Enfin, le président a ouvert les débats sur la prochaine élection du 14 avril 2014. Il a aussi pris le soin de ne rien laisser apparaître sur son éventuelle candidature. Il a jusqu'au 4 mars (soit à peine un mois avant la dite élection) pour se prononcer !… On apprend que 27 candidats ont déjà retiré les dossiers de candidatures et que les commissions de préparation sont déjà à pied d'œuvre au niveau des wilayas. Tout cela, vu de loin, est assez idyllique et un observateur étranger ne peut qu'admirer l'élan démocratique qui étreint le valeureux peuple d'Algérie. Mais de qui se moque-t-on ? On a juste le loisir de suivre quelques informations qui nous parviennent de France. On est devenus la risée du monde. Gaspard Proust de Canal+ nous délecte de ses pronostics en déclarant, parlant de l'hospitalisation de Boutef au Val de grâce : « Si les algériens n'étaient pas obnubilés par leur désir d'indépendance, en plus des routes et des égouts, on aurait pu leur laisser un système de santé qui marche !… » Et encore, Gaspard Proust est suisse et il a vécu jusqu'à ses 16 ans à Bouzaréah... Sur une autre chaîne, on a pu lire l'information prémonitoire « Bouteflika vient de signer le décret le nommant président de la république le 17 avril 2014 !… » Complétant le décor en admirant la lutte « fratricide » que semble se déclarer le drabquiste saidani, le revenant belkhadem et les 27 lièvres qui vont nous faire rire durant un trimestre, pour poser la question qui nous vient à l'esprit : Où est le peuple algérien ??? D'autres intervenants ont déjà apporté leur contribution et je pense à notre cher ami Monsieur Salah Eddine Sidhoum qui interpelle les algériens dignes afin qu'ils prennent leur responsabilités. Je suis resté sur ma faim car je n'arrive pas pour ma part à démêler le sens des deux mots qu'il emploie, à savoir « digne et responsabilité »... La dignité ne se décrète pas. Elle ne peut être offerte ou accordée par une secte quelconque. La dignité est innée ou ne l'est pas. Je ne pouvais résister de transcrire telle quelle la définition de ce merveilleux mot : « La notion de dignité humaine possède des dimensions multiples, philosophiques, religieuses, et juridiques. Utilisée en particulier dans le champ de la bioéthique, elle fait référence à une qualité qui serait liée à l'essence même de chaque homme, ce qui expliquerait qu'elle soit la même pour tous et qu'elle n'admette pas de degré. Selon le philosophe Paul Ricœur, cette notion renvoie à l'idée que « quelque chose est dû à l'être humain du fait qu'il est humain ». Merci Wikipédia !… Dès lors que l'on a fait le tour de ce mot, on constate désormais qu'elle a disparu corps et âme de notre pays. Sinon, comment expliquer qu'en 2014, le pays verse encore dans une guerre entre algériens, juste pour stigmatiser les algériens entre-eux. Je pense à ce qui se passe au Mzab ou en Kabylie, pour ne parler que de ces deux régions. La dignité de l'algérien a été érodée lorsqu'un premier ministre, se jette depuis un trimestre dans un marathon qui consiste en visites éclairs des 48 wilayas du pays, visites qui s'assimilent à une campagne présidentielle rondement menée et où il distribue à tire larigot les milliards censés sortir les régions dans la mélasse dans laquelle elles se démêlent. Juste une question de bon sens, pourquoi cette louable initiative n'a-telle pas eu lieu avant ??? Cela me rappelle un douloureux souvenir où lors de la dernière mascarade-présidentielle, les députés ont fêté « dignement » le triplement de leurs indemnités, les ramenant, toute honte bue, à 30 millions de centimes par mois, juste pour tripatouiller la constitution et permettre à notre indétrônable président d'entamer un troisième mandat. L'altération de la notion même de dignité nous amène justement au sens de responsabilité de chacun. Que dois faire un algérien qui lui reste un iota de dignité ? D'autres intervenants ont déjà mis en évidence que la fuite du pays a inspiré la plupart d'entre-eux. Il s'est trouvé des compatriotes restés au pays pour traiter les déserteurs de traîtres à la patrie. Cela me rappelle juste la fable du renard et du raisin !… Mais que peut faire un algérien digne qui est resté au pays ? D'abord, je pense déjà qu'il en existe des masses. Mais, que peuvent-ils faire ? Sortir dans la rue comme le suggèrent certains ? Ne pas aller voter... entamer une grève de la faim... se mutiler en place publique... Mon incapacité à apporter une réponse à toutes ces lancinantes questions m'a inspiré ce modeste article, juste pour montrer aux uns et aux autres, que les sbires qui nous gouvernent sont bien conscients de l'étrange légèreté du peuple algérien et ils savent qu'ils peuvent continuer à le manipuler à leur aise. Ils doivent aussi savoir que dans chaque algérien se cache un digne compatriote qui n'attend que les conditions idoines pour exprimer la rage qu'il contient depuis de longues années. Badreddine BENYOUCEF, Nîmes France, le 21 janvier 2014