La salle El Mougar a vibré hier aux sons du tamtam et des couleurs de l'Afrique profonde. Cette manifestation organisée en marge du 1er Festival international du théâtre d'Alger était immense par les émotions et la fraternité africaine qu'elle a suscitées. La salle El Mougar a vibré hier aux sons du tamtam et des couleurs de l'Afrique profonde. Cette manifestation organisée en marge du 1er Festival international du théâtre d'Alger était immense par les émotions et la fraternité africaine qu'elle a suscitées. Le coup d'envoi de la soirée a été donné par l'un des plus grands griots, dramaturge et cinéaste à l'echelle africaine, voire mondiale, Sotigué Koyaté. Ce dernier a souligné l'importance du 2e Festival culturel panafricain en rendant, encore une fois, "hommage à une très grande nation, l'Algérie, et son peuple". Ce spectacle est une histoire puisée des profondeurs de l'Histoire du continent noir. Il a été mis en scène par le célèbre Sotigué Koyaté. L'histoire, racontée à la manière des griots, se rapporte à Soundjata. Plus connu sous le nom de Mari Djata Konaté, Soundjata est le premier empéreur du Mandé. Un grand empire qui s'étendait de l'ouest du Sénégal au centre du Burkina Faso, du nord de la Mauritanie au nord de la Côte d'Ivoire, du Libéria et de la Sierra Léone. Cette histoire connue au sein des foyers africains est devenue une véritable légende sur laquelle les conteurs s'appuient pour inculquer aux enfants l'amour de la patrie, de la justice et le respect de l'autrui. Ainsi, rehaussé d'un magnifique orchestre, de cantatrices aux voix d'or et d'un groupe de griots, le spectacle nous a non seulement fait voyager à travers les péripéties de Soundjata, mais aussi à travers les diverses couleurs africaines. Au XXIIIe siècle, Soundjata pensait à l'Union africaine Ce dernier voulait, déjà au XXIIIe siècle, instaurer par tous les moyens une union africaine à une époque où les autres pays occidentaux prenaient leurs femmes pour des animaux. Pour réaliser cet exploit, Soundjata a d'abord affronté le légendaire Soumaoro Kanté qui avait annexé toutes les provinces du Mandé plusieurs années durant. La première grande bataille qui a opposé les deux héros eut lieu à Kirina, une immense plaine située au cœur du Mandé. C'est cette bataille mémorable, annonciatrice de la défaite de l'empereur Sosso, qui a inspiré à Djehouty le titre de son œuvre. Après moult péripéties, il y arrive enfin. Soundjata Keïta réunit tous les royaumes pour constituer l'Empire du Mali. Il est proclamé «Mansa» ce qui signifie «Roi des rois». Il établit sa capitale à Niani, sa ville natale, aujourd'hui un petit village en Guinée à proximité de la frontière malienne. Lors de son intronisation, la confrérie des chasseurs du Mandé proclame la Charte du Mandé qui abolit l'esclavage et est l'une des premières déclarations des droits de l'Homme. Cette Charte, appelée également "Kurukan Fuga", est un ensemble de décisions et de recommandations prises par l'assemblée des alliées que Soundjata Keïta, empéreur du Mali, a convoquée au lendemain de la victoire de Soundjata sur les forces de Soumaoro Kanté en 1236. Elle va constituer la loi fondamentale qui a servi d'assise à l'empire. Au cours d'une soirée, les griots de la ville de Kankan (Guinée) déclamèrent l'éloge de Soundjata. Les communicateurs modernes ne s'y trompèrent pas : les maîtres de la parole étaient en train d'énoncer des lois prises par l'empereur et ses compagnons au cours de l'assemblée de Kurukan Fuga. Ces "djélis", tenant de la tradition orale, assermentés, énoncèrent les uns après les autres ce qu'ils connaissaient, ignorant ce que le suivant allait déclarer. Au total, 44 articles furent ainsi déclamés. La grande chaîne de l'oralité était reconstituée. Si certains articles nous apparaissent aujourd'hui totalement obsolètes (ils ont tout de même presque 800 ans), d'autres résonnent étrangement à la lueur de l'actualité : "Chacun a le droit à la vie et à la préservation de son intégrité physique», «La vanité est le signe de la faiblesse et l'humilité le signe de la grandeur", "Ne faites jamais du tort aux étrangers"… Il a fallu attendre 1998, soit près de huit siècles plus tard, pour la redécouvrir… presque par hasard. Des traditionnistes Mandingues et des communicateurs modernes du Burkina Faso, de Guinée, du Mali et du Sénégal, réunis en séminaire, travaillaient à la