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Chanson kabyle en France et mémoire de l'immigration
Numéro spécial de la revue Migrance
Publié dans Le Midi Libre le 06 - 06 - 2013

L'apport inestimable de la chanson kabyle dans la transmission de la mémoire de l'histoire de l'immigration algérienne en France est mis en exergue à travers une vingtaine de contributions, publiées par la revue Migrance qui a consacré un numéro spécial à ce thème.
L'apport inestimable de la chanson kabyle dans la transmission de la mémoire de l'histoire de l'immigration algérienne en France est mis en exergue à travers une vingtaine de contributions, publiées par la revue Migrance qui a consacré un numéro spécial à ce thème.
Sous le titre ''Chanson kabyle en France et histoire de l'immigration, 1930-1974 '', cette publication est illustrée de photos d'archives, souvent inédites, des chanteurs et artistes les plus emblématiques de l'époque, tels que Rimitti, Slimane Azem, Allaoua Zerrouki, Akli Yahyaten, Kamel Hamadi, Nora, Aït Farida, Cherifa, Hanifa, Mohamed El Kamal, El Hasnaoui, Cherif Kheddam, Bahia Farah, Mohamed El-Anka et tant d'autres.
Des artistes qui ont marqué cette période en mettant en évidence la triste condition des exilés, en pointant du doigt les causes des maux multiples vécus par toute une génération et chanté les moments d'espérance dans lesquels se sont retrouvés la communauté immigrée de cette époque. La revue couvre plusieurs axes étalés sur quatre décennies, riches en matière de création artistique et du patrimoine culturel algérien d'expression berbère.
A travers ces contributions signées par des chercheurs algériens et français, la chanson kabyle apparaît alors comme une pratique artistique, qui n'est pas un simple divertissement, mais un véritable moyen d'expression, dans la situation d'exil forcé vécu par les Algériens, considérés comme la première communauté hors Europe, parmi les étrangers vivant dans l'Hexagone durant la période citée.
Le contexte historique, social mais aussi culturel, particulièrement lors de la période coloniale, est longuement abordé, à travers les multiples contributions publiées par la revue.
De nombreux chercheurs ont contribué par leurs analyses, aussi pertinentes le unes que les autres, à l'élaboration de ce numéro spécial de Migrance, tels que, Ahséne Zehraoui, (CNRS-France), Karima Aït Meziane (université d'Alger), Amar Ammouden (université de Béjaïa), Abdelkader Bendameche (Centre national des Arts et des Lettres-Algérie) ou encore Jean-C harles Scagnetti (université de Nice-France).
Les auteurs soulignent alors que, quel que soit leur statut, ouvriers agricoles, migrants saisonniers, mineurs, ou ouvriers métallurgiques ou spécialisés sur les chaînes de montages automobiles de l'Ile Seguin qui abritait une usine de construction automobile Renault, entassés dans les bidonvilles de Nanterre, et vivant dans un climat d'insécurité, les immigrés algériens, pour la plupart originaires de Kabylie, ont puisé dans leur exil, les ressources nécessaires à la création artistique la plus expressive et la plus simple, à savoir la chanson, pour transcender l'amertume de leur quotidien et rendre plus tolérable la tristesse de l'exil.
La chanson d'expression berbère née de l'exode des hommes spoliés de leur terre ancestrale
Dans sa contribution "La chanson de l'immigration en France de 1930 à 1980- contextes et interlocutions", l'universitaire Karima Aït Meziane (université d'Alger) explique ainsi que la chanson de l'immigration d'expression berbère est née à partir de 1920, de l'exode des hommes spoliés de leur terre ancestrale.
Elle a souligné aussi que les thèmes principaux qui se sont imposés à la chanson kabyle, avant et après la Seconde guerre mondiale, jusqu'aux années 70, ont souvent trait à l'expérience du quotidien, l'éclatement de la cellule tribale, l'anonymat des villes, les départs massifs vers la métropole coloniale,
les dures conditions de travail dans les usines en France et surtout la nécessité de réveiller les consciences sur les conditions difficiles de l'immigré et sur le joug colonial qui les a spolié de leurs terres et condamné à l'exil.
Dans l'analyse qu'il apporte sous le thème "La chanson kabyle en immigration: éléments d'une problématique", Ahsène Zehraoui, (CNRS-France), considère qu'"on ne dira, sans doute jamais assez, ce que tous ceux et toutes celles qui ont contribué à créer et à faire rayonner la chanson de l'immigration, ont apporté au patrimoine culturel algérien et français", faisant valoir que ces artistes pouvaient dès lors traduire ce que chaque immigré pouvaientressentir de la réalité de son exil.
