La rentrée scolaire est une nouvelle épreuve pour les parents déjà mis en difficulté financière suite aux dépenses de l'été, des fêtes familiales et celles du mois de Ramadan. C'est une succession d'étapes infernales dures à affronter. Les familles aux revenus modestes accusent le coup. Peut-on priver son enfant d'articles scolaires ? La rentrée scolaire est une nouvelle épreuve pour les parents déjà mis en difficulté financière suite aux dépenses de l'été, des fêtes familiales et celles du mois de Ramadan. C'est une succession d'étapes infernales dures à affronter. Les familles aux revenus modestes accusent le coup. Peut-on priver son enfant d'articles scolaires ? Après deux jours seulement de la rentrée scolaire, l'ambiance de ces préparatifs se fait sentir dans toutes les wilayas du pays. Cartables sur les étals et tabliers exposés dans les vitrines sont les premiers indices marquant le début de la rentrée avec son lot de soucis et de tracasseries qui harassent les parents, notamment ceux qui laissent l'achat des articles scolaires à la dernière minute. Des familles en compagnie de leurs enfants, portant encore les couleurs de l'été, sillonnent les marchés pour choisir les accessoires scolaires les plus en vogue. Force est dès lors de constater que les produits qui font l'objet de campagnes publicitaires sur les chaînes étrangères sont les plus prisés par les élèves. La majorité des écoliers s'entichent du « dernier cri », histoire de frimer devant les camarades et de donner l'air d'être un branché. Les parents, eux, ne partagent ni l'enthousiasme ni les goûts de leurs enfants. Ils préfèrent commencer par compter leurs sous et faire la liste des dépenses prioritaires pour la rentrée qui a coïncidé cette année avec le mois sacré du Ramadan. Dans ce contexte, entre satisfaire les caprices de leurs enfants et gérer un budget familial souvent restreint, l'équation s'avère très complexe pour les modestes bourses. Quant aux pauvres et aux nécessiteux, c'est une autre histoire… Quelques jours déjà avant la rentrée, tout le monde se lançait en quête d'articles à des prix abordables. L'engouement pour les articles scolaires dans les marchés et les superettes était très sensible ces dernières semaines. La majorité des familles ont commencé à prospecter pour dénicher les enceintes qui proposent des prix modérés. Mais l'arrivage des nouveaux articles scolaires depuis quelques jours leur complique encore plus la tâche. Tabliers, cartables et d'autres articles tels les crayons de couleurs, stylos, gommes et règles ainsi que d'autres produits connaissent aujourd'hui plus que jamais un véritable rush des citoyens. Les articles chinois dominent Comme les vêtements, les chaussures, l'électroménager, les ustensiles de cuisine et le cosmétique, les Chinois dominent aussi dans la production des articles scolaires. Des produits bon marché et de qualité moyenne qui attirent le consommateur. Les articles chinois ont volé la vedette aux produits locaux et même aux produits européens qui étaient naguère les articles de prédilection des consommateurs algériens. Pour vérifier cela, il suffit de faire un tour dans les différents marchés, les kiosques ou les librairies de la capitale. En fait, les articles chinois, au grand bonheur des parents, sont à la portée de toutes les bourses. «Les articles chinois font effectivement l'affaire. Même si des fois la qualité fait défaut, je les préfère aux autres articles qu'ils soient locaux ou européens. Moi j'ai quatre enfants scolarisés et je dois acheter le nécessaire à tous les quatre. Je suis obligé, dans ce cas, de faire attention à ne pas gaspiller le budget fixé sous des contraintes financières», nous déclare un père de famille aurevenu modeste. Librairies et kiosques, les perdants de l'affaire Cependant, la domination des articles scolaires chinois n'a pas fait que des heureux. Les libraires et les tenants des kiosques sont de véritables sinistrés face au tsunami chinois qui emporte le marché algérien des fournitures scolaires. Les quelques libraires professionnels — se comptant sur les doigts d'une seule main — qui sont toujours en activité à Alger et ses environs, se montrent très inquiets quant au devenir de leur profession qui se perd au fil des années. Les kiosques sont aussi déstabilisés par cette reconfiguration du marché. Il y a quelques années, ils attiraient des queues de parents et d'élèves à chaque rentrée, mais aujourd'hui ils peinent à survivre. Cette concurrence déloyale est en train de signer leur arrêt de mort. Nostalgique, Ammi Ali, kiosquier et libraire depuis plusieurs décennies, regrette que ces dernières années, l'ambiance de la