Scindé en plusieurs parties, l'ouvrage ‘'Humanisme et Islam'' vise, selon Mohammed Arkoun, à «ouvrir des voies et proposer des outils de pensée qui conduisent à la sortie irréversible des ressassements dogmatiques et des reproductions scolastiques». Scindé en plusieurs parties, l'ouvrage ‘'Humanisme et Islam'' vise, selon Mohammed Arkoun, à «ouvrir des voies et proposer des outils de pensée qui conduisent à la sortie irréversible des ressassements dogmatiques et des reproductions scolastiques». Fidèle à lui-même, Mohammed Arkoun ne cesse de susciter, avec ces ouvrages savants, de nombreux débats d'une brûlante actualité au sujet des conditions historiques, intellectuelles et culturelles qui ont «conduit à la disparition progressive dans tous les contextes islamiques, de la pensée et de la pratique humanistes depuis le XIIIe siècle». Ainsi, Après mon «Humanisme arabe» publié en 1970, Mohammed Arkoun récidive avec «Humanisme et Islam», sorti en France en 2006, et poursuit sa réflexion en osant un pari risqué : parler d'humanisme en islam en ces temps de violence où «Jihâd et Mcworld sont devenus deux figures d'une confrontation inégale et mondiale». Mais, fort heureusement, pour un penseur et historien de la trempe de Mohammed Arkoun, évoquer l'humanisme en islam s'impose pour, entre autres, tenter une «explication de l'extrémisme religieux dans la complexité de l'histoire de la pensée en situation de perplexité dans le champ de la mondialisation», diront à ce sujet de nombreux critiques. Scindé en plusieurs parties dont d'anciennes conférences réécrites, l'ouvrage «Humanisme et Islam» vise, selon Mohammed Arkoun, à «ouvrir des voies et proposer des outils de pensée qui conduisent à la sortie irréversible des ressassements dogmatiques et des reproductions scolastiques». Néanmoins, si dans la préface l'auteur confie ses déboires avec l'édition au Maghreb, notamment en Algérie où il regrette la mauvaise circulation du livre, il fait part aussi de sa volonté de s'adresser à un public nettement plus large. Dès lors, tout ce qui importe pour Mohammed Arkoun est de démontrer à ses lecteurs que le courant humaniste a bel et bien existé dans le monde musulman du IXe au XIIIe siècle grâce à une ère de liberté et des conditions de vie en communauté de diversités doctrinales permettant l'émergence de l'individu doté d'une raison critique, un courant qui s'est estompé, suite à l'hégémonie de «l'orthodoxie dogmatique». Mohammed Arkoun cite comme exemple une famille iranienne, les Banu Buwayh, qui prend le pouvoir à Baghdad en 945, garde le Khalifat en pure forme, et s'appuie sur des «élites cosmopolites, multiconfessionnelles mais unies dans l'adhésion à l'idéal philosophico-littéraire d'une sagesse éternelle (Al-Hikma Al-Khalida)…» Sur ce chapitre, il précise également que les conditions d'épanouissement d'une attitude humaniste aux IIIe et IVe siècles de l'Hégire (9e et 10e siècles) sont à la fois politiques, économiques, sociales et culturelles. «Or c'est un fait historique que ces conditions ont progressivement cessé d'être remplies à partir du Ve siècle de l'Hégire (10e siècle) du fait de l'hégémonie de l'orthodoxie dogmatique qui a exclu les autres courants qui vivaient en pluralité rivalité auparavant», relève encore l'auteur. Par ailleurs, selon Mohammed Arkoun, l'histoire a montré donc que le texte coranique a laissé «ouvertes les options d'articulation actualisées du sens… tandis que les constructions théologiques et juridiques qui définissent les islams orthodoxes limitent les expansions humanistes de la pensée». Partant de ce constat, la restauration d'un humanisme islamique passe, selon l'islamologue algérien, par une application à tous les systèmes de pensée et de croyances hérités de trois opérations cognitives : transgresser, déplacer, dépasser. «(…) transgresser les limites de la clôture dogmatique non pas en les effaçant par un geste iconoclaste, mais en les déplaçant (seconde opération) vers les espaces d'intelligibilité ouverts par les révolutions scientifiques depuis les premières interventions de la modernité face à la pensée médiévale dans son ensemble ; dépasser par une troisième opération les stratégies cognitives et interprétatives qui ont assuré jusqu'à nos jours des systèmes juridiques dont