Jeudi 04 mars 2010 Quel cirque ! Le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika s'est livré mercredi 3 mars à un piteux spectacle avec comme vedettes d'un côté le footballeur Zinedine Zidane, le père et le frère de l'ex-capitaine de l'équipe de France, de l'autre les deux frères du président, Mustapha et Said Bouteflika ainsi qu'un petit garçon qu'on devine être le fils du troisième frère de Abdelaziz Boueflika, Nacer. Bien sûr, tout le monde aura compris que l'objectif de cette mise en scène médiatique à laquelle on a convoqué les caméras de l'ENTV et les photographes de l'agence publique APS, était de démentir les folles rumeurs qui ont circulé ces derniers jours en Algérie et à l'étranger faisant état du décès du frère du président, Mustapha, et de la détérioration de l'état de santé du chef de l'Etat. Si l'on considère nécessaire que la présidence monte au créneau pour mettre fin aux rumeurs et aux spéculations relatives à l'état de santé du président de la république, s'il est du bon droit de l'entourage du président de démentir l'information qui faisait état du décès de Mustapha Bouteflika, médecin personnel du président, élevé au rang de ministre, il n'en demeure pas moins que le procédé est aussi grotesque que choquant. L'on nous explique que l'audience entre les Bouteflika et les Zidane est une rencontre à « caractère familiale », une rencontre privée. Oui, pourquoi pas ! Mais alors pourquoi convoquer les médias publics pour rendre compte d'une audience privée, d'une réunion intime, familiale ? Cette manière de procéder, cette façon d'utiliser les moyens publics, pour démentir une rumeur n'est pas digne d'un Etat républicain. Pour couper court aux ragots, le chef de l'Etat avait le loisir de faire une déclaration à la télévision, apparaitre dans une activité officielle, recevoir un ministre ou un ambassadeur devant les caméras de la télévision, bref, répondre d'une manière qui sied au rang d'un chef d'Etat. Au lieu de quoi, on a invité les Algériens à assister à une mise en scène piteuse. Pis, le palais d'Elmouradia, qui abrite les bureaux du président de la république, celui de son cabinet et des ces divers conseillers, a été transformé pour l'occasion, en lieu privé, en une résidence familiale. La présidence dispose d'un appartement privé, d'une résidence d'Etat, pour y recevoir ses hôtes pour des rencontres à caractère familial. Venons maintenant au fond de l'affaire. A l'origine de ces rumeurs, il y a cette éclipse, cette longue absence de Bouteflika. Depuis plusieurs jours, le président n'est plus apparu en public. Passe que Bouteflika ne tienne plus de conseils des ministres, passes encore qu'il n'effectue plus de visites d'inspections sur le terrain. Il faut croire que cela devient presque une routine depuis sa réélection pour un troisième mandat en avril 2009… Les rumeurs sur son état de santé ont pris leurs origines dans cette absence aussi pesante que suspicieuse. Alors qu'il ne ratait jamais l'occasion de prononcer un discours public à l'occasion de la commémoration de la nationalisation des hydrocarbures, Bouteflika s'est étrangement pointé absent. Idem pour la prière du mawlid. Bien sûr, quelques bonnes âmes qui se penchées sur le moral et l'humeur du chef de l'Etat nous parlent d'une franche bouderie, d'une colère à l'égard de l'ampleur prises par les scandales financiers dans lesquels sont pourtant impliqués des hommes réputés proches de lui. Mais voila, Bouteflika a royalement brillé par son absence. Dans le climat délétère dans lequel est plongé le pays depuis plusieurs semaines, devant ces éclipses répétées, l'opinion publique suppute, s'interroge. Alors la rumeur est vite née, et elle a enflé…Pour lui torde le cou, il aurait suffi de parler directement à ses concitoyens sans passer par aucun subterfuge, fut il Zizou. A moins que l'on ait absolument rien à leur dire. Khaled Bahbouh