Ce travail de mémoire est précieux. D'autant qu'il relate à côté des sacrifices et faits d'arme ce qui en constitue le moteur : l'humilité profonde et la foi qui habitaient les cœurs des combattants Ce travail de mémoire est précieux. D'autant qu'il relate à côté des sacrifices et faits d'arme ce qui en constitue le moteur : l'humilité profonde et la foi qui habitaient les cœurs des combattants Les récits que le moudjahid Mohamed Cherif Ould El Hocine tire de son journal du maquis (1957/1958) constituent bien plus qu'un excellent manuel de guérilla. Même si la tactique et la sratégie des combats menées par le commando «Si Zoubir» et la Katiba «El-Hamdania» de la wilaya IV de l'ALN n'auraient été désavouées ni par un général Giap, côté militaire, ni par un Ho Chi Minh ou un Pham Van Dong, côté politique. En effet, ce qui saute aux yeux d'un bout à l'autre de la publication, autant que les relations privilégiées que les membres du commando entretiennent avec la population, c'est sa maîtrise de cet art de faire la guerre, en état d'infériorité numérique et logistique, à un ennemi numériquement beaucoup plus fort, surarmé, surentraîné et bien nourri. Cet art, que nombre d'officiers des maquis algériens ont aussi bien pu hériter de l'histoire millénaire de leur pays, qu'acquis à la lumière de l'expérience vietnamienne alors toute fraîche. Notamment durant la bataille historique de Dien Bien Phu qui, en 1954, consacre définitivement la défaite de la France coloniale au Viet-nam. L'ouvrage de Si Chérif, âgé de 24 ans au moment des faits, constitue un précieux témoignage de ce qu'a été, au jour le jour, la vie des maquisards algériens, parfois adolescents, qui, en général, ne survivaient pas au terrain plus de deux ans. «Sur les commandos et les katibas, peu de choses ont été écrites à ce jour. Même le remarquable ouvrage de Mohamed Téguia consacré à l'ALN en Wilaya IV ne fait qu'effleurer cette question … », souligne Hadj Benalla, ancien membre du CNRA dans sa préface. Ce travail de mémoire est d'autant plus précieux qu'il relate à côté des sacrifices et faits d'arme ce qui en constitue le moteur : l'humilité profonde et la foi qui habitaient les cœurs des combattants comme ceux des populations qui les aidaient au prix de leur vie. Il fait également découvrir les hommes et les femmes d'honneur dont les rues, les boulevards, les hôpitaux et lycées portent aujourd'hui le nom. Accompagné d'un carnet de photos consistant, il fait découvrir des familles entières de chouhada auxquelles l'auteur a tenu à rendre un hommage : la famille Brakni, Hocine, Sahnoun et tant d'autres. «La leçon de judo» En 1957, Tayeb Souleïmane Mohamed Ben Mohamed, Si Zoubir, de son nom de guerre, met sur pied un commando au sein de la zone II de la wilaya IV. Véritable stratège, son commando devient vite redoutable. Le 22 février 1957, Si Zoubir se sacrifie pour couvrir la fuite de 400 étudiants et lycéens grévistes qui ont rejoint le maquis. Le douar Sbaghnia, où Si Zoubir les retrouve, est rapidement investi par des centaines de soldats français. Lui qui devait décider de leur affectation politique est abattu à l'âge de 28 ans, d'une balle de 12/7 dans le cou, suite à une trahison des harkis qui renseignent l'armée française. Ce jour-là grâce à l'action solitaire et désespérée de Si Zoubir qui n'hésite pas à attaquer les hélicoptères et la soldatesque ennemie, l'important contingent d'étudiants peut fuir dans la montagne à part 27 d'entre eux qui perdront la vie en même temps que lui. Longuement pleuré par ses compagnons, ce patriote originaire du douar Tala Hamdane, dans les environs de Soumaâ, wilaya de Blida, a laissé un souvenir inoubliable à ses camarades de lutte qui ont donné son nom à leur