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Symboles et paradoxes
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 15 - 01 - 2015

Je me suis réveillée en sueur. Je ne savais pas trop si je venais de faire un rêve ou un cauchemar. J'étais à Gaza marchant main dans la main avec des citoyens du monde entier. Une manifestation monstre qui s'étale le long des 40 km de cette ville martyre. En tête de cortège, les dirigeants du monde entier, menés par Mahmoud Abbas, venus soutenir le peuple palestinien et exiger l'arrêt du terrorisme de l'Etat d'Israël. C'est que les autorités de ce pays viennent une fois de plus de bombarder ce qui reste de la Palestine historique. Rien qu'à Gaza, le nombre de victimes s'est élevé en quelques petits jours, à des milliers de morts dont la moitié sont des enfants, des nourrissons et même des bébés dans le ventre de leurs mères. Les autorités israéliennes ne perdent pas de temps. Il leur faut à chaque fois éliminer des Palestiniens avec l'espoir secret de finir par les « génocider » un jour. Ainsi ils auront toute le Palestine historique pour eux. Comme à chaque fois, ils se moquent du monde et des résolutions de l'ONU. Ils ont le monde pour eux. Qui va les arrêter ? Mais cette fois-ci, leurs calculs se sont avérés faux. Le monde entier s'est révolté et s'est retrouvé symboliquement à Gaza pour crier « Halte au terrorisme d'Etat ».
Quand le réveil a sonné ce matin, il m'a fallu du temps pour sortir du brouillard de la nuit. Non, je ne suis pas à Gaza, mais à Paris. L'atmosphère est pesante et la journée d'hier en particulier, celle du dimanche 11 janvier, a été déstabilisante. J'ai un grand problème de sens et de symboles. La manifestation, outre l'unité du peuple français, son soutien à Charlie Hebdo et à toutes les victimes des abominables tueries, est aussi une condamnation unanime du terrorisme. Mais que voit-on ? Je croyais halluciner. En tête du cortège, Benyamin Netanyahou flanqué de son ministre extrémiste Avidgor Lieberman (qui veut jeter les Palestiniens hors de chez eux). Cet homme n'a-t-il pas tué cet été deux mille Palestiniens dont beaucoup de femmes et d'enfants ? Les victimes étaient-elles des civils ou non ? Comment François Hollande peut-il nous expliquer qu'il y a un terrorisme acceptable et un autre qui ne l'est pas ? Ou bien le sang des cinq cent enfants victimes des bombes de Netanyahou ne vaut pas celui des dix-sept victimes des attentats terroristes de Paris ? Quels signaux sont-ils envoyés aux citoyens du monde ?
Dans tous les cas, la place de Netanyahou est au TPI et non à la tête d'un cortège contre le terrorisme. J'avoue que je me serais sentie coupable de complicité de crimes ou de partialité cinglante si j'avais marché derrière cet assassin. Et que dire de Mahmoud Abbas marchant juste à quelques pas de son bourreau et de celui de son peuple ? L'image était vraiment pathétique. Imaginez la scène ! Les victimes des attentats manifestant côte à côte avec les effroyables terroristes !! Insoutenable !! Et pouvons-nous imaginer que demain les chefs d'Etat du monde entier se bousculeront à Gaza pour demander l'arrêt définitif du terrorisme d'Etat israélien ?
Ce n'est pas le moindre des symboles qui a été foulé ni le moindre des paradoxes qu'on vit en France en ce moment. Les pseudo-appels à ne pas tout amalgamer, ceux émanant des hommes politiques comme ceux émanant des médias. Dès que les attentats ont été perpétrés et que les tueurs ont été identifiés, la phrase qui revient souvent « il ne faut pas faire l'amalgame entre ces extrémistes et les musulmans de France ». Cette phrase en elle-même induit et nourrit l'amalgame. Elle désigne à la vindicte populaire la communauté coupable. Est-ce que les responsabilités et les culpabilités de tels crimes sont individuelles ou collectives ? Incombent-elles à ceux qui les commettent ou à leurs entourages ? Lorsqu'un individu est reconnu coupable de crimes ou d'actes très graves, est-ce qu'on incrimine toute sa famille ou lui tout seul ? Il me semble qu'en droit seul l'individu coupable paiera pour sa faute. Pourquoi alors cette déformation dès qu'il s'agit de personnes dont la religion supposée serait l'Islam ? Pourquoi fait-on porter la responsabilité à toute la communauté musulmane d'après le vocabulaire galvaudé en ce moment ?
Et on n'a pas encore fini avec les paradoxes. Jusqu'avant ces attentats terroristes, la France ne promeut surtout pas le communautarisme. Les signes religieux ne sont pas les bienvenus dans les lieux publics. Aussi anecdotique que cela puisse paraître, il y a longtemps que je garde sous mes vêtements la main de Fatma pour éviter toute ambigüité. Mais ce principe de neutralité religieuse dans les lieux publics a été balayé d'un revers main. On a enjoint aux musulmans de venir nombreux manifester en tant que tels et non en tant que citoyens tout court. Et de préférence en disant « Je suis Charlie ». Et pourtant, il ne faut pas être Charlie pour condamner fermement et sans équivoque ces attentats terroristes. La pensée unique de ces derniers jours a induit une logique bizarre. Si « je ne suis pas Charlie », alors « je suis pour les attentats ». Où allons-nous s'il nous faut être nécessairement Charlie pour condamner la violence terroriste ? Est-ce alors ce qui explique les raisons des autorités françaises, lors des tueries à ciel ouvert des enfants palestiniens par Benyamin Netanyahou, d'interdire les manifestations pour demander l'arrêt des bombardements contre Gaza ? Puisque le ministre de l'intérieur n'est pas palestinien, il ne condamne donc pas le terrorisme de Netanyahou ???
