« Ya radjeeel ! » Le cri venait du fond de l'appartement. Messaoud, encore mal réveillé, commença à sentir des frissons dans le dos. Cet appel matinal venant de sa dure moitié ne pouvait être qu'un S.O.S. Déjà, il appréhendait d'avoir à intervenir de bon matin, à effectuer quelque réparation. « Décidément ! Les ennuis commencent tôt aujourd'hui ! » grommela-t-il en s'extirpant douloureusement de son lit tiède. Il se dirigea de son pas lourd, traînant : de quelqu'un qui n'était pas décidé. Il se rendit à la cuisine comme il se rendrait à une convocation de justice. Il essaya d'afficher la mine la plus rébarbative afin que sa conjointe réfléchisse à deux fois avant de lui demander quoi que ce soit. Il faut dire que depuis qu'il avait cessé de bricoler (il ne bricole plus depuis que « les enfants ont grandi »), il avait même à plusieurs reprises enjoint à son épouse Aïcha de s'adresser aux enfants plutôt qu'à lui, parce que sa vue avait considérablement baissé et qu'il n'avait plus la patience et la maîtrise de ses nerfs comme avant. Il trouva Aïcha attablée dans « sa » cuisine, devant un journal largement étalé (c'est son aîné qui travaille de nuit qui ramène chaque matin les journaux). Il faut préciser qu'elle ne lisait dans le journal que les petites annonces, espérant toujours décrocher un boulot plus payant et plus peinard que celui d'enseignante dans une école privée ou alors elle s'intéresse aux catastrophes… - « Regarde ! dit-elle, Sarkozy vient en visite en Algérie. Regarde comme Bouteflika lui met la main affectueusement sur le dos : ils doivent être copains. Ils doivent bien s'entendre ces deux-là. - C'est de la diplomatie ! Mais tu as raison : tous les présidents s'entendent bien entre eux, il n'y a que les gens du peuple qui ne s'entendent pas entre eux», avait rétorqué Messaoud dont l'humeur s'est améliorée en apprenant qu'il n'y avait même pas une lampe à remplacer. - « Mais c'est dommage ! avait continué Aïcha. Il vient sans Enrico Macias et surtout sans Cécilia ! Pour Macias, ce n'est que partie remise, il viendra avec le prochain président. Mais Cécilia je l'aime bien ! Elle a de la classe : elle s'habille bien et elle a une tête de chez nous. C'est dommage qu'ils ne soient plus ensemble ! » - « Sarkozy vient sans Macias, sans Cécilia et surtout sans excuses ». - « Quelles excuses ? » - Celles de l'Etat français qui est responsable de toutes les souffrances qu'a endurées le peuple algérien depuis 1830. - « Quelles souffrances » ? - Les armées françaises ont tué , mutilé torturé, déporté, exilé des millions d'Algériens durant l'occupation. Les colons ont massacré des milliers de civils désarmés en 1945 . Ces mêmes colons ont spolié les Algériens en occupant leurs meilleures terres et ensuite ils les ont exploités en les faisant travailler pour des salaires de misère. De 1954 à 1962, c'est le même topo ! Ils ont tué, torturé et emprisonné des centaines de milliers d'Algériens et avec tout cela, ils ne veulent pas le reconnaître ! Tu sais, les Français et les Allemands demandent chaque jour pardon aux Juifs pour les souffrances que ceux-là ont subies durant le nazisme. Les Italiens ont présenté des excuses à la Libye, mais pour les Algériens, que dalle ! Les Français refusent d'accéder aux demandes algériennes ! - Pourquoi demander des excuses alors qu'en même temps les jeunes se pressent aux portes des consulats pour avoir des visas ? » « Ya radjeeel ! » Le cri venait du fond de l'appartement. Messaoud, encore mal réveillé, commença à sentir des frissons dans le dos. Cet appel matinal venant de sa dure moitié ne pouvait être qu'un S.O.S. Déjà, il appréhendait d'avoir à intervenir de bon matin, à effectuer quelque réparation. « Décidément ! Les ennuis commencent tôt aujourd'hui ! » grommela-t-il en s'extirpant douloureusement de son lit tiède. Il se dirigea de son pas lourd, traînant : de quelqu'un qui n'était pas décidé. Il se rendit à la cuisine comme il se rendrait à une convocation de justice. Il essaya d'afficher la mine la plus rébarbative afin que sa conjointe réfléchisse à deux fois avant de lui demander quoi que ce soit. Il faut dire que depuis qu'il avait cessé de bricoler (il ne bricole plus depuis que « les enfants ont grandi »), il avait même à plusieurs reprises enjoint à son épouse Aïcha de s'adresser aux enfants plutôt qu'à lui, parce que sa vue avait considérablement baissé et qu'il n'avait plus la patience et la maîtrise de ses nerfs comme avant. Il trouva Aïcha attablée dans « sa » cuisine, devant un journal largement étalé (c'est son aîné qui travaille de nuit qui ramène chaque matin les journaux). Il faut préciser qu'elle ne lisait dans le journal que les petites annonces, espérant toujours décrocher un boulot plus payant et plus peinard que celui d'enseignante dans une école privée ou alors elle s'intéresse aux catastrophes… - « Regarde ! dit-elle, Sarkozy vient en visite en Algérie. Regarde comme Bouteflika lui met la main affectueusement sur le dos : ils doivent être copains. Ils doivent bien s'entendre ces deux-là. - C'est de la diplomatie ! Mais tu as raison : tous les présidents s'entendent bien entre eux, il n'y a que les gens du peuple qui ne s'entendent pas entre eux», avait rétorqué Messaoud dont l'humeur s'est améliorée en apprenant qu'il n'y avait même pas une lampe à remplacer. - « Mais c'est dommage ! avait continué Aïcha. Il vient sans Enrico Macias et surtout sans Cécilia ! Pour Macias, ce n'est que partie remise, il viendra avec le prochain président. Mais Cécilia je l'aime bien ! Elle a de la classe : elle s'habille bien et elle a une tête de chez nous. C'est dommage qu'ils ne soient plus ensemble ! » - « Sarkozy vient sans Macias, sans Cécilia et surtout sans excuses ». - « Quelles excuses ? » - Celles de l'Etat français qui est responsable de toutes les souffrances qu'a endurées le peuple algérien depuis 1830. - « Quelles souffrances » ? - Les armées françaises ont tué , mutilé torturé, déporté, exilé des millions d'Algériens durant l'occupation. Les colons ont massacré des milliers de civils désarmés en 1945 . Ces mêmes colons ont spolié les Algériens en occupant leurs meilleures terres et ensuite ils les ont exploités en les faisant travailler pour des salaires de misère. De 1954 à 1962, c'est le même topo ! Ils ont tué, torturé et emprisonné des centaines de milliers d'Algériens et avec tout cela, ils ne veulent pas le reconnaître ! Tu sais, les Français et les Allemands demandent chaque jour pardon aux Juifs pour les souffrances que ceux-là ont subies durant le nazisme. Les Italiens ont présenté des excuses à la Libye, mais pour les Algériens, que dalle ! Les Français refusent d'accéder aux demandes algériennes ! - Pourquoi demander des excuses alors qu'en même temps les jeunes se pressent aux portes des consulats pour avoir des visas ? »