L'Organisation mondiale de la santé s'inquiète de l'émergence de souches ultrarésistantes de tuberculose quasi impossibles à traiter. Des souches mortelles qui poussent l'Organisation à demander aux Etats de renforcer leurs mesures de lutte, surtout en Afrique. Une réunion d'experts a eu lieu, jeudi et vendredi derniers, en Afrique du Sud organisée par le Conseil de la recherche médicale. Pour l'instant, c'est surtout en Asie et dans les anciennes Républiques soviétiques que cette tuberculose très résistante est répandue. Cependant, l'OMS craint qu'elle s'étende en Afrique du Sud, où la tuberculose profite déjà de l'épidémie de VIH/sida pour prospérer. L'apparition de résistances aux antituberculeux est principalement due à un défaut d'observance du traitement par le patient et à une mauvaise qualité des médicaments, soulignent les spécialistes. Depuis longtemps, l'OMS met en garde contre la multiplication des cas de tuberculose à bacilles multirésistants (MR), contre lesquels deux des antibiotiques couramment utilisés sont inefficaces. Au début de l'année 2006, ce sont des bacilles ultrarésistants qui ont été caractérisés. Ils résistent à au moins trois des six classes de médicaments utilisés en seconde intention, lorsque les premiers n'ont pas permis de soigner le malade. Le danger est grand pour les pays où l'épidémie de VIH touche une partie importante de la population, comme en Afrique du Sud, note l'OMS. Les malades immunodéprimés contractent très facilement la tuberculose. Ces derniers mois, un foyer de tuberculose à bacille ultrarésistant a été détecté au Kwazulu-Natal en Afrique du Sud. Sur un total de 544 patients, 53 souffraient d'une tuberculose ultrarésistante et 44 d'entre eux étaient aussi infectés par le VIH. 52 des 53 patients sont décédés en seulement 25 jours. L'OMS lance donc un appel pour que les soins de base de la tuberculose soient renforcés, que la prise en charge des cas résistants soit plus efficace et plus rapide, ce qui implique davantage de moyens pour les laboratoires de dépistage.