C'est l'été, saison de trempette pour ceux qui ne sont pas loin de la mer, et de mariage pour ceux qui sont tout près de l'âge moyen de la nuptialité, établi aujourd'hui à 30 ans pour les femmes et 33 ans pour les hommes. C'est l'été et les milliers de salles de fêtes tournent à plein régime, il faut réserver au moins un mois, quelques fois plusieurs mois à l'avance pour avoir une place, comme pour acquérir un billet d'avion ou un bungalow dans une prestigieuse station balnéaire ! C'est l'été, saison de trempette pour ceux qui ne sont pas loin de la mer, et de mariage pour ceux qui sont tout près de l'âge moyen de la nuptialité, établi aujourd'hui à 30 ans pour les femmes et 33 ans pour les hommes. C'est l'été et les milliers de salles de fêtes tournent à plein régime, il faut réserver au moins un mois, quelques fois plusieurs mois à l'avance pour avoir une place, comme pour acquérir un billet d'avion ou un bungalow dans une prestigieuse station balnéaire ! Aujourd'hui Ahlam, Hasna, Warda, Nardjess, sont des prénoms de jeunes filles liés plus que jamais aux salles de fêtes disséminées un peu partout et qui font rêver les familles algériennes pour qu'elles accueillent leurs fêtes notamment les mariages. En effet, on ne trouve plus dans les villes algériennes un quartier qui ne compte pas une salle de fêtes que les familles louent pour célébrer les heureux événements, lors de la réussite aux examens ou des mariages, de plus en plus fréquents durant la saison estivale. Le recours au service de ces salles est devenu systématique, alors qu'il ne concernait jadis que les familles ne disposant pas d'assez d'espace pour accueillir leurs nombreux invités. « De nos jours, ce n'est plus qu'un problème d'espace. Il y a des familles qui possèdent de grandes villas, mais qui préfèrent organiser leurs fêtes dans les salles. Les raisons sont simples, d'abord c'est devenu chic de fêter des mariages dans les salles, et puis celles-ci offrent une palette de services qui ne laissent pas les familles de marbre. » Ces paroles sont celles de Kamel, gérant d'une salle de fête à Dély Ibrahim. Plus loin, il nous expliquera encore : « On travaille tout l'été mais aussi les autres saisons dès lors que, maintenant, les Algériens se marient tout le temps et pour cela, ils s'échinent à trouver une salle avant de prévoir quoi que ce soit. Personnellement, mon carnet de commande est complet jusqu'au Ramadhan. » A chacun selon sa bourse Le montant de la location des salles et les prestations proposées constituent un facteur déterminant dans le choix des familles, dont les moins aisées se rabattent sur des salles «bon marché». La location varie entre 20.000 dinars pour des «salles ordinaires» et plus de 150.000 dinars pour celles proposant des prestations de haute qualité qui peuvent gonfler la facture jusqu'à plus de 200.000 DA. Le prestige et la réputation de la salle jouent aussi un rôle primordial dans la détermination des prix de location. Celle des grands hôtels : Sheraton, Djazaïr, Mercure ou El-Aurassi sont à des tarifs inabordables pour les modestes bourses, mais elles demeurent néanmoins des lieux de prédilection pour les grandes familles qui ne lésignent sur rien lorsqu'elles organisent des fêtes. Cependant, il faut dire qu'afin de séduire le maximum de clients, les propriétaires des salles de fêtes s'évertuent à proposer des prestations aussi variées qu'originales concernant notamment la conception du décor de la salle, le choix de l'orchestre ou de l'animateur des fêtes (disc-jockey) sans négliger un quelconque détail correspondant aux spécificités traditionnelles de chaque famille qui varient d'une région à l'autre. Nabila, propriétaire d'une salle à Birkhadem, explique à ce propos qu'il ne suffit plus d'investir dans un bon local et disposer d'un orchestre de renom pour réussir dans ce domaine. Il est indispensable, affirme-t-elle, au bout de sa première année d'activité, de s'ingénier à améliorer ses prestations en étant constamment créatif, afin de fidéliser ses anciens clients et attirer d'autres clients potentiels. A cet effet, Nabila a sollicité, avec l'aide de son mari, les services d'un ingénieur pour renouveler toute la décoration de la salle, en