Dans ce climat délétère, des collégiens (ils ont entre 11 et 14 ans) ont été signalés à la police par leurs professeurs parce qu'ils ont proclamé ne pas être Charlie. Le temps de l'Inquisition a-t-il commencé ?
Sabrina
Paris le 12 janvier 2015
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Sabrina
I woke up in a cold sweat. I didn't know if I had just had a dream or a nightmare. I was in Gaza, walking hand in hand with the citizens of the world. An enormous demonstration that stretched the whole 40 km of this martyred city. At the head of the procession, the leaders of the World, led by Mahmoud Abbas, who had all come to support the Palestinian people and to demand a stop to the terrorism of the State of Israel. The authorities of this country had once again bombarded what remained of historical Palestine. Just in Gaza alone, the number of victims had risen in just a few short days to thousands of dead of which half were children, infants and even babies still in the wombs of their mothers. The Israeli authorities don't lose any time. They have to eliminate Palestinians each and every time and with the secret hope to finish by « genociding » them one day. And so they'll have all of historic Palestine to themselves. As always, they don't give a damn about U.N. resolutions. The world belongs to them. Who is going to stop them? But this time, their calculations had backfired. The entire world has revolted and now finds itself symbolically in Gaza crying « Stop State Terrorism ». When the alarm went off this morning, I needed time to extract myself from the fog of the night. No, I'm not in Gaza but in Paris. The atmosphere is heavy and yesterday, Sunday 11 January, was particularly destabilizing. I have a big problem with sense and symbols. The demonstration was, besides a showing of unity of the French people and their support for Charlie Hebdo and all the victims of this abominable bloodbath, also a unanimous condemnation of terrorism. But what did we see? I must have been hallucinating. At the head of the cortege, Benyamin Netanyahou flanked by Avidgor Lieberman, his extremist minister (who wants to throw the Palestinians out of Palestine). Hasn't this man killed two thousand Palestinians of whom many were women and children? The victims were civilians, were they not? How can François Hollande explain to us that there is an acceptable terrorism and another one that isn't? Or that the blood of five hundred children who have fallen victim to Netanyahou's bombs somehow has less value than that of seventeen victims of terrorist attacks in Paris? What signs are being sent out to the citizens of the world? In any case, the place of Netanyahou is at the defendant's stand of the ICC and not at the head of a march against terrorism. I freely admit that I would have felt guilty of being an accomplice to the crime or of flagrant hypocrisy had I marched behind this murderer. And what is there to say about Mahmoud Abbas walking just a few steps away from his executioner and that of his people? The picture is just sickening. Imagine the scene! The victims of terrorist attacks demonstrating side by side with the reprehensible terrorists!! Unbearable!! And can we even imagine tomorrow the Heads
of State of the entire world jostling in Gaza to demand a definitive stop to the State of Israel's terrorism. It's not the smallest of symbols that has been trampled on nor the least of paradoxes that one experiences in France at the moment. These pseudo-calls not to confuse everything that emanate from politicians and the media alike. As soon as the attacks had been perpetrated and the killers identified, the one phrase echoed everywhere: « You mustn't confuse the extremists and the Muslims of France. » This phrase in itself leads to and feeds the amalgam. It points out the guilty community for popular justice. Is the responsibility for and the guiltiness of such crimes individual or collective? Is it incumbent on those who commit them or their entourage? When an individual is found guilty of the most hideous of crimes or acts, is it an incrimination of all of his family or him alone? It seems to me that in law, only the guilty individual pays for his fault. Why then this deformation as soon as it concerns persons supposedly of the Islamic faith? Why then put the responsibility on the whole Muslim community in line with the repulsive rhetoric of the moment? The end of such paradoxes is still nowhere in sight. Just before the terrorist attacks, France was certainly not working towards communitarianism. Religious paraphernalia is not welcome in public places. As anecdotal as it might seem, I have kept the hand of Fatima hidden under my clothes for many a year in order to avoid any ambiguity. But the principle of religious neutrality in public places has been swept aside in one fell swoop. Muslims were urged to come and demonstrate as such and not simply as citizens. And preferably saying « I'm Charlie ». And yet, you don't have to be Charlie to condemn firmly and without the least ambiguity these terrorist acts. The one-track thinking of the last few days leads to a bizarre logic. If « I'm not Charlie », then « I must be for the attacks. » Where are we going if we are compelled to be Charlie in order to condemn terrorist violence? Is this behind the reasoning of the French authorities who prohibited demonstrations demanding a stop to the bombarding of Gaza during the much-mediatized slaughter of Palestinian children by Benyamin Netanyahou? As the Interior Minister is not Palestinian, does he not therefore condemn the terrorism of Netanyahou???
In this calamitous climate, secondary school students (between 11 and 14 years of age) were denounced by their teachers to the police because they did not proclaim themselves to be Charlie. Has the era of the Inquisition returned?
Sabrina
(Translated from French into English by SafeTex for the Palestinian people)


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