Il y a, tout le monde en conviendra, une très grande différence entre un système où ceux et celles qui sont supposés gérer le pays ou représenter la population se contentent d'applaudir un groupe réduit de décideurs – lorsqu'il ne s'agit pas d'un décideur unique – et répéter à l'infini, tels des perroquets bien dressés, ce que ce groupe réduit dit, et un système où la parole est réellement libre et responsable et où chacun fait l'effort d'analyser et de comprendre ce qui se passe autour de lui et de donner son opinion sans craindre rien, ni personne, même et surtout lorsqu'il s'agit de mettre en évidence les erreurs commises par les décideurs au plus niveau, erreurs qui risquent de compromettre l'avenir de la nation tout entière pour longtemps. Le premier dérivera inévitablement vers le despotisme et la tyrannie et la pensée s'y fossilisera jusqu'à devenir incapable de se mouvoir et d'appréhender le réel. La médiocrité et l'hypocrisie y feront leur nid et la société se videra de toute sa sève vitale. Toutes les institutions éducatives se contenteront de reproduire la médiocrité à l'infini, formant des individus incapables de penser, juste bons à mettre en œuvre de manière mécanique des procédures pondues par d'autres. Lorsque, par accident, un individu prendra conscience de l'absurdité de la situation et essaiera de dire honnêtement ce qu'il en pense, le système l'écrasera sans pitié. Le second se perfectionnera et améliorera ses performances jour après jour, éliminant progressivement tous les obstacles qui empêchent les individus de s'épanouir, se mouvoir librement et accomplir leurs tâches avec le maximum d'efficacité. Dans les siècles passés, le monde évoluait lentement et l'économie était essentiellement basée sur l'agriculture, l'élevage et le commerce, les techniques utilisées sous toutes les latitudes étant très similaires. Aujourd'hui, à l'ère industrielle, chaque jour qui passe voit apparaître de nouvelles techniques et de nouvelles améliorations – lorsque j'ai commencé à travailler dans les années 70, le « gros » ordinateur que nous utilisions avait 32 KB de mémoire et quelques centaines de MB de disque sous forme de grandes armoires, alors qu'aujourd'hui un lap-top ordinaire a 4 GB de mémoire et une petite clé USB que tout un chacun peut garder dans la poche peut contenir plusieurs dizaines de GB d'espace de stockage. Malheur aux sociétés qui se fossilisent et deviennent incapables d'innover et d'améliorer continuellement leurs performances. Malheur aussi à celles qui s'engluent dans des systèmes complètement détraqués que personne ne peut plus contrôler. Malheur enfin à celles qui s'engagent dans des conflits sans fin entre groupes rivaux qui se livrent un combat à mort pour le contrôle de l'Etat et du pays. Dans le monde d'aujourd'hui, il n'y a plus de place pour l'improvisation et l'incompétence, il n'y a plus de place pour les cancres qui refusent d'apprendre, il n'y a plus de place pour les peuples-troupeaux que n'importe quel voyou armé d'une mitraillette peut contrôler. Les systèmes qui empêchent les compétences de se déployer librement et qui permettent à un groupe réduit d'individus de monopoliser le droit de dire ce qui est vrai et juste et de décider de la politique à appliquer sont la plus grande des malédictions pour toute société aujourd'hui. Dans le monde d'aujourd'hui, accepter le despotisme et la tyrannie, c'est condamner ses descendants à devenir les futurs esclaves des peuples libres.