«Lorsque nous serons libres, il se passera des choses terribles. On oubliera toutes les souffrances de notre peuple pour se disputer les places. Ce sera la lutte pour le pouvoir. Nous sommes en pleine guerre et certains y pensent déjà…Oui, j'aimerai mourir au combat, avant la fin» Larbi Ben M'hidi. Hacène LOUCIF et Essaid AKNINE. L'histoire ne se réinvente pas. La plume de l'idéologie, les manipulations politiciennes, peuvent, un moment, rendre illisibles les pages de son livre. Mais, nul ne peut ériger le mensonge en interprète de la vérité de ses faits. Il y a 60 ans, jour pour jour, un événement majeur allait engager le combat de notre peuple pour sa liberté sur la voie de la lutte armée. «Une équipe de jeunes responsables et militants conscients, ralliant autour d'elle la majorité des éléments sains et décidés, a jugé le moment venu de sortir le Mouvement National de l'impasse où l'ont acculé les luttes de personnes et d'influence pour le lancer aux côtés des frères Marocains et Tunisiens dans la véritable lutte révolutionnaire.» La vérité de ce message lancé le 1er Novembre 1954 nous parvient, aujourd'hui, en échos de l'espoir d'une Révolution trahie et traquée jusqu'à l'idée de la réappropriation de sa mémoire par la jeunesse algérienne. Qu'a-t-on appris à cette jeunesse de la lutte politique du Mouvement National pour la construction de la citoyenneté algérienne, afin de préparer le peuple à l'effort et aux sacrifices d'un combat sans merci pour l'indépendance? Que leur a-t-on enseigné de l'instauration de l'esprit d'indépendance au sein des militants et des combattants de la Cause Nationale pour jeter les jalons d'une souveraineté populaire à même de garantir la restauration de celle de notre pays? Que leur a-t-on inculqué d'une mobilisation populaire massive ayant suscité l'admiration et la solidarité internationale dans le cadre du mouvement de décolonisation qu'a connu le Monde de l'après Seconde Guerre Mondiale? Que leur a-t-on dit du Droit du Peuple à exercer sa Souveraineté politique et économique, dans le respect de ses composantes identitaires, culturelles, sociales et cultuelles? «Les ignorances institutionnalisées» ont été érigées en mode de gestion des affaires du pays par ceux qui se sont autoproclamés tuteurs de notre peuple, parrains de son Histoire, souverains de son présent et seuls décideurs de son avenir. Seulement, on ne triche pas avec la vérité historique. On ne la subordonne ni par la violence, ni par la manipulation à un discours idéologique aliénant. Aussi, on ne l'efface pas à coup de révisions mystificatrices et de création d'un passé révolutionnaire à ceux dont le parcours se résume, au mieux des cas, à des haltes intrigantes hâtives dans l'Histoire de la Révolution. Et, au pire des choses, à un travail antirévolutionnaire aux conséquences tristement avérées. La restitution de l'Histoire de la Guerre de Libération Nationale,dans la complexité de ce qu'elle a de glorieux et, aussi, de traumatisant, est impérativement sollicitée. Aujourd'hui, les enfants de ceux qui ont écrit cette histoire ont la responsabilité lourde de la décoloniser, de la libérer du poids d'un récit renforçant les deux raisons d'Etat : celle d'un régime maintenant vivant l'esprit du colonisé et celle d'une ancienne puissance coloniale qui n'arrive pas à s'affranchir de son état d'otage d'un passif lourd de 132 ans d'occupation, où la barbarie marchait sur tout ce qui est humain. Algériennes et algériens, Il est temps, pour nous, de prendre exemple de nos aînés qui ont su se transcender, dépasser les limites de leurs conditions et renverser, en leur faveur, la situation d'un contexte hostile à leur aspiration légitime de liberté et d'accès à la souveraineté. A l'instar des jeunes de Novembre, il nous appartient de réinventer les notions de souveraineté individuelle, de militantisme, d'autonomie politique dans la réflexion et l'action, de solidarité populaire et d'une mobilisation consacrant la primauté de la légitimité militante sur des