optant notamment pour des couleurs vives des rideaux, et des couverts de table homogènes, sans oublier les lumières et un éclairage agréable. La propriétaire de la salle a préféré recruter des jeunes filles pour les services de disc-jockey et de photographie, et des jeunes serveuses, d'autant que la majorité des familles algériennes refuse toute présence masculine dans la salle. « Faire marcher un business pareil nécessite des stratégies de communication et de marketing. Il faut investir pour séduire, et il faut faire bonne impression sur les clients pour les fidéliser » nous confie Nabila avec beaucoup de professionnalisme. Houcine, propriétaire d'une salle luxueuse à Blida, abonde dans le même sens, tout en ajoutant que son idée de transformer et d'aménager deux étages de sa villa en salle de fêtes «était très judicieuse». A l'exception des problèmes quotidiens avec les voisins et ce, à l'instar des propriétaires de salles de fêtes, à cause de la musique assourdissante et du vacarme qui se poursuit généralement à une heure tardive de la nuit, les salles de fêtes, où des familles de plus en plus nombreuses célèbrent les mariages, les circoncisions et les fiançailles, génèrent «des revenus très importants à longueur d'année». Hadja Bahia, qui s'apprête à célébrer le mariage de son plus jeune fils, a affirmé pour sa part qu'il est souvent très difficile de dénicher une salle convenable et à un prix abordable, tout en indiquant : «J'ai été confrontée à un épineux problème à l'occasion de la préparation du mariage de mon fils aîné, il y a quelques années, car j'avais retardé la réservation de la salle à la dernière minute, mais pour cette fois, j'ai réservé la salle plusieurs mois avant la fête». Une solution idoine Si les salles de fêtes représentent, pour beaucoup, «la solution idoine» pour la célébration des heureux événements, d'autres estiment que ces établissements sont des sources de désagrément pour les résidants des quartiers, du fait de la musique tonitruante et du tapage nocturne. D'autres encore considèrent que ces espaces clos ne correspondent pas à l'esprit du mariage. Chakir, marié et père de famille est de ceux qui partagent cette opinion. Son analyse de ce nouveau phénomène social est très intéressante : « Pour moi, ces salles sont le fruit de la poussée urbaine et de la perte des valeurs traditionnelles qui faisaient le charme du mariage d'antan. Je trouve anormal d'organiser son propre mariage dans un espace autre que l'espace familial. Les mariages sont des occasions de réjouissances familiales, mais dans les salles, la famille y est dispensée : les femmes entre elles, les hommes à l'extérieur et les enfants sont indésirables et carrément exclus ! De ce fait le mariage est devenu une cérémonie protocolaire dépouillée de toutes profondeurs symboliques. » Il conclut en dressant un constat amer sur l'impact de ce phénomène sur la situation du mariage dans notre société : « Le pire c'est que les mariés sont tellement dépendants de ces salles qu'ils ne peuvent plus décider de la date, du lieu et du nombre d'invités de leurs propres mariages ! Ce sont les patrons de ces mêmes salles qui décident de tout cela. » Un business florissant malgré les plaintes des citoyens D'un point de vue légal, l'ouverture d'une salle de fêtes nécessite, selon le service de réglementation générale de la wilaya d'Alger, la réunion de certaines conditions relatives au «respect de l'ordre public, de la circulation routière et de la quiétude des habitants, en insonorisant ces lieux de divertissement». La gestion des salles de fêtes est régi par le décret exécutif 05-207 du 4 juillet 2005, fixant les conditions d'ouverture et d'exploitation des établissements de divertissement et de loisirs, et promulgué en vue de combler le vide juridique en la matière. L'exercice de ce genre d'activités nécessite, aux termes de ce décret, «une autorisation préalable d'exploitation délivrée par les services de la wilaya, suite à une enquête publique visant l'évaluation de l'impact de ces établissements sur la quiétude, la sécurité et l'hygiène des citoyens et diligentée après dépôt d'une demande d'ouverture d'une salle de fêtes». Cette demande est adressée, pour