Après une éclipse qui aurait duré plus d'une quinzaine d'années, revoilà Chetaïbi inscrite sur la liste via une Association des amis de Chetaïbi (Herbillon durant la période coloniale). Ce titre, cette ville du bord sud de la Méditerranée l'avait déjà décroché durant les années 1980. Les perturbations qui marquèrent la gestion du pays à l'époque ne lui avaient pas permis de mettre cet atout sur la table des investisseurs. La crise sécuritaire qui s'ensuivra à partir de 1991 et jusqu'à pratiquement 2003, enterra toutes velléité d'expansion touristique planifiée par les pouvoirs publics. Et si en 2005 - Tekkouche (nom de la cité depuis la nuit des temps), Herbillon (appellation coloniale) - Chetaïbi du nom d'un de nos martyrs a gardé intact ses atouts naturels, elle est mise dans le lot des communes les plus pauvres du pays. Située à une soixantaine de kilomètres de Annaba, la commune de Chetaïbi, chef-lieu de daïra, jouit d'un potentiel touristique exceptionnel, mais totalement sous-exploité. Ses 9200 habitants continuent d'attendre une initiative de leurs élus locaux. Apparemment, les dernières élections communales n'ont rien apporté de nouveau, si ce n'est les problèmes judiciaires auxquels est confronté le président d'APC issu des dernières élections. Relevé de ses fonctions par arrêté du wali, il a été remplacé à la veille du démarrage officiel de la période estivale par un de ses vice-présidents. Plusieurs jours après, la population a senti comme un vent de renouveau. Ils ont l'impression d'entendre souffler une brise de fraîcheur venue de cette mer Méditerranée qui baigne leur ville et de l'Edough au piémont duquel Chetaïbi s'étale dans toute sa beauté. Une douzaine de plages au sable d'or aussi fin que la farine sont blotties dans une anse qualifiée, il y a quelques années, de plus belle du monde. Avec la montagne de l'Edough juste à côté, elles donnent à Chetaïbi l'image d'un éden. Les eaux cristallines qui se noient dans le ciel font que sa côte est l'une des plus riches du pays en faune et en flore sous- marines propice à la pêche et à la plongée. Avec à l'est et à l'entrée du village la Fontaine romaine sa plage rocailleuse à l'eau couleur émeraude et à l'ouest les Sables d'Or et Sidi Akacha, Chetaïbi continue d'attirer chaque été de plus en plus de touristes et de visiteurs avides de découverte, d'évasion ou pour goûter aux plaisirs de la mer. Dans cette ville qui aurait pu être balnéaire et où l'eau potable coule en abondance après des années de sécheresse, l'infrastructure routière a été refaite sur une trentaine de kilomètres. Le tapis de bitume récemment mis en place a quelque peu aéré cette commune enclavée de la wilaya de Annaba. Il n'y a toujours pas d'hôtel et de restaurant même si celui très ancien existe toujours sans pour autant offrir une prestation de service à la mesure de l'attente des touristes et des visiteurs. Ce qui explique la réussite de ce camp de toile léché par la mer, implanté au lieu-dit Fontaine romaine sous de grands chênes et à quelques pas de plusieurs centres de vacances. Des dizaines de familles y ont déjà élu domicile. Son gérant, un grand comédien connu sur la scène artistique nationale et internationale, offre un service plus conforme à l'air du temps. 1000 DA la nuitée par personne avec le petit déjeuner, les deux repas, l'eau courante dans un cadre convivial débarrassé de tout ce qui est ringard. Sa soixantaine de lits supplée quelque peu à l'absence d'une quelconque capacité hôtelière. A Chetaïbi, la rareté des restaurants et de fast-foods offre la possibilité aux magasins d'alimentation générale d'écouler leurs produits alimentaires spécifiques aux vacanciers et aux touristes. Tout un décor qui ne prête pas à l'optimisme en matière de développement touristique et économique. Heureusement qu'il y a ces jeunes et leurs tables de bourek, glaces et boissons fraîches que l'on trouve presque à chaque coin de rue au centre-ville. Au fin fond de Chetaïbi, pointent les Sables d'or. Ils forment la beauté de Chetaïbi. Terre de refuge pour les marins solitaires, la plage de Sidi Akacha résonne encore de la complainte de zorna et de tambourins en remerciement aux bienfaits qu'accorde ce saint à ses visiteurs. Dans tout Chetaïbi, se mêlent les décors les plus contrastés de la forêt de l'Edough nappée de brume le matin aux plages de sable blanc qui s'étendent à perte de vue. Région de contrastes et destination controversée, la région exhibe toute sa beauté géographique comme un joyau sur une couronne encore à parfaire. L'eau turquoise baignant les interminables plages de sable fin et la douce brise qui souffle fort le long des côtes attirent un grand nombre d'amoureux de la plongée sous-marine. Le soleil qui brûle en permanence entretient une douce moiteur. Muni d'un masque, d'un tuba et d'une paire de palmes, le baigneur de passage peut découvrir à quelques mètres de profondeur, les paysages sous marins les plus extraordinaires où se retrouvent en parfaite symbiose massifs coralliens et poissons aux couleurs bariolés et aux formes hallucinantes. De nombreuses places comme celle de Sidi Akacha accueillent les visiteurs à la recherche de silence et de solitude. Féerique, fascinante, étourdissante, Chetaïbi attire les qualificatifs mais pas les investisseurs. C'est une grande bourgade vierge de toute industrie qui respire la quiétude.