les fondements théologiques ou philosophiques sont de plus en plus ébranlés», analyse l'auteur dans le troisième chapitre du livre. Le rôle des intellectuels prend aussi une importante dimension dans la réflexion d'Arkoun. En lui consacrant tout un chapitre, le penseur algérien met, à maintes reprises, en exergue l'incontournable «droit de l'esprit» qui demeure aujourd'hui bafoué par des intellectuels «sur-médiatisés». «L'intellectuel défend les droits de l'esprit en veillant au respect des conditions épistémologiques sociales et politiques d'exercice de la raison critique», souligne-t-il. Il faut dire que sur cette question, Mohammed Arkoun s'est déjà montré très outré par rapport à l'isolement arbitraire de l'intellectuel arabe. «Tous les Arabes se plaignent de ne pas avoir d'intellectuels, il faut se donner le temps de savoir qu'il y en a et qu'il faut les lire. C'est une situation grave. Je suis un chercheur engagé, je parle au monde arabe, comment vais-je l'atteindre ?», a-t-il déclaré à ce propos lors d'une conférence-débat animée, il y a une année, à Paris. Sur un autre plan, Mohammed Arkoun n'hésite pas à dénoncer dans son livre les «Etats-Partis uniques», la dérive de tous les «Etats-Nations et Partis uniques» des Indépendances des années 1950-1960, qui se sont fait prendre au piège des bricolages entre les héritages coloniaux de la raison des lumières et l'hermétisme dogmatique. Cela en définitive est très coûteux en oppressions, injustices durables pour des peuples musulmans... En conclusion, Mohammed Arkoun définit l'attitude humaniste comme une constante interrogation sur ce que l'homme fait de l'homme et de la nature, ce qu'il entreprend pour eux ou s'ingénie à leur infliger. A cet égard, Arkoun nous livre dans ce livre un réquisitoire contre «les gestionnaires du sacré» qui font dans tous les «bricolages ». «Humanisme et Islam» demeure un ouvrage conseillé à tous ceux qui s'élèvent contre «la généralisation de la pensée jetable dans toutes les sociétés contemporaines». Intellectuel d'origine algérienne, né à Taourirt-Mimoun en Grande-Kabylie, professeur émérite à l'Université Paris III, Mohammed Arkoun enseigne l'islamologie appliquée dans diverses universités européennes et américaines. Auteur de plusieurs ouvrages de sociologie religieuse, son dernier livre ‘'Humanisme et Islam'' vient d'être réédité en Algérie chez Barzakh éditions. Fidèle à lui-même, Mohammed Arkoun ne cesse de susciter, avec ces ouvrages savants, de nombreux débats d'une brûlante actualité au sujet des conditions historiques, intellectuelles et culturelles qui ont «conduit à la disparition progressive dans tous les contextes islamiques, de la pensée et de la pratique humanistes depuis le XIIIe siècle». Ainsi, Après mon «Humanisme arabe» publié en 1970, Mohammed Arkoun récidive avec «Humanisme et Islam», sorti en France en 2006, et poursuit sa réflexion en osant un pari risqué : parler d'humanisme en islam en ces temps de violence où «Jihâd et Mcworld sont devenus deux figures d'une confrontation inégale et mondiale». Mais, fort heureusement, pour un penseur et historien de la trempe de Mohammed Arkoun, évoquer l'humanisme en islam s'impose pour, entre autres, tenter une «explication de l'extrémisme religieux dans la complexité de l'histoire de la pensée en situation de perplexité dans le champ de la mondialisation», diront à ce sujet de nombreux critiques. Scindé en plusieurs parties dont d'anciennes conférences réécrites, l'ouvrage «Humanisme et Islam» vise, selon Mohammed Arkoun, à «ouvrir des voies et proposer des outils de pensée qui conduisent à la sortie irréversible des ressassements dogmatiques et des reproductions scolastiques». Néanmoins, si dans la préface l'auteur confie ses déboires avec l'édition au Maghreb, notamment en Algérie où il regrette la mauvaise circulation du livre, il fait part aussi de sa volonté de s'adresser à un public nettement plus large. Dès lors, tout ce qui importe pour Mohammed Arkoun est de démontrer à ses lecteurs que le courant humaniste a bel et bien existé dans le monde musulman du IXe au XIIIe siècle grâce à une ère de liberté et des conditions de vie en communauté de diversités doctrinales permettant l'émergence de l'individu doté d'une raison critique, un courant qui s'est