La rumeur a joué sur deux tableaux : d'un côté sur la survenue ou non d'un attentat (celui de Bouira), donnant à un non-événement une résonance qu'il n'aurait pas dû avoir, et fournissant un chiffre macabre disproportionné. La rumeur a joué sur deux tableaux : d'un côté sur la survenue ou non d'un attentat (celui de Bouira), donnant à un non-événement une résonance qu'il n'aurait pas dû avoir, et fournissant un chiffre macabre disproportionné. Internet est-il devenu un moyen de désinformation ? Pendant près de deux heures, hier, il était impossible d'avoir la moindre information sur un prétendu attentat qui aurait eu lieu à la gare de Bouira et qui aurait fait au moins 20 morts. La proximité dans le temps de cet attentat avec ceux de Béni Amrane, de Bordj el Kiffan et de Dellys donnait cette impression que le terrorisme en Algérie était passé à une vitesse supérieure et que la situation devenait ingérable. En pareille circonstance, il s'agit à la fois de gérer la lutte contre le terrorisme et l'information ce qui n'est pas une mince affaire. Si la lutte antiterroriste est prise en charge au jour le jour par les services de sécurité, en revanche, l'information sécuritaire doit faire l'objet d'un traitement à part par d'autres institutions, dans une coordination évidente avec les premières. Heureusement qu'un démenti de la radio nationale est venu remettre l'horloge à l'heure, citant des sources officielles et affirmant qu'aucune attaque terroriste n'a été perpétrée dans cette région aujourd'hui (Bouira). Ce fut ensuite au tour d'un communiqué du ministère de la Défense nationale, repris par l'APS, de venir corriger les chiffres parus dans certains médias sur le nombre de morts à Béni Amrane. On peut y lire que le ministère de la Défense nationale dément la mort de 13 personnes dans l'explosion de Boumerdès, écrivant que : « l'information colportée par certains organes d'information faisant état de 13 morts dans l'explosion de deux bombes dimanche dernier au niveau de la gare ferroviaire de Béni Amrane dans la wilaya de Boumerdès. L'attentat a fait deux morts, un ressortissant français et son chauffeur de nationalité algérienne travaillant pour une entreprise française de travaux publics. Le bilan rapporté par certains organes d'information est dénué de tout fondement ». Emotion légitime Donc la rumeur a joué sur deux tableaux, d'un côté sur la survenue ou non d'un attentat (celui de Bouira), donnant à un non événement une résonance qu'il n'aurait pas dû avoir et à un chiffre macabre disproportionné. On est donc en face d'un cas de non-vérification de l'information. En revanche, après l'attentat de mercredi dernier, contre la caserne de la garde républicaine, au Lido, à l'est d'Alger, la presse et de nombreux observateurs s'étaient émus, à juste raison, du silence radio des autorités… Ni communiqué officiel pour condamner cet attentat, présenter des condoléances aux familles et rassurer la population ni source autorisée pour avoir des informations fiables. Pis que cela, aucune cellule de crise n'a été installée pour gérer l'information à donner aux parents des victimes, à l'opinion publique, et par voie de conséquence, aux médias. Ce qui fait que durant tout l'après midi d'hier, il y eut une grande cacophonie sur un attentat « fantôme » qui aurait été commis à la gare de Bouira et qui aurait fait près de 20 victimes toutes aussi « fantômes ». Cela signifie tout simplement que la rumeur avait pris la place de l'information officielle, au point où lorsqu' il y eut un attentat à près de Dellys contre un convoi de l'armée, puis celui de Béni Amrane contre un ingénieur français et son chauffeur, l'inquiétude était à son comble. C'est simple, quand les autorités communiquent, il n'y a plus de bataille de chiffres, mais quand elles s'imposent un silence, on nage dans le brouillard, et c'est la rumeur qui prend le relais. Un silence pesant Ce silence est d'autant plus incompréhensible qu'en comparaison, de l'autre côté de la Méditerranée, les autorités françaises ont immédiatement réagi à la suite de l'attentat de Béni Amrane, dans lequel un ingénieur français, travaillant pour la compte de l'entreprise Razel, avait trouvé la mortπ . Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, avait envoyé un message de condoléances à son homologue algérien tout en assurant le peuple algérien de sa solidarité. Quant au ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, il a condamné l'attentat tout en appelant les Français à continuer à travailler en Algérie. C'est un langage de fermeté qui a pour finalité de donner une orientation aux relations algéro-françaises, en insistant sur le caractère stratégique de cette coopération bilatérale tout en indiquant que le gouvernement français suit la situation de près. Il n'est pas question de plier bagage à la moindre alerte, y compris quand il y a mort d'homme. Là, en l'occurrence, on voit que la société Razel, tout en rapatriant les ressortissants français, garde son chantier en Algérie, et c'est un signe qui ne trompe pas, en comparaison à ce qui s'était passé dans les années 90. Aujourd'hui, il ne fait pas l'ombre d'un doute que l'importance et le volume des échanges entre l'Algérie et la France ne sauraient être troublés par un attentat terroriste, et bien sûr, si cela avait été le cas, on l'aurait interprété comme une victoire des extrémistes sur les gens qui travaillent et qui bâtissent. Face à une telle spirale, réelle ou supposée, de la violence en Algérie, il serait souhaitable