rentrée scolaire n'est plus la même que dans les années précédentes. «Nous avons perdu cet «air» si spécial de la rentrée. Aujourd'hui, il n'y a plus de joie comme avant. Le pire, c'est que maintenant les parents ne cherchent guère la qualité. Ce qui les préoccupe c'est tout simplement le prix.», nous confie-t-il. Ammi Ali trouve aussi très triste que des articles scolaires se vendent un peu partout. Le fait que l'activité soit ouverte à tout le monde, et que quiconque peut vendre des articles scolaires le révolte profondément. «Les fournitures scolaires sont actuellement considérées comme des fruits ou des légumes ! Comment peut-on acheter un cahier ou des stylos chez quelqu'un qui n'en a jamais fait usage ? Personnellement, je pratique ce métier depuis maintenant 30 ans. Je peux facilement savoir de quoi a besoin un élève. Les gens, en venant acheter des fournitures scolaires, cherchent aussi des bons conseils et une oreille attentive à leurs doléances. ça m'afflige de les voir aujourd'hui entre les mains de trabendistes véreux capables de leur fourguer du n'importe quoi à n'importe quel prix», s'écrie notre interlocuteur. D'autre part, la contrefaçon est l'autre menace qui pèse sur les consommateurs, qu'ils soient parents ou élèves. En effet, peu de personnes sont capables de distinguer entre le bon produit et celui de la contrefaçon et payent ainsi souvent des articles douteux à des prix forts. Ces supercheries risquent fort de gâcher la rentrée scolaire de beaucoup de familles si des mesures sérieuses ne sont pas prises. Des prix de plus en plus chers Sur un autre registre, la tendance du marché indique nettement une cherté des prix des différents articles scolaires. Cela est dû, comme nous l'explique un vendeur : «à une demande plus importante que l'offre. En plus, les revendeurs occasionnels jouent avec les prix comme ils le souhaitent pour extirper le maximum d'argent aux gens. Les prix sont libres et chacun peut vendre comme il lui semble.» Une simple comparaison entre les prix affichés là et ailleurs peut nous amener à tirer des leçons très significatives. Dans une librairie par exemple, les prix des cartables varient entre 350 DA et 500 DA. Au marché de Meissonnier ou à celui de Clausel, un sac à dos, made in China, pour petite fille est cédé à pas moins de 600 DA. Il y a même ceux qui sont proposés à plus de 1000 DA ! Les prix des cahiers et des protège-cahiers sont aussi variables. De 8 DA jusqu'à 60 DA pour les plus volumineux. Quant aux tabliers, leurs prix varient aussi entre 500 DA et 850 DA. L'addition risque donc d'être très salée cette année pour les parents qui, encore une fois, doivent s'efforcer à trouver des combines pour traverser tranquillement les péripéties de la rentrée scolaire. Le livre scolaire : l'autre calvaire des familles Il serait certainement vain de parler des fournitures scolaires sans aborder la problématique du livre scolaire. «Pour moi, l'un va avec l'autre. Qui dit rentrée scolaire, dit trousseaux et livres scolaires. C'est évident», nous assure un parent visiblement angoissé à l'idée d'aborder ce sujet. «Que voulez-vous que je dise ? On n'en peut plus ! Il est de plus en plus impossible de joindre les deux bouts. Ma petite au primaire m'a annoncé une bonne nouvelle hier : ses livres scolaires me coûteront pas moins de 1400 DA ! Pour ma deuxième fille au collège, le prix double. Quant à mon fils au lycée, il vaut mieux que je ne vous donne pas la note. Ajoutez à cela le Ramadan et ses sacrifices et vous avez par conséquent un tableau complet de ma misère», tempête notre interlocuteur. «Pour les livres scolaires, il ne me reste qu'une seule parade : le marché d'occasion. Et encore faut-il dire que même les livres d'occasion sont de plus en plus chers. La qualité de ces livres est certainement piteuse, mais au moins ça nous permet de donner encore à nos enfants les moyens d'étudier», nous explique Salah, 45 ans, père de deux enfants. «Avant, nos enfants pouvaient louer les livres et les rendre à la fin de l'année. