tombé », poursuit Najeh avant de nous rapporter ce que lui a dit un autre témoin de la scène : « Le jeune homme avait un sac rempli de paquets de cigarettes qu'il vendait. Il l'a vidé en disant 'Voilà le chômage, voilà la jeunesse de la Tunisie!', s'est versé de l'essence sur le corps puis y a mis le feu. » L'homme originaire de Jendouba, au nord-ouest du pays, a été conduit à l'hôpital de Ben Arous, dans la banlieue de Tunis, spécialisé dans les brûlures graves. C'est là qu'en décembre 2010 fut soigné, avant de mourir, Mohamed Bouazizi, ce vendeur ambulant qui avait décidé de manifester son désespoir devant le gouvernorat de Sidi Bouzid. Il avait déclenché sans le vouloir le printemps arabe. Un acte condamné par la religion Amenallah Messaadi, chef du service des grands brûlés, hésite à nous répondre. « Chaque fois que des médias parlent des immolations, les chiffres augmentent, regrette-t-il. Les gens susceptibles de passer à l'acte sont hypersensibles et pensent qu'en agissant ainsi ils peuvent attirer l'attention vers eux, ce qui réglerait leur problème. Mais même s'ils s'en sortent, ensuite leur vie est encore plus difficile, pour eux et leur famille ». Le médecin accepte de nous préciser que l'homme immolé ce matin est dans un état « très grave ». Rappelant que l'immolation est un acte condamnable par la religion, et qu'elle n'apporte aucune solution, il préfère ne pas nous en dire plus. Devant le théâtre, sur cette avenue qui n'avait jamais connu d'immolation, un car de police s'est vite installé, sans parvenir à cacher les traces de flammes au sol. Les forces de l'ordre s'affairent à disperser les badauds qui une heure et demie après le drame le commentent encore en évoquant la situation économique du pays Jamais depuis la révolution, la Tunisie ne s'était retrouvée dans une telle situation, politique - avec la démission du Premier ministre après l'assassinat de Chokri Bélaïd - et économique. Selon l'Institut national des statistiques tunisien, les prix à la consommation familiale ont augmenté de 5,8 % en 2012. On le constate sur les marchés où le prix des légumes dissuade plus d'un acheteur. La relance d'une économie moribonde sera l'une des tâches les plus urgentes du nouveau gouvernement d'Ali Larayedh dont la composition doit être approuvée mardi ou mercredi par l'Assemblée nationale constituante Dans un pays miné par une crise politique et économique, le geste désespéré d'un jeune vendeur à la sauvette âgé de 27 ans a été le prélude de la révolution de jasmin qui s'est déclenchée à Sidi-Bouzid. À 8h30, sur la symbolique avenue Habib-Bourguiba, un homme « désespéré » selon les autorités s'est immolé par le feu devant le Théâtre municipal, l'un des deux endroits phares de l'avenue avec le ministère de l'Intérieur, sur le même trottoir à quelques mètres. «Il a crié ‘Allah akbar, Dieu est le plus grandé' , puis il est tombé », poursuit Najeh avant de nous rapporter ce que lui a dit un autre témoin de la scène : « Le jeune homme avait un sac rempli de paquets de cigarettes qu'il vendait. Il l'a vidé en disant 'Voilà le chômage, voilà la jeunesse de la Tunisie!', s'est versé de l'essence sur le corps puis y a mis le feu. » L'homme originaire de Jendouba, au nord-ouest du pays, a été conduit à l'hôpital de Ben Arous, dans la banlieue de Tunis, spécialisé dans les brûlures graves. C'est là qu'en décembre 2010 fut soigné, avant de mourir, Mohamed Bouazizi, ce vendeur ambulant qui avait décidé de manifester son désespoir devant le gouvernorat de Sidi Bouzid. Il avait déclenché sans le vouloir le printemps arabe. Un acte condamné par la religion Amenallah Messaadi, chef du service des grands brûlés, hésite à nous répondre. « Chaque fois que des médias parlent des immolations, les chiffres augmentent, regrette-t-il. Les gens susceptibles de passer à l'acte sont hypersensibles et pensent qu'en agissant ainsi ils peuvent attirer l'attention vers eux, ce qui réglerait leur problème. Mais même s'ils s'en sortent, ensuite leur vie est encore plus difficile, pour eux et leur famille ». Le médecin accepte de nous préciser que l'homme immolé ce matin est dans un état « très grave ». Rappelant que l'immolation est un acte condamnable par la religion, et qu'elle n'apporte aucune solution, il préfère ne pas nous en dire plus. Devant le théâtre, sur cette avenue qui n'avait jamais connu d'immolation, un car de police s'est vite installé, sans parvenir à cacher les traces de flammes au sol. Les forces de l'ordre s'affairent à disperser les badauds qui une heure et demie après le drame le commentent encore en évoquant la situation économique du pays Jamais depuis la révolution, la Tunisie ne s'était retrouvée dans une telle situation, politique - avec la démission du Premier ministre après l'assassinat de Chokri Bélaïd - et économique. Selon l'Institut national des statistiques tunisien, les prix à la consommation familiale ont augmenté de 5,8 % en 2012. On le constate sur les marchés où le prix des légumes dissuade plus d'un acheteur. La relance d'une économie moribonde sera l'une des tâches les plus urgentes du nouveau gouvernement d'Ali Larayedh dont la composition doit être approuvée mardi ou mercredi par l'Assemblée nationale constituante