que les autorités installent des traditions de transparence, aussi bien pour rassurer la population que pour renforcer la légitimité du pouvoir et de la lutte anti terroriste qui ne saurait souffrir le moindre atermoiement. Internet est-il devenu un moyen de désinformation ? Pendant près de deux heures, hier, il était impossible d'avoir la moindre information sur un prétendu attentat qui aurait eu lieu à la gare de Bouira et qui aurait fait au moins 20 morts. La proximité dans le temps de cet attentat avec ceux de Béni Amrane, de Bordj el Kiffan et de Dellys donnait cette impression que le terrorisme en Algérie était passé à une vitesse supérieure et que la situation devenait ingérable. En pareille circonstance, il s'agit à la fois de gérer la lutte contre le terrorisme et l'information ce qui n'est pas une mince affaire. Si la lutte antiterroriste est prise en charge au jour le jour par les services de sécurité, en revanche, l'information sécuritaire doit faire l'objet d'un traitement à part par d'autres institutions, dans une coordination évidente avec les premières. Heureusement qu'un démenti de la radio nationale est venu remettre l'horloge à l'heure, citant des sources officielles et affirmant qu'aucune attaque terroriste n'a été perpétrée dans cette région aujourd'hui (Bouira). Ce fut ensuite au tour d'un communiqué du ministère de la Défense nationale, repris par l'APS, de venir corriger les chiffres parus dans certains médias sur le nombre de morts à Béni Amrane. On peut y lire que le ministère de la Défense nationale dément la mort de 13 personnes dans l'explosion de Boumerdès, écrivant que : « l'information colportée par certains organes d'information faisant état de 13 morts dans l'explosion de deux bombes dimanche dernier au niveau de la gare ferroviaire de Béni Amrane dans la wilaya de Boumerdès. L'attentat a fait deux morts, un ressortissant français et son chauffeur de nationalité algérienne travaillant pour une entreprise française de travaux publics. Le bilan rapporté par certains organes d'information est dénué de tout fondement ». Emotion légitime Donc la rumeur a joué sur deux tableaux, d'un côté sur la survenue ou non d'un attentat (celui de Bouira), donnant à un non événement une résonance qu'il n'aurait pas dû avoir et à un chiffre macabre disproportionné. On est donc en face d'un cas de non-vérification de l'information. En revanche, après l'attentat de mercredi dernier, contre la caserne de la garde républicaine, au Lido, à l'est d'Alger, la presse et de nombreux observateurs s'étaient émus, à juste raison, du silence radio des autorités… Ni communiqué officiel pour condamner cet attentat, présenter des condoléances aux familles et rassurer la population ni source autorisée pour avoir des informations fiables. Pis que cela, aucune cellule de crise n'a été installée pour gérer l'information à donner aux parents des victimes, à l'opinion publique, et par voie de conséquence, aux médias. Ce qui fait que durant tout l'après midi d'hier, il y eut une grande cacophonie sur un attentat « fantôme » qui aurait été commis à la gare de Bouira et qui aurait fait près de 20 victimes toutes aussi « fantômes ». Cela signifie tout simplement que la rumeur avait pris la place de l'information officielle, au point où lorsqu' il y eut un attentat à près de Dellys contre un convoi de l'armée, puis celui de Béni Amrane contre un ingénieur français et son chauffeur, l'inquiétude était à son comble. C'est simple, quand les autorités communiquent, il n'y a plus de bataille de chiffres, mais quand elles s'imposent un silence, on nage dans le brouillard, et c'est la rumeur qui prend le relais. Un silence pesant Ce silence est d'autant plus incompréhensible qu'en comparaison, de l'autre côté de la Méditerranée, les autorités françaises ont immédiatement réagi à la suite de l'attentat de Béni Amrane, dans lequel un ingénieur français, travaillant pour la compte de l'entreprise Razel, avait trouvé la mortπ . Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, avait envoyé un message de condoléances à son homologue algérien tout en assurant le peuple algérien de sa solidarité. Quant au ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, il a condamné l'attentat tout en appelant les Français à continuer à travailler en Algérie. C'est un langage de fermeté qui a pour finalité de donner une orientation aux relations algéro-françaises, en insistant sur le caractère stratégique de cette coopération bilatérale tout en indiquant que le gouvernement français suit la situation de près. Il n'est pas question de plier bagage à la moindre alerte, y compris quand il y a mort d'homme. Là, en l'occurrence, on voit que la société Razel, tout en rapatriant les ressortissants français, garde son chantier en Algérie, et c'est un signe qui ne trompe pas, en comparaison à ce qui s'était passé dans les années 90. Aujourd'hui, il ne fait pas l'ombre d'un doute que l'importance et le volume des échanges entre l'Algérie et la France ne sauraient être troublés par un attentat terroriste, et bien sûr, si cela avait été le cas, on l'aurait interprété comme une victoire des extrémistes sur les gens qui travaillent et qui bâtissent. Face à une telle spirale, réelle ou supposée, de la violence en Algérie, il serait souhaitable que les autorités installent des traditions de transparence, aussi bien pour rassurer la population que pour renforcer la légitimité du pouvoir et de la lutte anti terroriste qui ne saurait souffrir le moindre atermoiement.