Ce chercheur a expliqué aussi que ces auteurs, compositeurs et interprètes, en communion avec le public, notamment dans les cafés, partageaient les rares moments de joie en apportant un peu de chaleur humaine, de fraternité, de solidarité, permettant aux immigrés de supporter les vicissitude de l'exil et leur apporter du réconfort dans leur grande solitude.
Amar Ammouden, (université de Béjaïa), démontre dans sa contribution portant sur "La chanson de l'immigration ou l'expression d'une incommunicabilité", que la subsistance est souvent évoquée dans la chanson kabyle comme la principale cause qui pousse les Algériens à quitter le pays, laissant derrière eux, femme, enfants et parents.
"Un départ présenté comme une mort, aussi bien pour l'exilé qui quitte une terre qu'il chérit, mais qui ne le nourrit plus, que pour ses proches qui vivent cette séparation comme un déchirement", a-t-il dit. Le chercheur illustre alors son propos par l'exemple de Cheikh El-Hasnaoui et sa chanson légendaire La Maison Blanche où il décrit la grande désolation des villages de Kabylie, désertés par la population masculine et peuplés uniquement d'enfants devenus orphelins et de femmes seules.
Il cite également le cas d'Allaoua Zerrouki qui dénonce l'exode et le drame de l'immigration dans la chanson Al babor boulahouachi (Oh bateau aux différents rubans). Akli Yahyaten est également évoqué. Celui-ci considère le départ vers la France comme une erreur de jeunesse. "Dès mon enfance j'étais exilé/je n'étais pas bien conseillé", se lamente-t-il dans une de ses nombreuses chansons ur l'exil.
Pour Cherif Khedam, l'exil est aussi vécu comme un drame. Dans sa chanson A Lehbab ( mes amis), il estime que l'exil avilit l'individu, aussi riche soit-il. C'est pourquoi il préfère porter des haillons dans son pays et vivre dans la dignité plutôt que d'être orné de parures en terre d'exil. D'autres thèmes portés par la chanson de l'immigration d'expression berbère, sont par ailleurs abordés par la revue Migrance, qui rend ainsi hommage à ce gisement précieux qui a contribué à la préservation de la mémoire et au rayonnement du patrimoine culturel et artistique algérien pas uniquement en France mais aussi ailleurs.
Sous le titre ''Chanson kabyle en France et histoire de l'immigration, 1930-1974 '', cette publication est illustrée de photos d'archives, souvent inédites, des chanteurs et artistes les plus emblématiques de l'époque, tels que Rimitti, Slimane Azem, Allaoua Zerrouki, Akli Yahyaten, Kamel Hamadi, Nora, Aït Farida, Cherifa, Hanifa, Mohamed El Kamal, El Hasnaoui, Cherif Kheddam, Bahia Farah, Mohamed El-Anka et tant d'autres.
Des artistes qui ont marqué cette période en mettant en évidence la triste condition des exilés, en pointant du doigt les causes des maux multiples vécus par toute une génération et chanté les moments d'espérance dans lesquels se sont retrouvés la communauté immigrée de cette époque. La revue couvre plusieurs axes étalés sur quatre décennies, riches en matière de création artistique et du patrimoine culturel algérien d'expression berbère.
A travers ces contributions signées par des chercheurs algériens et français, la chanson kabyle apparaît alors comme une pratique artistique, qui n'est pas un simple divertissement, mais un véritable moyen d'expression, dans la situation d'exil forcé vécu par les Algériens, considérés comme la première communauté hors Europe, parmi les étrangers vivant dans l'Hexagone durant la période citée.
Le contexte historique, social mais aussi culturel, particulièrement lors de la période coloniale, est longuement abordé, à travers les multiples contributions publiées par la revue.
De nombreux chercheurs ont contribué par leurs analyses, aussi pertinentes le unes que les autres, à l'élaboration de ce numéro spécial de Migrance, tels que, Ahséne Zehraoui, (CNRS-France), Karima Aït Meziane (université d'Alger), Amar Ammouden (université de Béjaïa), Abdelkader Bendameche (Centre national des Arts et des Lettres-Algérie) ou encore Jean-C harles Scagnetti (université de Nice-France).
