Après plus de cinquante années de dictature, les peuples de notre région, ont enfin décidé de se prendre en charge en déclenchant spontanément ce qu'on appelle le printemps arabe. C'est ainsi que des jeunes non politisés dans leur ensemble, ont provoqué des manifestations spontanées et pacifiques pour dénoncer les dictatures aussi bien en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen, au Bahreïn et en Syrie. N'ayant pas vu venir les révolutions populaires tunisienne et égyptienne, les puissances ont réagi rapidement pour s'adapter à la situation avec comme seul objectif, la préservation de leurs intérêts. Se faisant passer pour les champions de la démocratie, les puissances et particulièrement l'occident, ne pouvaient pas interrompre directement le processus de démocratisation des pays de la région. Une stratégie aussi cynique qu'antidémocratique est alors adoptée. Elle consiste à discréditer le printemps arabe et s'il le faut le combattre indirectement en brandissant la menace islamiste. En effet, conscients du caractère aussi passionnel que passionné que peuvent susciter les débats se rapportant à l'islam politique, les puissances et particulièrement l'occident, ont rapidement joué sur les peurs et les divisions pour défendre leurs intérêts dans la région. Usant de la disponibilité de l'Arabie Saoudite et du Qatar d'un côté et des difficultés de gestion qu'ont manifestés les islamistes au pouvoir aussi bien en Tunisie qu'en Egypte, l'occident en adoptant une position cynique et pragmatique, risque de pousser tous les pays de la région sur la voie des conflits fratricides . Sensibles au manque à gagner en cas où les peuples de la région se réveillent, les régimes des pays de la région jusqu'ici épargnés par le printemps arabe, ainsi que leurs maitres occidentaux ,ont décidé d'étouffer le printemps arabe par tous les moyens, d'où les crises égyptiennes et tunisiennes ,ainsi que le prolongement du désastre syrien . Malgré l'acharnement des ennemis de la liberté, la Tunisie forte du compromis politique scellé dès le début de la révolution entre les différentes tendances politiques, risque malheureusement d'être le seul survivant du naufrage voulu du printemps arabe. Une chose est certaine, tout échec du printemps arabe dans un pays, risque de se répercuter sur l'ensemble des pays de la région par le discrédit de la chose politique qu'il pourrait symboliser auprès de nos populations initialement apolitiques.