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Un métier et un art de vivre menacés de disparition, si...
Dinanderie en Algérie
Publié dans Le Midi Libre le 09 - 04 - 2015

Rareté ''combinée à la cherté de la matière, désintérêt des pouvoirs publics envers ce métier'', sont les principales raisons que Driss Zolo, qui travaille le cuivre depuis l'âge de 13 ans, cite, entre autres, pour expliquer la ''décadence'', selon lui, du ''métier d'artisan dinandier''.
Rareté ''combinée à la cherté de la matière, désintérêt des pouvoirs publics envers ce métier'', sont les principales raisons que Driss Zolo, qui travaille le cuivre depuis l'âge de 13 ans, cite, entre autres, pour expliquer la ''décadence'', selon lui, du ''métier d'artisan dinandier''.
Avant, dans la Basse Casbah, ''les échoppes de dinandiers étaient collées les unes aux autres, le métier prospérait, les commandes affluaient et toute une économie basée sur le cuivre faisait vivre des centaines de familles ici à Alger et des milliers d'autres dans tous le pays'', raconte Driss, qui n'exploite aujourd'hui que ''cet atelier, situé en haut de Bab-El-Oued à Alger, pour répondre à ma clientèle''. Fataliste, il laisse tomber :
''Le métier n'est plus comme avant. Nous ne sommes plus assez nombreux comme par le passé. D'ailleurs, il ne reste (à la maison de l'Artisanat, NDLR) dans ce métier que deux personnes et moi'', regrette-t-il. Le travail manuel du cuivre est aujourd'hui ''remplacé par les machines, et le manque de moyens a favorisé une telle situation'', regrette t-il. ''Nous n'avons plus les moyens d'antan, les ouvriers sont partis vers d'autres métiers manuels, alors que la matière première nous coûte les yeux de la tête''.
Au final, ''nous ne pouvons plus prendre en charge la nouvelle génération qui veut vraiment apprendre ce métier noble. Fabriquer des objets de décoration, de cuisine, ou de présentation en cuivre est également le pendant d'un art de vivre de nos parents et de leurs parents'', relève t-il. Dans les grandes villes du pays, Alger, Constantine, Annaba, Sétif et presque tout l'Ouest algérien, ''le f'tour du ramadhan ne devait être servi que sur le plateau traditionnel (s'nioua), le thé n'est apprécié que dans une théière, et l'eau fraîche sentant le jasmin ne peut être exquise sans être servie dans un ustensile en cuivre'', s'extasie Zolo, en tenant dans ses mains burinées une théière de plus de 150 ans. D'ailleurs, "il y a de fortes probabilités que le métier disparaisse dans moins de 10 ans faute de relève", constate-t-il amèrement.
Fils et petit-fils de dinandiers, natif de La Casbah puis installé à Montplaisant, sur les hauteurs de Bab-El-Oued, il a formé plusieurs dizaines d'ouvriers à ce métier, qui était en vogue dans les années 60-70. Pourtant, le rétrécissement du marché, envahi par les produits industriels à usage domestique utilisés notamment dans la décoration, le design ou la cuisine a eu raison de ce métier, lâche-t-il, tout autant que ''le manque d'aide et de soutien des pouvoirs publics pour un métier à la base de l'art de vivre dans les anciennes médinas du Maghreb''. Encore plus dramatique pour ce métier, la disparition des touristes, qui faisaient marcher jusque dans les années 90 ce métier avec une forte demande.
''Il nous arrivait à cette époque d'exporter certains de nos produits vers l'étranger, en particulier pour la France, la Grande Bretagne et les Etats-Unis'', se souvient cet artisan, occupé à ciseler un plateau en cuivre. Autour de lui, sur des présentoirs, sont disposées des plateaux, des théières, des bougeoirs et de grandes ''s'niouates'', qui attendent preneurs. Considéré actuellement comme l'un des derniers maîtres dinandiers algériens, Driss Zolo a représenté l'Algérie dans plusieurs foires culturelles et artisanales internationales, autant en Europe qu'aux Etats-Unis.
La formation pour sauver un art de vivre
Un petit tableau finement décoré, atteste de cette présence de l'artisan à ces foires où le métier de la dinanderie en Algérie était ''bien représenté face à la concurrence tunisienne et marocaine notamment'', dit-il avec fierté. En Algérie, il a décroché les premiers prix des concours du meilleur artisan en 1971, 1972, 1984, 2000 et 2007. Les trophées sont fièrement exhibés sur un présentoir de même que des photographies en souvenir de ses rencontres avec des ministres.
''Une fois à Riadh-El-Feth, j'ai été même félicité par Abdelaziz Bouteflika'', affirme-t-il, exhibant la photo de cette rencontre avec ''Le Président''. Si la situation de la dinanderie en Algérie est ''déprimante, il reste que de plus en plus de filles s'y intéressent. J'y vois un signe que ce métier peut renaître'', estime-t-il avant de relever qu'au cours de 'ces dernières années, les filles s'y intéressent de plus en plus, et leur nombre est en progression''.
