Derrière les gestes maniaques, communément appelés Toc, se cache une pathologie complexe. Le trouble obsessionnel compulsif peut devenir handicapant et traduit un mal-être. Se laver fréquemment les mains, vérifier sans cesse que l'on a bien fermé le gaz... Nous connaissons tous ces gestes ou rituels qui sont des symboles des troubles obsessionnels compulsifs, ou Toc. Mais cette maladie cache souvent un malaise profond et s'avère handicapante à divers degrés au quotidien. Derrière les gestes maniaques, communément appelés Toc, se cache une pathologie complexe. Le trouble obsessionnel compulsif peut devenir handicapant et traduit un mal-être. Se laver fréquemment les mains, vérifier sans cesse que l'on a bien fermé le gaz... Nous connaissons tous ces gestes ou rituels qui sont des symboles des troubles obsessionnels compulsifs, ou Toc. Mais cette maladie cache souvent un malaise profond et s'avère handicapante à divers degrés au quotidien. Reconnus comme une pathologie anxiogène par le corps médical, les troubles obsessionnels compulsifs (aussi appelés Toc) représentent la seconde cause de consultation psychiatrique après les troubles de l'humeur. Ils apparaissent le plus souvent au moment de l'adolescence. La pose du bon diagnostic est toujours difficile, car l'observation des premiers symptômes n'évoque pas forcément la survenue réelle des troubles généraux. Ces derniers imposent une réelle dépendance quotidienne aux obsessions-compulsions à la personne touchée par cette pathologie. L'obsession de la propreté fait partie des troubles obsessionnels compulsifs les plus fréquents. Quelles sont les causes qui favorisent leur développement? quels traitements pour une meilleure qualité de vie? Il faut aussi savoir faire la différence entre les Toc et d'autres troubles voisins... Le cerveau, moteur de vie... Le cerveau est le lieu du système nerveux central du corps humain, mais aussi celui qui fait de ce dernier un être doué de nombreuses facultés telles que parler, lire, écrire. Il est à l'origine des possibilités motrices, cognitives, sensitives et fonctionnelles. Extrêmement puissant, il est également complexe et très fragile, et peut faire l'objet de dysfonctionnements, de troubles ou d'anomalies qui altèrent les capacités humaines. Logé dans la boîte crânienne, il est entouré du liquide céphalorachidien et est protégé par les trois méninges (membranes enveloppantes) que sont la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère, dont la constitution permet d'amortir les chocs éventuels. Il pèse environ 1.400 grammes. Le cerveau se trouve à l'intérieur de l'encéphale. On estime que l'être humain dispose d'environ 100 milliards de neurones. Chaque neurone est composé d'un corps cellulaire (ou soma), d'un prolongement en forme d'arbre appelé dendrite (qui reçoit les messages) et d'axones, sorte de filaments très longs, qui transmettent les informations aux autres cellules. Quand la communication s'établit entre les neurones, ceux-ci libèrent un composé chimique appelé neurotransmetteur (ou encore molécule neuromédiatrice). On en dénombre une soixantaine actuellement, comme la dopamine, la noradrénaline, l'acétylcholine, la sérotonine, l'endorphine, la mélatonine. Le neurone produit un neurotransmetteur qui entre en contact avec d'autres neurones grâce à la synapse, qui représente le point de jonction entre les deux. En prise à un système complexe mais fondamental pour l'organisme, l'être humain est soumis à la toute-puissance du cerveau. C'est la raison pour laquelle une malformation, une anomalie ou un accident peut faire dégénérer certaines cellules qui provoquent des dommages irréversibles. D'autre part, un dérèglement au sein du cerveau peut faire naître des troubles du comportement ou mentaux, tels que les troubles obsessionnels compulsifs, ou Toc. Caractérisation d'un Toc Souvent taxés de folie douce ou de délire pur, les troubles obsessionnels compulsifs sont mieux appréhendés depuis une trentaine d'années, et le regard porté sur cette maladie et les individus souffrants de cette pathologie a changé. Les Toc sont connus comme une pathologie affectant le système nerveux depuis leur découverte par un médecin écossais, William Cullen, en 1769. Il regroupait ces troubles de la personnalité sous la dénomination de névrose. Repris par Sigmund Freund, sa théorie comptabilisant deux types de troubles (les névroses d'angoisse et les psychonévroses) a été longtemps véhiculée, jusqu'à l'avènement de recherches cliniques prenant en compte un ensemble plus fourni et nouveau pour caractériser précisément ce qu'est un Toc. C'est en 1980 que les Toc deviennent des troubles mentaux et sont reconnus comme tels par l'Organisation mondiale de la santé. Le Toc serait ainsi la quatrième pathologie psychiatrique la plus fréquente après les troubles phobiques, les troubles liés aux toxiques et les troubles dépressifs. Le début du trouble est précoce, son évolution est chronique dans la plupart des cas. » Ce qui forme un être réside dans sa personnalité, dont les composantes affectives, physiologiques ou comportementales peuvent être mises à mal. Les Toc relèvent d'une pathologie anxiogène définie par les notions d'obsession et de compulsion. Les personnes atteintes de ces troubles finissent par développer un état d'angoisse démesuré et de stress exagéré face aux événements de la vie. Cette angoisse fait naître des obsessions jusqu'à passer à l'acte de la compulsion. Les obsessions Les obsessions regroupent les pensées, les idées et les représentations envahissantes et sans cesse répétées. Persistantes