commando. C'est alors Si Moussa Kellouaz, Moussa El-Bourachdi de son nom de guerre, qui prend la tête du jeune commando. Cet officier est un ancien d'Indochine qui a répondu à l'appel de la révolution en 1954. Supérieur hiérarchique du lieutenant français Gaudoin dans la jungle vietnamienne, il le deviendra dans tous les sens du terme lorsque ce dernier devenu le commandant Gaudoin du 29e BTA ( Bataillon de tirailleurs algériens) en Algérie essaye de le capturer à travers les monts du Zaccar. C'est sous le commandement de Si Moussa El-Bourachdi que l'auteur et ses compagnons vont infliger une série de défaites humiliantes à l'armée coloniale et à ses supplétifs. Il faut dire que leur chef semble la vivante incarnation des principes de la guérilla. Très calme, plein de douceur pour ses compagnons, il ne perd jamais son sang froid y compris dans les situations impossibles. Sous sa direction, le commando emble connaître par coeur les règles décrites dans la première page d'un ouvrage de l'historien vietnamien Nguyen Khac Vien. Ce texte célèbre qui a pour titre "La Leçon de judo" , explique comment un homme faible peut se battre avec un géant très fort et avoir le dessus ou comment transformer la faiblesse en force grâce à l'intelligence humaine. L'auteur qui parle peu de lui-même narre la manière extraordinaire dont Moussa El-Bourachdi mène ses hommes de victoire en victoire le long de l' année 1957 et jusqu'en avril 1958. Son génie consistant à retourner les situations les plus désespérées. Comme un poisson dans l'eau En 15 chapitres, l'auteur décrit, depuis les premiers attentats initiatiques en plein centre-ville de Marengo du 13 janvier 1957, à la bataille au douar Siouf d'avril 1958, pas moins de treize combats et accrochages dans cette région centre du pays. L'attaque de l'école d'officiers de Cherchell exactement à la même heure que les autres opérations armées que tous les moudjahidine du pays mènent pour commémorer le 20 Août 1955 et 1956 y est également minutieusement décrite. Les notes de l'auteur relatent l'embuscade de Hammam Righa (janvier 1957), l'accrochage à Tadinarte Krérèche (Médéa, 12 mars 1957), l'accrochage du Commando Si Zoubir avec le commando noir (Tamesguida, 22 mars 1957), le grand ratissage de Miliana, (Meurad, 28 mars de 1957), l'accrochage de Sidi-Mohand Aklouche à Cherchell (26 avril 1957), l'accrochage de Sidi Driss à Gouraya le 29 avril 1957, l'accrochage dans le Zaccar avec le 29e BTA (le 4 mai 1957), la bataille de Sidi Semiane (20 mai 1957), l'accrochage au Zaccar et le repli vers Djebel Douai (juin 1957), l'accrochage avec les goumiers de Gouraya au douar Beni-Rached (16 juillet 1957) et enfin la bataille de Siouf (dans la région de Bordj Emir Abdelkader) en avril 1958. Les éléments du commando Si Zoubir qui fusionne avec la section de Si Djelloul Benmiloud et celle de Si Kaddour pour devenir la Katiba El-Hamdania se retrouvent souvent dans des situations désespérées dont ils se sortent miraculeusement. Ainsi, lorsque brisés de fatigue ils s'endorment pour se réveiller au coeur d'un ratissage, lorsqu'ils se cachent dans une sorte de fossé humide sous un grand rocher alors que les soldats français brûlent la forêt, lorsqu'ils sautent un par un dans un profond ravin sans se blesser, lorsqu'ils courent à découvert et qu'un épais brouillard les dissimulent… Et le plus merveilleux c'est la solidarité jamais démentie que les montagnards leur expriment ouvertement tout en sachant qu'ils vont payer ce soutien de leur propre vie. Cette solidarité qui fait dire qu'un révolutionnaire est dans son peuple comme un poisson dans l'eau. Ce livre fait découvrir au lecteur le visage implacable de la machine de guerre coloniale face à laquelle