Dans ma chronique intitulée « Algérie : Silence Tout Va Bien » j'ai parlé d'un cancéreux, mort dans d'atroces souffrances, qui était de son vivant terrorisé quand sa famille lui proposait de le ramener à l'hôpital pour des soins ou un contrôle. Il répondait à ses parents que les médecins du CAC laissent mourir les malades. Ce matin j'ai lu une enquête de Farida Hamidou sur le centre anticancéreux de Constantine. J'ai relevé deux déclarations émanant l'une d'un malade, l'autre d'un médecin. Voici un extrait de l'article : - »… C'est une clameur de révolte unanime. Un homme, la cinquante, venu de Guelma s'écrie : « Dites-nous, Sommes nous des êtres humains ou du bétail ? Pourquoi les responsables ne bougent pas ? Cela les arrange peut-être qu'on meurt tous, même si Dieu lui même ne l'a pas décidé »-. Voici un autre extrait : Un cancérologue s'accuse : « Nous sommes des criminels ». Voici ce qui confirme les déclarations de nombreux malades et de leurs parents accusant les médecins du Centre anticancéreux de Constantine de ne rien faire pour sauver les malades. Moi même j'ai beaucoup écrit sur le grand désodre du CHU de Constantine, sa mauvaise gestion, sa faramineuse consommation budgétaire, le matériel neuf ou vieux toujours en panne souvent provoquée, le banditisme de certains de ses médecins en double fonction dans des cliniques et des laboratoires du secteur privé et qui font attendre longtemps les malades pour les contraindre à se faire opérer en clinique du secteur privé. Nous connaissons des malades qui sont morts avant d'avoir eu le temps de réunir la somme d'argent nécessaire demandée par la clinique. Il y a deux mois je m'étais présenté au bureau local d'El Watan pour y déposer une lettre sur le CAC que je voulais voir insérée dans la rubrique « courrier des lecteurs ». C'était Farida Hamidou qui m'avait reçu en qualité d'intérimaire du responsable. Coïncidence, elle était en train de préparer un reportage sur le même sujet. Ce qui a facilité grandement le contact entre nous. Nos observations et analyses convergeaient, se complétaient. J'ai senti chez cette jeune femme la volonté de sauver des malades qui pouvaient guérir avec une prise en charge correcte par les médecins et il y en avait des centaines dans ce cas. Dans ma lettre j'accusais une infirmière d'avoir administré des médicaments à un malade sans attendre les ordres du médecin traitant. Je prévoyais des conséquences très graves sur le malade qui n'avait plus la force de bouger du lit et de se nourrir. Certes l'infirmière a été sévèrement réprimandée par le médecin pour une faute qui pourrait tuer le malade à brève échéance mais c'était insuffisant de mon point de vue tant la faute est grave, inadmissible. Ma lettre d'un lecteur adressées aux lecteurs du journal était une dénonciation, un SOS, pour que des fautes aussi graves ne se produisent pas impunément dans nos hôpitaux. Je cherchais un soutien auprès de journalistes amis. Farida Hamidou ne me connaissait pas mais elle avait compris ma démarche. Malheureusement la décision de publication ne lui appartenait pas, surtout que ma lettre contenait des accusations claires. Il y a une semaine je me suis rendue encore au bureau local d'El Watan. Cette fois spécialement pour informer Farida Hamidou de la MORT du malade qui selon moi, a été empoisonné par l'infirmière qui était pressée de rentrer chez elle. Comme la première fois je lui ai remis un courrier. De son côté elle m'a informé qu'elle préparait un autre reportage sur le CAC « pour secouer les consciences assoupie ». En somme, nous avions le même objectif et le courant passait très bien grâce à un ami commun qu'elle a reçu en même temps que moi, lors de notre première rencontre, et qui lui avait appris que je suis poète. Son article mérite toute l'attention. C'est un travail tout ce qu'il y a de correct pour une journaliste tenue à une certaine prudence langagière. Des malades poussés prématurément au cimetière par un ministre qui joue au pompier sans éteindre l'incendie qui ravage l'hôpital, une administration qui fait trainer les choses sans tenir compte du fait gravissime que chaque jour qui passe des cancéreux voient désespèrément leur chance de guérison diminuer. C'est une torture morale insupportable qui les incite à la résignation, à se négliger au lieu de combattre la maladie. J'en ai vu beaucoup dans cet état de totale démission à cause de la démission visible des équipes médicales et paramédicales. Sous d'autres cieux le personnel médical et paramédical fait l'impossible pour gagner la confiance et l'estime du malade. Quand un cancérologue s'accuse d'être un criminel il sait parfaitement qu'un retard de