et intrusives, les obsessions créent de l'irrationalité et de la détresse lorsque le sujet doit faire face à une situation donnée. La durée et l'angoisse varient selon les personnes et le degré d'appréhension à vivre l'événement qui doit survenir. Les compulsions, ou la gestuelle au service de la maladie Les obsessions font naître de la détresse, du dégoût, de la honte, voire de la culpabilité. La meilleure solution trouvée par les personnes atteintes de trouble obsessionnel compulsif est de pouvoir se libérer de cette emprise de l'angoisse pour la faire chuter en agissant matériellement. Ceci signifie que le sujet malade se sent obligé de passer par un acte concret (physique ou mental) pour se débarrasser de cette obsession. Il s'agit ainsi de se livrer à un ensemble de rituels compulsifs spécifiques et précis, quitte à refaire la compulsion pour atteindre une sorte de perfection de l'acte. Cet impératif doit pouvoir être réalisé par la personne elle-même, sous peine de voir s'aggraver son état anxiogène. Ainsi, ce trouble est schématiquement marqué par une obsession suivie d'une compulsion qui libère le sujet de son mal-être de façon assez virtuelle, puisque le soulagement est non définitif. Cet ensemble est intrinsèquement lié à des épisodes d'angoisse, mais il ne faut pas omettre l'aspect scientifique du mécanisme d'un Toc. Causes multiples Parmi les personnes touchées par les troubles obsessionnels compulsifs que l'on dénombre, 1 % seulement des enfants en souffrance sont réellement pris en charge. Il convient d'observer quels sont les mécanismes de développement qui explicitent les Toc. L'origine des troubles obsessionnels compulsifs demeure assez floue, mais selon les avancées de la recherche, il semblerait que plusieurs facteurs soient responsables de cette maladie, et ce de façon non concomitante. Il s'agit des pistes héréditaire, neurobiologique et infectieuse. Le facteur génétique, ou héréditaire, a été beaucoup discuté parmi les psychiatres. Si un environnement familial ne peut pas être mis en cause, le facteur génétique peut en revanche faire partie des étiologies possibles au développement de Toc. Des études ont été publiées à propos des familles qui donneraient une éducation plutôt rigide à leurs enfants, ce qui accroîtrait les facteurs de développement des Toc, mais ces études ont été longuement discutées et se sont révélées non décisives de façon scientifique. En revanche, une part d'hérédité influence la probabilité d'être touché par le trouble. En effet, il a été démontré que le facteur génétique possède une part de responsabilité chez les personnes à risques. Le gène incriminé a été identifié comme étant celui de l'enzyme COMT (catéchol-O-méthyltransférase), qui est impliquée dans le catabolisme de la dopamine et de la noradrénaline. La fréquence élevée de Toc (24 %) chez les ascendants au premier degré des sujets de notre enquête conforte donc l'hypothèse de transmission familiale du Toc. Le premier degré familial inclut les parents, les frères et les sœurs. La piste neurobiologique déterminant un dysfonctionnement de la sérotonine (5-HT) semble être avérée. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (A), visant à équilibrer l'activité 5-HT centrale, pourraient jouer un rôle mixte anti-obsessionnel et anti-impulsif en plus de leur effet antidépresseur. Lorsque l'inhibition ne se fait pas correctement (B), la recapture de la sérotonine vient dérégler l'équilibre, menant à une obsession-compulsion. Causes neurobiologiques Par ailleurs, le facteur neurobiologique a été mis en évidence dans les causes des troubles obsessionnels compulsifs. Cette piste déterminerait le lien d'un dysfonctionnement chez certains neurotransmetteurs cérébraux, et en particulier la sérotonine (5-HT). La sérotonine, qui assure la transmission des messages au niveau des synapses, n'est pas produite en assez grande quantité. Ainsi les antidépresseurs sérotoninergiques, qui inhibent la recapture de la sérotonine, garantissent une dose suffisante de cette substance lors du passage de l'information, et par conséquent pour contrôler les pensées et les comportements. Le rôle ubiquitaire de la sérotonine dans le fonctionnement du système nerveux central complique la mise en évidence d'anomalies spécifiques du Toc. La piste infectieuse Enfin, le facteur infectieux a récemment été découvert chez les enfants souffrant d'une angine à streptocoques (une amygdalite, dans ce cas d'origine bactérienne) qui ont développé des troubles psychiatriques désignés sous le terme de Pandas (Pediatric autoimmune neuropsychiatric disorders associated with streptococcis). D'une banale infection, l'enfant pourrait développer des anticorps antineuronaux et s'engagerait vers les voies d'un Toc. Il est à noter que 10 % des enfants ayant subi cette infection développent un Toc. Ainsi, les dernières avancées scientifiques ont pu mettre en lumière plusieurs sources de développement d'un trouble obsessionnel compulsif, aussi diverses que le terrain génétique, le facteur neurobiologique et l'origine infectieuse. Autant de risques pour une même maladie, dont les formes varient sensiblement selon les personnes concernées et leurs angoisses. Comment détecter la maladie... Dès qu'une personne pratique au minimum une heure de rituels par jour, elle peut être déclarée comme étant sujette à des Toc. Dès lors que le patient commence à se plaindre des troubles qu'il subit et qu'ils l'empêchent de mener une vie sereine, il n'hésite pas à consulter son médecin. Grâce à la médiatisation qui a été faite autour du trouble