A chaque jour son lot de harragas Les pouvoirs publics n'ont pas réellement inclus le phénomène harraga comme une priorité. Le phénomène harraga prend de l'ampleur et la frénésie de rejoindre clandestinement la rive nord de la Méditerranée, bat son plein ces derniers jours. Les gardes-côtes interceptent ces «candidats à la mort» presque tous les jours, surtout dans l'est du pays. Après les 14 harragas, mardi dernier au large de Annaba, les gardes-côtes de ce grand port ont également appréhendé, deux jours après, 86 candidats à l'émigration clandestine. Ces jeunes, dont une femme, sont tous âgés entre 18 et 30 ans. Ils se sont constitués en deux groupes et ont tenté de traverser la Méditerranée à bord d'embarcations de fortune. Le premier groupe, à bord de 3 embarcations, a été arrêté au large des côtes de Annaba à 12 miles de Ras El Hamra. Ces candidats à l'émigration clandestine étaient dans un état de fatigue extrême et il avait fallu faire appel à la Protection civile pour leur prodiguer les premiers soins avant qu'ils ne soient débarqués sur la terre ferme. «Ces hommes ont été sauvés in extremis d'une mort certaine», a ainsi déclaré le commandant du groupement territorial, qui précise: «Nous avons fait notre devoir.» Le second groupe a été intercepté en haute mer à bord de 2 autres embarcations, à une soixantaine de miles de Cap Rosa (El Kala). Les frêles embarcations emportées par les courants, dérivaient au large, les harragas qui ne pouvaient rien faire, espéraient l'intervention d'un bateau de passage. Heureusement que les gardes-côtes qui patrouillaient dans le secteur, les avaient aperçus et les ont «récupérés». Le phénomène des harragas prend de l'ampleur et est devenu une véritable épidémie parmi les milieux jeunes dans toute cette région de l'Est, limitrophe des côtes italiennes. Pas plus tard qu'avant-hier, un groupe de 200 harragas venant d'Algérie a été «cueilli», avant qu'il n'accoste les côtes de la Sardaigne, par les gardes-côtes italiens. Cette prise démontre, sans conteste, que malgré la surveillance accrue de nos côtes, des centaines de candidats à l'émigration réussissent à passer à travers les mailles du filet. Si cela continue, ce seront bientôt des boat-people qui tenteront de rejoindre les côtes sud de l'Europe. Ces «harragas» se dirigent en général vers les côtes italiennes, a-t-on appris de sources proches du commandement du groupement territorial des gardes-côtes. Les dernières arrestations ont été rendues possibles grâce à des informations parvenues aux gardes-côtes faisant état d'embarcations artisanales. Ces rescapés de la mort, une fois interceptés, sont acheminés par groupes au siège des gardes-côtes, où ils subissent un contrôle médical avant d'être présentés dans la journée devant le procureur de la République de Annaba, a-t-on ajouté. Durant le premier semestre 2008, 718 Algériens, qui tentaient d'émigrer clandestinement en Europe, ont été interceptés et 38 embarcations saisies selon les Forces navales algériennes. Plus de 1500 candidats à l'émigration clandestine avaient été arrêtés en 2007 en Algérie, contre 1016 en 2006, selon la même source. Ces chiffres, au regard de la recrudescence des tentatives de quitter le territoire national, risquent d'être dépassés pendant la saison en cours. C'est un véritable drame! Aucune mesure dissuasive ni aucune loi ne semblent pouvoir freiner cette frénésie des candidats à la «harga». Les interceptions ont pu avoir lieu grâce à de bonnes conditions météo. Les pouvoirs publics doivent néanmoins réfléchir davantage à une solution urgente à ce triste phénomène. Qu'est-ce qui pousse les harragas à cette forme de suicide? Pour le moment aucune rencontre réelle ni aucun atelier n'a été mis sur pied par des autorités publiques pour étudier et comprendre ce problème des jeunes, selon toute vraisemblance, insoluble. C'est une honte!! Les jeunes qui fuient leur pays, fuient leurs familles et l'environnement où ils ont grandi, ne sont pas pour autant des aliénés. S'ils ont le «courage» d'affronter les vagues du large, cela veut dire qu'ils sont vraiment dépassés par les problèmes qu'ils affrontent au quotidien. Puisque toutes les portes leur sont fermées, aucun espoir en perspective, ces jeunes veulent, à travers «ces tentatives de suicide», dénoncer le marasme et l'injustice dont ils sont victimes. Cette situation pousse à se demander s'il y a une vraie prise en charge de la jeunesse. Y aurait-il autant de harragas cherchant à vivre clandestinement sous d'autres cieux, s'ils avaient trouvé réponse à leurs préoccupations? La réponse serait évidemment non. C'est l'heure, messieurs les responsables, de s'intéresser aux jeunes pour qu'il y ait moins de drames qui nuisent au pays, à sa population et à sa renommée internationale. Au passage, ce phénomène ne concerne pas uniquement l'Algérie. Selon la chaîne Euronews, 70 harragas sont morts noyés dans la nuit de mercredi à jeudi au large de Malte. La majorité d'entre eux était d'origine africaine. Leurs corps ont été repêchés au large de l'île. Les secours étaient pourtant partis à leur recherche dès l'annonce de leur disparition, selon les témoignages de 8 survivants. Selon cette source, les huit personnes ont été secourues par un bateau de pêche maltais à environ 40 miles nautiques (70km) au sud de Malte alors qu'elles se trouvaient sur un canot gonflable, à moitié rempli d'eau. «Si le bilan de 70 morts était confirmé, il s'agirait d'une des plus grandes tragédies d'immigrants clandestins pour Malte, le plus petit pays de l'Union européenne», ajoute Euronews.