''Cheikh Mohamed El Bachir El Ibrahimi, le précurseur'' est l'intitulé de l'ouvrage paru chez les éditions Alem el Afkar. L'auteur Nour-Eddine Khendoudi a jugé utile de réunir des hommages et témoignages sur l'enfant de Ras el Oued (1889-1905) dont l'Ijtihad n'était pas un vain mot, comme l'écrivait Mohamed Iqbal, sinon ''le principe de mouvement dans lequel s'exprime la puissance créatrice de l'Islam (…)''. ''Cheikh Mohamed El Bachir El Ibrahimi, le précurseur'' est l'intitulé de l'ouvrage paru chez les éditions Alem el Afkar. L'auteur Nour-Eddine Khendoudi a jugé utile de réunir des hommages et témoignages sur l'enfant de Ras el Oued (1889-1905) dont l'Ijtihad n'était pas un vain mot, comme l'écrivait Mohamed Iqbal, sinon ''le principe de mouvement dans lequel s'exprime la puissance créatrice de l'Islam (…)''. L'ouvrage de 150 pages est une compilation de documents sur l'un des pionniers de l'Association des Ulémas, un bâtisseur d'école et formateur d'hommes que certaines personnalités ont consignés pour la postérité. Roger Garaudy avait écrivit, en 1985, que Cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi fut ''le continuateur, pour la rénovation de l'Algérie, de l'œuvre réformatrice entreprise en Egypte par El Djamel eddine El Afghani, Mohamed Abdou et Rachid Réda (…)''. Et de poursuivre plus loin qu'il fut, avec Ibn Badis, ''l'âme d'une véritable révolution culturelle en Algérie, qui rendit possible la libération du peuple algérien. Sa tâche était immense, et il refusait les idées de Zya Gokalp, en Turquie, mises en pratique par Mustapha Kemal, qui, confondant modernisation avec occidentalisation, faisaient perdre à l'Islam son âme par une imitation mécanique de l'Occident et le conservatisme aveugle de ceux qui, entrant dans l'avenir à reculons, ne lisaient le Coran qu'avec les yeux des morts''. L'œuvre gigantesque qu'il mit en oeuvre avec Ibn Badis, El Mili, Al Khalifa, El Okbi, etc, était axé sur l'éducation, à la fois ''contre l'école dépersonnalisante de l'occupant colonialiste qui tentait de déraciner l'enfant algérien de sa culture''. A travers un programme qui reposait sur le renouveau de la pensée musulmane, il avait tissé un maillage de conférences avec ses pairs du mouvement islahiste visant à ''lutter contre l'aspect social, le charlatanisme qui prévalait à l'époque. Son souci majeur était de combattre les séquelles de la décadence toujours présente dans la mémoire de la nation en mobilisant son énergie contre l'obscurantisme maraboutique, si opposé, par ses superstitions et ses intercessions, à l'esprit de l'Islam (et choyé pour cette raison par l'administration coloniale) et dénonçant l'enseignement périmé de l'Islam qui momifiait la société et la stérilisait par la simple répétition du passé''. La problématique, donc, relevait à juste titre, Roger Garaudy était de libérer le colonisé de ce carcan qui se résume dans ''le double piège''. Il ne s'agit nullement donc, de ''confiner le mode de vie qu'est la Shariah dans la répétition figée des règles qui ont magnifiquement régi la vie communautaire islamique, il y a un millénaire, mais au contraire l'effort créateur pour modeler les sociétés d'aujourd'hui, dans des conditions historiques radicalement nouvelles qui exigent des initiatives et des méthodes nouvelles, selon le message éternel de l'Islam'', explique Roger Garaudy. L'occupant ne se trompait pas sur l'importance de travail en profondeur : dès le mois de mars 1940, cheikh El Ibrahimi était exilé en résidence surveillée pendant trois longues années. L'immense mérite des [islahistes] fut de remonter, au-delà des spéculations théologiques, des gloses et des arguties juridiques accumulées au long des siècles, jusqu'à la source vivante : la Révélation coranique, et l'exemple du prophète, et de procéder comme l'avaient fait les grands jurisconsultes qui avaient travaillé à atteindre, dans des conditions historiques nouvelles, les objectifs éternels que nous assigne la parole divine, commente l'islamologue R. Garaudy. Bachir El Ibrahimi qui occupa une chaire dans un des plus grands lycées à Damas à la fin des années dix du XXe siècle, exerça une influence sur le mouvement scientifique et littéraire qui prévalait en Syrie. Il était ''un grand homme de lettres, comme en témoigne son œuvre poétique qui ne comporte pas mois de 36.000 vers'', écrit Boualem Bessaih. Les hommes de lettres du Moyen Orient, fortement impressionnés par son style, sa rhétorique et sa rigueur morale, l'ont surnommé l'Océan en hommage à ses facultés inépuisables. Selon un de ses élèves à Damas, Jamil Salaba, [Bachir el Ibrahimi ]''recourrait pour nous faire comprendre à une explication précise et parfaite les œuvres littéraires d'El Mûtanabbi, El Bûhtourri et Abou Temam. Son