Le dernier discours de Bensalah laisse planer de nombreuses interrogations pour le citoyen algérien. La multiplicité des contradictions de son contenu prouvent le désarroi d'un Pouvoir moribond, aux abois, sourd et aveugle devant la réalité et embourbé dans une navigation à vue. D'un côté, Bensalah annonce que : « Le processus de dialogue qui sera lancé incessamment, sera conduit et mené en toute liberté et en toute transparence par des Personnalités nationales crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane et sans ambition électorale. Des personnalités qui émergent du fait de leur autorité morale ou de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle, les rendant éligibles à l'accomplissement de cette noble mission et qui seraient de nature à les aider à conduire et à faciliter ce dialogue ». avant de se rattraper plus loin avec cette recommandation, même si elle ne présente pas un caractère obligatoire : « Ce dialogue doit revêtir le caractère le plus inclusif possible. Le Panel des personnalités pourra inviter toute partie qu'il estime utile à la conduite de sa mission et à la réalisation de son objet, notamment les partis politiques, la société civile, les organisations socioprofessionnelles, les personnalités nationales, y compris celles émanant du mouvement populaire, pour consigner leurs positions, avis et propositions. De même qu'il décidera du format de ces rencontres et discussions ». Il déclare que : (L'Etat)… « se contentera de mettre tous les moyens matériels et logistiques à la disposition du Panel de Personnalités, qui décidera lui-même des modalités de son fonctionnement ». avec en même temps, cette injonction « Ce dialogue, qui devra nécessairement se concentrer sur l'unique objectif stratégique que constitue l'organisation de l'élection, élection qui devrait se tenir à une date la plus rapprochée possible, se déroulera de toute évidence dans le cadre de la Constitution qui impose la préservation de l'Etat, le respect des Institutions et la prévalence de l'intérêt supérieur de la Nation. » Et donc c'est cet unique objectif qui est poursuivi par le Pouvoir et à une date la plus rapprochée possible…. Propos déjà entendus de l' »Institution militaire », douce expression pour désigner les vrais décideurs. On notera le conditionnel utilisé dans cet extrait. « Sachant que (l ‘autorité électorale indépendante) à mettre en place pourrait prendre en charge, les prérogatives de l'Administration publique, en matière électorale, elle sera appelée à intervenir sur tout le territoire national et aura, en conséquence, des démembrements au niveau des wilayas, des communes et des circonscriptions électorales de notre communauté à l'étranger. Elle aura à gérer son budget propre de fonctionnement ainsi que les autres crédits qui pourraient lui être alloués par l'Etat ». Prudence est mère de sûreté ! Comme « il sera également nécessaire d'examiner l'articulation entre cet organe qui sera créé et la Haute Instance Indépendante de Surveillance des Elections, prévue par la Constitution, dont il est possible de revoir la composition », alors on se perd un peu en conjecture ! En première lecture, on aurait pu croire à une volonté du Pouvoir de sortir de cette crise qui n'a que trop duré et qui paralyse le pays sur tous les plans. Mais les apparentes contradictions de ce discours ne vont pas dans ce sens. Aucun signe tangible d'apaisement ou de volonté de changement radical n'ont été annoncés par Bensalah, ni la libération des détenus d'opinion récemment arrêtés, ni la dissolution de l'APN et des autres instances instrument du système, ni la mise à l'écart de ceux qui ont contribué à l'avènement de ce bourbier et qui sont encore en poste au niveau gouvernemental. En gros ce discours s'apparente en bien de points aux orientations déjà tracées du chef de l'Etat Major lui-même désigné depuis peu par le qualificatif d'« Institution militaire ». En définitive, cette navigation à vue ne peut perdurer. La situation est certes complexe et la sortie de crise n'est pas aisée mais « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème ». C'est le sens même de l'expression « Yetnahaw ga3 » devenue emblématique de l'expression citoyenne.