Estimant que l'ouverture d'une représentation de l'Agence algérienne de promotion des exportations (Algex) est susceptible de jouer un rôle déterminant dans la stratégie nationale d'exportation des produits agricoles frais, Mohamed Bennini, directeur général de l'Algex, soutient que la création des zones de libre-échange peut stimuler les échanges commerciaux. Selon lui, la participation des opérateurs économiques algériens aux salons et foires internationaux, tels que les Salons de l'agriculture de Londres (janvier 2009) et de Berlin (février 2009) pour lesquels quatre entreprises ont déjà manifesté leur volonté de prendre part, pourrait avoir un effet positif dans le transfert du label algérien à l' étranger. Midi Libre : Quel historique faites-vous des exportations algériennes hors hydrocarbures en 2008 ? Mohamed Benini : Le peu de traditions que nous avons acquises durant les années 70 et 80 avec le secteur public, dans notamment le domaine agricole, sont pratiquement perdues. Et ce, pour de nombreuses raisons. Faut-il souligner que nous avons connu une économie fermée. Or aujourd'hui, nous sommes dans une économie ouverte. La production nationale était destinée au marché local, alors que ce dernier est ouvert. Souvent, pas toujours, le consommateur algérien cherche des produits de qualité et de standard internationaux. Or ces normes ne sont pas encore offertes par la production nationale pour une série de raisons. La production nationale a régressé dans divers domaines, notamment le secteur public pour défaut d'industrialisation. Les entreprises publiques sont en une phase de restructuration assez longue. Ce qui fait qu'il y a peu de produits qui sont offerts par le secteur public par rapport aux années 80. Le secteur privé n'offre pas suffisamment de produits, mis à part peut-être le domaine de l'agroalimentaire. Il y a de ce fait peu de produits manufacturés. L'ouverture trop précipitée de l'économie nationale n'a probablement pas permis à l'entreprise algérienne de se mettre à niveau. Le processus de mise à niveau n'est pas encore au jour d'aujourd'hui suffisamment convaincant. Nous n'avons pas vu une entreprise algérienne à la hauteur de la concurrence internationale, c'est-à-dire qui tienne tête dans le marché national et envahisse le marché extérieur. Maintenant, il y a un autre volet ; c'est celui de l'accompagnement des exportateurs dans le sens de l'encouragement. Ce n'est peut-être pas suffisant. En dehors des questions d'investissement, d'industrialisation et de mise à niveau qui sont indispensables pour augmenter le volume des exportations, il y a aussi la culture de l'exportation et les mécanismes de soutien de l'Etat. Comment s'effectue la professionnalisation du métier d'exportateur ? Nous sommes en apprentissage aujourd'hui. Notre agence de promotion des exportations créée en 2004, n'a pas pour le moment donné de résultats pour un certain nombre de raisons, parmi lesquelles notamment son statut et l'évolution du prix du baril de pétrole qui avait atteint le niveau que vous connaissez. Ce qui fait peut-être que ce n'est pas une urgence pour tout le monde. Que faire pour aider les entreprises algériennes travaillant dans le secteur agricole qui rencontrent des difficultés pour exporter ? Nous avons un fort potentiel de produits agricoles. Nous avons même en une tradition d'exportation de produits agricoles durant les années 70. Nous avions un label qui s'est perdu au fil du temps. C'est un peu également lié à la crise de la sphère agricole. Vous n'ignorez pas que nous sommes passés par des situations de pénuries dans le domaine agricole. Nous avons repris peut-être sur l'aspect volume, mais pas sur la qualité, la conservation, les chambres froides et l'emballage des produits ainsi que le packaging. Il y a aussi la contrainte de la gestion des marchés de gros. Quel est le bilan des exportations agricoles à la fin de l'année 2008 ? Si l'on s'en tient aux chiffres, nous allons bientôt atteindre les deux milliards de dollars annoncés. Mais ce chiffre est assez trompeur. Car il est le résultat de gonflement, dû à la baisse du taux du dollar ; alors que nous exportons essentiellement en hors hydrocarbures vers la zone euro. Les produits agricoles sont stagnants. Nous tournons autour de 25 à 35 millions de dollars pour les produits agricoles frais. Il faut comptabiliser 20 millions de dollars pour l'exportation des dattes. Que manque t-il au monde agricole en Algérie ? Même le qualificatif de bio est discutable. Nous avons des produits naturels. Un produit naturel est plus facile à certifier bio. Mais il faut faire l'effort même s'il est coûteux. La certification bio coûte certes cher. Mais le processus doit se mettre en