Le Sud fascine plus d'un, son étendue de sable à perte de vue et son silence nous émerveillent et nous font froid dans le dos, tant les risques sont grands. Le Sud fascine plus d'un, son étendue de sable à perte de vue et son silence nous émerveillent et nous font froid dans le dos, tant les risques sont grands. A 60 km avant d'arriver à Timiaouin, non loin d'un lit d'oued, des familles targuies ont choisi de dresser leurs campements. Généralement, les Touaregs élisent leurs campements autour des points d'eau. Cette source de vie conditionne leur séjour dans un lieu donné. Elle est vitale et pour les Hommes et pour les animaux. Le lit d'oued est verdâtre. L'Afarak, une plante servant d'aliment pour le bétail, pousse facilement dans cette région. Il y a du pâturage pour les bêtes et le point d'eau ne doit pas être loin. Les distances sont toutes relatives pour les hommes Bleus de ces contrées. Une petite halte pour un brin de discussion avec ces familles. Il y avait quatre tentes implantées tout autour des arbres. Des tentes faites d'objets hétéroclites rassemblés les uns aux autres pour élever une tente. Nous stoppons en retrait des tentes, le temps pour un de nos accompagnateurs, targui, de prendre langue avec un membre de ces foyers. Les palabres n'ont duré que quelques minutes et voilà, un adolescent qui s'avance pour nous offrir du lait de chamelle dans un récipient en inox. C'est une manière de nous souhaiter la bienvenue et de nous exprimer l'hospitalité. Chacun de nous a pris une gorgée. Le liquide blanc était assez corsé et acide, plus relevé que le lait en sachet. Il n'y avait sur place que des femmes et des enfants. Les hommes ont amené les troupeaux en pâturage. Une jeune femme qui dit se nommer Laramiat Ben Sidi Mohamed s'accroupit à même le sable et se dit désolée de n'avoir rien à nous offrir à part le lait et de pouvoir nous inviter sous la tente. Les enfants, pieds nus et légèrement vêtus, nous regardaient avec étonnement. Nous faisons l'objet de curiosité. La jeune femme ne sait plus par où commencer son récit. Elle est encouragée par un de nos accompagnateurs un targui, à nous relater les dures conditions de vie qui sont les leurs. « Vous voyez vous-même », dit-elle désabusée. Elle nous révèle qu'ils sont là depuis deux mois et que les siens ont souffert du froid. Les conséquences sont surtout visibles sur les enfants. Ils affichent des nez qui coulent. « Les chérubins ont raté le passage du médecin », avoue-t-elle, expliquant qu'elle utilise des plantes et des dérivés de lait pour soigner les malades. Ahowagh pour les os et Tisghiret, genre de beurre, pour cicatriser les plaies. « En cas de complication, les malades sont portés à dos de chameau jusqu'au centre de santé de Timiaouin (60 km) », assure-t-elle. Des conditions de vies rudes Il est vrai que les règles élémentaires d'hygiène ne sont pas respectées. Et pour cause, l'eau est utilisée avec parcimonie. Elle est stockée dans tous les objets qui peuvent la contenir. Une vielle chambre à air, nouée aux deux extrémités, est accrochée sur une branche d'un arbre. Elle sert de réservoir pour ce précieux liquide. Dans ces contrées, rien ne se perd, tout est transformé. Laramiat se lève et ramasse la bouse des chameaux. Elle jette quelques bouts dans un feu qui commençait à s'éteindre. Elle se défend de toucher aux arbres qui ornent les environs. La protection de l'environnement n'est pas un vain mot. Ces familles sont sensibilisées depuis des millénaires sur la nécessité de protéger la nature qui le leur rend si bien. « Les arbres servent à nous protéger du vent et ils nous donnent de l'ombre », explique-t-elle. La jeune femme nous fait savoir qu'elle a plus d'un tour dans son sac. Elle se fait un court instant diseuse de bonne aventure. Elle dessine, avec son doigt, un carré sur le sable, inscrit des symboles en langue targuie à l'intérieur et s'installe en méditation. Elle attend que l'un de nous se porte volontaire pour connaître son avenir. Ne voyant rien venir, elle renonce et demande aux photographes de les prendre, elle et les siens, en photos. Des instantanés qu'elle n'aura peut-être jamais entre les mains. Une consolation tout de même. Ces sympathiques personnages ont eu à loisir de contempler les photos sur les appareils numériques. Notre visite a été vivement appréciée par Lamariat et les siens qui regrettent que nous ne puissions prolonger notre séjour. Le long de notre trajet, nous rencontrons d'autres campements. Sans doute, ils nous auraient racontés les mêmes problèmes que ceux que vivent les Sidi Ben Mohamed. Nous repartîmes