Appel n Des professionnels de l'agriculture ont plaidé, hier, en faveur d'une politique de prise en charge «résolue et urgente» des exportations agricoles au moment où la production nationale est excédentaire d'au moins 20%. Lors d'une table ronde sur les exportations agricoles au Forum d'El-Moudjahid, ces experts étaient unanimes à constater un «retard énorme» dans ce domaine. L'Algérie n'a exporté que pour 25 millions de dollars de produits agricoles frais en 2005. «C'est un chiffre dérisoire», a-t-on noté. Mais elle importe, chaque année, quelque 3,5 milliards de dollars de produits alimentaires. «C'est un problème sérieux, pour ne pas dire gravissime», a estimé le directeur général de l'Agence algérienne des exportations (Algex), Mohamed Bennini. A son avis, arriver à enregistrer une surproduction pour l'exportation relève de l'«inextricable» pour beaucoup de produits. En parallèle, il y a beaucoup de contraintes en matière de conditionnement ainsi que de respect de la chaîne du froid. M. Bennini a relevé également l'absence de professionnalisme dans l'agriculture alors que la population agricole vieillit à vive allure. «Nous risquons de connaître un reflux sur les produits agricoles», a-t-il averti. Quant au président de la Chambre nationale de l'Agriculture, Ould Hocine Moh Chérif, il considère que les contraintes aux exportations agricoles sont attribuables, en premier lieu, au fait que la politique agricole ait été limitée à la satisfaction des besoins du marché local. Le Plan national de développement rural (Pndr), qui a démarré réellement en 2000, s'est focalisé surtout sur la satisfaction de la demande locale et la création d'emplois, a-t-il observé. Par ailleurs, a ajouté ce responsable, les professionnels du marché «n'ont pas de connaissance des exigences des marchés étrangers». Contrainte à laquelle viennent se greffer, selon lui, le manque de coordination entre les institutions en charge de ce secteur ainsi que l'absence d'infrastructures, notamment au niveau des ports et aéroports. Le responsable de la CNA a alors proposé la création d'une bourse agricole en vue de réglementer le marché. Le président de la toute nouvelle Association nationale des exportateurs en fruits et légumes (Anefl), Mohamed Semghouni, a relevé, pour sa part, le problème de communication qui empêche la promotion des exportations agricoles. Pour lui, «il manque un maillon entre le ministère de l'Agriculture et celui en charge du Commerce». Ces deux institutions ont un «grand rôle à jouer pour mettre à niveau la commercialisation des produits agricoles», a-t-il dit, soulignant que son association, nouvellement créée, a pour objectif d'aider précisément les exportateurs à se mettre au bon niveau.