étude, aux services concernés, tels que la Protection civile, l'urbanisme, l'habitat, la santé et l'environnement, outre les services de police et de Gendarmerie nationale. Les heures d'ouverture légales de ces établissements s'étalent, selon le même décret, «de 14h à 6h du matin au plus tard». En dépit de la cherté de leur location et des plaintes des citoyens, notamment durant la nuit, les salles de fêtes demeurent la prédilection des familles en perspective de festivités. Aujourd'hui Ahlam, Hasna, Warda, Nardjess, sont des prénoms de jeunes filles liés plus que jamais aux salles de fêtes disséminées un peu partout et qui font rêver les familles algériennes pour qu'elles accueillent leurs fêtes notamment les mariages. En effet, on ne trouve plus dans les villes algériennes un quartier qui ne compte pas une salle de fêtes que les familles louent pour célébrer les heureux événements, lors de la réussite aux examens ou des mariages, de plus en plus fréquents durant la saison estivale. Le recours au service de ces salles est devenu systématique, alors qu'il ne concernait jadis que les familles ne disposant pas d'assez d'espace pour accueillir leurs nombreux invités. « De nos jours, ce n'est plus qu'un problème d'espace. Il y a des familles qui possèdent de grandes villas, mais qui préfèrent organiser leurs fêtes dans les salles. Les raisons sont simples, d'abord c'est devenu chic de fêter des mariages dans les salles, et puis celles-ci offrent une palette de services qui ne laissent pas les familles de marbre. » Ces paroles sont celles de Kamel, gérant d'une salle de fête à Dély Ibrahim. Plus loin, il nous expliquera encore : « On travaille tout l'été mais aussi les autres saisons dès lors que, maintenant, les Algériens se marient tout le temps et pour cela, ils s'échinent à trouver une salle avant de prévoir quoi que ce soit. Personnellement, mon carnet de commande est complet jusqu'au Ramadhan. » A chacun selon sa bourse Le montant de la location des salles et les prestations proposées constituent un facteur déterminant dans le choix des familles, dont les moins aisées se rabattent sur des salles «bon marché». La location varie entre 20.000 dinars pour des «salles ordinaires» et plus de 150.000 dinars pour celles proposant des prestations de haute qualité qui peuvent gonfler la facture jusqu'à plus de 200.000 DA. Le prestige et la réputation de la salle jouent aussi un rôle primordial dans la détermination des prix de location. Celle des grands hôtels : Sheraton, Djazaïr, Mercure ou El-Aurassi sont à des tarifs inabordables pour les modestes bourses, mais elles demeurent néanmoins des lieux de prédilection pour les grandes familles qui ne lésignent sur rien lorsqu'elles organisent des fêtes. Cependant, il faut dire qu'afin de séduire le maximum de clients, les propriétaires des salles de fêtes s'évertuent à proposer des prestations aussi variées qu'originales concernant notamment la conception du décor de la salle, le choix de l'orchestre ou de l'animateur des fêtes (disc-jockey) sans négliger un quelconque détail correspondant aux spécificités traditionnelles de chaque famille qui varient d'une région à l'autre. Nabila, propriétaire d'une salle à Birkhadem, explique à ce propos qu'il ne suffit plus d'investir dans un bon local et disposer d'un orchestre de renom pour réussir dans ce domaine. Il est indispensable, affirme-t-elle, au bout de sa première année d'activité, de s'ingénier à améliorer ses prestations en étant constamment créatif, afin de fidéliser ses anciens clients et attirer d'autres clients potentiels. A cet effet, Nabila a sollicité, avec l'aide de son mari, les services d'un ingénieur pour renouveler toute la décoration de la salle, en optant notamment pour des couleurs vives des rideaux, et des couverts de table homogènes, sans oublier les lumières et un éclairage agréable. La propriétaire de la salle a préféré recruter des jeunes filles pour les services de disc-jockey et de photographie, et des jeunes serveuses, d'autant que la majorité des familles algériennes refuse toute présence masculine dans la salle. « Faire marcher un business pareil nécessite des stratégies de communication et de marketing. Il