Sommes-nous en train de perdre pied face à la résistance des bactéries aux antibiotiques ? Les prises de parole se succèdent et ne laissent guère de place à l'optimisme. Sommes-nous en train de perdre pied face à la résistance des bactéries aux antibiotiques ? Les prises de parole se succèdent et ne laissent guère de place à l'optimisme. La preuve avec les propos de Ian Musgrave, spécialiste australien, qui pense que nous perdons progressivement notre guerre contre les bactéries, car notre arme de destruction massive d'autrefois est de mieux en mieux contrecarrée par les mécanismes évolutifs des pathogènes. L'amoxicilline, l'un des antibiotiques les plus couramment utilisés, pourrait-elle finalement se retourner contre nous ? Puisque les bactéries arrivent à devenir insensibles aux traitements mis en place, ils deviendront bientôt des armes inoffensives. La découverte des antibiotiques a changé l'histoire de la médecine. Nous disposions enfin d'une arme capable d'aider le corps à combattre des infections mortelles. De nombreuses maladies ont reculé et de nombreuses vies humaines ont été épargnées. Mais c'était mal connaître notre ennemi, et surtout le sous-estimer : les bactéries sont entrées en résistance, et celle-ci se répand. Voilà quelques jours, à l'occasion de la Journée européenne de la sensibilisation aux antibiotiques, les Britanniques, en habitués Sally Davies ayant déjà frappé fort en début d'année ésistance aux antibiotiques : vers un scénario apocalyptique ? Sally Davies, principale conseillère sur les questions de santé au Royaume-Uni, en effet elle avait annoncé, au début de l'année, devant un parterre de médecins que si rien n'est fait pour contrer la résistance aux antibiotiques, nous nous dirigeons droit vers un scénario catastrophe. Elle explique que par exemple, 80 % des souches responsables de la gonorrhée sont insensibles à la tétracycline, un traitement de première ligne. Même les médicaments les plus puissants, comme les carbapénèmes, commencent à montrer des signes de faiblesse. Au Royaume-Uni en 2003, on a noté trois cas de bactéries tolérantes à ces composés. Depuis 2007, les taux montent. Il y en avait 333 en 2010 et déjà 217 dans les six premiers mois de 2011... Apocalypse : un mot lourd de sens. Pourtant, il est sorti de la bouche de Dame Sally Davies, une experte des questions sanitaires au Royaume-Uni, puisque principale conseillère au sein du département de la Santé, agence gouvernementale sous la direction du ministère de la Santé. Le problème est quasiment aussi ancien que les traitements antimicrobiens eux-mêmes. La sélection naturelle permet aux bactéries tolérantes de survivre malgré les médicaments et de se reproduire au point de devenir dominantes dans les populations. Pendant longtemps, ce souci n'a inquiété personne, de nouveaux composés étant régulièrement commercialisés. Des bactéries résistantes à tous les antibiotiques... ou presque Désormais, les firmes pharmaceutiques engagent davantage de moyens pour traiter les maladies chroniques, celles qui durent plusieurs années voire toute la vie, car elles représentent une manne financière importante. Ainsi, on commence à être à court de nouveautés en ce qui concerne les antibiotiques. Que fera-t-on quand ils ne seront plus du tout efficaces ? L'apparition de bactéries multirésistantes fait craindre l'annihilation de nombreux progrès médicaux obtenus au cours du siècle écoulé. Des propos alarmistes qui cadrent bien avec l'inquiétude ambiante. La preuve avec la position de Ian Musgrave, à l'autre bout du monde. Ce spécialiste australien, affilié à l'université d'Adélaïde, manifeste également ses doutes par l'intermédiaire d'un communiqué. Les termes sont forts : « Il n'y a aucun doute sur le fait que l'évolution est en train de gagner la course contre les antibiotiques ». Nous serions donc en train de perdre la guerre contre les microbes... L'évolution bactérienne, menace invisible Il rappelle les principales raisons qui pourraient nous mener à une cuisante défaite. D'abord, les capacités intrinsèques des bactéries à s'adapter sont importantes : avec des temps de génération bien plus courts que les nôtres, des mutations peuvent rapidement apparaître. Par transfert de gène horizontal, regroupant conjugaison, transduction et transformation, elles peuvent se transmettre entre elles cette capacité. À