place, de sorte que le producteur algérien puisse faire l'économie des charges. Ce qui manque au monde agricole c'est surtout le système de coopératives et de mutualités pour faire justement l'économie des charges communes. Il s'agit en outre de faire en sorte que les différents dispositifs de soutien de l'Etat soient plus efficaces. C'est d'ailleurs l'une des missions de la fondation Filaha Innove, dans le sens de l'organisation de la sphère agricole. C'est ainsi que nous serons plus aptes à exporter des produits de qualité et en grand volume. La mévente, le désintérêt et la chute des prix posent de vrais problèmes de stockage, de chambres froides ; mais qui peuvent être réglés, pour peu que nous soyons mieux organisés. Mais cela n'est pas forcément le rôle de notre agence. D'autres organisations et institutions, surtout celles qui activent sur le terrain, doivent s'impliquer. Comment se réalise le développement des comptoirs commerciaux algériens installés à l'étranger ? Il faut se réflérer au contexte de la période où ces comptoirs ont été lancés. L'agence ne met pas en place des comptoirs. C'est plutôt le rôle des acteurs économiques. Mais elle encourage et organise la discipline, dans ce sens, les acteurs du secteur privé et public sont concernés. L'agence souhaite s'installer à l'étranger. C'est une démarche indispensable quand on veut se positionner sur le marché extérieur. Simplement, les dispositions juridiques en vigueur ne sont pas suffisamment claires et souples. C'est notre rôle de les vulgariser et de les expliquer en demandant leur assouplissement. Le rôle économique de nos représentations diplomatiques à l'étranger est-il efficace ? Nous sommes en phase d'apprentissage. L'Agence de promotion des exportations n'est pas elle-même installée à l'étranger. Il s'agit d'une dynamique d'accompagnement des exportateurs que nous allons tous mettre en place. L'ouverture de la zone de libre- échange avec la Tunisie et l'association européenne de libre-échange (AELE) en 2009 est-elle en vigueur ? Cette ouverture coïncide avec la mise en œuvre effective de la zone de libre- échange entre l'Algérie et la Tunisie, ainsi que les Etats arabes, au nombre de 21. L'entrée en vigueur de ces accords est prévue en février prochain. La libre circulation des marchandises préconise des allègements fiscaux et des droits de douane. A. A. Estimant que l'ouverture d'une représentation de l'Agence algérienne de promotion des exportations (Algex) est susceptible de jouer un rôle déterminant dans la stratégie nationale d'exportation des produits agricoles frais, Mohamed Bennini, directeur général de l'Algex, soutient que la création des zones de libre-échange peut stimuler les échanges commerciaux. Selon lui, la participation des opérateurs économiques algériens aux salons et foires internationaux, tels que les Salons de l'agriculture de Londres (janvier 2009) et de Berlin (février 2009) pour lesquels quatre entreprises ont déjà manifesté leur volonté de prendre part, pourrait avoir un effet positif dans le transfert du label algérien à l' étranger. Midi Libre : Quel historique faites-vous des exportations algériennes hors hydrocarbures en 2008 ? Mohamed Benini : Le peu de traditions que nous avons acquises durant les années 70 et 80 avec le secteur public, dans notamment le domaine agricole, sont pratiquement perdues. Et ce, pour de nombreuses raisons. Faut-il souligner que nous avons connu une économie fermée. Or aujourd'hui, nous sommes dans une économie ouverte. La production nationale était destinée au marché local, alors que ce dernier est ouvert. Souvent, pas toujours, le consommateur algérien cherche des produits de qualité et de standard internationaux. Or ces normes ne sont pas encore offertes par la production nationale pour une série de raisons. La production nationale a régressé dans divers domaines, notamment le secteur public pour défaut d'industrialisation. Les entreprises publiques sont en une phase de restructuration assez longue. Ce qui fait qu'il y a peu de produits qui sont offerts par le secteur public par rapport aux années 80. Le secteur privé n'offre pas suffisamment de produits, mis à part peut-être le domaine de l'agroalimentaire. Il y a de ce fait peu de produits manufacturés. L'ouverture trop précipitée de l'économie nationale n'a probablement pas permis à l'entreprise algérienne de se mettre à niveau. Le processus de mise à niveau n'est pas encore au jour d'aujourd'hui suffisamment convaincant. Nous n'avons pas vu une entreprise algérienne à la hauteur de la concurrence internationale, c'est-à-dire qui tienne tête dans le marché national et envahisse le marché extérieur. Maintenant, il y a un autre volet ; c'est celui de