sur Timiaouin que nous atteindrons vers midi et demi. Nous sommes dirigés vers la maison des hôtes. Un grand évènement se prépare dans cette localité de 7.055 habitants, située à 2.400 km d'Alger. Les autorités communales s'efforcent de préparer la fête du chameau qui aura lieu le lendemain. Une première pour cette contrée perdue dans l'immensité du désert. Le slogan retenu : Le chameau, culture ancestrale, un legs pour les générations. Tout un programme. L'élevage des chameaux et l'artisanat sont les principales ressources des gens de Timiaouin. Le soir nous profitons de l'occasion pour visiter les lieux de la manifestation, sur l'oued Ihbab, à deux kilomètres de la ville. Entourées de collines de pierres, une dizaine de kheïmas se dressent en face de ces collines. Des kheïmas, dont certaines sont imposantes, reflètent la simplicité et l'authenticité de la vie dans le désert. Des costumes targuis et divers objets en cuir ou en laine, concoctés selon les traditions de la région sont bien mis en évidence. La femme targuie qui représente les sacrifices, les combats, ou encore la beauté de la femme du Hoggar ou du Tassili en général, est omniprésente dans ces lieux. Ce sont elles qui nous accueillent à l'entrée de la kheïma de l'Association Imanoukel présidée par Fatma Lansari. En guise de bienvenue, elle nous lance un joyeux « marhaba », suivi d'un « maïden » (ça va). Le cérémonial du thé Elle nous invite à prendre le thé en nous priant de nous mettre à l'aise sur des matelas à l'intérieur de la tente. Cette association est composée de 35 personnes dont 25 femmes. Tout en préparant le thé, selon le cérémonial des gens du Sud, Fatma, enveloppée de la tête aux pieds par un Boukar (morceau de tissu bleu nila), nous explique le travail de son association. Cette kheïma, dit-elle, est réalisée à la main à base de peau de chèvre, de brebis et de veau. Un travail minutieux, long et harrassant qui peut durer jusqu'à 15 mois. Juste à côté, se dresse la kheïma de l'Association « Union nationale », présidée elle, par Aïcha Idriss. Une femme usée par le poids des ans et les sacrifices qu'elle a consentis durant toute son existence. C'est sa première participation à cette manifestation (fête du chameau). Elle vient de Bordj Badji Mokhtar (170 km plus au nord de Timiaouin). Elle regrette que cette manifestation ne se tienne plus dans cette dernière ville. « A Timiaouin, dit-elle, il n'y a que le sable et le ciel ». La confection de la kheïma lui a coûté près de 300.000, 00 DA. Elle espère la revendre, si l'occasion se présente, entre 400.000 à 500.000, 00 DA. Elle s'étale longuement sur les dures conditions de vie des Touaregs. « Nous vivons de Achanaden dkah el Marwad (lait caillé), de Tikhemarin (dattes sauvage) et de Taguela (pain à base de semoule cuit à même le sable). Un peu plus, il y a la kheîma d'un particulier. C'est un vieux monsieur qui porte une longue barbichette, habillé à la manière targuie, d'une couleur, gris, assez rare au Sud. Il a trois jeunes filles qui l'entourent. se sont ses filles, Bechma, Mouna et Meriem, l'aînée. Les deux premières poursuivent leur scolarité au CEM de Bordj Badji-Mokhtar. Elles constituent la fierté de leur papa. Elles profitent de leurs vacances d'hiver pour rejoindre leurs parents. Durant l'année scolaire, elles sont internes au CEM. L'APC de Timiaouin leur assure le transport à bord d'un camion GAK. « Nous souffrons durant tout le trajet », avoue-t-elle, parlant tantôt targui, parfois usant de quelques mots en français et même dans la langue de Shakespeare. Apprenant notre profession, elles nous font part de leur admiration pour le présentateur vedette du JT de l'ENTV, Karim Boussalem. L'heure du dîner approche, c'est au père à qui revient le soin de préparer la popote. Au menu, Taguela avec de la viande. Les jeunes filles nous prient de partager leur repas que nous déclinons gentiment pour ne pas abuser de leur hospitalité. A tour de rôle, avec une seule cuillère, elles prennent chacune une bouchée avant que n'arrive le tour de l'autre. « Nous avons tout ce qu'il faut », nous font-elles savoir en voyant l'étonnement qui se lit sur notre visage. Nous prenons congé de nos charmantes demoiselles en promettant de revenir. Un peu plus loin, c'est une kheïma, richement décorée qui nous accueille. Il y avait beaucoup de monde à l'intérieur. Des édiles de la commune et des notables de la région tenaient une réunion consacrée aux préparatifs de la manifestation. Parmi eux, nous retrouvons l'ingénieur des TP de Tamanrasset, Brahim Deouari. Homme très cultivé, notre personnage, est