21 Avril 2010, El Watan La compagnie aérienne Tassili Airlines (TAL), filiale de Sonatrach, est sous la loupe des enquêteurs de l'Inspection générale des finances (IGF). Ces derniers sont au siège de la direction de la compagnie depuis une semaine, a affirmé un responsable de la compagnie sous couvert de l'anonymat. Les passations de marchés de gré à gré – une formule devenue courante dans les compagnies publiques – ont suscité « la curiosité » de ces enquêteurs qui soupçonnent « des irrégularités dans l'attribution des marchés ainsi que dans la gestion financière de la compagnie », a ajouté notre source. Les enquêteurs ont déjà tenu des réunions, dans le cadre de leurs investigations, avec le président-directeur général de la compagnie, Hocine Chekired, « un ami du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil », dit-on au sein de TAL. Le directeur des finances et de la comptabilité qui est, par ailleurs, secrétaire général du syndicat de l'entreprise, ainsi que le responsable de la trésorerie ont répondu également aux questions des enquêteurs. L'enquête concerne essentiellement les exercices 2008 et 2009 où beaucoup de contrats ont été signés entre la compagnie et des entreprises portant sur la formation du personnel de Tassili Airlines et sur le consulting. Une période durant laquelle Tassili Airlines a attribué « une vingtaine de marchés de gré à gré touchant des secteurs d'activité de la compagnie ». Ce qui a sans doute attiré l'attention des enquêteurs de l'IGF. Des contrats, dont El Watan détient des copies, font état de marchés conclus suivant la formule de gré à gré, attribués essentiellement à trois sociétés étrangères, passés aujourd'hui au crible par les enquêteurs. La première entreprise de consulting, basée à Londres, s'appelle Curtis Consulting, Mallet-Brevet Coll & Mosle LLP. Le contrat dont elle a bénéficié stipule la fourniture à TAL d'avis, conseils et études à caractère juridique, ainsi qu'une assistance dans les négociations commerciales et la formation du personnel de la compagnie aérienne. Le montant des différentes conventions et contrats signés avec cette entreprise « s'élève à 800 000 euros pour l'exercice 2009 ». Pour rappel, c'est cette entreprise qui avait été choisie pour négocier avec l'avionneur américain Boeing l'achat de quatre avions pour le compte de Tassili Airlines pour un montant global de 228 millions de dollars. Air France Consulting (AFC) a également bénéficié des marchés de Tassili Arlines et de nombreux contrats. En 2007, TAL avait signé un contrat portant sur « l'assistance à la clôture d'un audit IOSA » pour un montant 323 000 euros. La durée du contrat est de trois ans, de 2008 jusqu'à fin 2010. Un autre contrat, d'un montant de 78 000 euros, portant sur la fourniture de conseils et d'assistance technique a été aussi attribué à Air France Consulting en 2008. La troisième société avec laquelle Tassili Airlines a passé des contrats de gré à gré n'est autre qu'Alliance Expert, un cabinet français spécialisé dans l'expertise comptable, le consulting et l'audit. Il a obtenu, en 2009, un marché consistant en « la refonte du système comptable et de reporting financier lié à la mise en place du nouveau plan comptable », comme stipulé dans le contrat. Il s'agit, en termes techniques, de la mise en place « d'outils de comptabilité générale et d'établissement des comptes correspondants ; de déploiement de ces outils et leur appropriation par les utilisateurs ; de diagnostic des besoins d'évolution et de définition de la cible système ; d'assistance à la maîtrise d'ouvrage pour la mise à jour de l'application de comptabilité générale et d'assistance à la production des comptes sociaux de l'exercice 2010 ». Le montant de ce contrat est de 736 000 euros pour une durée de réalisation de 24 mois. Il s'agit là de quelques exemples de marchés dont ont bénéficié des « partenaires » de TAL. La liste n'est pas exhaustive et peut porter sur d'autres projets de la compagnie aérienne. C'est dans ce contexte que le conseil syndical de l'entreprise s'apprête, aujourd'hui, à organiser un sit-in de protestation. Mais l'appel a été contesté par quelques délégués syndicaux au motif que « les débats de la réunion extraordinaire du conseil syndical n'ont pas été reproduits fidèlement dans le PV de réunion », a indiqué un responsable syndical, qui n'a pas manqué de souligner que « le débrayage cache des objectifs autres que les intérêts des travailleurs ».