Ils ont observé hier un sit-in devant le ministère de la santé Les résidents maintiennent le cap Par : DJAZIA SAFTA, Liberté, 26 mai 2011 Le bras de fer entre les résidents et le ministère de la Santé continue. Après deux mois de grève illimitée, les étudiants en résidanat ne lâchent pas prise et font toujours de l'abrogation du service civil la base de tout accord avec la tutelle qui, de son côté, écarte toute possibilité quant à une telle mesure. Ainsi, les résidents ont tenu, hier, un énième sit-in devant le ministère de la Santé. Ils sont venus par centaines à ce “rassemblement du deuil”, ainsi intitulé par les protestataires, pour démontrer une fois de plus, disent-ils, leur détermination à se battre jusqu'à l'abrogation du service civil. Silencieux et portant des brassards noirs, les futurs spécialistes ont voulu exprimer ainsi l'étendue du “choc” que leur ont valu les déclarations de la commission des sages réunie lundi dernier. “Toutes les personnes présentes à cette réunion se sont accordées sur l'impossibilité d'abroger le service civil. La commission a été orientée sur le maintien du service. Les responsables veulent nous faire croire que les problèmes de la santé publique en Algérie ne peuvent être réglés que par le service civil. Un des représentants du Sud nous a assurés que dans l'hypothèse où le service civil serait abrogé, le Sud du pays se retrouvera dans une situation similaire à celle qui prévaut au Soudan. Un autre va plus loin dans la provocation en déclarant qu'en 24 heures, il peut ramener des médecins du Niger et du Mali”, relate le Dr Yelles, porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents (Camra). “Nous sommes choqués par ces déclarations. L'Etat n'a jamais pris ses responsabilités et nous nous trouvons otages de cette situation”, lâche-t-il. Pour les résidents, la tutelle fait toujours dans “la politique du bricolage et du replâtrage” afin de calmer la population. Les protestataires n'ont pas omis de dénoncer le fait que leur tutelle “politise” la question du service civil. Pour sa part, le Dr Mohamed Sahnoun, autre porte-parole du collectif, se dit indigné par “les manœuvres de la tutelle”. “Nous ne sommes pas des tubes digestifs. Le ministre met sur la table des millions et nous sommes toujours là, c'est la preuve irréfutable que nous nous battons pour notre dignité”, clame-t-il. “Ce qui arrive est grave. La tutelle nous a promis de trouver des solutions pour l'après service civil, et lors de la commission, nous avions en face de nous des sages qui ne savent même pas ce que veut dire un plateau technique”, dénonce-t-il. “Nous ne comprenons pas pourquoi on nous pointe du doigt. Nous ne voulons rien d'autre que le bien du malade. Nous avons des bac + 12 et durant le service civil nous nous retrouvons à rédiger des lettres de recommandation pour la prise en charge des malades au Nord faute de moyens dans les zones reculées du pays”, souligne le Dr Sahnoun. Les résidents défient le ministère qui les menace, selon eux, de décréter l'année blanche. “Nous avons étudié durant 12 années, un an de plus ou de moins ne va rien changer pour nous”, tonnent-ils. Alors que le rassemblement se tenait, le ministre de la Santé présidait la cérémonie d'affectation des 1126 nouveaux spécialistes. Les DEMS ont dénoncé cette mesure qu'ils qualifient de “guet-apens”. “Les DEMS sont obligés de signer leur décision d'affectation. C'est la première fois que les choses se déroulent de la sorte. Avant, le médecin spécialiste signait son affectation à l'hôpital après une visite des lieux et il avait droit au recours. En invitant la télévision, le ministre veut mettre la pression sur les médecins en les obligeant à signer. C'est un véritable guet-apens”, accuse le Dr Halkoum. Ce week-end, les résidents tiendront un conseil national pour déterminer les suites à donner à leur mouvement.