Le Parlement a approuvé, aujourd'hui, l'instauration de l'état d'urgence décidé par le Président Salah. L'opposition le rejette, et accuse le président, son fils, et leur clan, d'avoir fait pression sur les députés qui y étaient opposés. L'opposition, plurielle, mais très soudée, et décidée à ne pas se plier à cette ultime mesure, a annoncé que le Vendredi serait décisif. Les opposants ont annoncé leur intention de marcher sur la Présidence, et d'en déloger le locataire, quel qu'en sera le prix à payer. L'incertitude règne, et il est à craindre que la journée de demain ne tourne au bain de sang. Le péril est d'autant plus grand qu'une partie de l'armée s'est rangée du côté des manifestants, et ses porte-parole ont affirmé leur intention de protéger les citoyens contre toute tentative d'user de la violence contre eux. Dans ce pays, où le tribalisme est très vivace, les principaux chefs coutûmiers, y compris ceux de la propre tribu du Président Salah, ont rallié les jeunes manifestants. Les femmes ne sont pas en reste, dans ce pays très conservateur, et c'est en grand nombre qu'elles participent à la contestation. Le Président Salah a fait plusieurs ouvertures, et a appelé à la négociation, promettant de ne pas se représenter aux prochaines présidentielles, et d'écourter son mandat. Mais peine perdue. Les manifestants n'ont qu'une seule exigence et s'y tiennent: Le Président et tout le régime doivent partir. L'institution de l'état d'urgence,, tout à fait absurde, et qui ne manquera pas de compliquer la situation, va acculer le président Salah à des positions extrêmes, et risque de précipiter sa chute, parce qu'il est difficile d'imaginer qu'il décide de l'appliquer, et encore moins qu'il en ait les moyens. Aïdarous al-Naqib, Le chef du Parti socialiste yéménite (opposition) a déclaré à la presse que « le pouvoir ne pourra pas appliquer l'état d'urgence, car il lui faudrait tuer dix millions de yéménites ».