sauvegarde du patrimoine oral africain. Enfin, durant ce spectacle, les images magnifiques aux couleurs chatoyantes de l'Afrique, soutenues par des dialogues intelligents, ont fait, à n'en pas douter, le plaisir des jeunes et des moins jeunes spectateurs. K. H. Le coup d'envoi de la soirée a été donné par l'un des plus grands griots, dramaturge et cinéaste à l'echelle africaine, voire mondiale, Sotigué Koyaté. Ce dernier a souligné l'importance du 2e Festival culturel panafricain en rendant, encore une fois, "hommage à une très grande nation, l'Algérie, et son peuple". Ce spectacle est une histoire puisée des profondeurs de l'Histoire du continent noir. Il a été mis en scène par le célèbre Sotigué Koyaté. L'histoire, racontée à la manière des griots, se rapporte à Soundjata. Plus connu sous le nom de Mari Djata Konaté, Soundjata est le premier empéreur du Mandé. Un grand empire qui s'étendait de l'ouest du Sénégal au centre du Burkina Faso, du nord de la Mauritanie au nord de la Côte d'Ivoire, du Libéria et de la Sierra Léone. Cette histoire connue au sein des foyers africains est devenue une véritable légende sur laquelle les conteurs s'appuient pour inculquer aux enfants l'amour de la patrie, de la justice et le respect de l'autrui. Ainsi, rehaussé d'un magnifique orchestre, de cantatrices aux voix d'or et d'un groupe de griots, le spectacle nous a non seulement fait voyager à travers les péripéties de Soundjata, mais aussi à travers les diverses couleurs africaines. Au XXIIIe siècle, Soundjata pensait à l'Union africaine Ce dernier voulait, déjà au XXIIIe siècle, instaurer par tous les moyens une union africaine à une époque où les autres pays occidentaux prenaient leurs femmes pour des animaux. Pour réaliser cet exploit, Soundjata a d'abord affronté le légendaire Soumaoro Kanté qui avait annexé toutes les provinces du Mandé plusieurs années durant. La première grande bataille qui a opposé les deux héros eut lieu à Kirina, une immense plaine située au cœur du Mandé. C'est cette bataille mémorable, annonciatrice de la défaite de l'empereur Sosso, qui a inspiré à Djehouty le titre de son œuvre. Après moult péripéties, il y arrive enfin. Soundjata Keïta réunit tous les royaumes pour constituer l'Empire du Mali. Il est proclamé «Mansa» ce qui signifie «Roi des rois». Il établit sa capitale à Niani, sa ville natale, aujourd'hui un petit village en Guinée à proximité de la frontière malienne. Lors de son intronisation, la confrérie des chasseurs du Mandé proclame la Charte du Mandé qui abolit l'esclavage et est l'une des premières déclarations des droits de l'Homme. Cette Charte, appelée également "Kurukan Fuga", est un ensemble de décisions et de recommandations prises par l'assemblée des alliées que Soundjata Keïta, empéreur du Mali, a convoquée au lendemain de la victoire de Soundjata sur les forces de Soumaoro Kanté en 1236. Elle va constituer la loi fondamentale qui a servi d'assise à l'empire. Au cours d'une soirée, les griots de la ville de Kankan (Guinée) déclamèrent l'éloge de Soundjata. Les communicateurs modernes ne s'y trompèrent pas : les maîtres de la parole étaient en train d'énoncer des lois prises par l'empereur et ses compagnons au cours de l'assemblée de Kurukan Fuga. Ces "djélis", tenant de la tradition orale, assermentés, énoncèrent les uns après les autres ce qu'ils connaissaient, ignorant ce que le suivant allait déclarer. Au total, 44 articles furent ainsi déclamés. La grande chaîne de l'oralité était reconstituée. Si certains articles nous apparaissent aujourd'hui totalement obsolètes (ils ont tout de même presque 800 ans), d'autres résonnent étrangement à la lueur de l'actualité : "Chacun a le droit à la vie et à la préservation de son intégrité physique», «La vanité est le signe de la faiblesse et l'humilité le signe de la grandeur", "Ne faites jamais du tort aux étrangers"… Il a fallu attendre 1998, soit près de huit siècles plus tard, pour la redécouvrir… presque par hasard. Des traditionnistes Mandingues et des communicateurs modernes du Burkina Faso, de Guinée, du Mali et du Sénégal, réunis en séminaire, travaillaient à la sauvegarde du patrimoine oral africain. Enfin, durant ce spectacle, les images magnifiques aux couleurs chatoyantes de l'Afrique, soutenues par des dialogues intelligents, ont fait, à n'en pas douter, le plaisir des jeunes et des moins jeunes spectateurs. K. H.