Une météo défavorable marquée par des vents violents et un temps maussade, et un déploiement impressionnant de forces de sécurité, entre policiers et gendarmes, sans compter une armée d'agents en civil des deux sexes, en faction sur le parcours du bain de foule du président, tel était le tableau illustrant la visite de travail et d'inspection, dans la wilaya, entamée hier et pour deux jours, par Abdelaziz Bouteflika. C'est vers 10h que l'avion présidentiel a atterri sur le tarmac de l'aéroport Messali Hadj, de Zenata. Dans la délégation, le gouvernement au grand complet sauf son chef Ouyahia. Le président s'est enquis de l'avancement des travaux de rénovation du salon d'honneur et d'extension de l'aérogare. La réalisation de la nouvelle structure aéroportuaire sur la base d'un trafic prévisionnel à moyen terme, permettra de répondre à la prise en charge du traitement des passagers en croissance avoisinant les 900.000. A Zenata toujours, le chef de l'Etat procédera à l'inauguration de la RN 98, entre Hennaya et la RN 35, dont la chaussée a fait l'objet d'une séparation sur 12 km et un dédoublement sur 8 km. L'impact de cette infrastructure de base vise à améliorer les conditions de sécurité des usagers de la route et lutter contre les manoeuvres et traversées dangereuses (réalisation de terre- pleins), outre l'extension de la capacité saturée de la route. Pendant que le président écoutait, sans broncher, l'exposé du DTP, le ministre de l'Intérieur était en pleine discussion avec un confrère. Le chef de daïra, malgré son uniforme de cérémonie, s'est vu «imposé» une collection de (5) badges (un badge différent pour chaque point de visite). Le P/APC de Tlemcen tient le record en la matière puisqu'il était «bardé» de… 11 badges. A quelques encablures se trouve le nouveau lycée de Hennaya que le président a inauguré. Cet établissement éducatif, un joyau architectural (style, couleurs, espaces verts) réalisé en 12 mois compte 18 salles de cours, 5 laboratoires, 2 salles d'informatique, une bibliothèque de 125 places et un amphithéâtre. Bouteflika a écouté avec intérêt un chant que lui a dédié la chorale mixte du lycée, accompagnée au synthétiseur par leur professeur avant d'assister à un cours modèle intitulé: «L'imitation aveugle» donné par un professeur de lettres arabes. Dans une autre salle de cours, le président a demandé des explications quant à la RSE, en l'occurrence l'approche par compétence. Pendant ce temps-là, on entendait des youyous d'élèves fuser des salles de cours et en écho des sifflements lancés par leurs camarades garçons. Auparavant, le chien détecteur «Finette» dressé par un gendarme avait sécurisé l'espace. Direction la trémie située au carrefour de la RN22 au lieu-dit Abou-Tachine (ex-Bréa). D'une longueur de 130 m dont 35 couverts et 95 non couverts. Un projet accompagné de la réalisation de travaux de route (voie principale, voies latérales, voies sur trémie) et des déviations de réseaux (AEP, PTT, gaz et électricité) ainsi que divers aménagements (éclairage, signalisation). Améliorer l'accessibilité à Abou-Tachfine et les conditions de sécurité des usagers par l'élimination d'un point noir accidentogène, tel est l'impact de ce projet. Une autre trémie est en voie de réalisation du côté de Koudia. Lors de la présentation de l'exposé, le président demanda au DTP le sens du mot «Makhokh» (lieu-dit du côté d'Imama). Négatif. «Ce nom signifie taré», lui expliqua Bouteflika. Quant à son ministre de l'Intérieur, il s'aventura à corriger le DTP: «C'est Ibnou-Tachfine et non Abou-Tachfine…». L'étape suivante fut chaleureuse. Il s'agit du sacré bain de foule, un exercice permettant de tester sa cote de popularité. Accompagné de ses deux frères conseillers Saïd et Mustapha, il s'est prêté à cette marche protocolaire du pont de Bab Wahran à hauteur de la trémie éponyme jusqu'à la résidence de la wilaya sous un service d'ordre rigoureux mais souple, puisque Bouteflika s'approchait de ces haies humaines en liesse pour les saluer en serrant des mains tendues. Il a été accueilli par Cheïkh Ghaffour qui était à la tête du comité d'accueil (notables). A la faculté de médecine Dr Benzerdjeb, le Président Bouteflika a présidé la cérémonie d'ouverture officielle de l'année universitaire 2008/2OO9. Il ne manquera pas, à cette occasion, d'évoquer le drame de Ghardaïa en invitant l'assistance à observer une minute de silence assortie d'une Fatiha. Dans la salle fusaient les «ouhda thalita! ouhda thalita». Des appels du pied qu'il semblait ignorer puisqu'il n'évoqua pas dans son intervention la question sensible de la révision de la constitution. Il saisira, par ailleurs, cette opportunité pour mettre en garde la communauté universitaire, en l'occurrence les étudiants, quant à une éventuelle perte d'avantages sociaux suite à la crise financière qui secoue le monde: «Je suis venu en avertisseur», lâcha-t-il solennellement.