quelques jours dans le traitement d'un cancéreux se solde parfois par un décés qui est assimilable à un acte de non assistance à personne en danger de mort. Il sait que son travail est de préserver la vie mais l'exercice de son métier est perturbé par l'irresponsabilité du ministre de tutelle, une administration déshumanisée, la bureaucratie et l'immoralité de certains intervenants en amont et en aval du secteur de la santé. Vu l'importance du sujet j'ai décidé de reprendre quelques passages de l'article de Farida Hamidou sans l'autorisation d'El Watan car j'estime que l'enquête mérite d'être reprise par tous les journaux algériens parce qu'il y a mort d'enfants, de femmes et d'hommes qui n'ont eu pas les moyens d'aller se faire soigner au frais de la CNAS à l'étranger mais qui, une fois mort, sont inscrit sur le registre des décés naturels. Ce qui est scandaleux. Parlant de l'équipement Farida Hamidou. écrit : - » Notre médecin cancérologue nous guide vers le bunker, un espace lugubre où se font les séances de radiothérapie. Des mastodontes effrayants, faisant penser à des animaux préhistorique, trônent dans un espace en RUINE. Une femme, atteinte d'une tumeur au sein, était allongée sur l'une d'elles, comme pour une séance de torture. - »Nous utilisons un appareillage complètement obsolète. Ces deux machines qui tombent tout le temps en panne datent de 1986, elles sont hors normes, elles représentent un danger certain pour les malades et pour les manipulateurs, martèle notre guide ». Paradoxalement le nouveau matériel commandé depuis 5 ans est prêt. Il a coûté 4 millions de dollars mais cela représente quoi pour toutes ces vies humaines à sauver ! 3 caisses contenant les socles des nouvelles machines sont déjà arrivées et le reste des équipements est au port de Skikda, en attente de dédouanement. Tout sera livré la semaine prochaine, nous dit-on. Mais qu'a-t-on fait pour accueillir ce nouveau matériel avec lequel les malades seront traités en 10 minutes au lieu de 45 minutes avec le colbat. Rien. Les entrepreneurs et les architectes ayant déjà effectué quelques travaux au CHU refusent de continuer parce que, nous fait-on savoir, ils n'ont pas été payés. L'hôpital leur doit 700 millions de centimes. En supposant que les travaux au niveau des bunkers démarrent aujourd'hui même, il faut compter globalement 8 à 12 mois entre la pose du matériel, les essais, l'initiation du personnel… Et je certifie que d'ici là, la presque totalité des malades feront des métastases, développe notre interlocuteur. Depuis la visite éclair du ministre de la santé, le 11 juin dernier, rien n'a bougé. Il avait pourtant donné instruction aux autorités locales concernées pour débloquer la situation. En vain ! Les rapports exhaustifs rédigés par plusieurs médecins sur la situation catastrophique et adressées à l'administration sont restées lettres mortes. De notre côté nous avons tenté de voir le directeur du CHU, le Pr. Oubira, mais la secrêtaire nous informe qu'il est absent*. « Nous sommes des criminels », s'accuse, en désespoir de cause, un cancérologue. Un silence assourdissant, c'est toute la riposte opposée à tout ce désespoir, à toutes cette détresse. Les malades sont là, en sursis, face aux consciences assoupies. Ce qui est très grave c'est que le ministre de la santé, les autorités locales et nationales savent très bien que leur inertie entraine la mort des patients qui sont obligés à un traitement décalé par rapport au calendrier médical. En outre elle aggrave l'état de santé des malades qui doivent attendre (combien de temps ?) pour accéder aux soins du CAC à cause des pénuries de médicaments, des places disponibles, de la vestuté des équipements. En début juillet je m'étais présenté au CAC avec une lettre de recommandation pour rencontrer un cancérologue. L'appariteur m'a informé que le CAC ne recevait plus de nouveaux malades jusqu'à nouvel ordre. Il croyait que j'en été un. Voici le drame ! Des malades présentant de gros risques de développer des métastases mortels et qui doivent être pris en charge de toute urgence ne sont même pas inscrits sur une liste d'attente. N'est-ce pas un assassinat prémédité ? Djamel Ould Abbas et sa bande d'irresponsables seraient en prison si nous étions dans un Etat droit. - Hocine Mahdi Le 30 juillet 2012 *) Le directeur ne reçoit pas les journalites et les parents de mmalades. Avant de publier mes chroniques sur le centre anticabcéreux j'ai voulu lui poser des questions. Trois fois de suite on m'a informé qu'il était absent. C'était faux. Il était enfermé dans son bureau/bunker. Je lui ai fait remettre un courrier qu'il a transmis au médecin chef du centre anticancéreux.