* Tweet * * * Tweet * * http://tempsreel.nouvelobs.com/ Publié le 23-05-2014 à 20h31 Bouteflika vient de donner son feu vert à la ruée vers le nouvel or noir. L'occasion pour la France de tester des alternatives à la fracturation hydraulique ? Un puits de gaz de schiste en Pologne, le 28 novembre 2011. (Kacper Pempel/REUTERS) Les Français ne veulent pas des gaz de schiste chez eux ? Qu'à cela ne tienne. Les expérimentations pourraient être menées en Algérie. Des groupes français seraient en effet en mesure de réaliser très prochainement des recherches sur le territoire algérien concernant les méthodes d'exploitation du fameux gaz. Avec pour objectif de trouver des alternatives « propres » à la technique de la fracturation hydraulique, cette injection d'eau et de solvants sous très haute pression accusée de détruire l'environnement et de vider les nappes phréatique. Laurent Fabius, qui s'était dit partisan (avant Ségolène Royal) de ne pas fermer totalement la porte à cette ressource énergétique, avait révélé la signature imminente d'un partenariat fin 2012. Or le président algérien Abdelaziz Bouteflika vient d'accorder, mercredi 21 mai, son feu vert à l'exploitation des gaz et huile de schiste dans son pays, le Conseil des ministres donnant son accord « pour le lancement des procédures requises en direction des partenaires étrangers. » Le tout sans consultation du Parlement algérien ni débat public. GDF Suez « étudie la possibilité » GDF Suez est sur les rangs : l'Algérie fait partie des six pays dans lesquels le géant énergétique français envisage de se lancer dans la prospection d'hydrocarbures de schiste, avec l'Allemagne, la Pologne, le Brésil, la Chine et la Grande-Bretagne, où le groupe a déjà annoncé acquis 13 licences d'exploitation. « Nous prenons acte de la loi et nous étudions la possibilité de chercher ou d'exploiter les gaz non conventionnels en Algérie », indique un porte-parole de GDF Suez. L'énergéticien français collabore d'ailleurs déjà avec la compagnie publique pétrolière algérienne Sonatrach pour l'exploitation de gisements de gaz naturel à Touat, dans le sud-ouest de l'Algérie, sous le nom « TouatGaz ». Pourquoi la quinzième puissance pétrolière mondiale se lance-t-elle dans les hydrocarbures non conventionnels ? Alger souhaite sortir du tout-pétrole avant le « pic » pétrolier et gazier qui se profile dans le pays – le moment où la production d'or noir commencera à s'essouffler. Or son sous-sol renferme un gisement de gaz de schiste immense, le troisième mondial, avec 707 trillions de mètres cubes, après la Chine (1.115 trillions de m3) et l'Argentine (802 trillions de m3). Sept bassins potentiels ont été identifiés, dans le sud saharien : Tindouf, Reggane, Timimoun, Ahnet, Mouydir, Ghadames Berkine et Illizi. L'environnement en danger ? Abdelaziz Bouteflika a demandé au gouvernement de veiller à « protéger l'environnement » lors de la prospection et de l'exploitation, affirment les autorités. Mais les opposants aux gaz de schiste craignent une catastrophe écologique. D'après le site d'information Maghreb Emergent, le ministère de l'Energie algérien aurait dans l'idée de produire 60 milliards de m3 par an, soit 12.000 puits à forer sur une durée de 50 ans. Aucune alternative à la fracturation hydraulique n'existant pour le moment, il faudra forcément en passer par cette technique. Or elle nécessite d'énormes quantités d'eau, 10.000 à 15.000 mètres cubes par puits, alors que la ressource est plus que précieuse dans le Sahara algérien – au point de devenir un enjeu de conflits locaux. Les nappes phréatiques qui irriguent les plantations agricoles et constituent les plus grandes réserves en eau du pays seront-elles correctement protégées des produits chimiques employés ? Quelle forme prendra enfin le paysage à la surface des puits ? Maghreb émergent s'interroge : Souhaiterait-on faire du sud algérien un terrain d'expérimentation pour de nouvelles techniques, qui, jusqu'à présent, n'ont pas fait leurs preuves ? Fluoropropane, stimulation électrique, hélium, toutes aussi nuisibles que la fracturation hydraulique ? Cela rappelle la dramatique période des essais nucléaires de Reggane, dans les années 1960, dont la population locale souffre encore. » Si GDF Suez ne lorgnait pas également sur la Chine et la Grande-Bretagne, on serait en droit de se poser la question. Laura Thouny – Le Nouvel Observateur Nombre de lectures: 10 Views