estompé, suite à l'hégémonie de «l'orthodoxie dogmatique». Mohammed Arkoun cite comme exemple une famille iranienne, les Banu Buwayh, qui prend le pouvoir à Baghdad en 945, garde le Khalifat en pure forme, et s'appuie sur des «élites cosmopolites, multiconfessionnelles mais unies dans l'adhésion à l'idéal philosophico-littéraire d'une sagesse éternelle (Al-Hikma Al-Khalida)…» Sur ce chapitre, il précise également que les conditions d'épanouissement d'une attitude humaniste aux IIIe et IVe siècles de l'Hégire (9e et 10e siècles) sont à la fois politiques, économiques, sociales et culturelles. «Or c'est un fait historique que ces conditions ont progressivement cessé d'être remplies à partir du Ve siècle de l'Hégire (10e siècle) du fait de l'hégémonie de l'orthodoxie dogmatique qui a exclu les autres courants qui vivaient en pluralité rivalité auparavant», relève encore l'auteur. Par ailleurs, selon Mohammed Arkoun, l'histoire a montré donc que le texte coranique a laissé «ouvertes les options d'articulation actualisées du sens… tandis que les constructions théologiques et juridiques qui définissent les islams orthodoxes limitent les expansions humanistes de la pensée». Partant de ce constat, la restauration d'un humanisme islamique passe, selon l'islamologue algérien, par une application à tous les systèmes de pensée et de croyances hérités de trois opérations cognitives : transgresser, déplacer, dépasser. «(…) transgresser les limites de la clôture dogmatique non pas en les effaçant par un geste iconoclaste, mais en les déplaçant (seconde opération) vers les espaces d'intelligibilité ouverts par les révolutions scientifiques depuis les premières interventions de la modernité face à la pensée médiévale dans son ensemble ; dépasser par une troisième opération les stratégies cognitives et interprétatives qui ont assuré jusqu'à nos jours des systèmes juridiques dont les fondements théologiques ou philosophiques sont de plus en plus ébranlés», analyse l'auteur dans le troisième chapitre du livre. Le rôle des intellectuels prend aussi une importante dimension dans la réflexion d'Arkoun. En lui consacrant tout un chapitre, le penseur algérien met, à maintes reprises, en exergue l'incontournable «droit de l'esprit» qui demeure aujourd'hui bafoué par des intellectuels «sur-médiatisés». «L'intellectuel défend les droits de l'esprit en veillant au respect des conditions épistémologiques sociales et politiques d'exercice de la raison critique», souligne-t-il. Il faut dire que sur cette question, Mohammed Arkoun s'est déjà montré très outré par rapport à l'isolement arbitraire de l'intellectuel arabe. «Tous les Arabes se plaignent de ne pas avoir d'intellectuels, il faut se donner le temps de savoir qu'il y en a et qu'il faut les lire. C'est une situation grave. Je suis un chercheur engagé, je parle au monde arabe, comment vais-je l'atteindre ?», a-t-il déclaré à ce propos lors d'une conférence-débat animée, il y a une année, à Paris. Sur un autre plan, Mohammed Arkoun n'hésite pas à dénoncer dans son livre les «Etats-Partis uniques», la dérive de tous les «Etats-Nations et Partis uniques» des Indépendances des années 1950-1960, qui se sont fait prendre au piège des bricolages entre les héritages coloniaux de la raison des lumières et l'hermétisme dogmatique. Cela en définitive est très coûteux en oppressions, injustices durables pour des peuples musulmans... En conclusion, Mohammed Arkoun définit l'attitude humaniste comme une constante interrogation sur ce que l'homme fait de l'homme et de la nature, ce qu'il entreprend pour eux ou s'ingénie à leur infliger. A cet égard, Arkoun nous livre dans ce livre un réquisitoire contre «les gestionnaires du sacré» qui font dans tous les «bricolages ». «Humanisme et Islam» demeure un ouvrage conseillé à tous ceux qui s'élèvent contre «la généralisation de la pensée jetable dans toutes les sociétés contemporaines». Intellectuel d'origine algérienne, né à Taourirt-Mimoun en Grande-Kabylie, professeur émérite à l'Université Paris III, Mohammed Arkoun enseigne l'islamologie appliquée dans diverses universités européennes et américaines. Auteur de plusieurs ouvrages de sociologie religieuse, son dernier livre ‘'Humanisme et Islam'' vient d'être réédité en Algérie chez Barzakh éditions.