J'avoue qu'en prenant régulièrement connaissance des articles et commentaires qui sont publiés sur LQA, de même que sur certains autres quotidiens en ligne, je suis souvent tenté de céder au découragement et d'oublier toute idée de changement de régime dans notre pays, pour le moment. Il n'est partout question que d'élites corrompues qui ont trahi le peuple, peuple qui est lui-même totalement déconnecté de la politique et dont le changement de régime est le dernier des soucis. De nombreux camarades de classe que j'ai connus alors que j'étais enfant et adolescent sont aujourd'hui très haut placés dans la hiérarchie – militaire et civile – du système. Ayant étudié avec eux, je sais qu'ils sont issus du peuple et qu'ils ne différaient en rien de l'Algérien moyen qu'on pouvait rencontrer dans les rues d'Alger, Oran, Constantine ou Biskra dans les années 60-70. Ayant perdu tout contact avec eux depuis longtemps, je ne sais ce qu'ils sont devenus, entre temps, sur un plan purement humain. Je ne peux, cependant, me faire à l'idée qu'ils seraient devenus au mieux des harkis du système mafieux qui phagocyte l'Algérie, pour ne pas dire ses défenseurs les plus zélés. Eux et moi appartenons à la génération de Ali Benhadj, Saïd Sadi, Abdallah Djaballah, Louisa Hanoun, ouyahia..., cette génération qui aurait dû prendre le relais de la génération de Novembre, qui avait elle-même remplacé celle de Messali, Ben Badis et Ferhat Abbas, qui furent eux aussi les dépositaires d'une longue chaîne de résistants et de militants qui avaient dédié leur vie au combat pour la liberté et la dignité du peuple algérien. Notre génération aurait dû continuer le chemin parcouru par ses dignes aînés et mener le pays dans la bonne voie, celle de la liberté et de la dignité, de la prospérité économique et de la justice sociale. Hélas, alors que la génération de Boudiaf, Aït-Ahmed et Krim, malgré ses errements et ses erreurs, nous avait laissé un pays libéré de l'occupation coloniale, ma génération laissera à ses enfants une Algérie en bien piteux état, une Algérie qui portera à jamais, comme des balafres indélébiles, les traces des crimes innommables commis par des monstres surgis on ne sait d'où qui ont sali cette terre que tant de martyrs ont arrosée de leur noble sang. Partout, dans tous les journaux, il n'est aujourd'hui question que de corruption, violence, répression, médiocrité, régression, mensonge, duplicité et trahison. Pas le moindre signe de redressement. Pas la moindre lueur d'espoir. Deux vieillards impotents, parfaits représentants de cette meute d'opportunistes aux dents longues et de filous pressés de se vendre au plus offrant et de se remplir les poches à bon compte qui ont envahi toutes les sphères du pouvoir dès l'indépendance, trônent à la tête des différents clans mafieux qui se sont partagé le pays et ses richesses. Leurs réseaux, tissés en 50 ans de règne sans partage par tous ceux qui ont gravité et gravitent toujours autour du pouvoir ANP-FLN-RND-DRS, dont les mutations successives furent autant de coups de poignard portés aux forces patriotiques sincèrement désireuses de hausser l'Algérie au rang des nations qui avancent, paralysent le pays et le vampirisent en plein jour, au vu et au su de tous, hommes et femmes, jeunes et vieux. Avec leur consentement tacite. Situation cauchemardesque qui dure et s'éternise, alors que le monde bouge autour de nous et que des peuples autrefois subjugués et soumis à des pouvoirs mafieux ont réussi à briser leurs chaînes – comme le peuple algérien réussit à briser les siennes entre 1954 et 1962 – entamant une nouvelle ère, celle de l'Etat de droit, de la dignité et de la liberté. Bien sûr, leur chemin sera semé d'embûches et ils auront probablement à livrer de nombreux combats avant d'atteindre le but qu'ils se sont fixé, mais le plus important est qu'ils ont fait le premier pas : ils ont mis le pouvoir mafieux à terre. Quel avenir pour mon pays, à l'aube de cette nouvelle année du calendrier amazigh? Sera-ce encore une année de corruption, de mensonge, de trahison, de médiocrité et de régression? Les deux vieillards impotents et leurs réseaux mafieux qui ont pris possession du pays continueront-ils à sucer tranquillement le sang de l'Algérie, sans que rien ne vienne troubler leur festin? Le peuple algérien ne mérite-t-il que cela? Est-il donc incapable d'enfanter en nombre suffisant des hommes et des femmes libres et dignes, compétents et intègres, que cette situation révolte et qui sont prêts à s'attaquer au système mafieux jusqu'à le déloger et le chasser définitivement du pays?