L'Algérie fait face à une explosion exponentielle des cas de contaminations au Covid-19, provoquées e majorité par le variant Delta. La barre des 1.500 cas par jour a été franchie pour la première fois depuis le début de l'épidémie en février 2020 dans le pays. L'Algérie fait face à une explosion exponentielle des cas de contaminations au Covid-19, provoquées e majorité par le variant Delta. La barre des 1.500 cas par jour a été franchie pour la première fois depuis le début de l'épidémie en février 2020 dans le pays. Le bilan officiel ne reflète pas toutefois la réalité de la situation. Les informations en provenance des hôpitaux sont en effet alarmantes. Dimanche, le directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha- Bacha (Alger), le professeur Rachid Belhadj, a fait état du décès de 18 patients Covid-19 en une seule nuit dans cet hôpital, alors que le bilan du ministère de la Santé pour la journée du dimanche recensait 16 décès. Pour expliquer ce décalage, le président de la Forem, le professeur Mostefa Khiati, avance une hypothèse : "Je suppose que le ministère de la Santé suit les recommandations de l'OMS suivant lesquelles ne sont déclarés Covid que les personnes avec PCR+. Or, la PCR n'est pas faite pour tous les malades à cause des capacités limitées de dépistage". Par conséquent, des malades décèdent mais ne sont pas officiellement déclarés cas Covid "parce qu'ils n'ont pas fait l'objet d'une PCR", ajoute-t-il. Le bulletin périodique de l'Institut national de santé publique (INSP) confirme que 60 % des cas n'ont pas subi de PCR, appuie Pr Khiati. "Il est tout aussi clair que les chiffres officiels des contaminations ne reflètent pas la situation épidémiologique", ajoute-t-il. C'est également l'explication qu'en donne le professeur Idir Bitam, expert en maladies transmissibles et pathologies tropicales : "Ce qui est déclaré (comme chiffres) ce sont les tests PCR seulement". Autrement dit : "Les gens qui n'ont pas réalisé de test antigénique, le scanner et un test PCR et qui ont le Covid ne sont pas déclarés, tout simplement". Et le spécialiste d'abonder : "Les personnes hospitalisées ne font pas de PCR parce que le tableau clinique est à 100 % covid". Si ces cas ne sont pas intégrés dans le bilan officiel, c'est parce que l'Algérie suit un protocole de l'OMS qui oblige les Etats de ne déclarer que les cas PCR+, relève le scientifique. Le professeur Idir Bitam estime que le nombre réel représente "au minimum 4 fois les chiffres annoncés". "On est en train de payer nos retards" Face à l'explosion des cas Covid-19 en Algérie, le gouvernement a pris des mesures dont un confinement de 20 h à 6 h pendant 10 jours dans 35 wilayas à partir de lundi 26 juillet. "Il faut une semaine à dix jours pour avoir le pic épidémique", prévoit le spécialiste. "Même si on ferme, c'est trop tard", avance le professeur Bitam. "Le seul moyen qu'on a, c'est de vacciner. La vaccination va empêcher les complications et le passage en réanimation et la mortalité", soutient-il. "Il y a deux retards. Premièrement, le fait d'avoir commencé la vaccination cinq mois après la possibilité d'en avoir, c'està- dire dès septembre 2020", relève le spécialiste. "Ces cinq mois de retard, nous sommes en train de les payer aujourd'hui", estime le professeur Bitam. "Le deuxième retard, c'est lorsqu'on a dépassé la barre des 1.000 cas quotidiens. L'alerte avait été déjà lancée en vue de confiner et mettre en oeuvre les mesures drastiques", complète notre interlocuteur. "On est en train de payer là aussi une semaine de retard, et les cas vont augmente encore plus avant le pic épidémique qui aura lieu d'ici une semaine à dix jours", souligne le scientifique. Les besoins en oxygène ont été multipliés par dix La flambée épidémique a engendré une saturation des hôpitaux et une demande exponentielle sur l'oxygène. Une course contre la montre est engagée pour sauver les vies qui en dépendent. Le professeur Mostefa Khiati pointe plusieurs responsabilités dans la rupture d'approvisionnement en oxygène et ses graves conséquences. D'abord, l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS) "qui devait tirer la sonnette d'alarme et demander au ministère de la Santé ainsi qu'aux hôpitaux de se doter de citernes de stockage de l'oxygène", pointe-t-il. Mais il n'y a pas que l'ANSS qui en est responsable, précise cependant Mostefa Khiati. "Il y a aussi la direction de l'hôpital, la direction de la santé et le ministère de la Santé. Toutes ces structures devaient réfléchir aux problèmes selon le principe : gouverner c'est prévoir", complet-t-il. Selon le professeur Khiati, les besoins en oxygène ont été multipliés par dix. Et bien que les industriels ont dû augmenter la production d'oxygène de 2 à 3 fois, l'Algérie se retrouve devant un véritable paradoxe. "Alors que la production nationale est jugée suffisante, les malades souffrent toujours par manque d'oxygène. La raison en est qu'il n'existe pas d'unités de stockage dans les hôpitaux, notamment les citernes pour l'oxygène liquide", explique Mostefa Khiati qui calcule qu'un litre d'oxygène liquide peut donner jusqu'à 500 litres d'oxygène sous forme de gaz. "Malheureusement, les 300 hôpitaux du pays, hormis un ou deux qui disposent de citernes parce qu'ils sont