des jeunes gens, des jeunes filles et une population d'un courage extrême se sont unis dans le plus noble des combats. "Au cœur du combat" de Mohamed Cherif Ould El Hocine Edition Casbah, Alger 2007 Les récits que le moudjahid Mohamed Cherif Ould El Hocine tire de son journal du maquis (1957/1958) constituent bien plus qu'un excellent manuel de guérilla. Même si la tactique et la sratégie des combats menées par le commando «Si Zoubir» et la Katiba «El-Hamdania» de la wilaya IV de l'ALN n'auraient été désavouées ni par un général Giap, côté militaire, ni par un Ho Chi Minh ou un Pham Van Dong, côté politique. En effet, ce qui saute aux yeux d'un bout à l'autre de la publication, autant que les relations privilégiées que les membres du commando entretiennent avec la population, c'est sa maîtrise de cet art de faire la guerre, en état d'infériorité numérique et logistique, à un ennemi numériquement beaucoup plus fort, surarmé, surentraîné et bien nourri. Cet art, que nombre d'officiers des maquis algériens ont aussi bien pu hériter de l'histoire millénaire de leur pays, qu'acquis à la lumière de l'expérience vietnamienne alors toute fraîche. Notamment durant la bataille historique de Dien Bien Phu qui, en 1954, consacre définitivement la défaite de la France coloniale au Viet-nam. L'ouvrage de Si Chérif, âgé de 24 ans au moment des faits, constitue un précieux témoignage de ce qu'a été, au jour le jour, la vie des maquisards algériens, parfois adolescents, qui, en général, ne survivaient pas au terrain plus de deux ans. «Sur les commandos et les katibas, peu de choses ont été écrites à ce jour. Même le remarquable ouvrage de Mohamed Téguia consacré à l'ALN en Wilaya IV ne fait qu'effleurer cette question … », souligne Hadj Benalla, ancien membre du CNRA dans sa préface. Ce travail de mémoire est d'autant plus précieux qu'il relate à côté des sacrifices et faits d'arme ce qui en constitue le moteur : l'humilité profonde et la foi qui habitaient les cœurs des combattants comme ceux des populations qui les aidaient au prix de leur vie. Il fait également découvrir les hommes et les femmes d'honneur dont les rues, les boulevards, les hôpitaux et lycées portent aujourd'hui le nom. Accompagné d'un carnet de photos consistant, il fait découvrir des familles entières de chouhada auxquelles l'auteur a tenu à rendre un hommage : la famille Brakni, Hocine, Sahnoun et tant d'autres. «La leçon de judo» En 1957, Tayeb Souleïmane Mohamed Ben Mohamed, Si Zoubir, de son nom de guerre, met sur pied un commando au sein de la zone II de la wilaya IV. Véritable stratège, son commando devient vite redoutable. Le 22 février 1957, Si Zoubir se sacrifie pour couvrir la fuite de 400 étudiants et lycéens grévistes qui ont rejoint le maquis. Le douar Sbaghnia, où Si Zoubir les retrouve, est rapidement investi par des centaines de soldats français. Lui qui devait décider de leur affectation politique est abattu à l'âge de 28 ans, d'une balle de 12/7 dans le cou, suite à une trahison des harkis qui renseignent l'armée française. Ce jour-là grâce à l'action solitaire et désespérée de Si Zoubir qui n'hésite pas à attaquer les hélicoptères et la soldatesque ennemie, l'important contingent d'étudiants peut fuir dans la montagne à part 27 d'entre eux qui perdront la vie en même temps que lui. Longuement pleuré par ses compagnons, ce patriote originaire du douar Tala Hamdane, dans les environs de Soumaâ, wilaya de Blida, a laissé un souvenir inoubliable à ses camarades de lutte qui ont donné son nom à leur commando. C'est alors Si Moussa Kellouaz, Moussa El-Bourachdi de son nom de guerre, qui prend la tête du jeune commando. Cet officier est un ancien d'Indochine qui a répondu à l'appel de la révolution