faut investir pour séduire, et il faut faire bonne impression sur les clients pour les fidéliser » nous confie Nabila avec beaucoup de professionnalisme. Houcine, propriétaire d'une salle luxueuse à Blida, abonde dans le même sens, tout en ajoutant que son idée de transformer et d'aménager deux étages de sa villa en salle de fêtes «était très judicieuse». A l'exception des problèmes quotidiens avec les voisins et ce, à l'instar des propriétaires de salles de fêtes, à cause de la musique assourdissante et du vacarme qui se poursuit généralement à une heure tardive de la nuit, les salles de fêtes, où des familles de plus en plus nombreuses célèbrent les mariages, les circoncisions et les fiançailles, génèrent «des revenus très importants à longueur d'année». Hadja Bahia, qui s'apprête à célébrer le mariage de son plus jeune fils, a affirmé pour sa part qu'il est souvent très difficile de dénicher une salle convenable et à un prix abordable, tout en indiquant : «J'ai été confrontée à un épineux problème à l'occasion de la préparation du mariage de mon fils aîné, il y a quelques années, car j'avais retardé la réservation de la salle à la dernière minute, mais pour cette fois, j'ai réservé la salle plusieurs mois avant la fête». Une solution idoine Si les salles de fêtes représentent, pour beaucoup, «la solution idoine» pour la célébration des heureux événements, d'autres estiment que ces établissements sont des sources de désagrément pour les résidants des quartiers, du fait de la musique tonitruante et du tapage nocturne. D'autres encore considèrent que ces espaces clos ne correspondent pas à l'esprit du mariage. Chakir, marié et père de famille est de ceux qui partagent cette opinion. Son analyse de ce nouveau phénomène social est très intéressante : « Pour moi, ces salles sont le fruit de la poussée urbaine et de la perte des valeurs traditionnelles qui faisaient le charme du mariage d'antan. Je trouve anormal d'organiser son propre mariage dans un espace autre que l'espace familial. Les mariages sont des occasions de réjouissances familiales, mais dans les salles, la famille y est dispensée : les femmes entre elles, les hommes à l'extérieur et les enfants sont indésirables et carrément exclus ! De ce fait le mariage est devenu une cérémonie protocolaire dépouillée de toutes profondeurs symboliques. » Il conclut en dressant un constat amer sur l'impact de ce phénomène sur la situation du mariage dans notre société : « Le pire c'est que les mariés sont tellement dépendants de ces salles qu'ils ne peuvent plus décider de la date, du lieu et du nombre d'invités de leurs propres mariages ! Ce sont les patrons de ces mêmes salles qui décident de tout cela. » Un business florissant malgré les plaintes des citoyens D'un point de vue légal, l'ouverture d'une salle de fêtes nécessite, selon le service de réglementation générale de la wilaya d'Alger, la réunion de certaines conditions relatives au «respect de l'ordre public, de la circulation routière et de la quiétude des habitants, en insonorisant ces lieux de divertissement». La gestion des salles de fêtes est régi par le décret exécutif 05-207 du 4 juillet 2005, fixant les conditions d'ouverture et d'exploitation des établissements de divertissement et de loisirs, et promulgué en vue de combler le vide juridique en la matière. L'exercice de ce genre d'activités nécessite, aux termes de ce décret, «une autorisation préalable d'exploitation délivrée par les services de la wilaya, suite à une enquête publique visant l'évaluation de l'impact de ces établissements sur la quiétude, la sécurité et l'hygiène des citoyens et diligentée après dépôt d'une demande d'ouverture d'une salle de fêtes». Cette demande est adressée, pour étude, aux services concernés, tels que la Protection civile, l'urbanisme, l'habitat, la santé et l'environnement, outre les services de police et de Gendarmerie nationale. Les heures d'ouverture légales de ces établissements s'étalent, selon le même décret, «de 14h à 6h du matin au plus tard». En dépit de la cherté de leur location et des plaintes des citoyens, notamment durant la nuit, les salles de fêtes demeurent la prédilection des familles en perspective de festivités.