l'accompagnement des exportateurs dans le sens de l'encouragement. Ce n'est peut-être pas suffisant. En dehors des questions d'investissement, d'industrialisation et de mise à niveau qui sont indispensables pour augmenter le volume des exportations, il y a aussi la culture de l'exportation et les mécanismes de soutien de l'Etat. Comment s'effectue la professionnalisation du métier d'exportateur ? Nous sommes en apprentissage aujourd'hui. Notre agence de promotion des exportations créée en 2004, n'a pas pour le moment donné de résultats pour un certain nombre de raisons, parmi lesquelles notamment son statut et l'évolution du prix du baril de pétrole qui avait atteint le niveau que vous connaissez. Ce qui fait peut-être que ce n'est pas une urgence pour tout le monde. Que faire pour aider les entreprises algériennes travaillant dans le secteur agricole qui rencontrent des difficultés pour exporter ? Nous avons un fort potentiel de produits agricoles. Nous avons même en une tradition d'exportation de produits agricoles durant les années 70. Nous avions un label qui s'est perdu au fil du temps. C'est un peu également lié à la crise de la sphère agricole. Vous n'ignorez pas que nous sommes passés par des situations de pénuries dans le domaine agricole. Nous avons repris peut-être sur l'aspect volume, mais pas sur la qualité, la conservation, les chambres froides et l'emballage des produits ainsi que le packaging. Il y a aussi la contrainte de la gestion des marchés de gros. Quel est le bilan des exportations agricoles à la fin de l'année 2008 ? Si l'on s'en tient aux chiffres, nous allons bientôt atteindre les deux milliards de dollars annoncés. Mais ce chiffre est assez trompeur. Car il est le résultat de gonflement, dû à la baisse du taux du dollar ; alors que nous exportons essentiellement en hors hydrocarbures vers la zone euro. Les produits agricoles sont stagnants. Nous tournons autour de 25 à 35 millions de dollars pour les produits agricoles frais. Il faut comptabiliser 20 millions de dollars pour l'exportation des dattes. Que manque t-il au monde agricole en Algérie ? Même le qualificatif de bio est discutable. Nous avons des produits naturels. Un produit naturel est plus facile à certifier bio. Mais il faut faire l'effort même s'il est coûteux. La certification bio coûte certes cher. Mais le processus doit se mettre en place, de sorte que le producteur algérien puisse faire l'économie des charges. Ce qui manque au monde agricole c'est surtout le système de coopératives et de mutualités pour faire justement l'économie des charges communes. Il s'agit en outre de faire en sorte que les différents dispositifs de soutien de l'Etat soient plus efficaces. C'est d'ailleurs l'une des missions de la fondation Filaha Innove, dans le sens de l'organisation de la sphère agricole. C'est ainsi que nous serons plus aptes à exporter des produits de qualité et en grand volume. La mévente, le désintérêt et la chute des prix posent de vrais problèmes de stockage, de chambres froides ; mais qui peuvent être réglés, pour peu que nous soyons mieux organisés. Mais cela n'est pas forcément le rôle de notre agence. D'autres organisations et institutions, surtout celles qui activent sur le terrain, doivent s'impliquer. Comment se réalise le développement des comptoirs commerciaux algériens installés à l'étranger ? Il faut se réflérer au contexte de la période où ces comptoirs ont été lancés. L'agence ne met pas en place des comptoirs. C'est plutôt le rôle des acteurs économiques. Mais elle encourage et organise la discipline, dans ce sens, les acteurs du secteur privé et public sont concernés. L'agence souhaite s'installer à l'étranger. C'est une démarche indispensable quand on veut se positionner sur le marché extérieur. Simplement, les dispositions juridiques en vigueur ne sont pas suffisamment claires et souples. C'est notre rôle de les vulgariser et de les expliquer en demandant leur assouplissement. Le rôle économique de nos représentations diplomatiques à l'étranger est-il efficace ? Nous sommes en phase d'apprentissage. L'Agence de promotion des exportations n'est pas elle-même installée à l'étranger. Il s'agit d'une dynamique d'accompagnement des exportateurs que nous allons tous mettre en place. L'ouverture de la zone de libre- échange avec la Tunisie et l'association européenne de libre-échange (AELE) en 2009 est-elle en vigueur ? Cette ouverture coïncide avec la mise en œuvre effective de la zone de libre- échange entre l'Algérie et la Tunisie, ainsi que les Etats arabes, au nombre de 21. L'entrée en vigueur de ces accords est prévue en février prochain. La libre circulation des marchandises préconise des allègements fiscaux et des droits de douane. A. A.