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. En plus, chaque année, le ministre nous dit que les livres seront disponibles dans tous les établissements et qu'il y en aura pour tout le monde ! Malheureusement, à chaque rentrée on constate le contraire, notamment dans les lycées où les livres font toujours défaut. Dans ce cas, nous les parents, nous sommes contraints de nous tourner au marché des livres d'occasion», ajoute-t-il. Mouloud, de son côté, adopte un ton très sévère vis-à-vis de l'Etat. «Ce sont nos dirigeants qui nous entraînent vers le dénuement. Avec la cherté des produits de première nécessité, on ne peut plus se permettre de passer le Ramadan comme on le souhaite. Quant aux fournitures scolaires, dans quelques années vous verrez toutes les familles modestes en train de faire la queue devant les portes du ministère de la Solidarité et ce, pour quémander un trousseau scolaire. C'est cela le destin du pauvre dans ce pays», décrète-t-il. Après deux jours seulement de la rentrée scolaire, l'ambiance de ces préparatifs se fait sentir dans toutes les wilayas du pays. Cartables sur les étals et tabliers exposés dans les vitrines sont les premiers indices marquant le début de la rentrée avec son lot de soucis et de tracasseries qui harassent les parents, notamment ceux qui laissent l'achat des articles scolaires à la dernière minute. Des familles en compagnie de leurs enfants, portant encore les couleurs de l'été, sillonnent les marchés pour choisir les accessoires scolaires les plus en vogue. Force est dès lors de constater que les produits qui font l'objet de campagnes publicitaires sur les chaînes étrangères sont les plus prisés par les élèves. La majorité des écoliers s'entichent du « dernier cri », histoire de frimer devant les camarades et de donner l'air d'être un branché. Les parents, eux, ne partagent ni l'enthousiasme ni les goûts de leurs enfants. Ils préfèrent commencer par compter leurs sous et faire la liste des dépenses prioritaires pour la rentrée qui a coïncidé cette année avec le mois sacré du Ramadan. Dans ce contexte, entre satisfaire les caprices de leurs enfants et gérer un budget familial souvent restreint, l'équation s'avère très complexe pour les modestes bourses. Quant aux pauvres et aux nécessiteux, c'est une autre histoire… Quelques jours déjà avant la rentrée, tout le monde se lançait en quête d'articles à des prix abordables. L'engouement pour les articles scolaires dans les marchés et les superettes était très sensible ces dernières semaines. La majorité des familles ont commencé à prospecter pour dénicher les enceintes qui proposent des prix modérés. Mais l'arrivage des nouveaux articles scolaires depuis quelques jours leur complique encore plus la tâche. Tabliers, cartables et d'autres articles tels les crayons de couleurs, stylos, gommes et règles ainsi que d'autres produits connaissent aujourd'hui plus que jamais un véritable rush des citoyens. Les articles chinois dominent Comme les vêtements, les chaussures, l'électroménager, les ustensiles de cuisine et le cosmétique, les Chinois dominent aussi dans la production des articles scolaires. Des produits bon marché et de qualité moyenne qui attirent le consommateur. Les articles chinois ont volé la vedette aux produits locaux et même aux produits européens qui étaient naguère les articles de prédilection des consommateurs algériens. Pour vérifier cela, il suffit de faire un tour dans les différents marchés, les kiosques ou les librairies de la capitale. En fait, les articles chinois, au grand bonheur des parents, sont à la portée de toutes les bourses. «Les articles chinois font effectivement l'affaire. Même si des fois la qualité fait défaut, je les préfère aux autres articles qu'ils soient locaux ou européens. Moi j'ai quatre enfants scolarisés et je dois acheter le nécessaire à tous les quatre. Je suis obligé, dans ce cas, de faire attention à ne pas gaspiller le budget fixé sous des contraintes financières», nous déclare un père de famille aurevenu modeste. Librairies et kiosques, les perdants de l'affaire Cependant, la domination des articles scolaires chinois n'a pas fait que des heureux. Les libraires et les tenants des kiosques sont de véritables sinistrés face au tsunami chinois qui emporte le marché algérien des fournitures scolaires. Les quelques libraires professionnels — se comptant sur les doigts d'une seule main — qui sont toujours en activité à Alger et ses environs, se montrent très inquiets quant au devenir de leur profession qui se perd au fil des années. Les kiosques sont aussi déstabilisés par cette reconfiguration du marché. Il y a quelques années, ils attiraient des queues de parents et d'élèves à chaque rentrée, mais aujourd'hui ils peinent à survivre. Cette concurrence déloyale est en train de signer leur arrêt de mort. Nostalgique, Ammi Ali, kiosquier et libraire depuis plusieurs décennies, regrette que ces dernières années, l'ambiance de la rentrée scolaire n'est plus la même que dans les années précédentes. «Nous avons perdu cet «air» si spécial de la rentrée. Aujourd'hui, il n'y a plus de joie comme avant. Le pire, c'est que maintenant les parents ne cherchent guère la qualité. Ce qui les préoccupe c'est tout simplement le prix.», nous confie-t-il. Ammi Ali trouve aussi