a style="color: #b40404;" title="Permalink to EXCLU – Ahmed Attaf, ancien ministre des Affaires étrangères : "Le système politique algérien est défaillant"" href="http://www.mena-post.com/2014/05/05/le-systeme-politique-defaillant-produit-une-politique-defaillante/" rel="bookmark"EXCLU – Ahmed Attaf, ancien ministre des Affaires étrangères : "Le système politique algérien est défaillant" Ayant travaillé dans divers ambassades algériennes à travers le monde avant d'être secrétaire d'Etat au Ministère des affaires étrangères puis Ministre des affaires étrangères entre 1996 et 1999, Ahmed Attaf est toujours resté proche du paysage politique algérien. Aujourd'hui, il regrette lui aussi la réélection de M.Bouteflika. Je crois savoir que l'idée d'un 4ème mandant du président Bouteflika vous mettait mal à l'aise. Comment avez vous réagi à sa réélection? Avec incrédulité, affliction et tristesse sans pouvoir dire lequel de ces sentiments dominait les autres. Incrédulité quant au fait qu'un absent ait pu être imposé à la plus haute charge de la République. Affliction devant la perspective d'une non-gouvernance dont l'Algérie continuera à souffrir. Tristesse, enfin, devant l'image peu reluisante que notre pays donne de lui-même au reste du monde. Pourquoi sa réélection est elle de mauvais augure? Avec le scrutin du 17 avril dernier, c'est le système politique algérien défaillant qui s'est auto-reconduit. La grande différence est que sa devanture est dans l'incapacité d'assurer son rôle. Un système politique défaillant a produit une devanture défaillante. L'Algérie est manifestement aujourd'hui dans une crise de régime. Cette crise est double : il y a une crise de légitimité et une crise institutionnelle. Une crise de légitimité tant il est clair qu'aucune institution de l'Etat, de la base au sommet, n'est l'émanation de la volonté du peuple souverain. Une crise institutionnelle car aucune institution constitutionnelle n'assume actuellement les missions dont elle est investie. En quoi un soulèvement populaire pourrait il se révéler bénéfique? L'avenir de l'opposition en Algérie est dans la convergence la plus large. Cela est évident et souhaitable. La base d'une telle convergence existe et elle est solide. Toutes les forces politiques algériennes de l'opposition partagent aujourd'hui l'objectif du changement démocratique ordonné et apaisé. Autour d'un tel objectif, il est maintenant possible de bâtir cette large convergence pour hâter l'avènement d'une ère démocratique dans notre pays. A l'instar de tous les peuples du monde, le nôtre aussi peu légitimement revendiquer un Etat de droit, une bonne gouvernance et une citoyenneté réhabilitée dans ses droits et ses libertés. L'opposition algérienne a la lourde responsabilité –une responsabilité que je n'hésite pas à qualifier d'historique- de porter ce message unificateur et d'être a l'avant-garde de cette tache nationale rassembleuse. Vous étiez ministre des affaires étrangères entre 1996 et 1999 les choses ont elle évolué depuis? La politique étrangère est, hélas, devenue illisible, inaudible et distante des réalités et des intérêts du pays. Elle a été réduite à servir des intérêts personnels plutôt que les intérêts bien compris de l'Etat algérien. Voulez-vous un exemple édifiant ? Souvenez-vous de la récente visite du Secrétaire d'Etat américain à Alger et de la manière dont elle a été abusivement manipulée à la gloire du régime en place. Cela vous renseigne sur ce qu'est devenue notre politique étrangère et sur ce qu'elle ne devrait pas être. Que faudrait il modifier en priorité pour améliorer la condition du pays? L'Algérie est confrontée à une impasse politique et institutionnelle. Cette impasse a produit la crise de régime dont nous sommes témoins. En conséquence, c'est tout le système politique algérien, tel qu'il s'est établi à l'indépendance du pays et tel qu'il a évoluée depuis, qui est parvenu à ses limites historiques. Le dépassement de ces limites n'interviendra qu'au moyen du changement démocratique. Ce système s'installe actuellement dans le confort du déni. Il nie l'existence d'une impasse tout comme il nie l'existence d'une crise. Le déni peut être confortable, mais les faits sont têtus. La situation dans laquelle se trouve actuellement l'Algérie me rappelle celle qu'ont traversée l'Amérique latine et l'Asie dans les années 80, puis l'Europe de l'est dans les années 90 et avant eux l'Espagne et le Portugal dans les années 70. Certes, comparaison n'est pas raison. Mais dans ces régions, des pays dans une situation similaire à la nôtre, à bien des égards, ont cru pouvoir s'abandonner à la légèreté du déni. L'on sait ce qu'il est advenu depuis. Quel avenir envisagez vous pour l'Algérie? Sur le court-terme, la situation restera difficile. L'impasse est trop grande et la crise trop profonde. Plus l'on tardera à trouver une issue à l'impasse et une solution à la crise, plus la situation se dégradera. Notre pays ne peut plus se permettre un autre rendez-vous manqué. Il ne peut plus se permettre ces retards qui s'accumulent lorsque l'on diffère indéfiniment des exigences de changement évidentes aux yeux de tous. Nous avons encore entre nos mains