très au fait de l'évolution de la société targuie. Une société qui elle aussi est en pleine mutation. Ce que nous verrons dans notre prochaine édition. S.B. A 60 km avant d'arriver à Timiaouin, non loin d'un lit d'oued, des familles targuies ont choisi de dresser leurs campements. Généralement, les Touaregs élisent leurs campements autour des points d'eau. Cette source de vie conditionne leur séjour dans un lieu donné. Elle est vitale et pour les Hommes et pour les animaux. Le lit d'oued est verdâtre. L'Afarak, une plante servant d'aliment pour le bétail, pousse facilement dans cette région. Il y a du pâturage pour les bêtes et le point d'eau ne doit pas être loin. Les distances sont toutes relatives pour les hommes Bleus de ces contrées. Une petite halte pour un brin de discussion avec ces familles. Il y avait quatre tentes implantées tout autour des arbres. Des tentes faites d'objets hétéroclites rassemblés les uns aux autres pour élever une tente. Nous stoppons en retrait des tentes, le temps pour un de nos accompagnateurs, targui, de prendre langue avec un membre de ces foyers. Les palabres n'ont duré que quelques minutes et voilà, un adolescent qui s'avance pour nous offrir du lait de chamelle dans un récipient en inox. C'est une manière de nous souhaiter la bienvenue et de nous exprimer l'hospitalité. Chacun de nous a pris une gorgée. Le liquide blanc était assez corsé et acide, plus relevé que le lait en sachet. Il n'y avait sur place que des femmes et des enfants. Les hommes ont amené les troupeaux en pâturage. Une jeune femme qui dit se nommer Laramiat Ben Sidi Mohamed s'accroupit à même le sable et se dit désolée de n'avoir rien à nous offrir à part le lait et de pouvoir nous inviter sous la tente. Les enfants, pieds nus et légèrement vêtus, nous regardaient avec étonnement. Nous faisons l'objet de curiosité. La jeune femme ne sait plus par où commencer son récit. Elle est encouragée par un de nos accompagnateurs un targui, à nous relater les dures conditions de vie qui sont les leurs. « Vous voyez vous-même », dit-elle désabusée. Elle nous révèle qu'ils sont là depuis deux mois et que les siens ont souffert du froid. Les conséquences sont surtout visibles sur les enfants. Ils affichent des nez qui coulent. « Les chérubins ont raté le passage du médecin », avoue-t-elle, expliquant qu'elle utilise des plantes et des dérivés de lait pour soigner les malades. Ahowagh pour les os et Tisghiret, genre de beurre, pour cicatriser les plaies. « En cas de complication, les malades sont portés à dos de chameau jusqu'au centre de santé de Timiaouin (60 km) », assure-t-elle. Des conditions de vies rudes Il est vrai que les règles élémentaires d'hygiène ne sont pas respectées. Et pour cause, l'eau est utilisée avec parcimonie. Elle est stockée dans tous les objets qui peuvent la contenir. Une vielle chambre à air, nouée aux deux extrémités, est accrochée sur une branche d'un arbre. Elle sert de réservoir pour ce précieux liquide. Dans ces contrées, rien ne se perd, tout est transformé. Laramiat se lève et ramasse la bouse des chameaux. Elle jette quelques bouts dans un feu qui commençait à s'éteindre. Elle se défend de toucher aux arbres qui ornent les environs. La protection de l'environnement n'est pas un vain mot. Ces familles sont sensibilisées depuis des millénaires sur la nécessité de protéger la nature qui le leur rend si bien. « Les arbres servent à nous protéger du vent et ils nous donnent de l'ombre », explique-t-elle. La jeune femme nous fait savoir qu'elle a plus d'un tour dans son sac. Elle se fait un court instant diseuse de bonne aventure. Elle dessine, avec son doigt, un carré sur le sable, inscrit des symboles en langue targuie à l'intérieur et s'installe en méditation. Elle attend que l'un de nous se porte volontaire pour connaître son avenir. Ne voyant rien venir, elle renonce et demande aux photographes de les prendre, elle et les siens, en photos. Des instantanés qu'elle n'aura peut-être jamais entre les mains. Une consolation tout de même. Ces sympathiques personnages ont eu à loisir de contempler les photos sur les appareils numériques. Notre visite a été vivement appréciée par Lamariat et les siens qui regrettent que nous ne puissions prolonger notre séjour. Le long de notre trajet, nous rencontrons d'autres campements. Sans doute, ils nous auraient racontés les mêmes problèmes que ceux que vivent les Sidi Ben Mohamed. Nous repartîmes sur Timiaouin que nous atteindrons vers midi et demi. Nous sommes dirigés vers la maison des hôtes. Un grand évènement se prépare dans cette localité de 