Le mensonge et la tromperie sont la marque de fabrique du pouvoir politique algérien et ce depuis 1962. Faut-il donc s'étonner que ceux qui ont hérité de ce pouvoir, transmis de colonel en général, y recourent encore une fois aujourd'hui sans honte et sans vergogne? Non, bien sûr. Mais c'est notre devoir citoyen de dénoncer encore et toujours les « experts » en manipulation et en intoxication de masse qui se trouvent à la tête du pays. Les médias publics et « privés » nous ont largement et copieusement servi, depuis le début de la prise d'otage d'In Amenas, toutes sortes de plats empoisonnés, dans le but de nous éloigner de la vérité. L'enjeu est de taille pour la caste au pouvoir : la survie, tout simplement. Le premier message subliminal que nous ont adressé ces spécialistes de l'intox est, bien évidemment, celui qui consiste à discréditer, encore une fois, l'« islamisme », toutes catégories confondues. Air connu, car ressassé sans retenue depuis 20 ans. Nous ne nous y attarderons donc pas. Le second message est celui qui nous désigne nos voisins du « Printemps Arabe » comme des arrière-bases terroristes. Ainsi, la Libye et la Tunisie seraient largement représentées au sein du commando qui a attaqué la base d'In Amenas. Le Borgne serait même à Tripoli... Voyez braves gens ce que sont en vérité ces nouveaux régimes issus du Printemps Arabe : d'affreux « islamistes » exportateurs de terrorisme qui veulent mettre notre pays à feu et à sang. Le troisième message nous désigne les militaires comme des héros, des professionnels, des patriotes toujours prêts à défendre le pays et les civils comme des incapables, incompétents et corrompus. Il n'est pas dans notre intention de défendre ici la réputation d'un boutef, d'un sellal, d'un ould-kablia ou d'un mohamed saïd, dont le mutisme ou les lamentables sorties médiatiques témoignent largement de leur incapacité à communiquer une quelconque vérité et du profond mépris qu'ils vouent au peuple algérien. Mais les généraux qui tirent les ficelles dans les coulisses et font et défont les gouvernements depuis des lustres – les « civils » qui sont supposés gouverner le pays n'ayant toujours été que leurs pions dociles et incapables de prendre une quelconque initiative – ne sont guère plus fiables. Jusqu'à ce jour, aucun général ne nous a expliqué comment le commando terroriste a pu prendre aussi facilement le contrôle de la base d'In Amenas, dans une région hautement sensible – qui n'avait jamais subi d'attaques semblables, même au plus fort de l'activité des groupes armés durant les années 90 – et au moment où l'armée algérienne est supposée être en état d'alerte maximale, une guerre étant menée de l'autre côté de la frontière – guerre dans laquelle l'Algérie est impliquée, du moment que le chef de l'Etat a autorisé le survol du territoire national par les avions militaires français. La plus grande compétence et le plus grand professionnalisme de nos soldats ne me semblent pas non plus corroborés par les faits : tuer les otages en même temps que les terroristes ne nécessite en effet pas un savoir-faire militaire spécial et de haut niveau. Qu'on me comprenne bien : je ne cherche pas à discréditer les militaires algériens; je dis simplement qu'ils ne sont pas plus compétents que les civils. L'incompétence est aujourd'hui dans tous les domaines et il y a fort à parier qu'à niveau de hiérarchie égal, elle est encore plus grande au sein de l'armée. Le pouvoir mafieux qui tient le pays d'une main de fer, et qui n'hésite jamais à frapper très fort lorsqu'il a affaire aux militants isolés des droits humains et autres associations de chômeurs, est plus que jamais dans l'impasse et incapable d'amorcer une réelle dynamique de réformes susceptible de donner au pays un nouveau départ et de le sortir du marasme dans lequel il baigne depuis trop longtemps. Les septuagénaires qui trônent au plus haut niveau de la hiérarchie ne sont plus que des momies que la mort habite déjà. Hélas, mille fois hélas, le peuple algérien ne semble pas avoir pris la juste mesure de l'étendue du désastre et du niveau de l'indignité dans laquelle l'ont plongé ces deux individus et leurs clans respectifs. Plus que jamais, tous les patriotes sincères sont aujourd'hui appelés à se rassembler, sans exclure quiconque,et en veillant seulement au respect de deux critères fondamentaux : - afficher publiquement et sans ambigüité son opposition au pouvoir mafieux en place et sa volonté de chasser ses représentants des commandes de l'Etat; - afficher publiquement et sans ambigüité également son attachement à la démocratie et à l'Etat de droit.