De Ali Benflis à Yasmina Khadra, la liste des candidats indépendants postulants aux plus hautes destinées du pays est longue. Quelles sont donc leurs armes pour succéder au pouvoir personnel de Bouteflika ? Quels sont les arguments qu'ils comptent mettre en avant pour convaincre le peuple du bien fondé de leurs candidatures et empêcher l'actuel locataire d'El Mouradia de briguer un quatrième mandat ? Certains ont déserté la scène politique sans jamais s'exprimer sur les pulsions qui secouent le pays depuis plus d'un demi siècle, alors que d'autres, au moment ou la patrie est en proie à des carnages sans précèdent provoquant des réactions tumultueuses et scandalisées aux quatre coins de l'univers, dans un élan de petit faux bourgeois, nous ont gratifié des « Hirondelles de Kaboul », comme si la vie d'un algérien n'a plus aucune valeur. Sans partis politiques et sans base populaire, ils briguent le poste de président lors de la prochaine échéance électorale qui se tiendrait selon toute vraisemblance au mois d'avril 2014. Dans le système obscur et obscur algérien, certains s'enrichissent et deviennent puissants en quelques années. L'explication se trouve dans ce qu'on pourrait appeler les « toiles d'araignée » de la société « drsiste », dans lesquelles les riches tissent ensemble et se protègent mutuellement. Les barons et les représentants du modèle d'accumulation sont les prédicateurs de cette religion qui, chaque jour, montre un peu plus son pouvoir. Un pouvoir qui surclasse largement la puissance des partis politiques, relégués le plus souvent à jouer à leur insu le rôle d'attrape nigaud... Sans citer de noms, la majorité des postulants au mandat présidentiel, préfère après une longue éclipse de la scène politique, loin des attentes du peuple, rebondir avec la mention de « candidat indépendant » que d'être parrainé ou de parrainer une force sociale du pays. Comme si être sous la chapelle d'un parti politique est un sacrilège, une offense à la providence de laquelle on risque de ne plus se remettre, de ne plus se relever. Etrange attitude de ceux qui veulent présider aux plus hautes destinées du pays. Cependant, divers spécialistes expliquent que la candidature de ces candidats d'un nouveau genre est étroitement liée aux hautes sphères du pouvoir. Leur candidature n'a pas seulement l'objectif de sauver le régime, elle traduit beaucoup plus une crise qui s'est ouverte entre les divers clans qui aspirent au contrôle total du pouvoir. Pourtant, même ainsi, l'alliance et la solidarité entre les groupes qui détiennent la réalité du pouvoir et certains clans criminels, d'ici et d'ailleurs, se maintiennent. Voila ce qui peut expliquer la profusion de ces candidats « indépendants », à quelques mois seulement du scrutin présidentiel ! Des pantins aux mains des cartels de l'armée qui veulent illusionner l'imaginaire collectif avec le cliché d'une scène politique plurielle et vivante. Néanmoins, de multiples zones d'ombres demeurent dans le CV trop parfait de ces candidats aux allures de gravure de mode... Faute de partis politiques, Bouteflika aura la partie belle, dans une élection ou les cartels et les clans du DRS vont se mesurer par candidats indépendants interposés et donner l'illusion au reste du monde qu'il existe une vie politique en Algérie.