Ce roman à l'intitulé énigmatique confirme l'appartenance de M. Amin Zaoui à la coterie des romanciers-poètes. C'est d'une Algérie échevelée, cruelle, mais également sage et belle, qu'il s'agit. C'est d'Algériens généreux, passionnés d'histoire et de sciences qu'il est question. En 13 chapitres résumant une fugue de 13 ans, l'auteur nous entraîne au cœur d'un monde où l'irrationnel, l'insolite et l'insensé se déchaînent sans émouvoir la richesse de l'univers intérieur du narrateur. Ce roman à l'intitulé énigmatique confirme l'appartenance de M. Amin Zaoui à la coterie des romanciers-poètes. C'est d'une Algérie échevelée, cruelle, mais également sage et belle, qu'il s'agit. C'est d'Algériens généreux, passionnés d'histoire et de sciences qu'il est question. En 13 chapitres résumant une fugue de 13 ans, l'auteur nous entraîne au cœur d'un monde où l'irrationnel, l'insolite et l'insensé se déchaînent sans émouvoir la richesse de l'univers intérieur du narrateur. «Ainsi, quand j'ai quitté notre maison pour aller acheter un demi pain de sucre chez El Manchot, l'unique épicier du village, je n'imaginais pas que cette sortie durerait treize ans, jour pour jour.» Dès le premier chapitre, le ton est annoncé et c'est celui des contes vécus. L'auteur donne la parole tour à tour au héros narrateur puis à sa cousine Sultana, une beauté dont les yeux virent du noir intense au vert jade. Les deux adolescents en sont au commencement d'une jeunesse mouvementée qui devrait dans la pure logique patriarcale les mener à convoler en justes noces. Mais voilà, il a fallu que le jeune homme sorte acheter à son imposante mère Lalla Nouara, un demi-pain de sucre pour le thé traditionnel qu'elle doit servir à ceux qui sont venus demander la main de sa fille. Un camion passe par là. Pas n'importe quel véhicule. Un de ceux qui descendent en ville faire provision d'adolescents et d'adolescentes pour les mener au maquis. Car le pays traverse des années horribles ponctuées de massacres et d'enlèvements. Le jeune homme enlevé jubile car le vent de l'aventure l'a saisi, après avoir transporté sa célèbre tante Rokia jusqu'à Istamboul où elle pratique la traite des noires et des blanches. Au maquis, le jeune homme rencontre celle en qui il croit voir le double de Sultana, une jeune hispanophone, «marocaine ou espagnole qu'importe», nommée Laya ou Lova. Il se met alors à lui conter, dans les moindres détails, la vie de son père, érudit et homme de foi qui s'est fixé comme mission de traduire le Livre Saint en berbère et qui pour cela déchaîne les foudres de ceux qui considèrent la religion comme leur propriété privée. Dans le sillage de cet homme qui rêve de concurrencer Ibn Khaldoun, apparaissent une foule de personnages bigarrés, comme autant de visages de la patrie. Alors que les pendaisons, tortures, égorgements et exécutions par balles se poursuivent pratiquement sous ses yeux, le jeune homme semble les ignorer et être entièrement tourné vers l'histoire de sa famille dont il ne fait pas perdre une miette à Laya ou Lova. Il expérimente même une sorte de dédoublement, qui rend l'épreuve de la séparation vécue par ses mères et cousines plus supportable. Jean Sénac, Tahar Djaout, Youcef Sebti et tant d'autres martyrs de la barbarie et de l'ignorance sont évoqués par un verbe qui les ressuscitent. A travers la quête mystique de Sultana qui découvre les écritures saintes des autres religions monothéistes et est de ce fait condamnée à mort pour apostasie, l'auteur rejoint un fait d'actualité récente qui a défrayé la chronique. La narration fantastique du jeune homme ne laisse ainsi aucune des questions du présent dans l'ombre. Puis c'est au tour de Sultana de dire la réalité adverse que tout enfant affronte dans une jungle où des prédateurs la plient à leur diktat. Lorsque Ailane revient enfin chez lui, c'est le 11 septembre 2001. Une nouvelle page internationale s'amorce. Ainsi dans le plus élégants des habillages, Amin