Pour sauver ce métier, ''rien ne vaut le soutien des autorités pour prendre les choses en main. Sans l'aide des autorités, ce métier, qui a été à la base de la prospérité des villes algériennes, disparaîtra à jamais''. Parmi les mesures pour ''tirer de l'abîme ce métier'', il préconise la mise en place au niveau des centres de formation professionnelle de sections d'apprentissage pour filles et garçons de la dinanderie. Et, plus globalement, ''du travail du cuivre''. ''Bien pris en charge, le métier peut créer des centaines de postes d'emplois, et relancer la filière de la dinanderie en Algérie'', ajoute-t-il.
Avant, dans la Basse Casbah, ''les échoppes de dinandiers étaient collées les unes aux autres, le métier prospérait, les commandes affluaient et toute une économie basée sur le cuivre faisait vivre des centaines de familles ici à Alger et des milliers d'autres dans tous le pays'', raconte Driss, qui n'exploite aujourd'hui que ''cet atelier, situé en haut de Bab-El-Oued à Alger, pour répondre à ma clientèle''. Fataliste, il laisse tomber :
''Le métier n'est plus comme avant. Nous ne sommes plus assez nombreux comme par le passé. D'ailleurs, il ne reste (à la maison de l'Artisanat, NDLR) dans ce métier que deux personnes et moi'', regrette-t-il. Le travail manuel du cuivre est aujourd'hui ''remplacé par les machines, et le manque de moyens a favorisé une telle situation'', regrette t-il. ''Nous n'avons plus les moyens d'antan, les ouvriers sont partis vers d'autres métiers manuels, alors que la matière première nous coûte les yeux de la tête''.
Au final, ''nous ne pouvons plus prendre en charge la nouvelle génération qui veut vraiment apprendre ce métier noble. Fabriquer des objets de décoration, de cuisine, ou de présentation en cuivre est également le pendant d'un art de vivre de nos parents et de leurs parents'', relève t-il. Dans les grandes villes du pays, Alger, Constantine, Annaba, Sétif et presque tout l'Ouest algérien, ''le f'tour du ramadhan ne devait être servi que sur le plateau traditionnel (s'nioua), le thé n'est apprécié que dans une théière, et l'eau fraîche sentant le jasmin ne peut être exquise sans être servie dans un ustensile en cuivre'', s'extasie Zolo, en tenant dans ses mains burinées une théière de plus de 150 ans. D'ailleurs, "il y a de fortes probabilités que le métier disparaisse dans moins de 10 ans faute de relève", constate-t-il amèrement.
Fils et petit-fils de dinandiers, natif de La Casbah puis installé à Montplaisant, sur les hauteurs de Bab-El-Oued, il a formé plusieurs dizaines d'ouvriers à ce métier, qui était en vogue dans les années 60-70. Pourtant, le rétrécissement du marché, envahi par les produits industriels à usage domestique utilisés notamment dans la décoration, le design ou la cuisine a eu raison de ce métier, lâche-t-il, tout autant que ''le manque d'aide et de soutien des pouvoirs publics pour un métier à la base de l'art de vivre dans les anciennes médinas du Maghreb''. Encore plus dramatique pour ce métier, la disparition des touristes, qui faisaient marcher jusque dans les années 90 ce métier avec une forte demande.
''Il nous arrivait à cette époque d'exporter certains de nos produits vers l'étranger, en particulier pour la France, la Grande Bretagne et les Etats-Unis'', se souvient cet artisan, occupé à ciseler un plateau en cuivre. Autour de lui, sur des présentoirs, sont disposées des plateaux, des théières, des bougeoirs et de grandes ''s'niouates'', qui attendent preneurs. Considéré actuellement comme l'un des derniers maîtres dinandiers algériens, Driss Zolo a représenté l'Algérie dans plusieurs foires culturelles et artisanales internationales, autant en Europe qu'aux Etats-Unis.
La formation pour sauver un art de vivre
Un petit tableau finement décoré, atteste de cette présence de l'artisan à ces foires où le métier de la dinanderie en Algérie était ''bien représenté face à la concurrence tunisienne et marocaine notamment'', dit-il avec fierté. En Algérie, il a décroché les premiers prix des concours du meilleur artisan en 1971, 1972, 1984, 2000 et 2007. Les trophées sont fièrement exhibés sur un présentoir de même que des photographies en souvenir de ses rencontres avec des ministres.
''Une fois à Riadh-El-Feth, j'ai été même félicité par Abdelaziz Bouteflika'', affirme-t-il, exhibant la photo de cette rencontre avec ''Le Président''. Si la situation de la dinanderie en Algérie est ''déprimante, il reste que de plus en plus de filles s'y intéressent. J'y vois un signe que ce métier peut renaître'', estime-t-il avant de relever qu'au cours de 'ces dernières années, les filles s'y intéressent de plus en plus, et leur nombre est en progression''.
Pour sauver ce métier, ''rien ne vaut le soutien des autorités pour prendre les choses en main. Sans l'aide des autorités, ce métier, qui a été à la base de la prospérité des villes algériennes, disparaîtra à jamais''. Parmi les mesures pour ''tirer de l'abîme ce métier'', il préconise la mise en place au niveau des centres de formation professionnelle de sections d'apprentissage pour filles et garçons de la dinanderie. Et, plus globalement, ''du travail du cuivre''. ''Bien pris en charge, le métier peut créer des centaines de postes d'emplois, et relancer la filière de la dinanderie en Algérie'', ajoute-t-il.


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