les clés de ce changement ordonné et apaisé dont j'ai parlé au début de cet entretien. Armons-nous seulement de lucidité et de sagesse pour en faire bon usage. Propos recueillis par Amel CHETTOUF Ayant travaillé dans divers ambassades algériennes à travers le monde avant d'être secrétaire d'Etat au Ministère des affaires étrangères puis Ministre des affaires étrangères entre 1996 et 1999, Ahmed Attaf est toujours resté proche du paysage politique algérien. Aujourd'hui, il regrette lui aussi la réélection de M.Bouteflika. Je crois savoir que l'idée d'un 4ème mandant du président Bouteflika vous mettait mal à l'aise. Comment avez vous réagi à sa réélection? Avec incrédulité, affliction et tristesse sans pouvoir dire lequel de ces sentiments dominait les autres. Incrédulité quant au fait qu'un absent ait pu être imposé à la plus haute charge de la République. Affliction devant la perspective d'une non-gouvernance dont l'Algérie continuera à souffrir. Tristesse, enfin, devant l'image peu reluisante que notre pays donne de lui-même au reste du monde. Pourquoi sa réélection est elle de mauvais augure? Avec le scrutin du 17 avril dernier, c'est le système politique algérien défaillant qui s'est auto-reconduit. La grande différence est que sa devanture est dans l'incapacité d'assurer son rôle. Un système politique défaillant a produit une devanture défaillante. L'Algérie est manifestement aujourd'hui dans une crise de régime. Cette crise est double : il y a une crise de légitimité et une crise institutionnelle. Une crise de légitimité tant il est clair qu'aucune institution de l'Etat, de la base au sommet, n'est l'émanation de la volonté du peuple souverain. Une crise institutionnelle car aucune institution constitutionnelle n'assume actuellement les missions dont elle est investie. En quoi un soulèvement populaire pourrait il se révéler bénéfique? L'avenir de l'opposition en Algérie est dans la convergence la plus large. Cela est évident et souhaitable. La base d'une telle convergence existe et elle est solide. Toutes les forces politiques algériennes de l'opposition partagent aujourd'hui l'objectif du changement démocratique ordonné et apaisé. Autour d'un tel objectif, il est maintenant possible de bâtir cette large convergence pour hâter l'avènement d'une ère démocratique dans notre pays. A l'instar de tous les peuples du monde, le nôtre aussi peu légitimement revendiquer un Etat de droit, une bonne gouvernance et une citoyenneté réhabilitée dans ses droits et ses libertés. L'opposition algérienne a la lourde responsabilité –une responsabilité que je n'hésite pas à qualifier d'historique- de porter ce message unificateur et d'être a l'avant-garde de cette tache nationale rassembleuse. Vous étiez ministre des affaires étrangères entre 1996 et 1999 les choses ont elle évolué depuis? La politique étrangère est, hélas, devenue illisible, inaudible et distante des réalités et des intérêts du pays. Elle a été réduite à servir des intérêts personnels plutôt que les intérêts bien compris de l'Etat algérien. Voulez-vous un exemple édifiant ? Souvenez-vous de la récente visite du Secrétaire d'Etat américain à Alger et de la manière dont elle a été abusivement manipulée à la gloire du régime en place. Cela vous renseigne sur ce qu'est devenue notre politique étrangère et sur ce qu'elle ne devrait pas être. Que faudrait il modifier en priorité pour améliorer la condition du pays? L'Algérie est confrontée à une impasse politique et institutionnelle. Cette impasse a produit la crise de régime dont nous sommes témoins. En conséquence, c'est tout le système politique algérien, tel qu'il s'est établi à l'indépendance du pays et tel qu'il a évoluée depuis, qui est parvenu à ses limites historiques. Le dépassement de ces limites n'interviendra qu'au moyen du changement démocratique. Ce système s'installe actuellement dans le confort du déni. Il nie l'existence d'une impasse tout comme il nie l'existence d'une crise. Le déni peut être confortable, mais les faits sont têtus. La situation dans laquelle se trouve actuellement l'Algérie me rappelle celle qu'ont traversée l'Amérique latine et l'Asie dans les années 80, puis l'Europe de l'est dans les années 90 et avant eux l'Espagne et le Portugal dans les années 70. Certes, comparaison n'est pas raison. Mais dans ces régions, des pays dans une situation similaire à la nôtre, à bien des égards, ont cru pouvoir s'abandonner à la légèreté du déni. L'on sait ce qu'il est advenu depuis. Quel avenir envisagez vous pour l'Algérie? Sur le court-terme, la situation restera difficile. L'impasse est trop grande et la crise trop profonde. Plus l'on tardera à trouver une issue à l'impasse et une solution à la crise, plus la situation se dégradera. Notre pays ne peut plus se permettre un autre rendez-vous manqué. Il ne peut plus se permettre ces retards qui s'accumulent lorsque l'on diffère indéfiniment des exigences de changement évidentes aux yeux de tous. Nous avons encore entre nos mains les clés de ce changement ordonné et apaisé dont j'ai parlé au début de cet entretien. Armons-nous seulement de lucidité et de sagesse pour en faire bon usage. Propos recueillis par Amel CHETTOUF