Zaoui décrit les affres et soubresauts d'une époque. Vicissitudes qui n'arrivent pas à entamer la quête de science, de connaissance et de vérité des âmes lumineuses qui font l'histoire d'un pays. Ainsi Amin Zaoui semble proposer sa définition de ce qu'est la culture. A la lecture de cette œuvre, l'on comprend que l'auteur l'ait récemment qualifiée de roman de la résistance. La Chambre de la vierge impure, d'Amin Zaoui, 173 pages, roman, éditions Barzakh, Alger, 2009, 500 DA. «Ainsi, quand j'ai quitté notre maison pour aller acheter un demi pain de sucre chez El Manchot, l'unique épicier du village, je n'imaginais pas que cette sortie durerait treize ans, jour pour jour.» Dès le premier chapitre, le ton est annoncé et c'est celui des contes vécus. L'auteur donne la parole tour à tour au héros narrateur puis à sa cousine Sultana, une beauté dont les yeux virent du noir intense au vert jade. Les deux adolescents en sont au commencement d'une jeunesse mouvementée qui devrait dans la pure logique patriarcale les mener à convoler en justes noces. Mais voilà, il a fallu que le jeune homme sorte acheter à son imposante mère Lalla Nouara, un demi-pain de sucre pour le thé traditionnel qu'elle doit servir à ceux qui sont venus demander la main de sa fille. Un camion passe par là. Pas n'importe quel véhicule. Un de ceux qui descendent en ville faire provision d'adolescents et d'adolescentes pour les mener au maquis. Car le pays traverse des années horribles ponctuées de massacres et d'enlèvements. Le jeune homme enlevé jubile car le vent de l'aventure l'a saisi, après avoir transporté sa célèbre tante Rokia jusqu'à Istamboul où elle pratique la traite des noires et des blanches. Au maquis, le jeune homme rencontre celle en qui il croit voir le double de Sultana, une jeune hispanophone, «marocaine ou espagnole qu'importe», nommée Laya ou Lova. Il se met alors à lui conter, dans les moindres détails, la vie de son père, érudit et homme de foi qui s'est fixé comme mission de traduire le Livre Saint en berbère et qui pour cela déchaîne les foudres de ceux qui considèrent la religion comme leur propriété privée. Dans le sillage de cet homme qui rêve de concurrencer Ibn Khaldoun, apparaissent une foule de personnages bigarrés, comme autant de visages de la patrie. Alors que les pendaisons, tortures, égorgements et exécutions par balles se poursuivent pratiquement sous ses yeux, le jeune homme semble les ignorer et être entièrement tourné vers l'histoire de sa famille dont il ne fait pas perdre une miette à Laya ou Lova. Il expérimente même une sorte de dédoublement, qui rend l'épreuve de la séparation vécue par ses mères et cousines plus supportable. Jean Sénac, Tahar Djaout, Youcef Sebti et tant d'autres martyrs de la barbarie et de l'ignorance sont évoqués par un verbe qui les ressuscitent. A travers la quête mystique de Sultana qui découvre les écritures saintes des autres religions monothéistes et est de ce fait condamnée à mort pour apostasie, l'auteur rejoint un fait d'actualité récente qui a défrayé la chronique. La narration fantastique du jeune homme ne laisse ainsi aucune des questions du présent dans l'ombre. Puis c'est au tour de Sultana de dire la réalité adverse que tout enfant affronte dans une jungle où des prédateurs la plient à leur diktat. Lorsque Ailane revient enfin chez lui, c'est le 11 septembre 2001. Une nouvelle page internationale s'amorce. Ainsi dans le plus élégants des habillages, Amin Zaoui décrit les affres et soubresauts d'une époque. Vicissitudes qui n'arrivent pas à entamer la quête de science, de connaissance et de vérité des âmes lumineuses qui font l'histoire d'un pays. Ainsi Amin Zaoui semble proposer sa définition de ce qu'est la culture. A la lecture de cette œuvre, l'on comprend que l'auteur l'ait récemment qualifiée de roman de la résistance. La Chambre de la vierge impure, d'Amin Zaoui, 173 pages, roman, éditions Barzakh, Alger, 2009, 500 DA.