intérêts d'appareils confinant à la subordination de toute initiative aux calculs d'apparatchiks maintenus dans une logique de lutte de sous-systèmes claniques. Aussi, il nous est donné de repenser et de réhabiliter les notions de Légitimité Populaire et de Souveraineté Nationale auxquelles nous devons rendre les substances politique, économique, sociale et culturelle dont elles ont été vidées, en les inscrivant dans les contextes national, régional et international, actuels, faits de conflits inscrits dans l'agenda géopolitique des promoteurs du Nouvel Ordre Mondial et de luttes des peuples pour leur Droits indiscutables à l'autodétermination ou à l'exercice réel de leurs souverainetés respectives. Que les choses soient claires : le droit à l'autodétermination n'est pas l'émanation d'une construction mythique d'un passé-ghetto réduisant la notion de souveraineté à une délimitation géographique synonyme de partition d'un pays ayant acquis son indépendance au prix fort des sacrifices de son peuple uni dans sa pluralité et sa diversité. Une telle confusion est maintenue par ceux qui travaillent à la dislocation des Etats post-coloniaux, au profit d'un Nouvel Ordre doté d'une «gouvernance mondiale» négatrice de toute notion de souveraineté nationale de de droit des peuple à disposer d'eux-mêmes. Algérienneset algériens, L'Histoire n'est pas la fille de la fatalité. La Révolution de notre peuple en est un exemple des plus édifiants. D'autres exemples, à l'instar de celui de la Tunisie, nous montrent que les coups d'accélérateurs de cette même Histoire sont, souvent, donnés par les marginaux, les laissés pour compte, les petites gens. Il ne sont nullement le fruit des réunions de salon, en bonne société, sacrifiant l'idéal démocratique à l'illusion d'un activisme inapte à offrir des perspectives de sortie des impasses historique, politique et géostratégique menaçant le pays d'une dislocation sanglante et toute la région du Maghreb d'une instabilité durable. Il est vrai que le parcours des peuples est fait de combats qui incitent à réinventer, sans cesses, en soi, le militant convaincu, convaincant, libérer de toute considération autre que celle de l'intérêt collectif, déterminé et combatif. Seulement, il est tout aussi vrai, que ce parcours fait le passé, le présent et l'avenir de ces peuples. Contrairement à ce que pensent les otages d'un discours officiel truffé de formules d'un nationalisme résiduel et pris du vertige de certitudes aussi arrogantes que conjoncturelles, l'avenir appartient à notre peuple! Ce peuple que l'on donnait perdu dans «La nuit coloniale» a su prendre son destin en main. Il saura, encore une fois et à chaque rendez-vous où l'Histoire fera appel à lui, le faire. Car, les «tragédies politiquement programmées », les drames, les guerres, notre peuple en a connu. Et ce n'est pas à lui que l'on apprendra à faire face aux épreuves. Algériennes et algériens, Nous devons reconstituer le récit du parcours historique de ce peuple, le nôtre. Nous devons nous réapproprier nos mémoires collectives et notre mémoire nationale. Nous devons engager, en nous, les métamorphoses nous permettant de nous réinventer continuellement, de participer, effectivement, et de peser sur le cours des événements Nous devons engager l'initiative d'une PEDAGOGIE CITOYENNE, NATIONALE ET PARTICIPATIVE pour définir de nouveau horizons d'une conscience intellectuelle, culturelle et politique permettant une remise en cause graduelle, pacifique et irréversible du statu quo imposé par le régime militaro-DRS et sa clientèle de la mafia ploutocratique, tout en construisant une alternative démocratique réhabilitant la légitimité populaire. A cœur vaillant, rien d'impossible. A peuple conscient, l'impossible devient possible. C'est ce que l'Histoire du combat de notre peuple pour l'indépendance de l'Algérie nous apprend à chacune de ses pages qui sont loin d'avoir livré tous leurs secrets. Vive l'Algérie unie dans sa diversité Gloire à nos martyrs * facebook * twitter