obsessionnel compulsif, une personne atteinte vient plus facilement consulter un médecin. Auparavant, il cédait au sentiment de honte de cette maladie et la dissimulait. Maintenant, le patient vient de lui-même plus facilement, car il se rend compte du problème qu'il rencontre. Le corps médical estime que dès lors qu'une personne souffre d'une heure d'obsessions ou de compulsions par jour, celle-ci est en proie au Toc. Mais le plus souvent, les patients viennent consulter quand ils observent eux-mêmes deux ou trois heures d'obsessions-compulsions par jour. À partir de 6 ou 7 ans, les enfants « à risque » doivent être surveillés et les symptômes du trouble obsessionnel compulsif ne doivent pas être mis de côté. Les enfants, premières personnes touchées par les Toc Les spécialistes estiment que les premières apparitions des troubles obsessionnels compulsifs commencent dès l'âge de 6 ou 7 ans en moyenne (au plus tard, la maladie se déclare avant l'âge de 25 ans environ) et touchent en majorité le sexe masculin, pour une prévalence atteignant entre 1 et 4 % des enfants. La précocité des symptômes appelle donc à la plus grande vigilance dès le plus jeune âge. D'où l'importance du dépistage au plus tôt, pour éviter des années de souffrance et donner une possibilité de soigner au mieux et plus efficacement ce type de pathologie. Ainsi, parents et enseignants jouent un rôle de premier ordre pour observer tout trouble qui pourrait faire l'objet d'une prise en charge déterminante pour l'avenir d'un enfant ou d'un jeune adulte. Entre obsessions et compulsions Parmi les obsessions récurrentes, on retrouve : lavage des mains ou des objets vérification que chaque chose est à sa place, en ordre récitation des idées (prier, compter, lire, calculs mentaux) toucher des objets à plusieurs reprises les pensées magiques ou conjuratoires. La teneur des obsessions importe souvent peu relativement à ce que lui attribue généralement la personne souffrant de troubles obsessionnels compulsifs. Si l'individu évalue correctement la pensée en question, il lui accorde peu d'importance et n'y voit guère de conséquences. Par contre, s'il l'évalue de façon erronée ou inadéquate, le processus suit son cours et la personne accorde à l'intrusion une signification idiosyncratique négative. Concernant les compulsions, on estime que ces rituels tentent de soulager l'individu par des gestes très précis et répétitifs. Mais le patient ne peut s'empêcher de les exécuter. La personne atteinte par des troubles obsessionnels compulsifs se sent obligée d'effectuer ces gestes, car elle pense qu'en agissant ainsi, le rituel fera diminuer son angoisse. L'accomplissement l'accompagne pour passer le cap de l'anxiété dépassée. Une fois l'acte accompli, le sujet a l'impression d'un soulagement immédiat, mais celui-ci ne demeure que temporaire et ne guérit pas. Tel un cercle vicieux, le sujet malade est contraint d'obéir à son angoisse, via les obsessions d'une part et l'accomplissement des rituels d'autre part. L'individu se retrouve enfermé dans ses pensées, dont seul le passage à l'acte le soulage. Or, cette chute de tension nerveuse s'avère non définitive, et ne soigne aucunement en profondeur l'anxiété générée par le sujet. Complication et évolution Même si les troubles obsessionnels compulsifs sont une maladie particulière, il peut exister des ponts avec d'autres pathologies liées à l'anxiété. Parmi les troubles névrotiques, on trouve en premier lieu les Toc, mais il existe aussi : les phobies le trouble panique l'hystérie la bipolarité la cyclothymie. Cette dernière, comme son nom l'indique, s'agit d'un trouble atténué de la bipolarité, qui inclut des phases de hauts et de bas. Il s'agit d'une forme particulière et atténuée de la bipolarité. Cette instabilité est accompagnée d'une forte sensibilité émotive, suivie de périodes d'hyperactivité ou d'hypoactivité entraînant une montée d'enthousiasme, ou au contraire de tristesse. Enfin, il existe des troubles psychotiques représentés par : la schizophrénie la paranoïa. Les tics vocaux ou moteurs ne servent pas nécessairement à soulager une certaine angoisse. Les premières manifestations des tics concernent essentiellement la partie supérieure du corps (haussement d'épaules, roulement des yeux, etc.). Certes amplifiés par le stress ou un état de fatigue, ils sont inconstants dans la vie quotidienne. Ils apparaissent en moyenne à l'âge de 7 ans, et peuvent disparaître de façon épisodique. De plus, alors que les tics sont effectués de manière impulsive, les Toc revêtent un caractère intentionnel. Syndrome de Gilles de la Tourette Cette maladie a été découverte par le médecin Georges Gilles de la Tourette en 1885. Contrairement aux tics intermittents, les tics liés à ce syndrome sont chroniques. Les tics moteurs sont accompagnés d'au minimum un tic vocal (tel que la répétition de paroles, des bruits, ou encore des jurons, moins fréquents). Les hommes sont plus sujets à développer ce syndrome que les femmes. La sérotonine, la dopamine ou encore la norépinéphrine pourraient jouer un rôle important dans la transmission des messages au cerveau chez les personnes touchées par ce syndrome. Dans l'éventail des maladies du comportement, certaines peuvent se croiser et aggraver des troubles préexistants. Il est donc nécessaire de différencier les caractéristiques de chacune des pathologies liées à un dysfonctionnement de la personnalité. En outre, il paraît indispensable de bien surveiller son enfant pour une meilleure prise en charge, le cas échéant. Traitement des Toc Depuis les premières