tel point qu'« on a beau attaquer les voies métaboliques bactériennes, s'en prendre à la réplication de l'ADN ou détruire leur membrane cellulaire, à chaque fois que les scientifiques développent une arme nouvelle, les bactéries évoluent de telle sorte que les mêmes médicaments deviennent de moins en moins efficaces dans les années qui suivent », ajoute-t-il. Le staphylocoque doré est réputé pour sa faculté à résister aux antibiotiques, et à engendrer des maladies nosocomiales. Ensuite, les firmes pharmaceutiques se désengagent progressivement de ce champ de la recherche, probablement par manque de rentabilité. De ce fait, de moins en moins de nouvelles molécules intègrent le marché. On foncerait donc droit dans une impasse. Alors que faire ? Des gestes simples d'abord, comme éviter la prescription des antibiotiques à des fins autres que thérapeutiques. Ian Musgrave incite également les patients à suivre le traitement jusqu'au bout et à ne pas s'arrêter avant, car même si l'état de santé semble s'améliorer, il faut en profiter pour donner le coup de grâce aux bactéries encore présentes. Il préconise éventuellement le recours à un cocktail de ces molécules antibiotiques, de manière à agresser les pathogènes sur plusieurs fronts en même temps. Avec les risques d'effets indésirables et de multirésistances bactériennes que cela implique... La résistance s'organise contre la résistance Conscients de cette difficulté depuis des années maintenant, les scientifiques tentent d'élaborer des solutions alternatives. Ces derniers jours, un laboratoire britannique vient d'annoncer que son médicament permettant d'amplifier l'efficacité des antibiotiques contre le staphylocoque doré résistant va intégrer la troisième phase des essais cliniques, afin de vérifier son efficacité à grande échelle. D'autres pistes sont explorées, comme celle des bactériophages, des virus spécialisés dans l'élimination des bactéries. Le problème est vraiment pris au sérieux par les instances sanitaires du monde entier. La France, par l'intermédiaire de Marisol Touraine, sa ministre déléguée à la Santé, vient d'annoncer sa détermination pour poursuivre cette lutte. Ensemble, elles mettent de nombreux moyens en œuvre pour agir tant qu'il est encore temps. Mais de quel délai disposons-nous encore avant que la résistance bactérienne ne devienne générale ? La preuve avec les propos de Ian Musgrave, spécialiste australien, qui pense que nous perdons progressivement notre guerre contre les bactéries, car notre arme de destruction massive d'autrefois est de mieux en mieux contrecarrée par les mécanismes évolutifs des pathogènes. L'amoxicilline, l'un des antibiotiques les plus couramment utilisés, pourrait-elle finalement se retourner contre nous ? Puisque les bactéries arrivent à devenir insensibles aux traitements mis en place, ils deviendront bientôt des armes inoffensives. La découverte des antibiotiques a changé l'histoire de la médecine. Nous disposions enfin d'une arme capable d'aider le corps à combattre des infections mortelles. De nombreuses maladies ont reculé et de nombreuses vies humaines ont été épargnées. Mais c'était mal connaître notre ennemi, et surtout le sous-estimer : les bactéries sont entrées en résistance, et celle-ci se répand. Voilà quelques jours, à l'occasion de la Journée européenne de la sensibilisation aux antibiotiques, les Britanniques, en habitués Sally Davies ayant déjà frappé fort en début d'année ésistance aux antibiotiques : vers un scénario apocalyptique ? Sally Davies, principale conseillère sur les questions de santé au Royaume-Uni, en effet elle avait annoncé, au début de l'année, devant un parterre de médecins que si rien n'est fait pour contrer la résistance aux antibiotiques, nous nous dirigeons droit vers un scénario catastrophe. Elle explique que par exemple, 80 % des souches responsables de la gonorrhée sont insensibles à la tétracycline, un traitement de première ligne. Même les médicaments les plus puissants, comme les carbapénèmes, commencent à montrer des signes de faiblesse. Au Royaume-Uni en 2003, on a noté trois cas de bactéries tolérantes à ces composés. Depuis 2007, les taux montent. Il y en avait 333 en 2010 et déjà 217 dans les six premiers mois de 2011... Apocalypse : un mot lourd de sens. Pourtant, il est sorti de la bouche de Dame Sally Davies, une experte des questions