nouvellement construits, n'en sont, dans leur majorité, pas dotés et continuent à travailler avec les obus", regrette le professeur Khiati qui juge que la forte tension sur l'oxygène résulte d'une conjonction de problèmes qui n'ont pas été traités antérieurement. Le bilan officiel ne reflète pas toutefois la réalité de la situation. Les informations en provenance des hôpitaux sont en effet alarmantes. Dimanche, le directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha- Bacha (Alger), le professeur Rachid Belhadj, a fait état du décès de 18 patients Covid-19 en une seule nuit dans cet hôpital, alors que le bilan du ministère de la Santé pour la journée du dimanche recensait 16 décès. Pour expliquer ce décalage, le président de la Forem, le professeur Mostefa Khiati, avance une hypothèse : "Je suppose que le ministère de la Santé suit les recommandations de l'OMS suivant lesquelles ne sont déclarés Covid que les personnes avec PCR+. Or, la PCR n'est pas faite pour tous les malades à cause des capacités limitées de dépistage". Par conséquent, des malades décèdent mais ne sont pas officiellement déclarés cas Covid "parce qu'ils n'ont pas fait l'objet d'une PCR", ajoute-t-il. Le bulletin périodique de l'Institut national de santé publique (INSP) confirme que 60 % des cas n'ont pas subi de PCR, appuie Pr Khiati. "Il est tout aussi clair que les chiffres officiels des contaminations ne reflètent pas la situation épidémiologique", ajoute-t-il. C'est également l'explication qu'en donne le professeur Idir Bitam, expert en maladies transmissibles et pathologies tropicales : "Ce qui est déclaré (comme chiffres) ce sont les tests PCR seulement". Autrement dit : "Les gens qui n'ont pas réalisé de test antigénique, le scanner et un test PCR et qui ont le Covid ne sont pas déclarés, tout simplement". Et le spécialiste d'abonder : "Les personnes hospitalisées ne font pas de PCR parce que le tableau clinique est à 100 % covid". Si ces cas ne sont pas intégrés dans le bilan officiel, c'est parce que l'Algérie suit un protocole de l'OMS qui oblige les Etats de ne déclarer que les cas PCR+, relève le scientifique. Le professeur Idir Bitam estime que le nombre réel représente "au minimum 4 fois les chiffres annoncés". "On est en train de payer nos retards" Face à l'explosion des cas Covid-19 en Algérie, le gouvernement a pris des mesures dont un confinement de 20 h à 6 h pendant 10 jours dans 35 wilayas à partir de lundi 26 juillet. "Il faut une semaine à dix jours pour avoir le pic épidémique", prévoit le spécialiste. "Même si on ferme, c'est trop tard", avance le professeur Bitam. "Le seul moyen qu'on a, c'est de vacciner. La vaccination va empêcher les complications et le passage en réanimation et la mortalité", soutient-il. "Il y a deux retards. Premièrement, le fait d'avoir commencé la vaccination cinq mois après la possibilité d'en avoir, c'està- dire dès septembre 2020", relève le spécialiste. "Ces cinq mois de retard, nous sommes en train de les payer aujourd'hui", estime le professeur Bitam. "Le deuxième retard, c'est lorsqu'on a dépassé la barre des 1.000 cas quotidiens. L'alerte avait été déjà lancée en vue de confiner et mettre en oeuvre les mesures drastiques", complète notre interlocuteur. "On est en train de payer là aussi une semaine de retard, et les cas vont augmente encore plus avant le pic épidémique qui aura lieu d'ici une semaine à dix jours", souligne le scientifique. Les besoins en oxygène ont été multipliés par dix La flambée épidémique a engendré une saturation des hôpitaux et une demande exponentielle sur l'oxygène. Une course contre la montre est engagée pour sauver les vies qui en dépendent. Le professeur Mostefa Khiati pointe plusieurs responsabilités dans la rupture d'approvisionnement en oxygène et ses graves conséquences. D'abord, l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS) "qui devait tirer la sonnette d'alarme et demander au ministère de la Santé ainsi qu'aux hôpitaux de se doter de citernes de stockage de l'oxygène", pointe-t-il. Mais il n'y a pas que l'ANSS qui en est responsable, précise cependant Mostefa Khiati. "Il y a aussi la direction de l'hôpital, la direction de la santé et le ministère de la Santé. Toutes ces structures devaient réfléchir aux problèmes selon le principe : gouverner c'est prévoir", complet-t-il. Selon le professeur Khiati, les besoins en oxygène ont été multipliés par dix. Et bien que les industriels ont dû augmenter la production d'oxygène de 2 à 3 fois, l'Algérie se retrouve devant un véritable paradoxe. "Alors que la production nationale est jugée suffisante, les malades souffrent toujours par manque d'oxygène. La raison en est qu'il n'existe pas d'unités de stockage dans les hôpitaux, notamment les citernes pour l'oxygène liquide", explique Mostefa Khiati qui calcule qu'un litre d'oxygène liquide peut donner jusqu'à 500 litres d'oxygène sous forme de gaz. "Malheureusement, les 300 hôpitaux du pays, hormis un ou deux qui disposent de citernes parce qu'ils sont nouvellement construits, n'en sont, dans leur majorité, pas dotés et continuent à travailler avec les obus", regrette le professeur Khiati qui juge que la forte tension sur l'oxygène résulte d'une conjonction de problèmes qui n'ont pas été traités antérieurement.