Les auteurs soulignent alors que, quel que soit leur statut, ouvriers agricoles, migrants saisonniers, mineurs, ou ouvriers métallurgiques ou spécialisés sur les chaînes de montages automobiles de l'Ile Seguin qui abritait une usine de construction automobile Renault, entassés dans les bidonvilles de Nanterre, et vivant dans un climat d'insécurité, les immigrés algériens, pour la plupart originaires de Kabylie, ont puisé dans leur exil, les ressources nécessaires à la création artistique la plus expressive et la plus simple, à savoir la chanson, pour transcender l'amertume de leur quotidien et rendre plus tolérable la tristesse de l'exil.
La chanson d'expression berbère née de l'exode des hommes spoliés de leur terre ancestrale
Dans sa contribution "La chanson de l'immigration en France de 1930 à 1980- contextes et interlocutions", l'universitaire Karima Aït Meziane (université d'Alger) explique ainsi que la chanson de l'immigration d'expression berbère est née à partir de 1920, de l'exode des hommes spoliés de leur terre ancestrale.
Elle a souligné aussi que les thèmes principaux qui se sont imposés à la chanson kabyle, avant et après la Seconde guerre mondiale, jusqu'aux années 70, ont souvent trait à l'expérience du quotidien, l'éclatement de la cellule tribale, l'anonymat des villes, les départs massifs vers la métropole coloniale,
les dures conditions de travail dans les usines en France et surtout la nécessité de réveiller les consciences sur les conditions difficiles de l'immigré et sur le joug colonial qui les a spolié de leurs terres et condamné à l'exil.
Dans l'analyse qu'il apporte sous le thème "La chanson kabyle en immigration: éléments d'une problématique", Ahsène Zehraoui, (CNRS-France), considère qu'"on ne dira, sans doute jamais assez, ce que tous ceux et toutes celles qui ont contribué à créer et à faire rayonner la chanson de l'immigration, ont apporté au patrimoine culturel algérien et français", faisant valoir que ces artistes pouvaient dès lors traduire ce que chaque immigré pouvaientressentir de la réalité de son exil.
Ce chercheur a expliqué aussi que ces auteurs, compositeurs et interprètes, en communion avec le public, notamment dans les cafés, partageaient les rares moments de joie en apportant un peu de chaleur humaine, de fraternité, de solidarité, permettant aux immigrés de supporter les vicissitude de l'exil et leur apporter du réconfort dans leur grande solitude.
Amar Ammouden, (université de Béjaïa), démontre dans sa contribution portant sur "La chanson de l'immigration ou l'expression d'une incommunicabilité", que la subsistance est souvent évoquée dans la chanson kabyle comme la principale cause qui pousse les Algériens à quitter le pays, laissant derrière eux, femme, enfants et parents.
"Un départ présenté comme une mort, aussi bien pour l'exilé qui quitte une terre qu'il chérit, mais qui ne le nourrit plus, que pour ses proches qui vivent cette séparation comme un déchirement", a-t-il dit. Le chercheur illustre alors son propos par l'exemple de Cheikh El-Hasnaoui et sa chanson légendaire La Maison Blanche où il décrit la grande désolation des villages de Kabylie, désertés par la population masculine et peuplés uniquement d'enfants devenus orphelins et de femmes seules.
Il cite également le cas d'Allaoua Zerrouki qui dénonce l'exode et le drame de l'immigration dans la chanson Al babor boulahouachi (Oh bateau aux différents rubans). Akli Yahyaten est également évoqué. Celui-ci considère le départ vers la France comme une erreur de jeunesse. "Dès mon enfance j'étais exilé/je n'étais pas bien conseillé", se lamente-t-il dans une de ses nombreuses chansons ur l'exil.
Pour Cherif Khedam, l'exil est aussi vécu comme un drame. Dans sa chanson A Lehbab ( mes amis), il estime que l'exil avilit l'individu, aussi riche soit-il. C'est pourquoi il préfère porter des haillons dans son pays et vivre dans la dignité plutôt que d'être orné de parures en terre d'exil. D'autres thèmes portés par la chanson de l'immigration d'expression berbère, sont par ailleurs abordés par la revue Migrance, qui rend ainsi hommage à ce gisement précieux qui a contribué à la préservation de la mémoire et au rayonnement du patrimoine culturel et artistique algérien pas uniquement en France mais aussi ailleurs.


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