Une consultation dans un hôpital en Ouzbekistan. Sur les 9 millions de nouveaux cas annuels, 400.000 résistent à de nombreux antibiotiques et certains à tout traitement. Sommes-nous au bord d'une épidémie mondiale de tuberculose dite «ultrarésistante» due à une mycobactérie qui résiste à tous les antituberculeux connus ? L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime aujourd'hui qu'il y aurait 9 millions de nouveaux cas de tuberculose avérés chaque année, et parmi ces cas environ 400.000 sont multirésistants. Autrement dit, le bacille tuberculeux qui les infecte ne peut pas être détruit par les antituberculeux usuels (isoniazide et rifampicine) qui composent le traitement de «première ligne». Pis, les experts de l'OMS sont désormais convaincus que près de 27.000 malades sont victimes chaque année d'une infection par un bacille tuberculeux «ultrarésistant» naturellement invincible par la totalité des antibiotiques antituberculeux connus. Et ce n'est qu'une approximation, car bien des pays africains ne disposent d'aucun moyen de collecter ces statistiques ! Une étude commanditée par l'OMS et diffusée cette semaine vient renforcer cette crainte : une analyse de 90.000 nouveaux cas choisis dans 81 pays et suivis entre 2002 et 2006 confirme, s'il le fallait, toutes les projections des épidémiologistes. Les taux de résistance atteignent des records en Russie, en Asie centrale et en Europe de l'Est : ainsi à Bakou, la capitale d'Azerbaïdjan, 22,3 % des cas recensés sont résistants au traitement standard. En Moldavie, ce sont 19 % des sujets malades qui hébergent un bacille résistant, et dans plusieurs régions d'Ukraine et de Russie les taux dépassent les 15 %. Or, lors de la dernière enquête, en 2000, le record du monde était détenu par le Kazakhstan avec 14 % : il est largement battu aujourd'hui. Il ne faut pas oublier dans ce sinistre palmarès la Mongolie de l'intérieur et la région du Heilongjiang, en Chine, avec des résistances plus faibles (7,5 %) mais bien réelles. Alors qu'un traitement usuel ne dure que six à huit mois pour un bacille sensible, il peut être prolongé à deux ans en cas de résistance. Les coûts s'envolent, selon la revue Science, entre 3 et 100 fois le prix normal. Or, les financements sont insuffisants pour endiguer cette tendance : sur les 4,8 milliards de dollars estimés nécessaires par l'OMS, il manque 2,5 milliards. 27 000 cas ultrarésistants sont présents dans 45 des 81 pays étudiés, et ne représenteraient que la partie émergée d'un iceberg. Gerald Friedland, de l'université de Yale, estime que les deux épidémies de sida et de tuberculose peuvent créer un «orage de feu» en Afrique du Sud. Cette menace était annoncée depuis quelque temps : en août 2006 ( voir encadré ), des chercheurs avaient annoncé la première épidémie de tuberculose ultrarésistante ayant atteint la communauté zouloue de Tugela Ferry, en Afrique du Sud (au Kwazulu-Natal). Elle a touché 217 personnes avec un taux de mortalité de 84 % et, depuis, la souche bactérienne a infecté les neuf provinces sud-africaines. Para ailleurs, des biologistes moléculaires ont repris des milliers d'échantillons congelés de prélèvements de malades plus anciens : les empreintes génétiques montrent que la souche ultrarésistante était présente dès 2001 au Natal et 9 % des cas classés comme résistants étaient en fait déjà résistants à tous les antibiotiques ! Une consultation dans un hôpital en Ouzbekistan. Sur les 9 millions de nouveaux cas annuels, 400.000 résistent à de nombreux antibiotiques et certains à tout traitement. Sommes-nous au bord d'une épidémie mondiale de tuberculose dite «ultrarésistante» due à une mycobactérie qui résiste à tous les antituberculeux connus ? L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime aujourd'hui qu'il y aurait 9 millions de nouveaux cas de tuberculose avérés chaque année, et parmi ces cas environ 400.000 sont multirésistants. Autrement dit, le bacille tuberculeux qui les infecte ne peut pas être détruit par les antituberculeux usuels (isoniazide et rifampicine) qui composent le traitement de «première ligne». Pis, les experts de l'OMS sont désormais convaincus que près de 27.000 malades sont victimes chaque année d'une infection par un bacille tuberculeux «ultrarésistant» naturellement invincible par la totalité des antibiotiques antituberculeux connus. Et ce n'est qu'une approximation, car bien des pays africains ne disposent d'aucun moyen de collecter ces statistiques ! Une étude commanditée par l'OMS et diffusée cette semaine vient renforcer cette crainte : une analyse de 90.000 nouveaux cas choisis dans 81 pays et suivis entre 2002 et 2006 confirme, s'il le fallait, toutes les projections des épidémiologistes. Les taux de résistance atteignent des records en Russie, en Asie centrale et en Europe de l'Est : ainsi à Bakou, la capitale d'Azerbaïdjan, 22,3 % des cas recensés sont résistants au traitement standard. En Moldavie, ce sont 19 % des sujets malades qui hébergent un bacille résistant, et dans plusieurs régions d'Ukraine et de Russie les taux dépassent les 15 %. Or, lors de la dernière enquête, en 2000, le record du monde était détenu par le Kazakhstan avec 14 % : il est largement battu aujourd'hui. Il ne faut pas oublier dans ce sinistre palmarès la Mongolie de l'intérieur et la région du Heilongjiang, en Chine, avec des résistances plus faibles (7,5 %) mais bien réelles. Alors qu'un traitement usuel ne dure que six à huit mois pour un bacille sensible, il peut être prolongé à deux ans en cas de résistance. Les coûts s'envolent, selon la revue Science, entre 3 et 100 fois le prix normal. Or, les financements sont insuffisants pour endiguer cette tendance : sur les 4,8 milliards de dollars estimés nécessaires par l'OMS, il manque 2,5 milliards. 27 000 cas ultrarésistants sont présents dans 45 des 81 pays étudiés, et ne représenteraient que la partie émergée d'un iceberg. Gerald Friedland, de l'université de Yale, estime que les deux épidémies de sida et de tuberculose peuvent créer un «orage de feu» en Afrique du Sud. Cette menace était annoncée depuis quelque temps : en août 2006 ( voir encadré ), des chercheurs avaient annoncé la première épidémie de tuberculose ultrarésistante ayant atteint la communauté zouloue de Tugela Ferry, en Afrique du Sud (au Kwazulu-Natal). Elle a touché 217 personnes avec un taux de mortalité de 84 % et, depuis, la souche bactérienne a infecté les neuf provinces sud-africaines. Para ailleurs, des biologistes moléculaires ont repris des milliers d'échantillons congelés de prélèvements de malades plus anciens : les empreintes génétiques montrent que la souche ultrarésistante était présente dès 2001 au Natal et 9 % des cas classés comme résistants étaient en fait déjà résistants à tous les antibiotiques !