en 1954. Supérieur hiérarchique du lieutenant français Gaudoin dans la jungle vietnamienne, il le deviendra dans tous les sens du terme lorsque ce dernier devenu le commandant Gaudoin du 29e BTA ( Bataillon de tirailleurs algériens) en Algérie essaye de le capturer à travers les monts du Zaccar. C'est sous le commandement de Si Moussa El-Bourachdi que l'auteur et ses compagnons vont infliger une série de défaites humiliantes à l'armée coloniale et à ses supplétifs. Il faut dire que leur chef semble la vivante incarnation des principes de la guérilla. Très calme, plein de douceur pour ses compagnons, il ne perd jamais son sang froid y compris dans les situations impossibles. Sous sa direction, le commando emble connaître par coeur les règles décrites dans la première page d'un ouvrage de l'historien vietnamien Nguyen Khac Vien. Ce texte célèbre qui a pour titre "La Leçon de judo" , explique comment un homme faible peut se battre avec un géant très fort et avoir le dessus ou comment transformer la faiblesse en force grâce à l'intelligence humaine. L'auteur qui parle peu de lui-même narre la manière extraordinaire dont Moussa El-Bourachdi mène ses hommes de victoire en victoire le long de l' année 1957 et jusqu'en avril 1958. Son génie consistant à retourner les situations les plus désespérées. Comme un poisson dans l'eau En 15 chapitres, l'auteur décrit, depuis les premiers attentats initiatiques en plein centre-ville de Marengo du 13 janvier 1957, à la bataille au douar Siouf d'avril 1958, pas moins de treize combats et accrochages dans cette région centre du pays. L'attaque de l'école d'officiers de Cherchell exactement à la même heure que les autres opérations armées que tous les moudjahidine du pays mènent pour commémorer le 20 Août 1955 et 1956 y est également minutieusement décrite. Les notes de l'auteur relatent l'embuscade de Hammam Righa (janvier 1957), l'accrochage à Tadinarte Krérèche (Médéa, 12 mars 1957), l'accrochage du Commando Si Zoubir avec le commando noir (Tamesguida, 22 mars 1957), le grand ratissage de Miliana, (Meurad, 28 mars de 1957), l'accrochage de Sidi-Mohand Aklouche à Cherchell (26 avril 1957), l'accrochage de Sidi Driss à Gouraya le 29 avril 1957, l'accrochage dans le Zaccar avec le 29e BTA (le 4 mai 1957), la bataille de Sidi Semiane (20 mai 1957), l'accrochage au Zaccar et le repli vers Djebel Douai (juin 1957), l'accrochage avec les goumiers de Gouraya au douar Beni-Rached (16 juillet 1957) et enfin la bataille de Siouf (dans la région de Bordj Emir Abdelkader) en avril 1958. Les éléments du commando Si Zoubir qui fusionne avec la section de Si Djelloul Benmiloud et celle de Si Kaddour pour devenir la Katiba El-Hamdania se retrouvent souvent dans des situations désespérées dont ils se sortent miraculeusement. Ainsi, lorsque brisés de fatigue ils s'endorment pour se réveiller au coeur d'un ratissage, lorsqu'ils se cachent dans une sorte de fossé humide sous un grand rocher alors que les soldats français brûlent la forêt, lorsqu'ils sautent un par un dans un profond ravin sans se blesser, lorsqu'ils courent à découvert et qu'un épais brouillard les dissimulent… Et le plus merveilleux c'est la solidarité jamais démentie que les montagnards leur expriment ouvertement tout en sachant qu'ils vont payer ce soutien de leur propre vie. Cette solidarité qui fait dire qu'un révolutionnaire est dans son peuple comme un poisson dans l'eau. Ce livre fait découvrir au lecteur le visage implacable de la machine de guerre coloniale face à laquelle des jeunes gens, des jeunes filles et une population d'un courage extrême se sont unis dans le plus noble des combats. "Au cœur du combat" de Mohamed Cherif Ould El Hocine Edition Casbah, Alger 2007