Lu dans l'édition de mardi de notre confrère El Khabar : le chef d'un parti qui ne réapparaît sur la scène politique – comme beaucoup d'autres formations – que lors des rendez-vous électoraux, s'est fendu d'un encart publicitaire sous la forme d'un appel à candidatures à l'adresse de ses militants, sympathisants et de toute personne intéressée à faire acte de candidature sous la bannière de sa formation politique. Une pratique pour le moins insolite qui dénote du degré d'archaïsme qui caractérise l'organisation et le fonctionnement de nombre de partis politiques. Quel sens donner à cette façon toute singulière de certains partis lesquels, pour n'avoir aucune base militante, semblent éprouver toutes les peines du monde à trouver des candidats pour les représenter aux prochaines élections législatives ? Cette sortie du président de ce parti ne fait qu'exprimer tout haut, publiquement, ce que bien de responsables d'autres partis pensent tout bas. Elle traduit en tout cas une réalité amère et inquiétante de l'exercice du multipartisme en Algérie, gage de la santé démocratique d'un pays. Que peut-on attendre d'un parti politique qui en vient à faire du racolage, de la vente à la criée et au rabais de candidatures faute de militants et de cadres aptes à affronter les suffrages populaires ? Les offres de candidatures se monnaient sans état d'âme. Le phénomène n'est pas nouveau. Rappelons-nous ce candidat à la présidentielle qui n'avait rien trouvé d'autre à offrir aux citoyens, pour le recueil des signatures en vue du parrainage de sa candidature à l'élection, qu'une alléchante et virtuelle croisière en Afrique du Sud qui s'était révélée par la suite une ignoble escroquerie ? Au niveau des partis traditionnels, déjà ancrés dans le paysage politique, on assiste au phénomène inverse. Face à la pression grandissante exercée en période électorale sur les états-majors, les arbitrages pour le choix des candidatures se font souvent dans un climat de fronde et de contestation qui plonge les partis dans des situations de crise endémique, comme l'attestent les mouvements de redressement qui secouent plusieurs formations. L'établissement des listes de candidatures ressemble à un marché de négoce entre clans influents. Des noms sont écartés, d'autres sont retenus sur la base, souvent, de critères clientélistes qui n'ont rien à voir avec la compétence, la militance, l'aura personnelle du candidat et ses chances d'être élu. Le pouvoir a une grande part de responsabilité dans le dévoiement du processus démocratique en n'édictant pas des règles politiques et éthiques rigoureuses pour une compétition politique saine et une moralisation de la vie politique et partisane. Quel crédit alors accorder à l'appel lancé aux citoyens par le président Bouteflika en vue d'élire des candidats compétents, représentatifs, pour favoriser l'émergence d'un Parlement apte à relever les défis de demain de l'Algérie ? Les députés qui auront à siéger dans la future Assemblée ne seraient fatalement que l'exact reflet du niveau de la classe politique qui, toutes proportions gardées, n'a pas particulièrement brillé au cours de ces deux décennies de multipartisme pour rompre avec les idées et principes de la pensée unique.