sanitaires au Royaume-Uni, puisque principale conseillère au sein du département de la Santé, agence gouvernementale sous la direction du ministère de la Santé. Le problème est quasiment aussi ancien que les traitements antimicrobiens eux-mêmes. La sélection naturelle permet aux bactéries tolérantes de survivre malgré les médicaments et de se reproduire au point de devenir dominantes dans les populations. Pendant longtemps, ce souci n'a inquiété personne, de nouveaux composés étant régulièrement commercialisés. Des bactéries résistantes à tous les antibiotiques... ou presque Désormais, les firmes pharmaceutiques engagent davantage de moyens pour traiter les maladies chroniques, celles qui durent plusieurs années voire toute la vie, car elles représentent une manne financière importante. Ainsi, on commence à être à court de nouveautés en ce qui concerne les antibiotiques. Que fera-t-on quand ils ne seront plus du tout efficaces ? L'apparition de bactéries multirésistantes fait craindre l'annihilation de nombreux progrès médicaux obtenus au cours du siècle écoulé. Des propos alarmistes qui cadrent bien avec l'inquiétude ambiante. La preuve avec la position de Ian Musgrave, à l'autre bout du monde. Ce spécialiste australien, affilié à l'université d'Adélaïde, manifeste également ses doutes par l'intermédiaire d'un communiqué. Les termes sont forts : « Il n'y a aucun doute sur le fait que l'évolution est en train de gagner la course contre les antibiotiques ». Nous serions donc en train de perdre la guerre contre les microbes... L'évolution bactérienne, menace invisible Il rappelle les principales raisons qui pourraient nous mener à une cuisante défaite. D'abord, les capacités intrinsèques des bactéries à s'adapter sont importantes : avec des temps de génération bien plus courts que les nôtres, des mutations peuvent rapidement apparaître. Par transfert de gène horizontal, regroupant conjugaison, transduction et transformation, elles peuvent se transmettre entre elles cette capacité. À tel point qu'« on a beau attaquer les voies métaboliques bactériennes, s'en prendre à la réplication de l'ADN ou détruire leur membrane cellulaire, à chaque fois que les scientifiques développent une arme nouvelle, les bactéries évoluent de telle sorte que les mêmes médicaments deviennent de moins en moins efficaces dans les années qui suivent », ajoute-t-il. Le staphylocoque doré est réputé pour sa faculté à résister aux antibiotiques, et à engendrer des maladies nosocomiales. Ensuite, les firmes pharmaceutiques se désengagent progressivement de ce champ de la recherche, probablement par manque de rentabilité. De ce fait, de moins en moins de nouvelles molécules intègrent le marché. On foncerait donc droit dans une impasse. Alors que faire ? Des gestes simples d'abord, comme éviter la prescription des antibiotiques à des fins autres que thérapeutiques. Ian Musgrave incite également les patients à suivre le traitement jusqu'au bout et à ne pas s'arrêter avant, car même si l'état de santé semble s'améliorer, il faut en profiter pour donner le coup de grâce aux bactéries encore présentes. Il préconise éventuellement le recours à un cocktail de ces molécules antibiotiques, de manière à agresser les pathogènes sur plusieurs fronts en même temps. Avec les risques d'effets indésirables et de multirésistances bactériennes que cela implique... La résistance s'organise contre la résistance Conscients de cette difficulté depuis des années maintenant, les scientifiques tentent d'élaborer des solutions alternatives. Ces derniers jours, un laboratoire britannique vient d'annoncer que son médicament permettant d'amplifier l'efficacité des antibiotiques contre le staphylocoque doré résistant va intégrer la troisième phase des essais cliniques, afin de vérifier son efficacité à grande échelle. D'autres pistes sont explorées, comme celle des bactériophages, des virus spécialisés dans l'élimination des bactéries. Le problème est vraiment pris au sérieux par les instances sanitaires du monde entier. La France, par l'intermédiaire de Marisol Touraine, sa ministre déléguée à la Santé, vient d'annoncer sa détermination pour poursuivre cette lutte. Ensemble, elles mettent de nombreux moyens en œuvre pour agir tant qu'il est encore temps. Mais de quel délai disposons-nous encore avant que la résistance bactérienne ne devienne générale ?