Les dockers algériens viennent de lancer une sévère sommation au régime. Ils menacent d'entamer une grève générale dans 10 ports algériens. Ce qui signifierait une paralysie totale du pays, si la grève est générale et si elle se prolonge au delà de quelques jours seulement. En plus de revendications salariales importantes, et de réaménagements des conditions de travail, les dockers s'élèvent contre la privatisation des ports qu'ils estiment relever de la souveraineté nationale. Rappelons que le syndicat des dockers d'Alger, dans les années 50, connu dans le monde entier pour avoir soutenu la lutte du peuple vietnamien contre l'occupation française, puis pour s'être engagé avec force dans le combat pour la libération nationale, est pétri de syndicalisme et de valeurs de gauche. Le 02 mai 1962, un attentat de l'OAS contre les dockers d'Alger, dans le port de la capitale, fit 62 morts et des dizaines d'estropiés. L'OAS avait voulu s'attaquer ainsi à la formation syndicale la plus avant gardiste des Algériens. On raconte que dans le début des annés 70, avant que Boumediene n'enterre le syndicalisme algérien avec son dispositif de la GSE, les dockers d'Alger lui avaient tenu tête, et lorsqu'il avait été les rencontrer dans une salle, pour les convaincre de mettre fin à leur grève, ils avaient tous allumé des cigares. Pour bien lui montrer que les vrais révolutionnaires, c'étaient eux! Aujourd'hui, ils dénoncent la main mise du régime sur l'UGTA et contestent la politique et la mollesse intéressée de ses dirigeants. Et le grand Amar Tou, ci-devant ministre des transports, refuse de les recevoir. Parce qu'il ne connait pas l'histoire de leurs aînés. Ils devraient lui refaire le coup du cigare, quand il ira les supplier d'arrêter leur grève. Haut les cœurs Dockers! Le peuple avec vous! Haut les cœurs Dockers, montrez leur que le pays n'est pas leur propriété! Que le pays n'est pas à vendre! Reprenez la lutte!