7.055 habitants, située à 2.400 km d'Alger. Les autorités communales s'efforcent de préparer la fête du chameau qui aura lieu le lendemain. Une première pour cette contrée perdue dans l'immensité du désert. Le slogan retenu : Le chameau, culture ancestrale, un legs pour les générations. Tout un programme. L'élevage des chameaux et l'artisanat sont les principales ressources des gens de Timiaouin. Le soir nous profitons de l'occasion pour visiter les lieux de la manifestation, sur l'oued Ihbab, à deux kilomètres de la ville. Entourées de collines de pierres, une dizaine de kheïmas se dressent en face de ces collines. Des kheïmas, dont certaines sont imposantes, reflètent la simplicité et l'authenticité de la vie dans le désert. Des costumes targuis et divers objets en cuir ou en laine, concoctés selon les traditions de la région sont bien mis en évidence. La femme targuie qui représente les sacrifices, les combats, ou encore la beauté de la femme du Hoggar ou du Tassili en général, est omniprésente dans ces lieux. Ce sont elles qui nous accueillent à l'entrée de la kheïma de l'Association Imanoukel présidée par Fatma Lansari. En guise de bienvenue, elle nous lance un joyeux « marhaba », suivi d'un « maïden » (ça va). Le cérémonial du thé Elle nous invite à prendre le thé en nous priant de nous mettre à l'aise sur des matelas à l'intérieur de la tente. Cette association est composée de 35 personnes dont 25 femmes. Tout en préparant le thé, selon le cérémonial des gens du Sud, Fatma, enveloppée de la tête aux pieds par un Boukar (morceau de tissu bleu nila), nous explique le travail de son association. Cette kheïma, dit-elle, est réalisée à la main à base de peau de chèvre, de brebis et de veau. Un travail minutieux, long et harrassant qui peut durer jusqu'à 15 mois. Juste à côté, se dresse la kheïma de l'Association « Union nationale », présidée elle, par Aïcha Idriss. Une femme usée par le poids des ans et les sacrifices qu'elle a consentis durant toute son existence. C'est sa première participation à cette manifestation (fête du chameau). Elle vient de Bordj Badji Mokhtar (170 km plus au nord de Timiaouin). Elle regrette que cette manifestation ne se tienne plus dans cette dernière ville. « A Timiaouin, dit-elle, il n'y a que le sable et le ciel ». La confection de la kheïma lui a coûté près de 300.000, 00 DA. Elle espère la revendre, si l'occasion se présente, entre 400.000 à 500.000, 00 DA. Elle s'étale longuement sur les dures conditions de vie des Touaregs. « Nous vivons de Achanaden dkah el Marwad (lait caillé), de Tikhemarin (dattes sauvage) et de Taguela (pain à base de semoule cuit à même le sable). Un peu plus, il y a la kheîma d'un particulier. C'est un vieux monsieur qui porte une longue barbichette, habillé à la manière targuie, d'une couleur, gris, assez rare au Sud. Il a trois jeunes filles qui l'entourent. se sont ses filles, Bechma, Mouna et Meriem, l'aînée. Les deux premières poursuivent leur scolarité au CEM de Bordj Badji-Mokhtar. Elles constituent la fierté de leur papa. Elles profitent de leurs vacances d'hiver pour rejoindre leurs parents. Durant l'année scolaire, elles sont internes au CEM. L'APC de Timiaouin leur assure le transport à bord d'un camion GAK. « Nous souffrons durant tout le trajet », avoue-t-elle, parlant tantôt targui, parfois usant de quelques mots en français et même dans la langue de Shakespeare. Apprenant notre profession, elles nous font part de leur admiration pour le présentateur vedette du JT de l'ENTV, Karim Boussalem. L'heure du dîner approche, c'est au père à qui revient le soin de préparer la popote. Au menu, Taguela avec de la viande. Les jeunes filles nous prient de partager leur repas que nous déclinons gentiment pour ne pas abuser de leur hospitalité. A tour de rôle, avec une seule cuillère, elles prennent chacune une bouchée avant que n'arrive le tour de l'autre. « Nous avons tout ce qu'il faut », nous font-elles savoir en voyant l'étonnement qui se lit sur notre visage. Nous prenons congé de nos charmantes demoiselles en promettant de revenir. Un peu plus loin, c'est une kheïma, richement décorée qui nous accueille. Il y avait beaucoup de monde à l'intérieur. Des édiles de la commune et des notables de la région tenaient une réunion consacrée aux préparatifs de la manifestation. Parmi eux, nous retrouvons l'ingénieur des TP de Tamanrasset, Brahim Deouari. Homme très cultivé, notre personnage, est très au fait de l'évolution de la société targuie. Une société qui elle aussi est en pleine mutation. Ce que nous verrons dans notre prochaine édition. S.B.