Déjà auteur, il y a quelques années, d'un livre évoquant son parcours politique, La Dernière Génération d'octobre, Benjamin Stora se fait à nouveau historien de lui-même en se penchant sur son enfance à Constantine, où il vécut jusqu'à l'exil en France métropolitaine en juin 1962, à l'âge de 11 ans. Déjà auteur, il y a quelques années, d'un livre évoquant son parcours politique, La Dernière Génération d'octobre, Benjamin Stora se fait à nouveau historien de lui-même en se penchant sur son enfance à Constantine, où il vécut jusqu'à l'exil en France métropolitaine en juin 1962, à l'âge de 11 ans. Il ne s'agit cependant pas d'un nouvel ouvrage autobiographique au sens classique car le livre contient quantité de précieuses considérations sur l'Histoire, les jeunes années de l'auteur se déroulant parallèlement à la guerre d'Algérie. Ce qui donne assurément des clés – pas celles du titre, qui renvoient aux clés du petit appartement des Stora emportées par la mère de l'auteur en 1962 et retrouvées par ce dernier après sa mort, en 2000 – pour comprendre la vocation de l'historien. Mais aussi pour saisir, à partir de sa position d'enfant juif dont la mère parlait arabe, comment il eut à se confronter, consciemment ou inconsciemment, à une double frontière invisible. Celle qui le séparait des « Européens » des beaux quartiers et celle qui séparait tous les citoyens à part entière – les juifs comme les Européens – des musulmans colonisés. D'où, certainement, cette sensibilité particulière à la figure de « l'autre » de cet universitaire nommé récemment à la tête du Musée de l'histoire de l'immigration. Il ne s'agit cependant pas d'un nouvel ouvrage autobiographique au sens classique car le livre contient quantité de précieuses considérations sur l'Histoire, les jeunes années de l'auteur se déroulant parallèlement à la guerre d'Algérie. Ce qui donne assurément des clés – pas celles du titre, qui renvoient aux clés du petit appartement des Stora emportées par la mère de l'auteur en 1962 et retrouvées par ce dernier après sa mort, en 2000 – pour comprendre la vocation de l'historien. Mais aussi pour saisir, à partir de sa position d'enfant juif dont la mère parlait arabe, comment il eut à se confronter, consciemment ou inconsciemment, à une double frontière invisible. Celle qui le séparait des « Européens » des beaux quartiers et celle qui séparait tous les citoyens à part entière – les juifs comme les Européens – des musulmans colonisés. D'où, certainement, cette sensibilité particulière à la figure de « l'autre » de cet universitaire nommé récemment à la tête du Musée de l'histoire de l'immigration.