très triste que des articles scolaires se vendent un peu partout. Le fait que l'activité soit ouverte à tout le monde, et que quiconque peut vendre des articles scolaires le révolte profondément. «Les fournitures scolaires sont actuellement considérées comme des fruits ou des légumes ! Comment peut-on acheter un cahier ou des stylos chez quelqu'un qui n'en a jamais fait usage ? Personnellement, je pratique ce métier depuis maintenant 30 ans. Je peux facilement savoir de quoi a besoin un élève. Les gens, en venant acheter des fournitures scolaires, cherchent aussi des bons conseils et une oreille attentive à leurs doléances. ça m'afflige de les voir aujourd'hui entre les mains de trabendistes véreux capables de leur fourguer du n'importe quoi à n'importe quel prix», s'écrie notre interlocuteur. D'autre part, la contrefaçon est l'autre menace qui pèse sur les consommateurs, qu'ils soient parents ou élèves. En effet, peu de personnes sont capables de distinguer entre le bon produit et celui de la contrefaçon et payent ainsi souvent des articles douteux à des prix forts. Ces supercheries risquent fort de gâcher la rentrée scolaire de beaucoup de familles si des mesures sérieuses ne sont pas prises. Des prix de plus en plus chers Sur un autre registre, la tendance du marché indique nettement une cherté des prix des différents articles scolaires. Cela est dû, comme nous l'explique un vendeur : «à une demande plus importante que l'offre. En plus, les revendeurs occasionnels jouent avec les prix comme ils le souhaitent pour extirper le maximum d'argent aux gens. Les prix sont libres et chacun peut vendre comme il lui semble.» Une simple comparaison entre les prix affichés là et ailleurs peut nous amener à tirer des leçons très significatives. Dans une librairie par exemple, les prix des cartables varient entre 350 DA et 500 DA. Au marché de Meissonnier ou à celui de Clausel, un sac à dos, made in China, pour petite fille est cédé à pas moins de 600 DA. Il y a même ceux qui sont proposés à plus de 1000 DA ! Les prix des cahiers et des protège-cahiers sont aussi variables. De 8 DA jusqu'à 60 DA pour les plus volumineux. Quant aux tabliers, leurs prix varient aussi entre 500 DA et 850 DA. L'addition risque donc d'être très salée cette année pour les parents qui, encore une fois, doivent s'efforcer à trouver des combines pour traverser tranquillement les péripéties de la rentrée scolaire. Le livre scolaire : l'autre calvaire des familles Il serait certainement vain de parler des fournitures scolaires sans aborder la problématique du livre scolaire. «Pour moi, l'un va avec l'autre. Qui dit rentrée scolaire, dit trousseaux et livres scolaires. C'est évident», nous assure un parent visiblement angoissé à l'idée d'aborder ce sujet. «Que voulez-vous que je dise ? On n'en peut plus ! Il est de plus en plus impossible de joindre les deux bouts. Ma petite au primaire m'a annoncé une bonne nouvelle hier : ses livres scolaires me coûteront pas moins de 1400 DA ! Pour ma deuxième fille au collège, le prix double. Quant à mon fils au lycée, il vaut mieux que je ne vous donne pas la note. Ajoutez à cela le Ramadan et ses sacrifices et vous avez par conséquent un tableau complet de ma misère», tempête notre interlocuteur. «Pour les livres scolaires, il ne me reste qu'une seule parade : le marché d'occasion. Et encore faut-il dire que même les livres d'occasion sont de plus en plus chers. La qualité de ces livres est certainement piteuse, mais au moins ça nous permet de donner encore à nos enfants les moyens d'étudier», nous explique Salah, 45 ans, père de deux enfants. «Avant, nos enfants pouvaient louer les livres et les rendre à la fin de l'année. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. En plus, chaque année, le ministre nous dit que les livres seront disponibles dans tous les établissements et qu'il y en aura pour tout le monde ! Malheureusement, à chaque rentrée on constate le contraire, notamment dans les lycées où les livres font toujours défaut. Dans ce cas, nous les parents, nous sommes contraints de nous tourner au marché des livres d'occasion», ajoute-t-il. Mouloud, de son côté, adopte un ton très sévère vis-à-vis de l'Etat. «Ce sont nos dirigeants qui nous entraînent vers le dénuement. Avec la cherté des produits de première nécessité, on ne peut plus se permettre de passer le Ramadan comme on le souhaite. Quant aux fournitures scolaires, dans quelques années vous verrez toutes les familles modestes en train de faire la queue devant les portes du ministère de la Solidarité et ce, pour quémander un trousseau scolaire. C'est cela le destin du pauvre dans ce pays», décrète-t-il.