El Watan, 3 mai 2010 Journaliste et présentateur connu du service culturel de l'ENTV, Abderrazak Boukebba est en grève de la faim depuis hier. Il entend dénoncer le refus de la télévision d'Etat de le recruter cinq ans après avoir animé et conçu plusieurs émissions et talk-shows culturels comme « Kalamou el qacid », « Wadjhatou nadhar » et « Foussoul ». « Je ne suis pas recruté et je ne suis même pas contractuel avec la télévision. Mon statut est ambigu. J'ai attendu 23 mois pour être payé. Cela n'a été fait que depuis deux mois seulement », a-t-il déclaré, assis sur un trottoir à côté de la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Il accroché au mur la copie d'une lettre adressée au président de la République, deux roses, une pétition que les passants peuvent signer et un slogan : « Je meurs ici et je n'immigre pas. » « Le directeur de l'information de l'ENTV m'a reçu dans son bureau et m'a promis que je serai recruté. Sa promesse remonte au début de l'année en cours. Pas de suite. Personne ne me répond au téléphone et je suis interdit d'accès au siège de la télévision. Pourtant, j'ai annoncé ma grève de la faim depuis plus d'un mois », a-t-il relevé, soulignant qu'il est victime d'un abus. « Je veux être recruté sans demander un retour à l'écran. Je veux être payé et assuré », a-t-il ajouté. Abderrazak Boukebba vient d'être consacré leader arabe dans l'animation télévisuelle en Jordanie, où il a reçu un prix. « On aurait pu régler le problème. L'ENTV aurait pu capitaliser mon expérience dans l'animation culturelle. Dommage. Je vais continuer ma grève de la faim jusqu'au bout », a-t-il dit. Dans sa lettre adressée au chef de l'Etat, le journaliste dénonce l'arrêt de toutes ses émissions sans raison. « Certains responsables d'entreprise se sont habitués à entraver les capacités nationales pour les pousser à partir à l'étranger. Au lieu d'exporter sa culture, l'Algérie exporte ses intellectuels », a-t-il écrit. Ancien conseiller à la Bibliothèque nationale, Abderrazak Boukebba a travaillé avec l'Union des écrivains algériens. Il anime chaque semaine le débat « Echos de plume » au Théâtre national algérien. Il est également producteur et animateur à la radio. Il est auteur d'essais et de romans. Jildatou Edhal (la peau de l'ombre) est son dernier roman.