apparitions de la pathologie à la forme la plus sévère qui soit, l'évolution des troubles obsessionnels compulsifs et l'accentuation des symptômes dépendent des personnes qui en sont atteintes, et se font de manière progressive. Avant d'évoquer les éventuelles complications liées aux troubles obsessionnels compulsifs, il convient d'avoir à l'esprit que l'évolution se fait petit à petit et suit quelque peu le dessin d'une courbe sinusoïdale c'est-à-dire qu'elle peut survenir après une période plutôt faste, avec la présence d'une accalmie, puis être relayée par une phase qui engendre des pics de Toc. Les médecins considèrent que passer au minimum une heure par jour à être monopolisé par les troubles obsessionnels et compulsifs est la marque d'un début de pathologie sérieuse. La première évolution se caractérise par un individu qui se trouve emprisonné par ses troubles (qui lui font perdre du temps au quotidien), et demeure obnubilé par les symptômes. Ces compulsions engendrent une très grande souffrance et une angoisse considérable, qui paralysent le reste de son existence. Elles représentent un handicap terrible dans son quotidien, car le sujet malade ne peut mener une vie normale. Penser aux obsessions et accomplir les rituels occasionnent une perte de temps et d'énergie. Dans les cas de Toc les plus sévères, les patients peuvent développer des pensées suicidaires. L'une des conséquences les plus notables pour la personne malade est de constater un ralentissement de sa vie professionnelle, affective et personnelle. Sa vie sociale est véritablement transformée par les obsessions et les compulsions. Enfin, dans les cas les plus sévères, les idées suicidaires peuvent surgir. Bien que les passages à l'acte existent, ils demeurent peu nombreux. Lorsque les pensées suicidaires deviennent de plus en plus significatives et fréquentes, il faut alors se tourner vers d'autres pathologies comme la bipolarité, qui engendre un vrai risque. Les troubles obsessionnels compulsifs varient selon les individus atteints par cette pathologie. Si les complications demeurent les mêmes, il s'agit de prêter une attention particulière quant à la gravité et à l'évolution de ces dernières. Il existe trois types de traitements, mais il faut noter que bien que les individus ne guérissent pas totalement, les traitements apportent une nette amélioration, suffisante pour qu'ils puissent mener une vie quotidienne convenable. Toute une gamme de traitements est considérée par les chercheurs, qu'il s'agisse des thérapies de première intention comme les psychothérapies et les médicaments sérotoninergiques ou de l'étape supérieure des perspectives chirurgicales, dans les cas présentant des Toc résistants. Les traitements médicaux Dans les années 80, une avancée pharmacologique avait été saluée, incluant la prise de clomipramine, qui fait partie de la classe des antidépresseurs tricycliques (dits IMAO), mais très vite, les chercheurs ont quelque peu délaissé son utilisation auprès des enfants. Ils mettaient en cause les effets secondaires associés tels que la prise de poids, la possibilité de convulsions et les risques cardiaques encourus. De plus, de nouvelles molécules innovantes se sont révélées plus efficaces. Aujourd'hui, les médecins ont mis en place un protocole qui agit directement sur un neurotransmetteur indispensable dénommé sérotonine (récepteur 5-HT, 5-hydroxytryptamine). Dans la classe thérapeutique, cette découverte est capitale pour la prise en charge médicale des sujets malades. Les ISRS (inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine) ou encore la famille des sérotoninergiques atténuent efficacement les Toc. Les neurones à sérotonine jouent un rôle primordial dans la régulation de l'humeur et de l'anxiété. Ainsi, en maintenant un taux relativement élevé de sérotonine au cœur de la synapse (l'espace par où passe l'information dans le neurone), on garantit une forme d'équilibre dans la retransmission des messages envoyés au cerveau. Récemment, une équipe de chercheurs canadiens en lien avec l'université Pierre et Marie Curie a découvert que les neurones 5-HT exercent également une fonction notable dans la libération de glutamate VGLUT3 (vesicular glutamate transporter type 3) qui module, avec le neurotransmetteur GABA (acide gamma-aminobutyrique), la sérotonine. Les traitements alternatifs Il convient d'aborder les différentes thérapies cognitives et comportementales (TCC), dont les malades tirent de plus grands bénéfices dans l'amélioration des symptômes. Ces psychothérapies peuvent faire l'objet d'un suivi familial, seul ou par le biais d'un groupe de soutien. L'idée obsédante caractéristique d'un trouble obsessionnel compulsif provoque de l'anxiété et la compulsion pour soulager le patient. Or, dans ces thérapies, l'apprentissage d'un nouveau mode comportemental associé à l'approche cognitive est mis en avant, où l'on rééduque en quelque sorte les pensées du patient (cognitions). Il s'agit ainsi de modifier son attitude et de montrer une nouvelle façon d'appréhender les situations et d'interpréter leurs pensées. Les traitements chirurgicaux Enfin, les chercheurs ont mis en lumière un traitement basé sur la neurochirurgie. Cependant, il ne peut s'appliquer qu'aux personnes dont les Toc ont été déclarés résistants ou « réfractaires », et lorsque les traitements de première intention se sont révélés inadéquats et insuffisants. Pour le moment, cette technique n'a été utilisée que dans très peu de cas, lorsque les symptômes font ressortir une extrême gravité. Les chercheurs ne disposent pas encore