Cette lettre a ete ecrite en 2005 Monsieur le Président de la République Aux naïfs qui les interpellent sur leurs actions les plus blâmables, les politiciens éprouvés, qui ne vous arrivent pas à la babouche, répondent habituellement et non sans une certaine condescendance agacée, qu'ils font de la haute politique… eux. Ils disent aussi, pauvres et pâles imitateurs de votre grandeur, que l'Histoire, avec un grand H, n'a pas d'état d'âme. Ni le temps d'attendre les retardataires de la pensée.C'est en tous cas ce que vous semblez répéter dans chacun de vos magnifiques discours à la nation. Votre politique de haute voltige, vision d'aigle royal au dessus de hautes cimes, délicate alchimie d'équilibres subtils, échappe décidément à l'entendement de nous autres, grossiers et humbles Algé..riens du tout, qui n'arrivons décidément pas à nous élever jusqu'aux mystérieux pinacles que vous foulez de vos célestes pieds mignons. Je vous écris cette modeste lettre une journée avant le plébiscite que vous appelez de vos voeux, qui sont des ordres, et qui ne manqueront pas d'être très certainement exaucés. En tous cas à plus de 90%. De toutes les façons, nous ne pouvons pas savoir ce qui est bon pour nous, mieux que vous. Puisque nous avons enfin compris que vous êtes de nature divine et que sans vous il ne peut y avoir d'Algérie, ni encore moins d'Algériens. C'est pour cela d'ailleurs, qu'après le referendum, nous vous prions de réviser en urgence la constitution afin que vous puissiez briguer un troisième mandat. Que dis je?…briguer ? Non plutôt être sacré Président à vie. Que dis je?… Président ? Non ! Souverain plutôt ! Sultan absolu et le premier d'une dynastie inextinguible. A votre mort, si jamais vous êtes mortel et comme vous n'avez pas d'enfant connu et à moins qu'il s'en présente par miracle, vous nous ferez l'insigne privilège de léguer la couronne à l'un de vos frères. Celui qui vous ressemble le plus, s'il vous plait. Votre règne n'en sera que plus magnifique, puisque l'on pourra enfin baiser vos orteils impeccables et vous donner enfin le titre que vous méritez de Majesté Sublimissime. Cela fera crever d'envie tous ces émirs et autres roitelets du golfe qui n'ont pas su deviner votre immense destin, lorsque vous faisiez votre traversée de leurs déserts américanisés. Cet honneur que vous nous ferez en acceptant de devenir notre souverain bien aimé ne changera rien à vos attributions, puisque vous êtes déjà le maître incontesté et incontestable de notre vie et même de nos morts, de nos disparus, de nos torturés et de nos bourreaux. Mais cela nous épargnera à l'avenir de nous rendre aux urnes pour exprimer notre volonté. Seule la vôtre comptera dorénavant. Il ne sera plus besoin de mettre en branle la machine à voter du très compétent et estimé Ouyahia, ni de solliciter tous ces relais auxiliaires du syndicat le plus représentatif du monde, de l'administration la plus honnête et de tous ces services de sécurité dont la neutralité est devenue un exemple qu'on enseigne dans toutes les grandes universités de Chine. Cela vous évitera surtout de gaspiller votre précieuse salive. Plus de discours, plus de tournées dans cet arrière pays nauséabond, plus de huées kabyles, ni de vivats assourdissants d'aboyeurs patentés. Ni d'interminables bousboussades. Vous n'aurez qu'à ordonner. D'ailleurs sous votre royauté consacrée, ce sera le paradis sur terre. Plus personne ne tuera, n'enlèvera ni ne torturera. Les généraux viendront bêler doucement à vos pieds, les islamistes scanderont vos discours qu'ils auront appris par coeur, tous les consulats de France fermeront leurs portes puisque nous ne voudrons plus de leurs visas, l'amazigh ira rejoindre les autres langues mortes, les journalistes auront la main ou la langue coupée selon qu'ils soient de la presse écrite ou parlée, les derniers historiques qui traînent encore dans la vie seront cloués vivants dans les musées et tous les maux de la terre ne seront qu'un mauvais souvenir dans notre cher Bouteflikastan. Alors vivement le plébiscite pour la charte et surtout la révision constitutionnelle tant attendue ! Votre très humble et dévoué sujet,