analyse littéraire était d'une rare beauté de style. Il a réussit à enraciner en nous l'amour e la langue arabe et sa littérature''. L'initiateur du mouvement réformiste était un artisan de l'esprit collectif et un défenseur des valeurs de l'Islam. Ses vastes connaissances, la diversité de sa culture et son authenticité était comparables à une lame à double tranchant : en écrivant, il innovait ; en dialoguant, il persuadait ; en discourant, il soulevait la fougue des citoyens contre le colonialisme. ''On ne saurait en quelques mots, caractériser la pensée d'un tel homme (Bachir El Ibrahimi). Seules une étude patiente et une interprétation minutieuse peuvent faire saisir de quelle manière un homme acculé aux limites de l'être y retrouve, par sa foi en tant que musulman, la possibilité d'une nouvelle forme de lutte, nourrie de l'expérience de la souffrance d'un peuple opprimé'', notait Mohamed Badri. Malek Haddad écrivait à son sujet : ''Les historiens de demain qui se pencheront sur la personnalité, sur l'œuvre et sur l'entreprise de Cheikh El Bachir el Ibrahimi, seront fascinés par la densité et la multiplicité d'une pensée qui sut transcender son obsession nationale et nationaliste pour imaginer et projeter dans l'avenir une Algérie réhabilitée dans sa culture et raccordée d'avec la civilisation des temps modernes''. Dans le domaine de la religion, il s'intéressa à l'essentiel et au fond en s'attelant à la consolidation de la foi et à la lutte contre les dérives et l'hérésie. Il fustigea le gaspillage que représente le sacrifice du mouton accompli durant le pèlerinage à Mena au lieu de destiner cette viande aux musulmans nécessiteux à travers les différentes régions de la nation. C'est le cas aujourd'hui puisque la viande est collectée puis distribuée à ceux qui en ont besoin. Comment Bachir El Ibrahimi perçoit-il la position des intellectuels en Algérie ? Avons-nous des intellectuels ? s'interroge le Cheikh qui ne vise ni la quantité ni la qualité de cete ‘'matière grise'' sinon, écrit-il que ''le plus grand fléau qui mine notre culture est que nous avons deux cultures différentes qui ne cessent de tirailler cette nation. Il y a ceux qui embrassent la culture islamique et [qui se complaisent] dans l'ignorance totale des situations du siècle et de ses exigences (…). Le défaut des partisans de la culture européenne est l'ignorance la plus totale des vérités de l'Islam, de sa morale, de sa bienséance, de son histoire qui est son phare lumineux, ainsi que sa langue qui en est l'interprète fidèle (…). Là-dessus, la vérité, poursuit-il, vire complètement : les intellectuels deviennent un mal pour la nation, alors qu'ils devraient être son remède. Nous n'avons d'autre alternative que de rassembler les deux cultures dans un même moule.'' F. B. H. L'ouvrage de 150 pages est une compilation de documents sur l'un des pionniers de l'Association des Ulémas, un bâtisseur d'école et formateur d'hommes que certaines personnalités ont consignés pour la postérité. Roger Garaudy avait écrivit, en 1985, que Cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi fut ''le continuateur, pour la rénovation de l'Algérie, de l'œuvre réformatrice entreprise en Egypte par El Djamel eddine El Afghani, Mohamed Abdou et Rachid Réda (…)''. Et de poursuivre plus loin qu'il fut, avec Ibn Badis, ''l'âme d'une véritable révolution culturelle en Algérie, qui rendit possible la libération du peuple algérien. Sa tâche était immense, et il refusait les idées de Zya Gokalp, en Turquie, mises en pratique par Mustapha Kemal, qui, confondant modernisation avec occidentalisation, faisaient perdre à l'Islam son âme par une imitation mécanique de l'Occident et le conservatisme aveugle de ceux qui, entrant dans l'avenir à reculons, ne lisaient le Coran qu'avec les yeux des morts''. L'œuvre gigantesque qu'il mit en oeuvre avec Ibn Badis, El Mili, Al Khalifa, El Okbi, etc, était axé sur l'éducation, à la fois ''contre l'école dépersonnalisante de l'occupant colonialiste qui tentait de déraciner l'enfant algérien de sa culture''. A travers un programme qui reposait sur le renouveau de la pensée musulmane, il avait tissé un maillage de conférences avec ses pairs du mouvement islahiste visant à ''lutter contre l'aspect social, le charlatanisme qui prévalait à l'époque. Son souci majeur était de combattre les séquelles de la décadence toujours présente dans la mémoire de la nation en mobilisant son énergie contre l'obscurantisme maraboutique, si opposé, par ses superstitions et ses intercessions, à l'esprit de l'Islam (et choyé pour cette raison par l'administration coloniale) et dénonçant l'enseignement périmé de l'Islam qui momifiait la société et la stérilisait par la simple répétition du passé''. La problématique, donc, relevait