d'assez de recul pour prouver l'efficacité d'une telle chirurgie. De plus, des cas post-chirurgicaux ont présenté des lésions irréversibles. C'est la raison pour laquelle la technique de stimulation cérébrale profonde (SCP) pourrait s'imposer face à la chirurgie, qui s'avère trop lourde à supporter. La SCP représente donc un tout nouvel espoir dans la lutte contre les Toc réfractaires. Elle consiste à implanter des électrodes et à stimuler les zones cérébrales concernées. Reconnus comme une pathologie anxiogène par le corps médical, les troubles obsessionnels compulsifs (aussi appelés Toc) représentent la seconde cause de consultation psychiatrique après les troubles de l'humeur. Ils apparaissent le plus souvent au moment de l'adolescence. La pose du bon diagnostic est toujours difficile, car l'observation des premiers symptômes n'évoque pas forcément la survenue réelle des troubles généraux. Ces derniers imposent une réelle dépendance quotidienne aux obsessions-compulsions à la personne touchée par cette pathologie. L'obsession de la propreté fait partie des troubles obsessionnels compulsifs les plus fréquents. Quelles sont les causes qui favorisent leur développement? quels traitements pour une meilleure qualité de vie? Il faut aussi savoir faire la différence entre les Toc et d'autres troubles voisins... Le cerveau, moteur de vie... Le cerveau est le lieu du système nerveux central du corps humain, mais aussi celui qui fait de ce dernier un être doué de nombreuses facultés telles que parler, lire, écrire. Il est à l'origine des possibilités motrices, cognitives, sensitives et fonctionnelles. Extrêmement puissant, il est également complexe et très fragile, et peut faire l'objet de dysfonctionnements, de troubles ou d'anomalies qui altèrent les capacités humaines. Logé dans la boîte crânienne, il est entouré du liquide céphalorachidien et est protégé par les trois méninges (membranes enveloppantes) que sont la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère, dont la constitution permet d'amortir les chocs éventuels. Il pèse environ 1.400 grammes. Le cerveau se trouve à l'intérieur de l'encéphale. On estime que l'être humain dispose d'environ 100 milliards de neurones. Chaque neurone est composé d'un corps cellulaire (ou soma), d'un prolongement en forme d'arbre appelé dendrite (qui reçoit les messages) et d'axones, sorte de filaments très longs, qui transmettent les informations aux autres cellules. Quand la communication s'établit entre les neurones, ceux-ci libèrent un composé chimique appelé neurotransmetteur (ou encore molécule neuromédiatrice). On en dénombre une soixantaine actuellement, comme la dopamine, la noradrénaline, l'acétylcholine, la sérotonine, l'endorphine, la mélatonine. Le neurone produit un neurotransmetteur qui entre en contact avec d'autres neurones grâce à la synapse, qui représente le point de jonction entre les deux. En prise à un système complexe mais fondamental pour l'organisme, l'être humain est soumis à la toute-puissance du cerveau. C'est la raison pour laquelle une malformation, une anomalie ou un accident peut faire dégénérer certaines cellules qui provoquent des dommages irréversibles. D'autre part, un dérèglement au sein du cerveau peut faire naître des troubles du comportement ou mentaux, tels que les troubles obsessionnels compulsifs, ou Toc. Caractérisation d'un Toc Souvent taxés de folie douce ou de délire pur, les troubles obsessionnels compulsifs sont mieux appréhendés depuis une trentaine d'années, et le regard porté sur cette maladie et les individus souffrants de cette pathologie a changé. Les Toc sont connus comme une pathologie affectant le système nerveux depuis leur découverte par un médecin écossais, William Cullen, en 1769. Il regroupait ces troubles de la personnalité sous la dénomination de névrose. Repris par Sigmund Freund, sa théorie comptabilisant deux types de troubles (les névroses d'angoisse et les psychonévroses) a été longtemps véhiculée, jusqu'à l'avènement de recherches cliniques prenant en compte un ensemble plus fourni et nouveau pour caractériser précisément ce qu'est un Toc. C'est en 1980 que les Toc deviennent des troubles mentaux et sont reconnus comme tels par l'Organisation mondiale de la santé. Le Toc serait ainsi la quatrième pathologie psychiatrique la plus fréquente après les troubles phobiques, les troubles liés aux toxiques et les troubles dépressifs. Le début du trouble est précoce, son évolution est chronique dans la plupart des cas. » Ce qui forme un être réside dans sa personnalité, dont les composantes affectives, physiologiques ou comportementales peuvent être mises à mal. Les Toc relèvent d'une pathologie anxiogène définie par les notions d'obsession et de compulsion. Les personnes atteintes de ces troubles finissent par développer un état d'angoisse démesuré et de stress exagéré face aux événements de la vie. Cette angoisse fait naître des obsessions jusqu'à passer à l'acte de la compulsion. Les obsessions Les obsessions regroupent les pensées, les idées et les représentations envahissantes et sans cesse répétées. Persistantes et intrusives, les obsessions créent de l'irrationalité et de la détresse lorsque le sujet doit faire face à une situation donnée. La durée et l'angoisse varient selon les personnes et le degré d'appréhension à vivre l'événement qui doit survenir. Les compulsions, ou la gestuelle au service de la maladie Les obsessions font naître de la détresse, du dégoût, de la honte, voire de la culpabilité. La meilleure solution trouvée par les personnes atteintes de trouble obsessionnel compulsif est de pouvoir se libérer de cette emprise de l'angoisse pour la faire chuter en agissant matériellement. Ceci signifie que le sujet malade se sent obligé de passer par un acte concret (physique ou mental) pour se débarrasser de cette obsession. Il s'agit ainsi de se livrer à un ensemble de rituels compulsifs spécifiques et précis, quitte à refaire la compulsion pour atteindre une sorte de perfection de l'acte. Cet impératif doit pouvoir être réalisé par la personne elle-même, sous peine de voir s'aggraver son état anxiogène. Ainsi, ce trouble est schématiquement marqué par une obsession suivie d'une compulsion qui libère le sujet de son mal-être de façon assez virtuelle, puisque le soulagement est non définitif. Cet ensemble est intrinsèquement lié à des épisodes d'angoisse, mais il ne faut pas omettre l'aspect scientifique du mécanisme d'un Toc. Causes multiples Parmi les personnes touchées par les troubles obsessionnels compulsifs que l'on dénombre, 1 % seulement des enfants en souffrance sont réellement pris en charge. Il convient d'observer quels sont les mécanismes de développement qui explicitent les Toc. L'origine des troubles obsessionnels compulsifs demeure assez floue, mais selon les avancées de la recherche, il semblerait que plusieurs facteurs soient responsables de cette maladie, et ce de façon non concomitante. Il s'agit des pistes héréditaire, neurobiologique et infectieuse. Le facteur génétique, ou héréditaire, a été beaucoup discuté parmi les psychiatres. Si un environnement familial ne peut pas être mis en cause, le facteur génétique peut en revanche faire partie des étiologies possibles au développement de Toc. Des études ont été publiées à propos des familles qui donneraient une éducation plutôt rigide à leurs enfants, ce qui accroîtrait les facteurs de développement des Toc, mais ces études ont été longuement discutées et se sont révélées non décisives de façon scientifique. En revanche, une part d'hérédité influence la probabilité d'être touché par le trouble. En effet, il a été démontré que le facteur génétique possède une part de responsabilité chez les personnes à risques. Le gène incriminé a été identifié comme étant celui de l'enzyme COMT (catéchol-O-méthyltransférase), qui est impliquée dans le catabolisme de la dopamine et de la noradrénaline. La fréquence élevée de Toc (24 %) chez les ascendants au premier degré des sujets de notre enquête conforte donc l'hypothèse de transmission familiale du Toc. Le premier degré familial inclut les parents, les frères et les sœurs. La piste neurobiologique déterminant un dysfonctionnement de la sérotonine (5-HT) semble être avérée. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (A), visant à équilibrer l'activité 5-HT centrale, pourraient jouer un rôle mixte anti-obsessionnel et anti-impulsif en plus de leur effet antidépresseur. Lorsque l'inhibition ne se fait pas correctement (B), la recapture de la sérotonine vient dérégler l'équilibre, menant à une obsession-compulsion. Causes neurobiologiques Par ailleurs, le facteur neurobiologique a été mis en évidence dans les causes des troubles obsessionnels compulsifs. Cette piste déterminerait le lien d'un dysfonctionnement chez certains neurotransmetteurs cérébraux, et en particulier la sérotonine (5-HT). La sérotonine, qui assure la transmission des messages au niveau des synapses, n'est pas produite en assez grande quantité. Ainsi les antidépresseurs sérotoninergiques, qui inhibent la recapture de la sérotonine, garantissent une dose suffisante de cette substance lors du passage de l'information, et par conséquent pour contrôler les pensées et les comportements. Le rôle ubiquitaire de la sérotonine dans le fonctionnement du système nerveux central complique la mise en évidence d'anomalies spécifiques du Toc. La piste infectieuse Enfin, le facteur infectieux a récemment été découvert chez les enfants souffrant d'une angine à streptocoques (une amygdalite, dans ce cas d'origine bactérienne) qui ont développé des troubles psychiatriques désignés sous le terme de Pandas (Pediatric autoimmune neuropsychiatric disorders associated with streptococcis). D'une banale infection, l'enfant pourrait développer des anticorps antineuronaux et s'engagerait vers les voies d'un Toc. Il est à noter que 10 % des enfants ayant subi cette infection développent un Toc. Ainsi, les dernières avancées scientifiques ont pu mettre en lumière plusieurs sources de développement d'un trouble obsessionnel compulsif, aussi diverses que le terrain génétique, le facteur neurobiologique et l'origine infectieuse. Autant de risques pour une même maladie, dont les formes varient sensiblement selon les personnes concernées et leurs angoisses. Comment détecter la maladie... Dès qu'une personne pratique au minimum une heure de rituels par jour, elle peut être déclarée comme étant sujette à des Toc. Dès lors que le patient commence à se plaindre des troubles qu'il subit et qu'ils l'empêchent de mener une vie sereine, il n'hésite pas à consulter son médecin. Grâce à la médiatisation qui a été faite autour du trouble obsessionnel compulsif, une personne atteinte vient plus facilement consulter un médecin. Auparavant, il cédait au sentiment de honte de cette maladie et la dissimulait. Maintenant, le patient vient de lui-même plus facilement, car il se rend compte du problème qu'il rencontre. Le corps médical estime que dès lors qu'une personne souffre d'une heure d'obsessions ou de compulsions par jour, celle-ci est en proie au Toc. Mais le plus souvent, les patients viennent consulter