à juste titre, Roger Garaudy était de libérer le colonisé de ce carcan qui se résume dans ''le double piège''. Il ne s'agit nullement donc, de ''confiner le mode de vie qu'est la Shariah dans la répétition figée des règles qui ont magnifiquement régi la vie communautaire islamique, il y a un millénaire, mais au contraire l'effort créateur pour modeler les sociétés d'aujourd'hui, dans des conditions historiques radicalement nouvelles qui exigent des initiatives et des méthodes nouvelles, selon le message éternel de l'Islam'', explique Roger Garaudy. L'occupant ne se trompait pas sur l'importance de travail en profondeur : dès le mois de mars 1940, cheikh El Ibrahimi était exilé en résidence surveillée pendant trois longues années. L'immense mérite des [islahistes] fut de remonter, au-delà des spéculations théologiques, des gloses et des arguties juridiques accumulées au long des siècles, jusqu'à la source vivante : la Révélation coranique, et l'exemple du prophète, et de procéder comme l'avaient fait les grands jurisconsultes qui avaient travaillé à atteindre, dans des conditions historiques nouvelles, les objectifs éternels que nous assigne la parole divine, commente l'islamologue R. Garaudy. Bachir El Ibrahimi qui occupa une chaire dans un des plus grands lycées à Damas à la fin des années dix du XXe siècle, exerça une influence sur le mouvement scientifique et littéraire qui prévalait en Syrie. Il était ''un grand homme de lettres, comme en témoigne son œuvre poétique qui ne comporte pas mois de 36.000 vers'', écrit Boualem Bessaih. Les hommes de lettres du Moyen Orient, fortement impressionnés par son style, sa rhétorique et sa rigueur morale, l'ont surnommé l'Océan en hommage à ses facultés inépuisables. Selon un de ses élèves à Damas, Jamil Salaba, [Bachir el Ibrahimi ]''recourrait pour nous faire comprendre à une explication précise et parfaite les œuvres littéraires d'El Mûtanabbi, El Bûhtourri et Abou Temam. Son analyse littéraire était d'une rare beauté de style. Il a réussit à enraciner en nous l'amour e la langue arabe et sa littérature''. L'initiateur du mouvement réformiste était un artisan de l'esprit collectif et un défenseur des valeurs de l'Islam. Ses vastes connaissances, la diversité de sa culture et son authenticité était comparables à une lame à double tranchant : en écrivant, il innovait ; en dialoguant, il persuadait ; en discourant, il soulevait la fougue des citoyens contre le colonialisme. ''On ne saurait en quelques mots, caractériser la pensée d'un tel homme (Bachir El Ibrahimi). Seules une étude patiente et une interprétation minutieuse peuvent faire saisir de quelle manière un homme acculé aux limites de l'être y retrouve, par sa foi en tant que musulman, la possibilité d'une nouvelle forme de lutte, nourrie de l'expérience de la souffrance d'un peuple opprimé'', notait Mohamed Badri. Malek Haddad écrivait à son sujet : ''Les historiens de demain qui se pencheront sur la personnalité, sur l'œuvre et sur l'entreprise de Cheikh El Bachir el Ibrahimi, seront fascinés par la densité et la multiplicité d'une pensée qui sut transcender son obsession nationale et nationaliste pour imaginer et projeter dans l'avenir une Algérie réhabilitée dans sa culture et raccordée d'avec la civilisation des temps modernes''. Dans le domaine de la religion, il s'intéressa à l'essentiel et au fond en s'attelant à la consolidation de la foi et à la lutte contre les dérives et l'hérésie. Il fustigea le gaspillage que représente le sacrifice du mouton accompli durant le pèlerinage à Mena au lieu de destiner cette viande aux musulmans nécessiteux à travers les différentes régions de la nation. C'est le cas aujourd'hui puisque la viande est collectée puis distribuée à ceux qui en ont besoin. Comment Bachir El Ibrahimi perçoit-il la position des intellectuels en Algérie ? Avons-nous des intellectuels ? s'interroge le Cheikh qui ne vise ni la quantité ni la qualité de cete ‘'matière grise'' sinon, écrit-il que ''le plus grand fléau qui mine notre culture est que nous avons deux cultures différentes qui ne cessent de tirailler cette nation. Il y a ceux qui embrassent la culture islamique et [qui se complaisent] dans l'ignorance totale des situations du siècle et de ses exigences (…). Le défaut des partisans de la culture européenne est l'ignorance la plus totale des vérités de l'Islam, de sa morale, de sa bienséance, de son histoire qui est son phare lumineux, ainsi que sa langue qui en est l'interprète fidèle (…). Là-dessus, la vérité, poursuit-il, vire complètement : les intellectuels deviennent un mal pour la nation, alors qu'ils devraient être son remède. Nous n'avons d'autre alternative que de rassembler les deux cultures dans un même moule.'' F. B. H.