quand ils observent eux-mêmes deux ou trois heures d'obsessions-compulsions par jour. À partir de 6 ou 7 ans, les enfants « à risque » doivent être surveillés et les symptômes du trouble obsessionnel compulsif ne doivent pas être mis de côté. Les enfants, premières personnes touchées par les Toc Les spécialistes estiment que les premières apparitions des troubles obsessionnels compulsifs commencent dès l'âge de 6 ou 7 ans en moyenne (au plus tard, la maladie se déclare avant l'âge de 25 ans environ) et touchent en majorité le sexe masculin, pour une prévalence atteignant entre 1 et 4 % des enfants. La précocité des symptômes appelle donc à la plus grande vigilance dès le plus jeune âge. D'où l'importance du dépistage au plus tôt, pour éviter des années de souffrance et donner une possibilité de soigner au mieux et plus efficacement ce type de pathologie. Ainsi, parents et enseignants jouent un rôle de premier ordre pour observer tout trouble qui pourrait faire l'objet d'une prise en charge déterminante pour l'avenir d'un enfant ou d'un jeune adulte. Entre obsessions et compulsions Parmi les obsessions récurrentes, on retrouve : lavage des mains ou des objets vérification que chaque chose est à sa place, en ordre récitation des idées (prier, compter, lire, calculs mentaux) toucher des objets à plusieurs reprises les pensées magiques ou conjuratoires. La teneur des obsessions importe souvent peu relativement à ce que lui attribue généralement la personne souffrant de troubles obsessionnels compulsifs. Si l'individu évalue correctement la pensée en question, il lui accorde peu d'importance et n'y voit guère de conséquences. Par contre, s'il l'évalue de façon erronée ou inadéquate, le processus suit son cours et la personne accorde à l'intrusion une signification idiosyncratique négative. Concernant les compulsions, on estime que ces rituels tentent de soulager l'individu par des gestes très précis et répétitifs. Mais le patient ne peut s'empêcher de les exécuter. La personne atteinte par des troubles obsessionnels compulsifs se sent obligée d'effectuer ces gestes, car elle pense qu'en agissant ainsi, le rituel fera diminuer son angoisse. L'accomplissement l'accompagne pour passer le cap de l'anxiété dépassée. Une fois l'acte accompli, le sujet a l'impression d'un soulagement immédiat, mais celui-ci ne demeure que temporaire et ne guérit pas. Tel un cercle vicieux, le sujet malade est contraint d'obéir à son angoisse, via les obsessions d'une part et l'accomplissement des rituels d'autre part. L'individu se retrouve enfermé dans ses pensées, dont seul le passage à l'acte le soulage. Or, cette chute de tension nerveuse s'avère non définitive, et ne soigne aucunement en profondeur l'anxiété générée par le sujet. Complication et évolution Même si les troubles obsessionnels compulsifs sont une maladie particulière, il peut exister des ponts avec d'autres pathologies liées à l'anxiété. Parmi les troubles névrotiques, on trouve en premier lieu les Toc, mais il existe aussi : les phobies le trouble panique l'hystérie la bipolarité la cyclothymie. Cette dernière, comme son nom l'indique, s'agit d'un trouble atténué de la bipolarité, qui inclut des phases de hauts et de bas. Il s'agit d'une forme particulière et atténuée de la bipolarité. Cette instabilité est accompagnée d'une forte sensibilité émotive, suivie de périodes d'hyperactivité ou d'hypoactivité entraînant une montée d'enthousiasme, ou au contraire de tristesse. Enfin, il existe des troubles psychotiques représentés par : la schizophrénie la paranoïa. Les tics vocaux ou moteurs ne servent pas nécessairement à soulager une certaine angoisse. Les premières manifestations des tics concernent essentiellement la partie supérieure du corps (haussement d'épaules, roulement des yeux, etc.). Certes amplifiés par le stress ou un état de fatigue, ils sont inconstants dans la vie quotidienne. Ils apparaissent en moyenne à l'âge de 7 ans, et peuvent disparaître de façon épisodique. De plus, alors que les tics sont effectués de manière impulsive, les Toc revêtent un caractère intentionnel. Syndrome de Gilles de la Tourette Cette maladie a été découverte par le médecin Georges Gilles de la Tourette en 1885. Contrairement aux tics intermittents, les tics liés à ce syndrome sont chroniques. Les tics moteurs sont accompagnés d'au minimum un tic vocal (tel que la répétition de paroles, des bruits, ou encore des jurons, moins fréquents). Les hommes sont plus sujets à développer ce syndrome que les femmes. La sérotonine, la dopamine ou encore la norépinéphrine pourraient jouer un rôle important dans la transmission des messages au cerveau chez les personnes touchées par ce syndrome. Dans l'éventail des maladies du comportement, certaines peuvent se croiser et aggraver des troubles préexistants. Il est donc nécessaire de différencier les caractéristiques de chacune des pathologies liées à un dysfonctionnement de la personnalité. En outre, il paraît indispensable de bien surveiller son enfant pour une meilleure prise en charge, le cas échéant. Traitement des Toc Depuis les premières apparitions de la pathologie à la forme la plus sévère qui soit, l'évolution des troubles obsessionnels compulsifs et l'accentuation des symptômes dépendent des personnes qui en sont atteintes, et se font de manière progressive. Avant d'évoquer les éventuelles complications liées aux troubles obsessionnels compulsifs, il convient d'avoir à l'esprit que l'évolution se fait petit à petit et suit quelque peu le dessin d'une courbe sinusoïdale c'est-à-dire qu'elle peut survenir après une période plutôt faste, avec la présence d'une accalmie, puis être relayée par une phase qui engendre des pics de Toc. Les médecins considèrent que passer au minimum une heure par jour à être monopolisé par les troubles obsessionnels et compulsifs est la marque d'un début de pathologie sérieuse. La première évolution se caractérise par un individu qui se trouve emprisonné par ses troubles (qui lui font perdre du temps au quotidien), et demeure obnubilé par les symptômes. Ces compulsions engendrent une très grande souffrance et une angoisse considérable, qui paralysent le reste de son existence. Elles représentent un handicap terrible dans son quotidien, car le sujet malade ne peut mener une vie normale. Penser aux obsessions et accomplir les rituels occasionnent une perte de temps et d'énergie. Dans les cas de Toc les plus sévères, les patients peuvent développer des pensées suicidaires. L'une des conséquences les plus notables pour la personne malade est de constater un ralentissement de sa vie professionnelle, affective et personnelle. Sa vie sociale est véritablement transformée par les obsessions et les compulsions. Enfin, dans les cas les plus sévères, les idées suicidaires peuvent surgir. Bien que les passages à l'acte existent, ils demeurent peu nombreux. Lorsque les pensées suicidaires deviennent de plus en plus significatives et fréquentes, il faut alors se tourner vers d'autres pathologies comme la bipolarité, qui engendre un vrai risque. Les troubles obsessionnels compulsifs varient selon les individus atteints par cette pathologie. Si les complications demeurent les mêmes, il s'agit de prêter une attention particulière quant à la gravité et à l'évolution de ces dernières. Il existe trois types de traitements, mais il faut noter que bien que les individus ne guérissent pas totalement, les traitements apportent une nette amélioration, suffisante pour qu'ils puissent mener une vie quotidienne convenable. Toute une gamme de traitements est considérée par les chercheurs, qu'il s'agisse des thérapies de première intention comme les psychothérapies et les médicaments sérotoninergiques ou de l'étape supérieure des perspectives chirurgicales, dans les cas présentant des Toc résistants. Les traitements médicaux Dans les années 80, une avancée pharmacologique avait été saluée, incluant la prise de clomipramine, qui fait partie de la classe des antidépresseurs tricycliques (dits IMAO), mais très vite, les chercheurs ont quelque peu délaissé son utilisation auprès des enfants. Ils mettaient en cause les effets secondaires associés tels que la prise de poids, la possibilité de convulsions et les risques cardiaques encourus. De plus, de nouvelles molécules innovantes se sont révélées plus efficaces. Aujourd'hui, les médecins ont mis en place un protocole qui agit directement sur un neurotransmetteur indispensable dénommé sérotonine (récepteur 5-HT, 5-hydroxytryptamine). Dans la classe thérapeutique, cette découverte est capitale pour la prise en charge médicale des sujets malades. Les ISRS (inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine) ou encore la famille des sérotoninergiques atténuent efficacement les Toc. Les neurones à sérotonine jouent un rôle primordial dans la régulation de l'humeur et de l'anxiété. Ainsi, en maintenant un taux relativement élevé de sérotonine au cœur de la synapse (l'espace par où passe l'information dans le neurone), on garantit une forme d'équilibre dans la retransmission des messages envoyés au cerveau. Récemment, une équipe de chercheurs canadiens en lien avec l'université Pierre et Marie Curie a découvert que les neurones 5-HT exercent également une fonction notable dans la libération de glutamate VGLUT3 (vesicular glutamate transporter type 3) qui module, avec le neurotransmetteur GABA (acide gamma-aminobutyrique), la sérotonine. Les traitements alternatifs Il convient d'aborder les différentes thérapies cognitives et comportementales (TCC), dont les malades tirent de plus grands bénéfices dans l'amélioration des symptômes. Ces psychothérapies peuvent faire l'objet d'un suivi familial, seul ou par le biais d'un groupe de soutien. L'idée obsédante caractéristique d'un trouble obsessionnel compulsif provoque de l'anxiété et la compulsion pour soulager le patient. Or, dans ces thérapies, l'apprentissage d'un nouveau mode comportemental associé à l'approche cognitive est mis en avant, où l'on rééduque en quelque sorte les pensées du patient (cognitions). Il s'agit ainsi de modifier son attitude et de montrer une nouvelle façon d'appréhender les situations et d'interpréter leurs pensées. Les traitements chirurgicaux Enfin, les chercheurs ont mis en lumière un traitement basé sur la neurochirurgie. Cependant, il ne peut s'appliquer qu'aux personnes dont les Toc ont été déclarés résistants ou « réfractaires », et lorsque les traitements de première intention se sont révélés inadéquats et insuffisants. Pour le moment, cette technique n'a été utilisée que dans très peu de cas, lorsque les symptômes font ressortir une extrême gravité. Les chercheurs ne disposent pas encore d'assez de recul pour prouver l'efficacité d'une telle chirurgie. De plus, des cas post-chirurgicaux ont présenté des lésions irréversibles. C'est la raison pour laquelle la technique de stimulation cérébrale profonde (SCP) pourrait s'imposer face à la chirurgie, qui s'avère trop lourde à supporter. La SCP représente donc un tout nouvel espoir dans la lutte contre les Toc réfractaires. Elle consiste à implanter des électrodes et à stimuler les zones cérébrales concernées.